Question d'origine :
Bonjour,
il est courant de dire que les livres actuels (notamment les livres de poche) ont une durée de vie bien plus courte que les livres édités il y a 100 ou 200 ans.
Qu'en est-il en réalité? La qualité des livres est-elle vraiment moins bonne? Est-ce vrai uniquement pour les livres de poche ou pour tous les livres?
Combien de temps peut "vivre" un livre, avec un usage normal?
Merci d'avance de votre réponse.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 01/09/2010 à 14h49
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Il est faux de dire que la durée de vie d'un ouvrage édité actuellement serait plus courte que celle d'un ouvrage datant de 100 ans. Bien au contraire, les ouvrages datant du XIXe siècle posent de véritables problèmes.
Beatrix Kastaly constate qu'il n'est pas encore très largement connu queles livres, les journaux, la presse, les affiches, les cartes et d'autres publications et même certains documents manuscrits, qui ont été produits sur du papier depuis 1860-1870, sont menacés d'une autodestruction progressive mais certaine . La caractéristique commune de tous ces papiers est leur acidité relativement importante (valeur de pH entre 3 et 5).Cela est dû au fait que l'encollage de la pâte a été réalisé en milieu acide depuis le début du siècle dernier. Si, de surcroît, le papier contient une majorité de pâte de bois mécanique (depuis la mi-XIXème siècle), ces deux facteurs rassemblés contribuent à un grand niveau de fragilisation. La fragilité du papier signifie qu'il ne résiste pas à un double pli, mais qu'il tombe en morceaux.
Source : "Papier permanent et problèmes de livres fragiles en Hongrie" publié sur le site de l'ifla.
En revanche, les professionnels constatent souvent que les ouvrages anciens comme les incunables ont effectivement une "durée" de vie bien plus longue que les ouvrages des XIX, XXe et XXIe siècles.
Comment alors expliquer ce phénomène ?
La technique
Le papier, composante principale de l'ouvrage est un premier facteur de conservation plus ou moins durable. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le papier était fabriqué de manière naturelle à partir de bois, de plantes fibreuses comme le chanvre ou le lin ou de tissu (chiffons de coton). Puis, les modes de fabrication évoluent et l'on utilise notamment des acides chlorés pour pouvoir blanchir la fibre.
Ainsi,la plupart des imprimés produits sur papier de bois industriel sont rongés par l'acide et promis à une irréversible désintégration matérielle.
(...)
À la Bibliothèque nationale de France, on estime quesur 2 millions de livres français, publiés entre 1875 et 1960, 90 000 sont irrémédiablement perdus , 580 000 en danger immédiat et 600 000 en danger à moyen terme.
Source : Pierre-Marc de Bias, Le papier, fragile support de l’essentiel, 18 janvier 2007, publié sur item.
Par ailleurs, la durée du livre se « raccourcit » d’autant plus que, comme le souligne Gerd Bronheim dans son essai « a propose de l’histoire d'une vie », le livre en tantqu’objet de consommation est devenu un objet jetable . Or jetable veut dire remplaçable et périssable. Et l’auteur de préciser : dans les pays développés sont lancées des éditions de grande qualité, ce qu’on appelle les « éditions de travail ». Et cependant, la lecture d’une page de Freud peut conduire à ce qui était prévisible : le détachement d’une feuille (…° Je répète que les éditions sont parfaites, mais l’ironie vient du remplacement des cahiers cousus par des cahiers collés .
Source : Le Patrimoine : histoire, pratiques et perspectives .
La distribution et la conservation
Enfin, il importe de considérer bien d'autres aspects pour comprendre ce problème.Diffusion et conservation sont aussi à l'origine de ce que l'on appelle "la mort du livre". Pour illustrer notre propos, Eric Marti rappelle que :
L’ensemble des professionnels concernés, éditeurs, diffuseurs et libraires, souligne un raccourcissement du délai moyen entre la sortie du grand format et celle du format de poche : de l’ordre de 18 à 24 mois il y a quelques années, pour une nouveauté ayant connu un certain succès en grand format, ce délai se situe aujourd’hui plus souvent entre 12 et 15 mois en littérature et tombe à 6 ou 9 mois pour les documents et les essais. Cette tendance s’inscrit dans un marché toujours plus tourné vers la nouveauté. Elle a pour conséquence d’accélérer la rotation des titres en grand format, entraînant ainsi un plus grand dynamisme productif de ce secteur
Source : "Les enjeux du livre au format de poche" publié sur le site culture.gouv.fr.
En outre, dans un article intitulé "Le grand cimietière des livres, Karine Papillaud pose la question de savoir ce que l'on met "au pilon" :
Les livres renvoyés par les diffuseurs libraires, parce que impropres à la vente, qu'il existe une nouvelle édition, qu'il y a du surstock, qu'ils ne se vendent plus, parce qu'ils ne correspondent plus à des programmes pour les livres scolaires, etc
on pilonne des livres parce qu'on ne sait plus où les mettre. « Chez Plon, les frais de stockage représentent un coût important, souligne Stéphane Billerey, directeur commercial de la maison. Il faut savoir que la chaîne du livre représente une logistique énorme et que nous devons gérer au millimètre la profusion. » Les éditeurs travaillent en flux tendu, réimpriment en 48 heures pour éviter au maximum le stockage et le gaspillage. Mais la durée de vie d'un livre ne cesse de raccourcir, les stocks s'accumulent. Aujourd'hui, un roman a deux mois pour faire ses preuves, à l'exception des habituels best-sellers ou des surprises
Source : Le Point, publication du 24/07/2008.
Quleques pistes pour aller plus loin :
- Christopher Yggdre « Édition et liberté de circulation », Mouvements, 1/2005 (no 37), p. 56-59, consultable sur www.cairn.info/revue-mouvements-2005-1-page-56.htm.
- "Les bibliothèques veulent prolonger la durée de vie des livres à un meilleur coût" consultable sur lekti-ecriture.com.
- "La conservation préventive" publié sur le site cdg90.fr.
Bonjour,
Il est faux de dire que la durée de vie d'un ouvrage édité actuellement serait plus courte que celle d'un ouvrage datant de 100 ans. Bien au contraire, les ouvrages datant du XIXe siècle posent de véritables problèmes.
Beatrix Kastaly constate qu'il n'est pas encore très largement connu que
Source : "Papier permanent et problèmes de livres fragiles en Hongrie" publié sur le site de l'ifla.
En revanche, les professionnels constatent souvent que les ouvrages anciens comme les incunables ont effectivement une "durée" de vie bien plus longue que les ouvrages des XIX, XXe et XXIe siècles.
La technique
Le papier, composante principale de l'ouvrage est un premier facteur de conservation plus ou moins durable. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le papier était fabriqué de manière naturelle à partir de bois, de plantes fibreuses comme le chanvre ou le lin ou de tissu (chiffons de coton). Puis, les modes de fabrication évoluent et l'on utilise notamment des acides chlorés pour pouvoir blanchir la fibre.
Ainsi,
(...)
À la Bibliothèque nationale de France, on estime que
Source : Pierre-Marc de Bias, Le papier, fragile support de l’essentiel, 18 janvier 2007, publié sur item.
Par ailleurs, la durée du livre se « raccourcit » d’autant plus que, comme le souligne Gerd Bronheim dans son essai « a propose de l’histoire d'une vie », le livre en tant
Source : Le Patrimoine : histoire, pratiques et perspectives .
La distribution et la conservation
Enfin, il importe de considérer bien d'autres aspects pour comprendre ce problème.
L’ensemble des professionnels concernés, éditeurs, diffuseurs et libraires, souligne un raccourcissement du délai moyen entre la sortie du grand format et celle du format de poche : de l’ordre de 18 à 24 mois il y a quelques années, pour une nouveauté ayant connu un certain succès en grand format, ce délai se situe aujourd’hui plus souvent entre 12 et 15 mois en littérature et tombe à 6 ou 9 mois pour les documents et les essais. Cette tendance s’inscrit dans un marché toujours plus tourné vers la nouveauté. Elle a pour conséquence d’accélérer la rotation des titres en grand format, entraînant ainsi un plus grand dynamisme productif de ce secteur
Source : "Les enjeux du livre au format de poche" publié sur le site culture.gouv.fr.
En outre, dans un article intitulé "Le grand cimietière des livres, Karine Papillaud pose la question de savoir ce que l'on met "au pilon" :
Les livres renvoyés par les diffuseurs libraires, parce que impropres à la vente, qu'il existe une nouvelle édition, qu'il y a du surstock, qu'ils ne se vendent plus, parce qu'ils ne correspondent plus à des programmes pour les livres scolaires, etc
on pilonne des livres parce qu'on ne sait plus où les mettre. « Chez Plon, les frais de stockage représentent un coût important, souligne Stéphane Billerey, directeur commercial de la maison. Il faut savoir que la chaîne du livre représente une logistique énorme et que nous devons gérer au millimètre la profusion. » Les éditeurs travaillent en flux tendu, réimpriment en 48 heures pour éviter au maximum le stockage et le gaspillage. Mais la durée de vie d'un livre ne cesse de raccourcir, les stocks s'accumulent. Aujourd'hui, un roman a deux mois pour faire ses preuves, à l'exception des habituels best-sellers ou des surprises
Source : Le Point, publication du 24/07/2008.
- Christopher Yggdre « Édition et liberté de circulation », Mouvements, 1/2005 (no 37), p. 56-59, consultable sur www.cairn.info/revue-mouvements-2005-1-page-56.htm.
- "Les bibliothèques veulent prolonger la durée de vie des livres à un meilleur coût" consultable sur lekti-ecriture.com.
- "La conservation préventive" publié sur le site cdg90.fr.
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