Question d'origine :
je voudrais savoir quelle est la fonction donnée au symptome en psychanalyse...
Merci!
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 23/12/2004 à 13h02
Votre question est très vaste, sachant que le symptôme peut être psychique ou physique, et qu’il a des fonctions pour le patient mais aussi pour la cure psychanalytique. Voici donc quelques éléments de réponse :
« Symptôme : formation de compromis entre un désir inconscient et la défense permettant une satisfaction sexuelle substitutive ».
Lexique de psychanalyse, d’Alain Vannier.
« Le symptôme : une satisfaction substitutive
[…]Les symptômes servent à la satisfaction sexuelle du malade, ils se substituent à cette satisfaction lorsque le malade en est privé dans la vie normale.[…]
Le symptôme : un habile compromis
[…] Ainsi naît le symptôme, qui est un produit considérablement déformé de la satisfaction inconsciente d’un désir libidineux, un produit équivoque, habilement choisi et possédant deux significations diamétralement opposées »
Sigmund Freud, cité dans Les névroses : l’homme et ses conflits
Le site Association psychanalyse en Chine explicite très clairement la différence entre le symptôme au sens médical et le symptôme au sens psychanalytique :
« La psychanalyse donne un statut différent au symptôme, elle suppose qu’il manifeste ce que nous pouvons appeler la vérité du sujet, et c’est pourquoi le souci du psychanalyste est plutôt d’aller à la recherche de son déchiffrement. Il y a une vérité inconsciente dans le symptôme, que le patient doit faire sienne. »
Et le site du Réseau Voltaire propose une définition claire du symptôme : « Le symptôme freudien est un symptôme de langage. Il est parlé à un moment précis, celui de la cure. C'est dans le cadre de la cure qu'il devient symptôme de la psychanalyse et qu'il est mis en mots. Il prend alors un sens jusque là soigneusement ignoré afin que sa présence ne devienne pas paradoxale et insupportable. Freud s'apercevra rapidement que le symptôme apparaît aux oreilles de l'analyste avec ses bénéfices secondaires dont il est inséparable. Ainsi, le symptôme se révèle-t-il selon ses deux principes : il est à la fois l'objet de la plainte et celui de la jouissance. Ce que Freud nommera les résistances est le fruit même des bénéfices secondaires éprouvés par le sujet, par le maintien du symptôme. Les résistances s'expriment d'ailleurs toujours à travers un refus de l'analyse, une fuite, une absence.
Pour définir en d'autres termes le symptôme, il faut évoquer la question du trauma. Le trauma, ou traumatisme initial, prend sa source au plus profond de nous-mêmes, dans les tout premiers temps de la vie relationnelle. Cette faille narcissique qui se crée à l'occasion de la relation archaïque à la mère va contraindre le nourrisson à éprouver ce que l'on peut appeler de l'émotion pure. A ce moment-là de la vie psychique rien ne permet de trouver une représentation symbolique pour cette émotion. Elle provoque alors une béance qui restera telle quelle toute la vie durant. Une telle émotion ne trouvera jamais de résolution. En revanche, tout au long de l'existence, et en particulier lors des premières années, des traumatismes secondaires viendront réveiller cette émotion ingérable, par association aux émotions actuelles, provoquant des traumatismes actuels qui pourront trouver des représentations par la mise en mots alors possible à partir de l'acquisition du langage. La question posée par le symptôme en psychanalyse est directement liée au trauma en tant qu'il est source de l'émotion qui le sous-tend inconsciemment. »
Encore une petite définition :
« C’est à partir du symptôme, auquel il donna un sens, que Freud créa la psychanalyse. […] Défaillance du refoulement qui laisse passer la pulsion mais suffit à la détourner, le symptôme se révèle être un compromis. Un compromis où le jeu se fait, dans une première topique, au niveau des censures entre Inconscient, Préconscient et Conscient ; ou entre les instances de la deuxième topique, où le Surmoi devient le grand ordonnateur. Mais le conflit qui se joue entre le Moi et le ça et définit la névrose, Freud l’installera, pour la psychose, entre le Moi et la réalité. […] Il n’est pas exclu qu’au-delà des frontières du Moi, le symptôme apporte un gain relationnel et que l’individu en tire avec autrui ce que Freud évoquait comme « bénéfice secondaire ».[…] » Article Symptôme du Dictionnaire international de la psychanalyse
A savoir aussi que Lacan a beaucoup parlé du symptôme et de ses fonctions, notamment dans le Séminaire XXIII (inédit) en inventant le mot sinthome (formé de saint homme (pour le Père) et de symptôme) et la théorie du nœud boroméen. (voir le numéro 6, mars-avril 1976 de la revue Ornicar).
Pour approfondir, vous pouvez lire :
ce texte très éclairant de Théodor Reik sur La compulsion inconsciente d'aveu
sur la différence de conception du symptôme chez Lacan et Freud La vérité du sujet en psychanalyse sur le site de l’Académie de Nice.
Inhibition, symptôme, angoisse, de Sigmund Freud
Ecrits, T 1 et 2 de Jacques Lacan
Le symptôme et le savoir, de Maud Mannoni
Corps et symptôme, de Paul-Laurent Assoun
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