Question d'origine :
Bonjour.
Pourriez-vous m'indiquer qu'elle était l'espérance de vie à des Romains, dans les différentes couches de la société (élites, citoyens, esclaves...) et si possible son évolution suivant les périodes.
Peut-on la comparer avec l'espérance de vie de périodes qui ont lui succédé : moyen-âge, renaissance, siècle de Louis XIV,etc.
Mon but est, si il y a eu chute de celle-ci après l'écroulement de l'empire d'occident, de voir à quel période elle est remontée jusqu'au niveau du maximum durant la Rome antique.
Merci de votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 25/05/2010 à 14h15
Bonjour,
La lecture des documents que nous vous conseillons ci-après vous montrera qu’il faut nuancer tous les chiffres et garder à l’esprit qu’il n’existe pas de certitude en démographie de l’Antiquité.
« Le problème de l’espérance de vie et de l’âge moyen au décès dans le monde romain :
Les travaux sur le sujet varient considérablement selon les sources et les auteurs : 30-35 ans en Afrique (Suder, 1981), moins de 30 à partir des tables de mortalité (Scheidel, 2001), moins encore (Frier, 1982 et 1983), 37,2 ans d’âge moyen au décès dans l’Égypte chrétienne (Boyaval, 1992), guère plus de 25 en Égypte romaine (Bagnall et Frier, 1994). Un âge de 65 ans est cependant jugé normal par les poètes (Andouche et Simelon, 1995) mais ce n’est évidemment pas une espérance de vie. On le voit, les divergences sont grandes. Le croisement de toutes les données permettra-t-il d’avancer? »
Source : L’état présent de la démograhie historique antique : tentative de bilan, J.-N. Corvisier.
D’après les renseignements trouvés dans Histoire des populations de l’Europe, sous la direction de Jean-Pierre Bardet et Jacques Dupâquier (page 129) : « …le seul instrument de mesure convaincant est fourni par ce qu’on appelle la table d’Ulpien qui, combinée avec d’autres sources, suggérait une espérance de vie des Romains à leur naissance située entre 27 et 30 ans… ». Vous y apprendrez également que l’espérance de vie varie selon les catégories sociales, les époques (guerres, famines, etc.) voire selon les provinces. Globalement, « il est ainsi probable que la mortalité générale était, dans le monde antique, supérieure ou au mieux comparable à celle que l’on a pu calculer pour les populations de l’Europe moderne ». C’est à peu près la seule comparaison possible en l’absence de chiffres précis et fiables.
« La brièveté relative de la vie dans le monde antique amène à s’interroger sur la longévité, c'est-à-dire sur la possibilité d’une longue existence humaine dans des conditions de forte mortalité. Quand l’existence moyenne durait environ vingt-cinq ans, on estime que seul un nouveau-né sur huit devait atteindre l’âge de 60 ans. Dès lors, les personnes âgées de 60 ans et plus ne représentaient dans la société d’alors que 5 à 6 % de la population.
Par tranche de 100 000 personnes, 30 à 60 individus à peine avaient des chances d’atteindre l’âge de 90 ans. Pourtant, fait paradoxal, les textes juridiques, médicaux ou littéraires romains donnent comme seuil de la vieillesse confirmée 60 ans, soit un âge proche de celui où le placent également la démographie et le gérontologue modernes. Il n’empêche que, les sources littéraires en témoignent, on pouvait tenir pour vieillards des quadragénaires ou quinquagénaires ....
Chez les citoyens romains, la classe sociale la plus privilégiée était l’aristocratie sénatoriale. Ses membres avaient vraisemblablement une espérance de vie de trente ans environ, soit une existence plus longue de quelques années par rapport à l’ensemble de la population libre.
Chez les esclaves en revanche, la mortalité globale était certainement plus élevée que chez les libres. Cependant, tout comme ces derniers, les esclaves ne formaient pas une société homogène sur le plan des conditions de vie et des activités exercées. Certains jouissaient de très bonnes conditions d’existence, souvent meilleures que celles des hommes libres… »
Source : La population de l’Antiquité Classique, Jean-Nicolas Corvisier, Wielaw Suder (pages 100 et 101).
Voir aussi : Les personnes âgées dans l’Antiquité classique, L. Moses Finley.
L’espérance de vie a évolué ou régressé selon les périodes. En effet, en période de difficultés économiques, de guerres, d’épidémies, de disette, l’espérance de vie était entamée surtout dans les classes sociales inférieures (voir p. 104 Les crises de mortalité de l’ouvrage cité). La conclusion du même ouvrage semble répondre à votre questionnement :
« Jusqu’au IIe siècle de notre ère, la fréquence et la gravité des épidémies sont bien inférieures à celles des périodes médiévales ou modernes. Les carences alimentaires semblent réduites. Ainsi l’âge moyen au décès y a atteint des niveaux qui ne furent égaler par la suite qu’au XIXe s. »
Même constatation dans l’article Démographie et population du Dictionnaire de l’Antiquité, sous la direction de Jean Leclant :
« Aux trois derniers siècles de la République, le monde romain est donc devenu un monde plein. Quelle qu’en soit la cause, la population a lentement mais régulièrement crû. […]
Mais, pour l’empire romain, il semble bien qu’il y ait eu dépopulation, après l’apogée démographique des Antonins (on table alors sur 80 millions d’habitants). »
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