nucléaire
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/11/2014 à 07h04
145 vues
Question d'origine :
Le nucléaire est-il dangereux pour l'humanité ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 27/11/2014 à 15h56
Bonjour,
Les dangers liés au nucléaire se situent sur deux fronts : l’arme nucléaire dans un contexte de conflit (que nous ne développerons pas ici), et les risques liés à l’énergie nucléaire, en cas d’accident (Tchnernobyl, Fukushima), mais aussi en ce qui concerne le démantèlement des centrales en fin de vie, ou encore la pollution des déchets radioactifs, qui, produits en grandes quantités, peuvent poser des problèmes de stockage (surtout les déchets hautement radioactifs). S’ils sont mal contrôlés, ces déchets peuvent aussi faire l’objet de trafics :
Fin novembre 2007, la police arrêtait, à la frontière entre la Hongrie et la Slovaquie, trois individus ayant tenté de vendre 500 grammes de poudre d’uranium à 2 400 euros le gramme. Cette poudre radioactive aurait pu servir à fabriquer une “bombe sale” [ou bombe radiologique], un engin utilisant un explosif conventionnel mais à fort potentiel de contamination. En 2006, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a enregistré 252 vols ou disparitions de matériaux radioactifs, qui, parfois, se retrouvent entre les mains d’individus sans aucune compétence dans le domaine. “Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg”, souligne Abel González, du Comité des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR). “Aujourd’hui, des matériaux radioactifs mal contrôlés sont en circulation dans de nombreux pays.”
Les progrès scientifiques des programmes nucléaires civils, combinés au démantèlement des arsenaux nucléaires, ont considérablement développé, depuis vingt ans, l’usage et le stockage de matériaux radioactifs. Or ces derniers risquent de tomber aux mains de trafiquants et même de terroristes lorsqu’ils ne sont pas suffisamment sécurisés, mettent en garde les experts. “Le plus grand risque que nous courons est qu’un groupe terroriste se procure suffisamment de combustible pour fabriquer une arme nucléaire. Son explosion dans une zone habitée aurait des conséquences catastrophiques et imprévisibles sur le long terme”, mettait en garde un officiel de l’AIEA lors d’une conférence à Edimbourg.
Selon les calculs de cette agence, le nombre de vols et de détentions illégales de matériaux radioactifs augmente d’année en année et a même progressé de 385 % entre 2002 et 2006. En 2007, la base de données de l’AIEA a recensé 150 incidents dans le monde en matière de surveillance de matériaux nucléaires. Cette augmentation s’explique cependant en partie par le renforcement des contrôles par les Etats – que ce problème préoccupe de plus en plus – et donc par l’augmentation des saisies. De plus, l’AIEA communique plus souvent sur le sujet. Le nombre de pays participant au décompte a lui aussi augmenté ces dernières années.
Quoi qu’il en soit, les données recueillies chaque année par l’AIEA attestent de l’existence d’un marché des matériaux radioactifs, que les experts sont toutefois incapables de quantifier. On ne sait pas non plus très bien qui sont les acheteurs et les vendeurs, ni dans quel objectif le combustible est acheté. On connaît en revanche dans la majorité des cas le lieu où se sont produits les vols, grâce aux notifications des autorités. Les criminels ont d’ailleurs à leur disposition une grande diversité de sources de produits radioactifs. Outre les centrales et les décharges nucléaires, presque tous les hôpitaux en stockent. L’industrie fait aussi de nombreux usages de matériaux de ce type, par exemple pour mesurer la viscosité du pétrole ou pour évaluer la mobilité des sédiments. Nombre des vols et disparitions concernent de petites quantités de matériaux radioactifs. Mais une dose infime peut être source de grands dangers et mettre tout un pays sens dessus dessous, soulignent les experts. Les terroristes peuvent par ailleurs réunir de petites doses subtilisées dans plusieurs endroits pour obtenir des masses fissiles que l’AIEA qualifie de “hautement dangereuses”.
Un ferrailleur plus dangereux que les terroristes
“C’est une question que nous prenons très au sérieux”, insiste Annalisa Giannella, chargée de la non-prolifération et des armes de destruction massive dans l’Union européenne pour Javier Solana, le haut représentant européen pour la politique étrangère et de sécurité commune. “Il existe un véritable risque que ces vols soient le fait de criminels, non pas dans l’intention de mettre au point une bombe comme celle d’Hiroshima, mais pour fabriquer des bombes sales qui peuvent faire beaucoup de victimes et irradier un grand nombre de personnes.”
Source : Nucléaire : le vrai danger des bombes sales, Courrier international n°956, 26 février 2009.
Les conséquences d’un accident nucléaire sont à la fois sanitaires et écologiques. Si les effets de l’accident de Fukushima sont moins importants que ceux de Tchernobyl (source : Irsn), son impact à long terme reste difficile à mesurer.
Malgré ces risques élevés, le nucléaire est considéré comme une énergie propre… et sûre :
Dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique, l’énergie nucléaire constitue une des solutions – certes contestées – pour respecter les engagements pris par différents états, dont la France, de réduire leurs émissions de CO2 mais aussi de maîtriser la facture énergétique.
Le nucléaire et l’environnement
L’énergie nucléaire est l’une des rares sources d’énergie qui n’émet pour ainsi dire pas de gaz à effet de serre. Sans
l’énergie nucléaire pour produire l’énergie voulue, les centrales des pays de l’OCDE émettraient un tiers de plus de dioxyde de carbone qu’actuellement.
• Grâce aux centrales nucléaires, ce sont 1 200 millions de tonnes de dioxyde de carbone qui ne sont pas rejetées chaque année, soit environ 10 % des émissions totales de CO2 imputables à la consommation d’énergie dans les pays de l’OCDE.
Le nucléaire contre le réchauffement
Pour que l’énergie nucléaire contribue de manière significative à la lutte contre le réchauffement climatique, il faudra développer la capacité nucléaire installée dans de très grandes proportions comme l’ont montré de nombreuses études.
Avec les techniques actuelles, cette expansion s’accompagnerait d’une augmentation proportionnelle de la production de déchets nucléaires.
Pour que l’énergie nucléaire reste une option efficace et acceptable par la société, il faudra compter sur la technologie de réacteurs avancés et le recyclage du combustible, capables de limiter cet accroissement et d’offrir des avantages en matière d’économie, de sûreté et de non-prolifération.
Le nucléaire sur le plan social
Dans le passé, l’énergie nucléaire a participé de façon décisive au développement de matériaux, techniques et compétences, dont ont bénéficié d’autres secteurs comme la médecine, l’industrie, la santé publique et l’agriculture et, par ricochet, la société en général.
• Notons qu’en France, le nucléaire est un grand pourvoyeur d’emploi et à contribué fortement à maîtriser la facture énergétique du pays (58,7 milliards € en 2008, soit +29% par rapport à 2007)
Toutes les technologies de l’énergie suscitent régulièrement de s ne sont pas sources de conflit. Dans le cas de l’énergie nucléaire, l’inquiétude s’est fixée sur la sûreté, la prolifération nucléaire et le stockage des déchets.
Energie nucléaire- quel gain macro-économique ?
La part de l’énergie nucléaire en France, fut-elle contestée, permet des économies importantes de dépenses pétrolières. Notre économie, selon Pierre Gadonneix, ancien patron d’EDF, aurait ainsi économiser depuis le début des centrales en 1977, l‘équivalent de 10 milliards d’euros chaque année.
Sans cette production nucléaire, notre balance commerciale aurait alourdie d’autant et au moins 100 000 emplois n’auraient pas été crées.
Au début des années 70, la crise du pétrole a multiplié les commandes et la construction de centrales nucléaires. Puis, lorsque les cours du pétrole se sont stabilisés et même amoindris, et que les mises en service de centrales électriques ont permis de satisfaire la demande, les commandes se sont réduites.
De plus, avec les accidents de Three Mile Island aux États-Unis (1979) et de Tchernobyl en Ukraine (1986), le public a commencé à se poser des questions sur la sûreté nucléaire…
Le nucléaire : gage de sûreté?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, selon le nombre d’accidents du travail, l’industrie nucléaire obtient l’un des meilleurs résultats en termes de sécurité. En 2003, par exemple, dans les centrales nucléaires du monde entier, la fréquence des accidents du travail avec arrêt était de 0.28 accident pour 100 travailleurs à plein-temps.
Nucléaire- a noter
Soulignons qu’un accident dans une centrale nucléaire peut provoquer davantage de dégâts que les accidents causés par d’autres installations industrielles, en raison de la quantité de radioactivité produite par la fission.
C’est pourquoi des niveaux de sûreté extrêmement élevés ont toujours été indispensables pour l’exploitation de l’énergie nucléaire.
Eviter les accidents
La sûreté nucléaire repose sur la capacité des systèmes et du personnel de l’installation à éviter les accidents et, au cas où il s’en produirait un, d’en limiter le plus possible les conséquences. Un soin doit être apporté au choix du site, la robustesse de la conception et la qualité de la construction, la multiplication des niveaux de protection, et l’existence d’une enceinte de confinement appropriée, et les contrôles par une autorité de sûreté indépendante.
La responsabilité de la sûreté nucléaire est avant tout nationale, tout pays est donc responsable de la sûreté des centrales nucléaires construites sur son territoire. Toutefois, la coopération internationale, dans le cadre d’organisations telles que l’AEN et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) contribue largement à la mise en place des concepts pertinents et à la diffusion des bonnes pratiques.
Le danger reste présent
Malgré les très hauts niveaux de sûreté des activités en rapport avec des rayonnements ionisants, des accidents avec exposition des travailleurs et du public ne sont pas exclus, et peuvent même, comme à Tchernobyl, avoir des répercussions par delà les frontières.
• Ainsi, la communauté internationale a mis rigoureusement au point des programmes et méthodes de préparation aux situations d’urgence nucléaire et de gestion de crise de façon à limiter le plus possible les conséquences des accidents.
Toutes les installations nucléaires du monde entier se sont dotées de ce type de dispositif en concertation avec les autorités locales et nationales. Aux niveaux national et international, des exercices de crise sont organisés régulièrement.
En matière de sécurité, les pays membres de l’OCDE ont toujours pris très au sérieux la protection physique des matières et installations nucléaires, y compris contre d’éventuels actes de malveillance et ils se sont engagés dans des programmes de grande ampleur afin de renforcer cette protection.
Les constructions nucléaires en fin de vie, qu’elles soient civiles ou militaires, sont elles-mêmes contaminées par des matières radioactives. Leur démantèlement produit des quantités très importantes de gravats, ferrailles, tuyauteries, certains radioactifs qui sont alors considérés alors comme des déchets radioactifs.
Comment gérer les déchets radioactifs?
Il existe des procédés industriels et des techniques médicales qui produisent des déchets radioactifs, tels les accélérateurs de particules, mais la production électronucléaire reste la principale source de déchets, en termes de volume et de durée de vie.
• Les centrales nucléaires dans le monde produisent tous les ans près de 200 000 mètres cubes de déchets de faible et moyenne activité et 10 000 mètres cubes de déchets de haute activité, en incluant les combustibles irradiés pour ceux qui les considèrent comme déchets.
• Les membres de l’Union européenne, avant son élargissement, produisaient à eux seuls 10 millions de mètres cubes de déchets industriels toxiques chaque année.
• Depuis le 11 septembre 2001, des études complémentaires ont été entreprises pour garantir la sécurité des installations nucléaires et des mesures renforcées en matière de sécurité et de garanties de ont été adoptées.
Le stockage des différents déchets
Le stockage des déchets de faible activité et de la plupart des déchets de moyenne activité est une pratique bien établie et certains sites sont déjà pleins et fermés. Par contre, pour le stockage à long terme des déchets de haute activité à vie longue et du combustible irradié, la mise en place de solutions s’est révélée plus compliquée.
Stocker les déchets de haute activité : l’éternel problème
Le combustible irradié doit être isolé de l’environnement humain sur de longues périodes, pendant lesquelles sa radioactivité baisse. La solution que l’on privilégie aujourd’hui pour le stockage définitif des déchets de haute activité consiste à les placer dans des dépôts souterrains profonds.
La communauté scientifique et technique est convaincue du bien-fondé éthique et écologique du confinement de ces déchets fortement radioactifs dans des dépôts géologiques. Pourtant, à l’exception des États-Unis et de la Finlande, les pays de l’OCDE n’ont pas encore décidé du lieu où ils installeraient leurs dépôts de déchets de haute activité.
• Depuis 1971, on a dénombré 20 000 cargaisons de combustible irradié et de déchets de haute activité par trains, camions ou navires qui ont parcouru au total plus de 30 millions de kilomètres.
Jamais aucun incident n’a provoqué la rupture du conteneur ni libéré de la radioactivité dans l’environnement.
20 ans après la catastrophe de Tchernobyl, l’industrie du nucléaire n’en finit pas de faire l’objet de controverses. Le nucléaire continue de faire peur en dépit de sa capacité à produire de l’électricité sans rejets atmosphériques. Dans un contexte où le respect de l’environnement est sur toutes les lèvres, quel avenir attend cette énergie qui défraie tant la chronique?
L’avenir nucléaire : un débat controversé
Sujet de société presque passionnel, la contribution du nucléaire est contestée par certains, incontournable pour d’autres, pour des raisons de compétitivité, de sécurité d’approvisionnement ou d’environnement.
• Les sondages réalisés en 2006 montrent que ce sujet divise les Français en deux camps bien tranchés : 47 % pour l’énergie nucléaire, 38 % contre et 15 % d’indécis.
Ainsi, la hausse de la demande mondiale d’énergie nécessite des décisions concernant l’installation ou pas de nouvelles centrales nucléaires. Si le nucléaire est devenu une technologie parvenue à maturité, il y a toujours des possibilités d’améliorations techniques et économiques.
Energie nucléaire-Le saviez-vous?
Des pays comme l’Argentine, le Chili, le Ghana, l’Inde, la Malaisie et le Nigeria se sont rapprochés de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) afin d’évaluer les ressources et les moyens nécessaires à l’obtention de nouveaux programmes d’application nucléaire.
Les recherches se développent
Jusqu’à présent, l’énergie nucléaire a servi presque exclusivement à produire de l’électricité, mais elle a d’autres applications possibles.
Les recherches se concentrent aujourd’hui sur les réacteurs à métal liquide, à haute température, ou consommant du thorium, mais également des techniques perfectionnées de recyclage permettant de valoriser davantage les ressources en uranium et en plutonium. Ces nouvelles avancées laissent envisager d’importants progrès de la durabilité de l’énergie nucléaire.
• Les 12 pays et Euratom (Communauté Européenne de l’énergie atomique) se proposent de concevoir un ou plusieurs systèmes nucléaires présentant des avantages sur les plans de l’économie, de la sûreté et de la durabilité. Le déploiement industriel serait envisageable d’ici 2030.
Le nucléaire : multi-fonctions ?
Des recherches approfondies ont été entreprises afin d’étudier les possibilités de remplacer les hydrocarbures par de l’hydrogène pour la propulsion des véhicules. Si l’on y parvient, cela signifie que la demande d’hydrogène augmentera de façon considérable.
L’énergie nucléaire pourrait permettre de produire de l’hydrogène directement à partir de l’eau sans passer par des hydrocarbures. Plusieurs pays et diverses agences internationales, dont l’AEN, étudient les moyens d’y procéder.
Parmi les autres usages de l’énergie nucléaire qui sont susceptibles de se développer, il y a le dessalement de l’eau de mer et la production d’eau chaude et de vapeur pour les procédés industriels et le chauffage des locaux.
>>>Les isotopes radioactifs sont largement sollicités en médecine, dans l’industrie, l’agriculture, l’agroalimentaire et la recherche.
Pour les décideurs, l’objectif est de trouver des moyens de répondre à la demande d’énergie mondiale qui ne cesse de croître en préservant le plus possible l’environnement. Pour cela, il doivent tenir compte de l’attitude du public, des coûts et de la compétitivité des diverses sources d’énergie et des objectifs des politiques publiques, la sécurité d’approvisionnement et la non-prolifération notamment.
La manière dont ils parviendront à concilier des facteurs parfois contradictoires déterminera finalement l’avenir qui sera réservé à l’énergie nucléaire sur le plan international.
Source : L’énergie nucléaire : solution ou risque ?, consoglobe.com
Entre les « pro » et les « anti » nucléaire, les prises de positions sont très tranchées. Si vous souhaitez approfondir le sujet, nous vous conseillons donc de vous tourner vers des ouvrages qui analysent la question ou défendent l’un ou l’autre de ces points de vue :
Sur les dangers du nucléaire :
- De Tchernobyl en tchernobyls Georges Charpak, Richard L. Garwin, Venance Journé
- La presqu'île au nucléaire : Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima... et après ? Françoise Zonabend
- Guerre nucléaire et catastrophe écologique : entretiens avec Laray Polk, Noam Chomsky
- Vers un Tchernobyl français ? : un responsable d'EDF brise la loi du silence Eric Ouzounian
- En finir avec le nucléaire : pourquoi et comment Benjamin Dessus, Bernard Laponche
Sur la sécurité du nucléaire :
- Sûreté nucléaire et facteurs humains : la fabrique française de l'expertise, Grégory Rolina
- Atomes sous surveillance : une histoire de la sûreté nucléaire en France Cyrille Foasso
- La radioactivité sous surveillance : et autres notions en radioprotection, Marc Ammerich; illustrations de Thomas Haessig
Sur les bénéfices du nucléaire :
- Avec le nucléaire : un choix réfléchi et responsable, Henri Prévot
- L'atome vert : le thorium, un nucléaire pour le développement durable, Jean-Christophe de Mestral
- Faut-il avoir peur de la radioactivité ? Pierre Bey, Jean-Pierre Gérard, Martin Schlumberger
Enfin quelques ouvrages sur l’arme nucléaire :
- Le marché noir de la bombe : enquête sur la prolifération nucléaire, Bruno Tertrais
- Arrêtez la bombe ! Paul Quilès; avec Bernard Norlain et Jean-Marie Collin
Bonne journée.
Les dangers liés au nucléaire se situent sur deux fronts : l’arme nucléaire dans un contexte de conflit (que nous ne développerons pas ici), et les risques liés à l’énergie nucléaire, en cas d’accident (Tchnernobyl, Fukushima), mais aussi en ce qui concerne le démantèlement des centrales en fin de vie, ou encore la pollution des déchets radioactifs, qui, produits en grandes quantités, peuvent poser des problèmes de stockage (surtout les déchets hautement radioactifs). S’ils sont mal contrôlés, ces déchets peuvent aussi faire l’objet de trafics :
Fin novembre 2007, la police arrêtait, à la frontière entre la Hongrie et la Slovaquie, trois individus ayant tenté de vendre 500 grammes de poudre d’uranium à 2 400 euros le gramme. Cette poudre radioactive aurait pu servir à fabriquer une “bombe sale” [ou bombe radiologique], un engin utilisant un explosif conventionnel mais à fort potentiel de contamination. En 2006, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a enregistré 252 vols ou disparitions de matériaux radioactifs, qui, parfois, se retrouvent entre les mains d’individus sans aucune compétence dans le domaine. “Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg”, souligne Abel González, du Comité des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR). “Aujourd’hui, des matériaux radioactifs mal contrôlés sont en circulation dans de nombreux pays.”
Les progrès scientifiques des programmes nucléaires civils, combinés au démantèlement des arsenaux nucléaires, ont considérablement développé, depuis vingt ans, l’usage et le stockage de matériaux radioactifs. Or ces derniers risquent de tomber aux mains de trafiquants et même de terroristes lorsqu’ils ne sont pas suffisamment sécurisés, mettent en garde les experts. “Le plus grand risque que nous courons est qu’un groupe terroriste se procure suffisamment de combustible pour fabriquer une arme nucléaire. Son explosion dans une zone habitée aurait des conséquences catastrophiques et imprévisibles sur le long terme”, mettait en garde un officiel de l’AIEA lors d’une conférence à Edimbourg.
Selon les calculs de cette agence, le nombre de vols et de détentions illégales de matériaux radioactifs augmente d’année en année et a même progressé de 385 % entre 2002 et 2006. En 2007, la base de données de l’AIEA a recensé 150 incidents dans le monde en matière de surveillance de matériaux nucléaires. Cette augmentation s’explique cependant en partie par le renforcement des contrôles par les Etats – que ce problème préoccupe de plus en plus – et donc par l’augmentation des saisies. De plus, l’AIEA communique plus souvent sur le sujet. Le nombre de pays participant au décompte a lui aussi augmenté ces dernières années.
Quoi qu’il en soit, les données recueillies chaque année par l’AIEA attestent de l’existence d’un marché des matériaux radioactifs, que les experts sont toutefois incapables de quantifier. On ne sait pas non plus très bien qui sont les acheteurs et les vendeurs, ni dans quel objectif le combustible est acheté. On connaît en revanche dans la majorité des cas le lieu où se sont produits les vols, grâce aux notifications des autorités. Les criminels ont d’ailleurs à leur disposition une grande diversité de sources de produits radioactifs. Outre les centrales et les décharges nucléaires, presque tous les hôpitaux en stockent. L’industrie fait aussi de nombreux usages de matériaux de ce type, par exemple pour mesurer la viscosité du pétrole ou pour évaluer la mobilité des sédiments. Nombre des vols et disparitions concernent de petites quantités de matériaux radioactifs. Mais une dose infime peut être source de grands dangers et mettre tout un pays sens dessus dessous, soulignent les experts. Les terroristes peuvent par ailleurs réunir de petites doses subtilisées dans plusieurs endroits pour obtenir des masses fissiles que l’AIEA qualifie de “hautement dangereuses”.
“C’est une question que nous prenons très au sérieux”, insiste Annalisa Giannella, chargée de la non-prolifération et des armes de destruction massive dans l’Union européenne pour Javier Solana, le haut représentant européen pour la politique étrangère et de sécurité commune. “Il existe un véritable risque que ces vols soient le fait de criminels, non pas dans l’intention de mettre au point une bombe comme celle d’Hiroshima, mais pour fabriquer des bombes sales qui peuvent faire beaucoup de victimes et irradier un grand nombre de personnes.”
Source : Nucléaire : le vrai danger des bombes sales, Courrier international n°956, 26 février 2009.
Les conséquences d’un accident nucléaire sont à la fois sanitaires et écologiques. Si les effets de l’accident de Fukushima sont moins importants que ceux de Tchernobyl (source : Irsn), son impact à long terme reste difficile à mesurer.
Malgré ces risques élevés, le nucléaire est considéré comme une énergie propre… et sûre :
Dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique, l’énergie nucléaire constitue une des solutions – certes contestées – pour respecter les engagements pris par différents états, dont la France, de réduire leurs émissions de CO2 mais aussi de maîtriser la facture énergétique.
L’énergie nucléaire est l’une des rares sources d’énergie qui n’émet pour ainsi dire pas de gaz à effet de serre. Sans
l’énergie nucléaire pour produire l’énergie voulue, les centrales des pays de l’OCDE émettraient un tiers de plus de dioxyde de carbone qu’actuellement.
• Grâce aux centrales nucléaires, ce sont 1 200 millions de tonnes de dioxyde de carbone qui ne sont pas rejetées chaque année, soit environ 10 % des émissions totales de CO2 imputables à la consommation d’énergie dans les pays de l’OCDE.
Pour que l’énergie nucléaire contribue de manière significative à la lutte contre le réchauffement climatique, il faudra développer la capacité nucléaire installée dans de très grandes proportions comme l’ont montré de nombreuses études.
Avec les techniques actuelles, cette expansion s’accompagnerait d’une augmentation proportionnelle de la production de déchets nucléaires.
Pour que l’énergie nucléaire reste une option efficace et acceptable par la société, il faudra compter sur la technologie de réacteurs avancés et le recyclage du combustible, capables de limiter cet accroissement et d’offrir des avantages en matière d’économie, de sûreté et de non-prolifération.
Dans le passé, l’énergie nucléaire a participé de façon décisive au développement de matériaux, techniques et compétences, dont ont bénéficié d’autres secteurs comme la médecine, l’industrie, la santé publique et l’agriculture et, par ricochet, la société en général.
• Notons qu’en France, le nucléaire est un grand pourvoyeur d’emploi et à contribué fortement à maîtriser la facture énergétique du pays (58,7 milliards € en 2008, soit +29% par rapport à 2007)
Toutes les technologies de l’énergie suscitent régulièrement de s ne sont pas sources de conflit. Dans le cas de l’énergie nucléaire, l’inquiétude s’est fixée sur la sûreté, la prolifération nucléaire et le stockage des déchets.
La part de l’énergie nucléaire en France, fut-elle contestée, permet des économies importantes de dépenses pétrolières. Notre économie, selon Pierre Gadonneix, ancien patron d’EDF, aurait ainsi économiser depuis le début des centrales en 1977, l‘équivalent de 10 milliards d’euros chaque année.
Sans cette production nucléaire, notre balance commerciale aurait alourdie d’autant et au moins 100 000 emplois n’auraient pas été crées.
Au début des années 70, la crise du pétrole a multiplié les commandes et la construction de centrales nucléaires. Puis, lorsque les cours du pétrole se sont stabilisés et même amoindris, et que les mises en service de centrales électriques ont permis de satisfaire la demande, les commandes se sont réduites.
De plus, avec les accidents de Three Mile Island aux États-Unis (1979) et de Tchernobyl en Ukraine (1986), le public a commencé à se poser des questions sur la sûreté nucléaire…
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, selon le nombre d’accidents du travail, l’industrie nucléaire obtient l’un des meilleurs résultats en termes de sécurité. En 2003, par exemple, dans les centrales nucléaires du monde entier, la fréquence des accidents du travail avec arrêt était de 0.28 accident pour 100 travailleurs à plein-temps.
Soulignons qu’un accident dans une centrale nucléaire peut provoquer davantage de dégâts que les accidents causés par d’autres installations industrielles, en raison de la quantité de radioactivité produite par la fission.
C’est pourquoi des niveaux de sûreté extrêmement élevés ont toujours été indispensables pour l’exploitation de l’énergie nucléaire.
La sûreté nucléaire repose sur la capacité des systèmes et du personnel de l’installation à éviter les accidents et, au cas où il s’en produirait un, d’en limiter le plus possible les conséquences. Un soin doit être apporté au choix du site, la robustesse de la conception et la qualité de la construction, la multiplication des niveaux de protection, et l’existence d’une enceinte de confinement appropriée, et les contrôles par une autorité de sûreté indépendante.
La responsabilité de la sûreté nucléaire est avant tout nationale, tout pays est donc responsable de la sûreté des centrales nucléaires construites sur son territoire. Toutefois, la coopération internationale, dans le cadre d’organisations telles que l’AEN et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) contribue largement à la mise en place des concepts pertinents et à la diffusion des bonnes pratiques.
Malgré les très hauts niveaux de sûreté des activités en rapport avec des rayonnements ionisants, des accidents avec exposition des travailleurs et du public ne sont pas exclus, et peuvent même, comme à Tchernobyl, avoir des répercussions par delà les frontières.
• Ainsi, la communauté internationale a mis rigoureusement au point des programmes et méthodes de préparation aux situations d’urgence nucléaire et de gestion de crise de façon à limiter le plus possible les conséquences des accidents.
Toutes les installations nucléaires du monde entier se sont dotées de ce type de dispositif en concertation avec les autorités locales et nationales. Aux niveaux national et international, des exercices de crise sont organisés régulièrement.
En matière de sécurité, les pays membres de l’OCDE ont toujours pris très au sérieux la protection physique des matières et installations nucléaires, y compris contre d’éventuels actes de malveillance et ils se sont engagés dans des programmes de grande ampleur afin de renforcer cette protection.
Les constructions nucléaires en fin de vie, qu’elles soient civiles ou militaires, sont elles-mêmes contaminées par des matières radioactives. Leur démantèlement produit des quantités très importantes de gravats, ferrailles, tuyauteries, certains radioactifs qui sont alors considérés alors comme des déchets radioactifs.
Il existe des procédés industriels et des techniques médicales qui produisent des déchets radioactifs, tels les accélérateurs de particules, mais la production électronucléaire reste la principale source de déchets, en termes de volume et de durée de vie.
• Les centrales nucléaires dans le monde produisent tous les ans près de 200 000 mètres cubes de déchets de faible et moyenne activité et 10 000 mètres cubes de déchets de haute activité, en incluant les combustibles irradiés pour ceux qui les considèrent comme déchets.
• Les membres de l’Union européenne, avant son élargissement, produisaient à eux seuls 10 millions de mètres cubes de déchets industriels toxiques chaque année.
• Depuis le 11 septembre 2001, des études complémentaires ont été entreprises pour garantir la sécurité des installations nucléaires et des mesures renforcées en matière de sécurité et de garanties de ont été adoptées.
Le stockage des déchets de faible activité et de la plupart des déchets de moyenne activité est une pratique bien établie et certains sites sont déjà pleins et fermés. Par contre, pour le stockage à long terme des déchets de haute activité à vie longue et du combustible irradié, la mise en place de solutions s’est révélée plus compliquée.
Le combustible irradié doit être isolé de l’environnement humain sur de longues périodes, pendant lesquelles sa radioactivité baisse. La solution que l’on privilégie aujourd’hui pour le stockage définitif des déchets de haute activité consiste à les placer dans des dépôts souterrains profonds.
La communauté scientifique et technique est convaincue du bien-fondé éthique et écologique du confinement de ces déchets fortement radioactifs dans des dépôts géologiques. Pourtant, à l’exception des États-Unis et de la Finlande, les pays de l’OCDE n’ont pas encore décidé du lieu où ils installeraient leurs dépôts de déchets de haute activité.
• Depuis 1971, on a dénombré 20 000 cargaisons de combustible irradié et de déchets de haute activité par trains, camions ou navires qui ont parcouru au total plus de 30 millions de kilomètres.
Jamais aucun incident n’a provoqué la rupture du conteneur ni libéré de la radioactivité dans l’environnement.
20 ans après la catastrophe de Tchernobyl, l’industrie du nucléaire n’en finit pas de faire l’objet de controverses. Le nucléaire continue de faire peur en dépit de sa capacité à produire de l’électricité sans rejets atmosphériques. Dans un contexte où le respect de l’environnement est sur toutes les lèvres, quel avenir attend cette énergie qui défraie tant la chronique?
Sujet de société presque passionnel, la contribution du nucléaire est contestée par certains, incontournable pour d’autres, pour des raisons de compétitivité, de sécurité d’approvisionnement ou d’environnement.
• Les sondages réalisés en 2006 montrent que ce sujet divise les Français en deux camps bien tranchés : 47 % pour l’énergie nucléaire, 38 % contre et 15 % d’indécis.
Ainsi, la hausse de la demande mondiale d’énergie nécessite des décisions concernant l’installation ou pas de nouvelles centrales nucléaires. Si le nucléaire est devenu une technologie parvenue à maturité, il y a toujours des possibilités d’améliorations techniques et économiques.
Des pays comme l’Argentine, le Chili, le Ghana, l’Inde, la Malaisie et le Nigeria se sont rapprochés de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) afin d’évaluer les ressources et les moyens nécessaires à l’obtention de nouveaux programmes d’application nucléaire.
Jusqu’à présent, l’énergie nucléaire a servi presque exclusivement à produire de l’électricité, mais elle a d’autres applications possibles.
Les recherches se concentrent aujourd’hui sur les réacteurs à métal liquide, à haute température, ou consommant du thorium, mais également des techniques perfectionnées de recyclage permettant de valoriser davantage les ressources en uranium et en plutonium. Ces nouvelles avancées laissent envisager d’importants progrès de la durabilité de l’énergie nucléaire.
• Les 12 pays et Euratom (Communauté Européenne de l’énergie atomique) se proposent de concevoir un ou plusieurs systèmes nucléaires présentant des avantages sur les plans de l’économie, de la sûreté et de la durabilité. Le déploiement industriel serait envisageable d’ici 2030.
Des recherches approfondies ont été entreprises afin d’étudier les possibilités de remplacer les hydrocarbures par de l’hydrogène pour la propulsion des véhicules. Si l’on y parvient, cela signifie que la demande d’hydrogène augmentera de façon considérable.
L’énergie nucléaire pourrait permettre de produire de l’hydrogène directement à partir de l’eau sans passer par des hydrocarbures. Plusieurs pays et diverses agences internationales, dont l’AEN, étudient les moyens d’y procéder.
Parmi les autres usages de l’énergie nucléaire qui sont susceptibles de se développer, il y a le dessalement de l’eau de mer et la production d’eau chaude et de vapeur pour les procédés industriels et le chauffage des locaux.
>>>Les isotopes radioactifs sont largement sollicités en médecine, dans l’industrie, l’agriculture, l’agroalimentaire et la recherche.
Pour les décideurs, l’objectif est de trouver des moyens de répondre à la demande d’énergie mondiale qui ne cesse de croître en préservant le plus possible l’environnement. Pour cela, il doivent tenir compte de l’attitude du public, des coûts et de la compétitivité des diverses sources d’énergie et des objectifs des politiques publiques, la sécurité d’approvisionnement et la non-prolifération notamment.
La manière dont ils parviendront à concilier des facteurs parfois contradictoires déterminera finalement l’avenir qui sera réservé à l’énergie nucléaire sur le plan international.
Source : L’énergie nucléaire : solution ou risque ?, consoglobe.com
Entre les « pro » et les « anti » nucléaire, les prises de positions sont très tranchées. Si vous souhaitez approfondir le sujet, nous vous conseillons donc de vous tourner vers des ouvrages qui analysent la question ou défendent l’un ou l’autre de ces points de vue :
Sur les dangers du nucléaire :
- De Tchernobyl en tchernobyls Georges Charpak, Richard L. Garwin, Venance Journé
- La presqu'île au nucléaire : Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima... et après ? Françoise Zonabend
- Guerre nucléaire et catastrophe écologique : entretiens avec Laray Polk, Noam Chomsky
- Vers un Tchernobyl français ? : un responsable d'EDF brise la loi du silence Eric Ouzounian
- En finir avec le nucléaire : pourquoi et comment Benjamin Dessus, Bernard Laponche
Sur la sécurité du nucléaire :
- Sûreté nucléaire et facteurs humains : la fabrique française de l'expertise, Grégory Rolina
- Atomes sous surveillance : une histoire de la sûreté nucléaire en France Cyrille Foasso
- La radioactivité sous surveillance : et autres notions en radioprotection, Marc Ammerich; illustrations de Thomas Haessig
Sur les bénéfices du nucléaire :
- Avec le nucléaire : un choix réfléchi et responsable, Henri Prévot
- L'atome vert : le thorium, un nucléaire pour le développement durable, Jean-Christophe de Mestral
- Faut-il avoir peur de la radioactivité ? Pierre Bey, Jean-Pierre Gérard, Martin Schlumberger
Enfin quelques ouvrages sur l’arme nucléaire :
- Le marché noir de la bombe : enquête sur la prolifération nucléaire, Bruno Tertrais
- Arrêtez la bombe ! Paul Quilès; avec Bernard Norlain et Jean-Marie Collin
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter