Question d'origine :
bonjour,
je suis a la recherche d'informations sur l'historique et la signification du nom de la place bellecour.
Merci beaucoup
Geraldine
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 23/02/2005 à 14h11
A l’époque gallo-romaine le quartier de Bellecour est une grande ile formée de terres alluviales, le confluent du Rhône et de la Saône se faisant alors bien plus au nord. Il est probable que ce quartier ait connu une activité romaine, militaire et marchande. En effet des fouilles archéologiques, à l’ouest de la place, ont révélé les vestiges d’aires cimentées, jonchées de briques, de tuiles et de débris d’amphores et de jarres, longeant une voie dallée, et ont permis aux archéologues de conclure que la place Bellecour recouvre l’emplacement des "Canabae", baraques qui servaient d’entrepôt aux négociants et aux nautes gallo-romains.
Ce terrain, correspondant à notre place Bellecour, est ensuite délaissé. A la fin du XIIe siècle, l’archevêque de Lyon y possède une vigne que l’on désigne sous le nom de "bella curtis", c’est-à-dire "beau jardin". Au XIIIe siècle, ce n’est plus qu’un terrain marécageux avec un petit étang près de la Saône. Au XIVe siècle, on parle du "pré de Belle-court", et la première gravure qu’on en connaît, le représente en 1548, comme une grande place nue bordée d’arbres du côté du Rhône. A la même époque, un plan scénographique représente Bellecour comme un polygone irrégulier. En 1569, le Conseil de la ville y fit tirer un feu d’artifice, c’était déjà "une grande et spacieuse plaine et belle au possible"
Le sort du "Pré de Belle-Court" devait être déterminé par Henri IV : en 1600, il en fait faucher les mauvaises herbes en vue d’une cérémonie militaire et manifeste au Conseil de la ville (l’équivalent de notre conseil municipal actuel), son désir de le lui voir acquérir, afin d’y aménager une place publique.
L’achat est fait en 1604 : on comble les nombreuses fondrières, on établit un jeu de mail et l’on plante trois cents tilleuls. Le plan d’A. Brosse en 1630, montre la place divisée en compartiments par des allées en croix et en diagonale. Quelques années plus tard, S. Chappuzeau écrit dans "Lyon et son lustre" que la plus belle place de Lyon est "spacieuse pour y ranger plusieurs régiments et revêtue d’un gazon toujours vert et si uni que l’on croit plutôt fouler aux pieds ces tapis qu’a inventés la mollesse turque". On y donne des sérénades et des concerts auxquels se presse une foule élégante. Madame de Sévigné admire qu’il y eût là tous les jours des joueurs de violon.
En 1634, le Consulat décide de "construire un pont de communication de l’Archevêché à la Place de Belle-Cour"
Cependant le sort juridique de notre place n’est pas assuré par l’acquisition de la ville. De nombreux différends et revendications apparaissent. On voit même le vendeur de 1604 contester sa vente, reprendre possession de son bien qui passe aux mains de créanciers… que la ville en 1656, doit se résigner à rembourser pour recouvrer la propriété de la place.
Le jeune roi Louis XIV, à la fin de son séjour à Lyon , rend l’ordonnance du 28 décembre 1658, par laquelle la place prend son statut, qui fait défense à la ville de Lyon "d’en aliéner, échanger ou vendre aucune partie et d’y laisser bâtir aucune maison ou édifice pour quelque cause que ce soit".
La ville décide en 1686 d’édifier sur la place une statue équestre du roi régnant, dont l’exécution est confiée au sculpteur Martin Desjardins. L’inauguration n’a lieu que le 28 décembre 1713 et la place prend le nom de "place Louis-le-Grand".
Au XVIIIe siècle, on orne la place de beaux édifices sur ses faces orientale et occidentale. Les statues du Rhône et de la Saône, œuvre des Lyonnais Guillaume et Nicolas Coustou, sont placées sur les faces latérales du socle de Louis XIV, lui-même orné de motifs de bronze ciselés par Marc Chabry.
A la Révolution, un autel de la Liberté y est élevé le 14 juillet 1790, la guillotine y est installée et la statue de Louis XIV est détruite. La place devient "place de l’Egalité", les maisons entourant la place sont détruites également.
Le 21 juin 1800, Bonaparte revenant à Paris après sa victoire de Marengo, pose la première pierre des nouveaux édifices, initiant ainsi la reconstruction de la place. Dès lors la place porte le nom de "place Bonaparte", puis celui de "place Napoléon". Le conseil municipal de Lyon décide en 1804, d’y élever une statue à la gloire de Napoléon.
De nombreux faits se succèdent tout au long des années suivantes (reconstruction des édifices, bivouac des troupes autrichiennes, installation d'un marché aux fleurs, construction de deux pavillons...)
Dès le début de la Restauration, Lyon pense à ériger à nouveau une statue de Louis XIV. Le chef-d’œuvre du Lyonnais François Lemot est inauguré le 6 novembre 1826, et donne lieu à de grandes cérémonies. Les tilleuls, ravagés par un ouragan en juillet 1828 sont remplacés par des marronniers (qui font eux-mêmes l’objet d’un remplacement actuellement).
La place Bellecour, toujours considérée comme le cœur de la ville, revêt alors l’aspect qu’elle a conservé depuis.
Pour connaître tous les détails concernant l’histoire de cette place lyonnaise vous pouvez consulter à la bibliothèque municipale de la Part-Dieu l’ouvrage intitulé : Bellecour, paru en 1958, à l’occasion du tricentenaire de la place.
Vous pouvez également consulter : Les grandes heures de Bellecour, qui retracent tous les événements qui se sont déroulés sur cette place.
En 1975, le Musée historique de Lyon a présenté une exposition : Aspects de Bellecour au XIXe siècle, dont nous possédons le catalogue.
Pour terminer, vous pouvez aussi vous connecter sur les sites internet suivants : Historique de Bellecour, La place Bellecour!
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