Victor Hugo

Réponse du service Guichet du Savoir

Bonjour,

Nous n'avons pas trouvé dans quelle oeuvre Victor Hugo aurait exposé cette idée, et pour cause, il n'en est probablement pas l'auteur...

« Ouvrir une école, c’est fermer une prison », cette formule devenue slogan a suscité tout au long du XXe siècle l’interrogation des hugoliens[1], et pour cause, car elle ne se trouve nulle part dans l’œuvre de Victor Hugo. Citée sous diverses formes, à l’infinitif, à l’impératif au présent de l’indicatif, avec des variantes, elle est la plupart du temps attribuée à Hugo par ses partisans comme par ses adversaires, son caractère abrupt, voire simpliste, prêtant le flanc à la critique de tendance réactionnaire.
Or, plus on remonte dans le temps, plus les sources de cette formule diffèrent : le ministre de l’Instruction publique Victor Duruy en 1865[2], le médiéviste et député des Hautes-Pyrénées Achille Jubinal en 1868[3], une expression à la mode et sans auteur particulier en 1869[4], l’écrivain et homme politique britannique Thomas Macaulay en 1886[5].
En réalité, la solution de ce problème se trouve sans doute dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, qui, aux tomes VII (article « ECOLE », 1870) et XIII (article « PRISON », 1875), donne cette citation de Louis Jourdan : « Ouvrir une école aujourd’hui, c’est fermer une prison dans vingt ans[6]. » Larousse n’étant guère avare en citations hugoliennes, il semble bien que Louis-Charles Jourdan (1810-1881), rédacteur au Siècle, soit l’auteur véritable de la formule.
Source : Armand Erchadi : Retour sur la pensée éducative de Hugo: le pédagogue déguenillé et les enfants d'éléphant

Pour connaître les écrits et la pensée de Victor Hugo sur le système carcéral, nous vous invitons à consulter n°126 de la revue Romantisme et notamment l'article intitulé "Les paradoxes de la cave pénale : de quelques représentations carcérales dans l'oeuvre de Victor Hugo" écrit par Delphine Gleizes.
Cet article est consultable à la Bibliothèque municipale de Lyon via Cairn.

Pour approfondir le sujet :
- Victor Hugo et les prisons d'Élise Chappuy - Histoire pénitentiaire, volume 6, Paris, Direction de l’Administration pénitentiaire, Collection Travaux & Documents, 2007, p. 24-44.
Le 19ème siècle est le grand siècle de la prison pénale. Voulue comme un efficace instrument de punition et de correction, elle est la pièce maîtresse du nouvel appareil répressif mis en place à partir de 1791. Elle se trouve dès lors au coeur du débat intellectuel. Les élites se passionnent pour le sujet et proposent leurs analyses.
Victor HUGO, " écho sonore du 19ème siècle ", à la fois écrivain et homme politique, se jette lui aussi dans la " mêlée pénitentiaire ". Sa théorie a pour point de départ la constatation que la prison ne répond pas à son objectif principal : l'amendement des condamnés.
Des critiques aux véritables propositions d'améliorations, il élabore au fil des ans une théorie alliant questionnement philosophique sur le sens de la peine et enseignements tirés de l'expérience.
- Un poète en politique. Les combats de Victor Hugo de Jean-Paul Scot et Henri Pena-Ruiz, consultable à la Bibliothèque Municipale de Lyon
- Victor Hugo. La voix des libertés de Paul Marcus, consultable à la Bibliothèque municipale de Lyon.
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Vous pouvez constituer une bibliographie sur le sujet en consultant le catalogue de Criminocorpus (saisissez "Victor Hugo" dans mots du titre), la Bibliographie de l’histoire de la justice française (1789-2009).


Enfin, nous vous invitons à lire ou relire ces oeuvres de Victor Hugo :
- Le dernier jour d'un condamné voir la notice Wikipedia
- Claude Gueux voir la notice Wikipedia
- Les misérables voir la notice Wikipedia
- Le droit et la loi et autres textes citoyens
- L'homme qui rit voir la notice Wikipedia
- Notre Dame de Paris voir la notice Wikipedia
- Les contemplations (recueil de poèmes)