Prison Saint-Paul pendant la 2nde guerre mondiale
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 17/08/2014 à 15h52
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Question d'origine :
Bonjour,
je sais que la prison Saint-Paul a été "réquisitionnée" par l'occupant allemand à la fin de l'année 1940, mais j'aimerais en savoir davantage sur cette période de la prison qui n'est pas vraiment connue, au profit de la prison Montluc.
Merci beaucoup
Réponse du Guichet

Bonjour,
Comme vous le précisez dans votre question, l’histoire pénitentiaire sous la période de l’occupation est riche d’informations sur la prison Montluc puisque celle-ci était devenue la prison allemande de Lyon. En revanche, il est plus difficile de trouver des données sur la prison Saint Paul pour ces années là.
De prime abord, pour comprendre le contexte général des prisons françaises de 1940 à 1945, il faut lire l'ouvrage écrit par Pierre Pédron en 1993 : La prison sous Vichy
« Avec le régime de Vichy, l’administration pénitentiaire va connaître une des pages les plus sombres de son histoire. Prisons d’abord surencombrées de clientèles hétérogènes auxquelles l’administration est peu habituée, prisons victimes de la pénurie et de l’exode, prions dont les agents vont devoir cohabiter avec les autorités allemandes. Le pire survient en 1943-1944 quand l’administration pénitentiaire est rattachée au ministère de l’Intérieur, cependant que la milice est instillée à doses massives dans ses veines ». 4ème de couverture.
C’est surtout le
Le mémoire d’études de Peggy Desoutter Les détenus étrangers de la prison Saint-Paul de septembre 1940 à décembre 1941 présente la prison Saint Paul sur la 1ère période qui nous concerne.
p. 71 : « Quant aux maisons de correction telles que Saint Paul construite en 1865, elles détiennent les prisonniers de droit commun ainsi que les prisonniers dont les peines sont liées à la répression du régime de Vichy. »
p. 76 : « Le séjour en prison. En 1939 et plus particulièrement en 1940, l’administration pénitentiaire est confrontée à des restrictions alimentaires et matérielles dues au contexte de la guerre et à l'occupation de la France qui fournit à l'occupant allemand une partie de ses récoltes et autres : certaines prisons, sont par exemple, occupées par les Allemands (Fresnes, la Santé) qui incarcèrent leurs propres prisonniers, français, allemands ou autres. »
En revanche, la prison Saint Paul détenait des prisonniers résistants qui ont été exécutés comme le mentionne l’ouvrage récent Prisons de Lyon : une histoire manifeste par Véronique Belle, Antoine Grande, Claire Borjon, Bernard Comte... et al. paru en 2013.
Dans cet ouvrage, page 69 au paragraphe « Jeunes résistants exécutés : le courage absolu », nous avons l’information suivante : « Sous l’occupation nazie entre 1943 et 1944, huit patriotes résistants ont été emprisonnés à Saint Paul, arrêtés par la police ou la police française, condamnés par la section spéciale de la cour d’appel de Lyon et exécutés (fusillés ou guillotinés). »,
et comme le rappelle également l’ouvrage Victimes de l'occupation à Lyon et alentour : 81 monuments, 11 parcours par Bruno Permezel en 2001 : la prison Saint-Paul Lyon est mentionnée aux pages 61et 62 ; il est fait état des plaques commémoratives rendant hommage aux 8 résistants exécutés dans la prison de St Paul en 1944 ainsi qu’au Père Marty déporté en Allemagne en 1944.
Nous avons également dans une lettre intitulée « la prison Saint Paul et l’abbé Marty (fin 1942-1er semestre 43) », le témoignage de Xavier Fontoynont interné à la prison Saint Paul de décembre 42 à juin 1943 en tant que prisonnier politique, en raison de son appartenance au mouvement de Résistance « Combat », qui mentionne le dévouement de l’abbé Marty auprès des prisonniers de cette prison.
Puis il y a eu le sinistre épisode de la remise aux autorités allemandes des 722 détenus en juin 1944
qui a fait l’objet d’un travail d’étude mené par une doctorante, présenté dans un article du Journal Le Patriote Résistant datant de juillet-août 2008 Des détenus livrés par le régime de Vichy : l'exemple de la prison Saint-Paul de Lyon, le 29 juin 1944 par Delphine Kazandjian.
« Trois semaines après 1e débarquement en Normandie, 722 détenus quittent la prison Saint-Paul de Lyon pour être directement déportés à Dachau. Parmi eux une majorité de résistants, qui payent de la sorte leur engagement antinazi. Leur départ permet aussi d’éliminer la menace potentielle qu’ils représentent dans le contexte de l’après-débarquement et des combats pour la libération du territoire. Delphine Kazandjian, qui prépare à l’Université de Caen une thèse de doctorat sur la déportation de répression après le débarquement, a étudié de près cette évacuation […]. Le choix d’évacuer Saint-Paul en particulier a très probablement davantage été motivé par ce que cette prison représentait un centre de détention au sein duquel les « terroristes » avérés ou présumés de la région ont progressivement été regroupés. »
Pour aller plus loin dans les éléments de réponse sur ce sujet, nous vous conseillons de consulter les archives pénitentiaires de Lyon. Pour cela il faut vous rendre aux Archives départementales du Rhône. Les références pour la période sont les suivantes :
2 Y - Prisons et prisonniers dans le Rhône, fonds des établissements pénitentiaires (1796-1955) Cote 2 Y 1 - 715
Maison d'arrêt et de justice de Lyon (Roanne, puis Saint-Paul) (2 Y 1-324).Maison d'arrêt et de correction de Lyon (Saint-Joseph)...
Rappel : le nouveau site des Archives du Rhône (34, rue Général Mouton-Duvernet 69003 LYON) ne rouvrira au public qu’à partir du 15 septembre. Vous pouvez toutefois faire une demande de recherche par écrit sur le mail archives@rhone.fr
Enfin, pour élargir le propos sur la période contemporaine et le devenir de ces prisons, nous vous signalons l’existence d’un dossier Point d’Actu très complet réalisé par la Bibliothèque municipale de Lyon en 2009 sur le déménagement des prisons Saint-Paul, Saint Joseph et Montluc.
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