Question d'origine :
Je souhaiterai connaître l'origine du colophon (date, contenu...). Avez-vous connaissance de colophons "singuliers" de par leur contenu ? Existe-t-il des expositions consacrées aux colophons ?
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 20/11/2010 à 16h44
Un
D'après J. Sclafer dans le Dictionnaire encyclopédique du livre, les manuscrits occidentaux sont nombreux à porter de telles additions.
On les trouve dès le XIe siècle. Le titre final pouvait n’être suivi que d’une simple signature, mais les copistes l’accompagnèrent parfois de devinettes, d’anagrammes, ou de cryptogrammes. Ils y joignirent souvent une action de grâce plus ou moins stéréotypée dans laquelle ils remerciaient Dieu et se réjouissaient de la fin de leur travail, quelques-uns se permettaient des réflexions grivoises, mentionnant la récompense attendue (le paradis ou un bon coup à boire). C’est grâce à ces formules que certains copistes ont été identifiés. Le colophon est parfois très développé et peut fournir des renseignements notamment sur la vie personnelle du scribe, l’organisation du travail dans le scriptorium, le nombre de feuillets écrits dans un temps donné, la répartition des tâches, le salaire en monnaie ou en nature ainsi que les noms des commanditaires ou des mécènes. La mention du lieu et de la date d’achèvement est souvent notée.
Le colophon est généralement distingué de l’explicit qui marque simplement la fin d’un manuscrit et rend grâces à Dieu.
Dans Le Livre au Moyen-Age publié sous la direction de Jean Glénisson, une double page donne des exemples de colophons : ainsi dans un manuscrit de la bibliothèque de Nancy le copiste Antoine Le Droghe précise qu’il a pris l’habit dans l’ordre de st-Antoine en la commanderie de Bailleul (Orne) en 1473, qu’il y a dit sa première messe le 2 octobre 1478, année où les troupes françaises incendièrent l’établissement.
G. Garrigou dans Naissance et splendeurs du manuscrit monastique indique des formules (colophon ou marginalia ?) amusantes : « Attention à vos doigts ; ne les posez pas sur mon écriture. Vous ne savez pas ce que c’est que d’écrire ; c’est une corvée écrasante qui vous courbe le dos, vous obscurcit la vue, vous rompt l’estomac et les côtes. Prie donc mon frère pour le pauvre Raoul, serviteur de Dieu »
Ou « Retiens tes doigts, prends garde d’altérer l’écriture de ces pages, car l’homme qui n’exerce pas la calligraphie ne soupçonne pas le mal que nous nous donnons. Autant le port est doux au navigateur, autant la dernière ligne est douce à l’écrivain. Trois de ses doigts tiennent le roseau, mais tout son corps travaille et peine ». Il existe un recueil des colophons de manuscrits médiévaux qui donnent plusieurs milliers d'exemples de colophons de manuscrits rangés par ordre alphabétiques de scribes : Colophons des manuscrits ooccidentaux des origines au XVIe siècle
Ex :
(= RAINERIS IUVENIS Scripsit)
Ex :
Chis livre fuescris lan 1329 ou mois de octembre le ven(d)redi apres S. Denis de Franche
Et si le fist uns hons escrire
qui mout tres bien le savoit lire
[Pierre de Boucher] loi nommer
Onkes ne se pot tenir damer
Et si vous fai bien asavoir
Et si vous le tesmoigne pour voir
Que volentiers s'esbauioit
Et mout grant entente metoit
Au iu dont la Rose parole
Car il namoit autre carole
Quant lui plaira iai deservie
Mout tres bien me cote hardie
Pour escrire ce biau livret.
On mapele
Dieus nous octroit sa benichon
Amen Amen che face mon
La formule est la même que dans les manuscrits, on la trouve essentiellement dans les incunables (imprimé avant 1500). Le colophon est placé à la fin du texte, mais non nécessairement à la fin du volume qui peut se terminer par des annexes et des tables. Parfois la date manque, (ce qui est le cas pour la moitié des incunables) d’où l’importance du travail de datation. Le premier colophon connu est celui du Psalterium de Mayence de 1457 publié par Peter Schoeffer pour Johann Fust. « Ce présent livre des psaumes a été décoré par la beauté des initiales, rehaussé par des rubrications, le tout composé au moyen d’une invention technique d’imprimer et de faire des caractères sans le secours de la plume et pour l’amour de Dieu, terminé par Johann Fust citoyen de Mayence et Peter Schoffer de Gernzheim, l’an du Seigneur, 1457, en la vigile de l’assomption »
Dans les incunables et jusque vers 1540, on peut trouver d’autres détails sur l’exécution de l’ouvrage, notamment le titre ou le nom de l’auteur, la devise ou la marque de l’imprimeur. Aujourd’hui, on emploie de préférence la formule « achevé d’imprimer ». Les bibliophiles et bibliographes belges emploient de préférence le mot « Grébiche »,
Le colophon tend à disparaitre au cours du 16e siècle au fur et à mesure que se développe la page de titre où la date et l’adresse du libraire sont portés. L’achevé d’imprimer apportant les compléments sur l’impression (date précise et nom de l’imprimeur). On le trouve pourtant jusqu’au 17e siècle. Sa fonction est alors d’indiquer le nom de l’imprimeur lorsqu’il diffère de celui du libraire dont le nom figure au titre.
En ce qui concerne le côté "singulier" de certains colophons, d’une part la composition peut prendre des dispositions fantaisistes : triangles, clepsidre ou autre. Des exemples en sont donnés dans Manuale enciclopedico della bibliofilia à la rubrique colophon.
D’autre part, dans
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter