femmes et âme*
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 31/12/2004 à 16h05
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Question d'origine :
Les femmes ont-elles une âme ?
c'est une question à laquelle je ne vous demanderai pas de répondre
par contre j'aimerais savoir si oui ou non cette question a bien été posée au moyen âge. beaucoup disent que c'est lors d'un concile de l'église (de nicée en 323 ?? mais des fois on cite d'autres dates) mais d'autres disent qu'en fait c'est une légende et que cette question n'a en fait jamais été posée en ces termes ????
y-at-il eu la question ?? quelle est la date exacte ???
y-at-il eu une réponse ????
d'ailleurs l'être humain a t-il une âme ???? vaste question en ce début d'année....
meilleurs voeux à tous
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 03/01/2005 à 14h16
Marcel Bernos, maître de conférence honoraire d'histoire moderne à l'Université d'Aix-en-Provence, apporte une réponse formelle à votre première question dans son ouvrage : Femmes et gens d'Eglise dans la France classique : XVIIe-XVIIIe siècle, 2003 :
Prologue : pour en finir avec le concile de Mâcon
« Le second concile de Mâcon (585) mériterait à lui seul une étude de psychologie historique et une leçon de communication avec les médias ! Non à cause de son intérêt intrinsèque, c'est un simple synode régional qui règle les affaires disciplinaires courantes. Mais pour décrypter la genèse et la diffusion d'un faux événement historique, pour ne pas dire un faux tout court, devenu, grâce à la polémique anticléricale, un véritable axiome : une des affirmations les plus symptomatiques de la misogynie attribuée au clergé. Un mythe des plus durables aussi, puisque, attesté au XVème siècle, il est remployé à l'époque moderne par Bayle d'abord, puis Voltaire, Sade, etc., et jusqu'à aujourd'hui par des scientifiques, comme le professeur Ruffié, ou un historien comme Pierre Darmon. Il reste une des idées reçues, jamais remises en question et des plus constantes de l'arsenal journalistique et se retrouve jusque dans les bandes dessinées.
On persiste à raconter que pendant ce concile, les évêques auraient voté de justesse [on ajoute parfois « à une seule voix de majorité », la précision arithmétique devant rendre l'imposture plus plausible ], que les femmes avaient une âme. Si c'était vrai, il n'y aurait effectivement rien de plus hostile aux femmes que ces pères conciliaires puisque, pour un peu, ils les auraient transformées en bêtes ! Comment l'histoire s'est-elle propagée à travers les siècles, depuis quand exactement, pourquoi et par quels canaux ? Les « philosophes » du XVIII l'ont utilisée dans leur lutte contre l'« infâme ». Les féministes, dès la Révolution et actuellement encore, l'ont reprise. L'ennui, c'est que cette affirmation ne repose sur aucun fondement. Surtout pas scripturaire puisque la Genèse (I, 27) rapporte que Dieu créa l'homme, c'est-à-dire le genre humain, « mâle-et-femelle ». Il convient donc de faire une mise au point. »
Marcel Bernos précise ensuite que si cette question, importante, avait effectivement été débattue, les Actes du concile en auraient fait mention, et ce n'est pas le cas. Il semble que l'origine de ce « malentendu » soit une discussion provoquée par un évêque. Marcel Bernos reprend les écrits de Grégoire de Tours (538-594), qui rapporte dans son Histoire des Francs (575-592) : « Pendant ce synode, un des évêques se leva pour dire qu'une femme ne pouvait être dénommée « homo » ; mais toutefois il se calma, les évêques lui ayant expliqué que le livre sacré de l'Ancien Testament enseigne qu'au commencement, lorsque Dieu créa l'homme, il le créa un mâle et une femelle, et il leur donna le nom d'Adam, ce qui signifie « homme fait de la terre » désignant ainsi la femme aussi bien que le mâle : il qualifia donc l'un et l'autre du nom d'homme. D'ailleurs, le Seigneur Jésus Christ est appelé fils de l'homme parce qu'il est le fils d'une vierge, c'est-à-dire d'une femme. Cette question ayant été réglée par beaucoup d'autres témoignages encore, fut laissée de côté ».
Vous pouvez également consulter cet article de synthèse sur l'ouvrage précité, sur le site Web 17 : le XVIIème siècle de Roger Duchêne.
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