Question d'origine :
Bonjour,
Est-il véridique que le nom commun "babouin" provient du nom propre d'un zoologiste de l'époque de Buffon que le grand naturaliste aurait voulu humilier en donnant son patronyme à l'espèce de singes bien connue ?
En remerciant l'équipe des Guichets du Savoir pour cette recherche !
Bien cordialement.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/01/2012 à 08h35
Bonjour,
Au risque de vous décevoir, Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), est un naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste et écrivain français du XVIIIe siècle alors que le terme babouin est usité dès le XIIIe siècle … Comme quoi, il faut se méfier des légendes !!
Voici ce qu’en dit le Dictionnaire historique de la langue française :
Ecrit babouin (1218-1225) ou baboin (XIIIe s.) en ancien français, appartient au radical onomatopéique bab. Exprimant le mouvement des lèvres (baba, babiller, babine, babiole) dans plusieurs langues romanes et germaniques.
Le mot a désigné un sot, un nigaud, comme le latin babulus et, de là, l’italien babbeo (babiole). On explique traditionnellement ce sens par l’expression niaise que donnent les lèvres proéminentes et l’idée d’enfantillage attachée aux mots de cette famille expressive, mais il s’agit plutôt d’une allusion à un bavardage sans contenu, le premier sémantisme justifiant pleinement l’acceptation suivante. En effet, depuis le XIIIe siècle (v ; 1250), babouin sert à désigner un singe caractérisé par de grosses lèvres proéminentes.
Les emplois figurés pour « homme à figure difforme » (1465), « homme de petite taille » (1845), « vieillard laid et ridicule » (1932-1935) sont métaphoriques en vertu d’une assimilation courante entre le singe et l’homme.
L’idée de figure ridicule et menaçante a donné lieu à des emplois spéciaux, le mot désignant une figure ridicule que les soldats dessinaient sur la muraille d’un corps de garde pour faire baiser le babouin, par mesure de punition, à ceux qui transgressaient les lois établies entre eux (v. 1460), un épouvantail (1619) ; sens repris pendant la Première Guerre mondiale par les Poilus, à propos du mannequin agité par les soldats allemands dans leurs tranchées afin de leurrer le soldat ennemi (1919).
Au risque de vous décevoir, Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), est un naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste et écrivain français du XVIIIe siècle alors que le terme babouin est usité dès le XIIIe siècle … Comme quoi, il faut se méfier des légendes !!
Voici ce qu’en dit le Dictionnaire historique de la langue française :
Ecrit babouin (1218-1225) ou baboin (XIIIe s.) en ancien français, appartient au radical onomatopéique bab. Exprimant le mouvement des lèvres (baba, babiller, babine, babiole) dans plusieurs langues romanes et germaniques.
Le mot a désigné un sot, un nigaud, comme le latin babulus et, de là, l’italien babbeo (babiole). On explique traditionnellement ce sens par l’expression niaise que donnent les lèvres proéminentes et l’idée d’enfantillage attachée aux mots de cette famille expressive, mais il s’agit plutôt d’une allusion à un bavardage sans contenu, le premier sémantisme justifiant pleinement l’acceptation suivante. En effet, depuis le XIIIe siècle (v ; 1250), babouin sert à désigner un singe caractérisé par de grosses lèvres proéminentes.
Les emplois figurés pour « homme à figure difforme » (1465), « homme de petite taille » (1845), « vieillard laid et ridicule » (1932-1935) sont métaphoriques en vertu d’une assimilation courante entre le singe et l’homme.
L’idée de figure ridicule et menaçante a donné lieu à des emplois spéciaux, le mot désignant une figure ridicule que les soldats dessinaient sur la muraille d’un corps de garde pour faire baiser le babouin, par mesure de punition, à ceux qui transgressaient les lois établies entre eux (v. 1460), un épouvantail (1619) ; sens repris pendant la Première Guerre mondiale par les Poilus, à propos du mannequin agité par les soldats allemands dans leurs tranchées afin de leurrer le soldat ennemi (1919).
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/01/2012 à 12h41
Bonjour,
Je vous remercie pour votre réponse au sujet de "babouin" et Buffon. Mais je ne pense pas que l'étymologie invalide la "légende" (?) selon laquelle Buffon aurait voulu se venger d'un créancier lyonnais nommé "Babouin" (contre lequel il était en procès ?) en donnant son nom (à une lettre près) à une espèce jusqu'alors dénommée "cynocéphale".
cf. l'article de geneaWiki
http://fr.geneawiki.com/index.php/Famille_Baboin
Bien cordialement à vous.
Je vous remercie pour votre réponse au sujet de "babouin" et Buffon. Mais je ne pense pas que l'étymologie invalide la "légende" (?) selon laquelle Buffon aurait voulu se venger d'un créancier lyonnais nommé "Babouin" (contre lequel il était en procès ?) en donnant son nom (à une lettre près) à une espèce jusqu'alors dénommée "cynocéphale".
cf. l'article de geneaWiki
http://fr.geneawiki.com/index.php/Famille_Baboin
Bien cordialement à vous.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/01/2012 à 12h43
Bonjour,
L'article mentionné ci-dessus fait référence non pas au nom commun babouin mais au nom propre de la famille baboin ... ce qui n'est pas la même chose. A partir de ces nouvelles informations, nous allons refaire des recherches.
L'article mentionné ci-dessus fait référence non pas au nom commun babouin mais au nom propre de la famille baboin ... ce qui n'est pas la même chose. A partir de ces nouvelles informations, nous allons refaire des recherches.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 11/01/2012 à 08h44
Bonjour,
Sans vouloir paraître trop tatillonne, on entend par étymologie la science de la filiation des mots, reconstitution de leur ascendance jusqu’à leur état le plus anciennement accessible.
Donc Buffon n’a pas inventé ce terme qui existait depuis le XIIIe siècle ; il en a en revanche modifié le sens.
Dans la Nomenclature des Singes (1766) Buffon explique ainsi :
Après les singes se présente une autre famille d’animaux, que nous indiquerons sous le nom générique de babouin, et pour les distinguer nettement de tous les autres, nous dirons que le babouin est un animal à queue courte, à face allongée, à museau large et relevé (…) les indiens sont les premiers qui l’aient nommé babuino , les Allemands l’ont appelé bavion ; les Français babouin (… ) le cynocéphale ou magot, quatrième singe ou premier babouin ; le papion, premier babouin, le mandril, second babouin, l’ouanderou, troisième babouin : cet ordre n’est ni arbitraire ni fictif, mais relatif à l’échelle même de la nature.
Pour compléter cette première approche, le CNRS a dédié un site à Buffon ; vous y trouverez des études, des bibliographies mais aussi la publication d’une partie des travaux de Buffon.
Concernant l’emploi de ce terme, en voici l’histoire et non la légende.
Philippe Maupetit rappelle dans l’article « Des origines de la terre aux origines du Babouin », publié dans Le Bien Public, mardi 24 août 2010, que Monsieur le Comte était aussi âpre au gain. Parfois avisé, quand il fait acheter par le Jardin des Plantes de Paris dont il est l'intendant, les grilles de clôture et des rampes d'escalier forgées par son usine. Parfois malheureux, lorsqu'il confie la gestion de son usine à un escroc qui détruit les forêts aux alentours et fuit avec la caisse.Le voilà alors en procès contre l'un de ses bailleurs de fonds qui exige le remboursement de ses créances, un soyeux de Lyon, dénommé Baboin.
Buffon rancunier s'en vengea dans son Histoire naturelle dont il est en train d'achever les derniers volumes. Il baptisa le singe cynocéphale d'un néologisme qui joue sur le mot de vieux français "babine" et le nom de son ennemi. Le babouin était né !
Nous achèverons ces considérations par quelques vers de Victor Hugo (L’art d’être grand-père, 1877, « Le comte de Buffon fut bonhomme, il créa ») :
Je contemple, au milieu des arbres de Buffon,
Le bison trop bourru, le babouin trop bouffon,
Des bosses, des laideurs, des formes peu choisies …
Sans vouloir paraître trop tatillonne, on entend par étymologie la science de la filiation des mots, reconstitution de leur ascendance jusqu’à leur état le plus anciennement accessible.
Donc Buffon n’a pas inventé ce terme qui existait depuis le XIIIe siècle ; il en a en revanche modifié le sens.
Dans la Nomenclature des Singes (1766) Buffon explique ainsi :
Après les singes se présente une autre famille d’animaux, que nous indiquerons sous le nom générique de babouin, et pour les distinguer nettement de tous les autres, nous dirons que le babouin est un animal à queue courte, à face allongée, à museau large et relevé (…) les indiens sont les premiers qui l’aient nommé babuino , les Allemands l’ont appelé bavion ; les Français babouin (… ) le cynocéphale ou magot, quatrième singe ou premier babouin ; le papion, premier babouin, le mandril, second babouin, l’ouanderou, troisième babouin : cet ordre n’est ni arbitraire ni fictif, mais relatif à l’échelle même de la nature.
Pour compléter cette première approche, le CNRS a dédié un site à Buffon ; vous y trouverez des études, des bibliographies mais aussi la publication d’une partie des travaux de Buffon.
Concernant l’emploi de ce terme, en voici l’histoire et non la légende.
Philippe Maupetit rappelle dans l’article « Des origines de la terre aux origines du Babouin », publié dans Le Bien Public, mardi 24 août 2010, que Monsieur le Comte était aussi âpre au gain. Parfois avisé, quand il fait acheter par le Jardin des Plantes de Paris dont il est l'intendant, les grilles de clôture et des rampes d'escalier forgées par son usine. Parfois malheureux, lorsqu'il confie la gestion de son usine à un escroc qui détruit les forêts aux alentours et fuit avec la caisse.
Buffon rancunier s'en vengea dans son Histoire naturelle dont il est en train d'achever les derniers volumes. Il baptisa le singe cynocéphale d'un néologisme qui joue sur le mot de vieux français "babine" et le nom de son ennemi. Le babouin était né
Nous achèverons ces considérations par quelques vers de Victor Hugo (L’art d’être grand-père, 1877, « Le comte de Buffon fut bonhomme, il créa ») :
Je contemple, au milieu des arbres de Buffon,
Le bison trop bourru, le babouin trop bouffon,
Des bosses, des laideurs, des formes peu choisies …
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