époque victorienne XIX:l'homosexualité
Le 03/01/2010 à 18h32
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Question d'origine :
bonjour
J'aimerais avoir des information sur l'homosexualité à l'époque victorienne( par exemples des textes qui en font mention ou encore d'homosexuels reconnus de cette époque) , j'aimerais aussi avoir des informations sur la condition de la femme à cette époque : dans le cadre de l'éducation , au sein de la sphère familiale et publique.
Je souhaite ces informations dans le cadre de mon TPE sur l'époque victorienne.
Merci d'avance
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 06/01/2010 à 12h52
La réponse du point G
Bonjour,
Pour plus de clarté, nous avons scindé votre question. Voici des pistes de réponse concernant l’homosexualité à l’époque victorienne.
Tout d’abord, quelques ouvrages de référence :
- ALDRICH R., (2006), Une histoire de l'homosexualité. Le chapitre 8 devrait vous intéresser, ainsi que le 5.
- SPENCER C., (1998, 2005), Histoire de l'homosexualité, de l'Antiquité à nos jours. Chapitres 10 et 11.
- BONNET M.J., (1995, 2001), Les relations amoureuses entre les femmes, XVIE-XXe siècle.
- COOK M., (2007), A Gay history of Britain. Chapitre 4.
- JENNINGS R.,(2007), A Lesbian History of Britain. Chapitres 3, 4, 5.
Il convient, avant tout, de rappeler que le concept d’ « homosexualité » ne voit le jour qu’en 1869. Avant cela, on parle d’actes sodomites. Les ébats féminins semblent moins préoccuper religieux, législateurs et médecins.
De nombreuses sources historiques proviennent de rapports de police, tandis que l’Europe s’urbanise et qu’émergent des « subcultures » et des espaces de sociabilité spécifiques. Pour la période qui vous intéresse, Michel Sibalis (in Aldrich 2006, p. 123) relève la citation suivante issu d’un guide de Londres de 1955 : « il y a dans la ville plus de monstres masculins, fréquemment appelés Margeries [et] Poofs, qu’il n’y en a jamais eu, au point que certaines rues en sont pleines ». Les pensionnats ont également la réputation de favoriser les ébats entre jeunes hommes comme en attestent d’autres documents cités par Sibalis.
F. Tamagne (in Aldrich op. cit.) propose des descriptions plus détaillées des modes de reconnaissance et lieux de rencontre, mais remarque que c’est surtout Paris et Berlin qui s’affirment comme capitales homosexuelles à partir de 1870.
Il ne faut pas voir là la marque d’une bienveillante tolérance : les actes sodomites restent passibles de la peine capitale jusqu’en 1861. L’amendement Labouchère (1885), puis le Vagrancy Act (1898) condamnent l’homosexualité (masculine) et le racolage homosexuel à des peines de travaux forcés. La visibilité croissante s’accompagne de scandales et de procès. Le premier procès ayant un important retentissement auprès du grand public est celui de Ernest (Stella) Boulton et Fred (Fanny) Park, travestis et soupçonnés de sodomie. L’homosexualité étant perçue comme une inversion de genre, le travestissement laisse supputer une sexualité « déviante ». Des considérations en terme de classe interviennent également, comme lors du scandale de Cleveland street (1889-1890) impliquant notamment le prince Albert Victor, fils du prince de Galles, et de jeunes ouvriers : ces derniers sont alors perçus comme victimes de la corruption et de l’efféminement aristocratiques. Mais l’affaire la plus célèbre concerne l’écrivain Oscar Wilde, condamné en 1995 à deux ans de travaux forcés pour « gross indecency ». Cet événement est bien documenté : nous vous suggérons notamment les lectures suivantes :
- HOLLAND M., Le procès d'Oscar Wilde : Transcription intégrale des comptes rendus d'audience.
- VALLET O., L'affaire Oscar Wilde.
Une figure incontournable de la lutte contre les discriminations sexuelles est le philosophe et poète Edward Carpenter dont vous trouverez l’un des ouvrages, Homogenic love(1894), dans les fonds anciens de la BmL.
Carpenter ne connut pas les mêmes déboires que Wilde et comptait même parmi ses connaissances un certain Havelock Ellis, essayiste et sexologue dont le travail est d’importance dans la question qui vous intéresse. En effet, comme c’est le cas plus généralement en Europe, c’est la science médicale et la sexologie naissante qui, circonscrivant des types psycho-sexuels, donnent peu à peu forme, pour le grand public, à l’ « homosexuel » en tant que personnalité singulière et catégorie sociale identifiables. Havelock Ellis est l’un des premiers à avoir catégorisé l’attirance féminine réciproque (comme une forme de démence). Dans Sexual Inversion (1897), également consultable à la BmL, il distingue entre les « véritables homosexuelles » ayant des désirs sexuels considérés masculins, et les « pseudo homosexuelles » conformes aux stéréotypes esthétiques et comportementaux féminins, séduites par les premières.
Pour agrémenter ce rapide (et forcément lacunaire) tour d’horizon, nous vous suggérons de vous plonger dans l’atmosphère de deux romans :
- FORSTER E.M., (écrit en 1913, 1ère ed. 1971),Maurice.
- WATERS S., (2002), Caresser le velours.
Notez également que Maurice a été adapté au cinéma par James Ivory.
Bonjour,
Pour plus de clarté, nous avons scindé votre question. Voici des pistes de réponse concernant l’homosexualité à l’époque victorienne.
Tout d’abord, quelques ouvrages de référence :
- ALDRICH R., (2006), Une histoire de l'homosexualité. Le chapitre 8 devrait vous intéresser, ainsi que le 5.
- SPENCER C., (1998, 2005), Histoire de l'homosexualité, de l'Antiquité à nos jours. Chapitres 10 et 11.
- BONNET M.J., (1995, 2001), Les relations amoureuses entre les femmes, XVIE-XXe siècle.
- COOK M., (2007), A Gay history of Britain. Chapitre 4.
- JENNINGS R.,(2007), A Lesbian History of Britain. Chapitres 3, 4, 5.
Il convient, avant tout, de rappeler que le concept d’ « homosexualité » ne voit le jour qu’en 1869. Avant cela, on parle d’actes sodomites. Les ébats féminins semblent moins préoccuper religieux, législateurs et médecins.
De nombreuses sources historiques proviennent de rapports de police, tandis que l’Europe s’urbanise et qu’émergent des « subcultures » et des espaces de sociabilité spécifiques. Pour la période qui vous intéresse, Michel Sibalis (in Aldrich 2006, p. 123) relève la citation suivante issu d’un guide de Londres de 1955 : « il y a dans la ville plus de monstres masculins, fréquemment appelés Margeries [et] Poofs, qu’il n’y en a jamais eu, au point que certaines rues en sont pleines ». Les pensionnats ont également la réputation de favoriser les ébats entre jeunes hommes comme en attestent d’autres documents cités par Sibalis.
F. Tamagne (in Aldrich op. cit.) propose des descriptions plus détaillées des modes de reconnaissance et lieux de rencontre, mais remarque que c’est surtout Paris et Berlin qui s’affirment comme capitales homosexuelles à partir de 1870.
Il ne faut pas voir là la marque d’une bienveillante tolérance : les actes sodomites restent passibles de la peine capitale jusqu’en 1861. L’amendement Labouchère (1885), puis le Vagrancy Act (1898) condamnent l’homosexualité (masculine) et le racolage homosexuel à des peines de travaux forcés. La visibilité croissante s’accompagne de scandales et de procès. Le premier procès ayant un important retentissement auprès du grand public est celui de Ernest (Stella) Boulton et Fred (Fanny) Park, travestis et soupçonnés de sodomie. L’homosexualité étant perçue comme une inversion de genre, le travestissement laisse supputer une sexualité « déviante ». Des considérations en terme de classe interviennent également, comme lors du scandale de Cleveland street (1889-1890) impliquant notamment le prince Albert Victor, fils du prince de Galles, et de jeunes ouvriers : ces derniers sont alors perçus comme victimes de la corruption et de l’efféminement aristocratiques. Mais l’affaire la plus célèbre concerne l’écrivain Oscar Wilde, condamné en 1995 à deux ans de travaux forcés pour « gross indecency ». Cet événement est bien documenté : nous vous suggérons notamment les lectures suivantes :
- HOLLAND M., Le procès d'Oscar Wilde : Transcription intégrale des comptes rendus d'audience.
- VALLET O., L'affaire Oscar Wilde.
Une figure incontournable de la lutte contre les discriminations sexuelles est le philosophe et poète Edward Carpenter dont vous trouverez l’un des ouvrages, Homogenic love(1894), dans les fonds anciens de la BmL.
Carpenter ne connut pas les mêmes déboires que Wilde et comptait même parmi ses connaissances un certain Havelock Ellis, essayiste et sexologue dont le travail est d’importance dans la question qui vous intéresse. En effet, comme c’est le cas plus généralement en Europe, c’est la science médicale et la sexologie naissante qui, circonscrivant des types psycho-sexuels, donnent peu à peu forme, pour le grand public, à l’ « homosexuel » en tant que personnalité singulière et catégorie sociale identifiables. Havelock Ellis est l’un des premiers à avoir catégorisé l’attirance féminine réciproque (comme une forme de démence). Dans Sexual Inversion (1897), également consultable à la BmL, il distingue entre les « véritables homosexuelles » ayant des désirs sexuels considérés masculins, et les « pseudo homosexuelles » conformes aux stéréotypes esthétiques et comportementaux féminins, séduites par les premières.
Pour agrémenter ce rapide (et forcément lacunaire) tour d’horizon, nous vous suggérons de vous plonger dans l’atmosphère de deux romans :
- FORSTER E.M., (écrit en 1913, 1ère ed. 1971),Maurice.
- WATERS S., (2002), Caresser le velours.
Notez également que Maurice a été adapté au cinéma par James Ivory.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 06/01/2010 à 15h51
La situation des femmes à l’époque victorienne est une situation de dépendance. En effet, cette situation est basée sur une conception qui insiste sur l’infériorité supposée de la femme. Dans cet esprit, l’homme et la femme occupent des sphères différentes dans la société et ils ont donc des vocations différentes : l’action d’un côté, le sentiment de l’autre. La femme n’a pas de droits, mais des devoirs, le premier étant de celui de se taire, to suffer and be still.
Aux yeux de la loi, la femme victorienne est une mineure. Une fois mariée elle voit tous ses biens, toutes ses propriétés, tous ses revenus passer à son mari, sauf si un contrat particulier lui en laisse une certaine jouissance.
Les enfants issus du mariage relèvent de la responsabilité du mari, leur mère n’ayant auun droit sur eux. Le divorce est pratiquement impossible à cause de la longueur, mais surtout des prix de la procédure.
Dans la seconde moitié du XIX siècle, les femmes de mieux en mieux formées sur le plan intellectuel réclament le droit d’exercer un métier et d’assumer leur indépendance, bien qu’il leur soit souvent rappelé que le mariage et la maternité sont la seule carrière leur convenant.
Sous l’impulsion des féministes, deux causes, parmi d’autres, furent mises en avant : la reconnaissance du droit des femmes mariées à posséder des biens propres et l’accès à l’enseignement supérieur. Le combat pour le droit de vote fut rude et les femmes ne votèrent pour la première fois qu’en 1918.
Nous vous proposons quelques ouvrages qui vous permettront d’approfondir vos recherches.
Les femmes dans l'Angleterre victorienne et édouardienne
Le mouvement féministe anglais d'hier à aujourd'hui
L'Angleterre victorienne
La Société anglaise
Enfin, voici un article issu de Wikipédia.
Condition féminine dans la société victorienne
DANS NOS COLLECTIONS :
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