Question d'origine :
Bonjour,
J'ai tenté d'expliquer à mon fils pourquoi je préférais le rubgy ou football. Au delà du côté technique, j'aurais voulu lui apporter la preuve par les chiffres qu'il règne autour des stades de football une certaine violence que l'on ne retrouve pas dans les stades de rugby.
Vous serez-t-il possible de nous dresser une espèce de comparatif chiffré autour du nombre d'incidents reportés par les médias entre football et rugby s'il vous plait?
Je repense notamment à ce malheureux drame du Heysel en 85...
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/10/2009 à 15h27
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Quelques statistiques sur les incidents liés à la violence des supporters de football ont été publiées mais nous n'en avons pas trouvé concernant les supporters de rugby.
Vous trouverez quelques chiffres dans ce rapport du Sénat intitulé "Faut-il avoir peur des supporters ? publié en 2007 en annexe 2 :Répartition hexagonale par club des incidents relevés saisons 2005-2006 et 2006-2007 , ainsi qu'une petite comparaison Foot-Rugby qui ne manquera pas de vous intéresser :
Les raisons de l'exception footballistique
Plusieurs explications peuvent être apportées. Patrick Mignon l'explique notamment par l'insuffisance de contrôle social des spectateurs sur leurs voisins de stade, à la différence des spectateurs du rugby, qui exercent un contrôle sur leurs pairs. Au rugby, les spectateurs sont en effet souvent d'anciens pratiquants et adhérents, qui reconnaissent leur appartenance à une sorte de confrérie du rugby. Ils partagent une passion et des valeurs propres à ce sport. Avec le professionnalisme, il semble cependant que l'on constate des évolutions dans le comportement des supporters des clubs de rugby qui pourraient choquer à l'avenir. Un fossé est ainsi en train de se creuser entre le Top 14 et la D2 d'une part, et le rugby de clocher d'autre part qui a forgé l'image du supporter cocardier, franchouillard, machiste mais profondément humaniste.
La culture du supportérisme footballistique s'est ainsi développée dans la plupart des clubs, à travers les jeunes spectateurs, dans un contexte d'autonomisation de cette classe d'âge, ce qui explique en partie les comportements « ultras ». Dans les clubs plus anciens, comme le Racing Club de Lens, où la tradition des supporters est plus ancienne et le public plus familial, les comportements « déviants » et/ou violents sont beaucoup plus rares.
D'autres explications sont également avancées :
- le football possèderait des propriétés particulières « d'instabilité » (le résultat y est davantage imprévisible que dans les autres sports) et « d'intranquillité » (le match est incertain tant qu'un écart de but suffisant ne sépare pas les équipes), autant de facteurs qui influent sur la passion des publics. Christian Bromberger estime ainsi que « le football a d'incontestables qualités scéniques et dramaturgiques » ;
- le football est le sport qui est le plus vécu, du fait de sa médiatisation, comme une « bataille identitaire », dans laquelle les masses adhérent à une logique du conflit. En cas de derby, les risques sont ainsi plus élevés et la Ligue considère traditionnellement ces matchs comme plus dangereux.
Par ailleurs, la médiatisation extrême des enjeux liés au football donne un caractère public aux actions menées par les supporters d'une part, et crée une tension permanente dans le monde du football, d'autre part, qui a une influence sur les supporters.
...
D'autres arguments sont avancés dans cet article de Jean Fabre intitulé "Football et rugby, ces jeux qui viennent du nord" :
L’image donnée par la presse entière de milliers de personnes faisant la fête dans les tribunes totalement garnies du Stade de France ou du Stadium de Toulouse lors de confrontations entre les deux stades, le Stade français et le Stade toulousain, montre bien, pour l’instant, que le rugby a su faire le saut dans le monde surdimensionné du sport professionnel en gardant toute la convivialité de son environnement.
Remplir le Stade de France pour un match de championnat sans aucun incident et avec un service d’ordre réduit à sa plus simple expression a une double signification. D’abord c’est la démonstration que le rugby peut mobiliser 80 000 personnes à Paris et 50 000 à Toulouse pour une rencontre entre des clubs d’élite. Ensuite c’est la confirmation qu’il est encore à l’abri du mal terrible de la violence des tribunes qui gangrène malheureusement le football. Ses dirigeants, les arbitres, les joueurs et les supporters ont, tous ensemble, la responsabilité de le protéger en prolongeant ce véritable état de grâce.
MARGES DE PROGRESSION DU RUGBY FRANÇAIS
Une question reste cependant ouverte, le rugby est-il pour autant immunisé contre ce fléau ? Répondre oui à la question posée serait d’une grande prétention ou d’une sotte ingénuité. Si le rugby est pour l’instant à l’écart de manifestations racistes et des exactions du hooliganisme c’est pour plusieurs raisons dont certaines touchent simplement au fait qu’il reste un sport local contrairement au football, incontestablement devenu planétaire.
Il s’agit donc, tout d’abord, d’un rapport d’échelle. Stades plus grands et plus nombreux, nombre de spectateurs plus important, sport mieux médiatisé, le football est un domaine plus favorable et une vitrine plus recherchée pour les groupes violents, racistes et xénophobes qui, pour affirmer leur existence, polluent depuis de nombreuses années le sport et la société. [...]
Le spectacle sportif renvoie aux spectateurs une image qui influence nécessairement leur comportement.
Un match violent sur le terrain génère bien souvent de la violence dans les tribunes. Or le rugby, sport physique, guerrier même, où les chocs peuvent être rudes et les mauvais coups dangereux, reste un sport maîtrisé, très rarement violent. Cela vient simplement du fait qu’il est dans l’obligation de gérer l’agressivité de sa pratique, sinon il n’existerait pas. Tous les joueurs, quel que soit leur tempérament, savent qu’il y a une limite à ne pas dépasser. Et si certains la dépassent, bien plus que les règles du jeu et les sanctions qui en résultent, ce sont les dirigeants, les entraîneurs et surtout les partenaires qui se chargent de faire comprendre où se trouve la ligne jaune à ne pas franchir. Cela appartient à la culture d’un jeu où les tricheurs et les violents ne font jamais de longue carrière.
Voir également les articles suivants :
- Le supporter de football et la règle : entre la faire et la défaire de Williams Nuytens
- Malgré les interdictions de stade, les hooligans sont toujours plus violents - article du Figaro
- Hooligan - article de Wikipedia
Bonjour,
Quelques statistiques sur les incidents liés à la violence des supporters de football ont été publiées mais nous n'en avons pas trouvé concernant les supporters de rugby.
Vous trouverez quelques chiffres dans ce rapport du Sénat intitulé "Faut-il avoir peur des supporters ? publié en 2007 en annexe 2 :
Les raisons de l'exception footballistique
Plusieurs explications peuvent être apportées. Patrick Mignon l'explique notamment par l'insuffisance de contrôle social des spectateurs sur leurs voisins de stade, à la différence des spectateurs du rugby, qui exercent un contrôle sur leurs pairs. Au rugby, les spectateurs sont en effet souvent d'anciens pratiquants et adhérents, qui reconnaissent leur appartenance à une sorte de confrérie du rugby. Ils partagent une passion et des valeurs propres à ce sport. Avec le professionnalisme, il semble cependant que l'on constate des évolutions dans le comportement des supporters des clubs de rugby qui pourraient choquer à l'avenir. Un fossé est ainsi en train de se creuser entre le Top 14 et la D2 d'une part, et le rugby de clocher d'autre part qui a forgé l'image du supporter cocardier, franchouillard, machiste mais profondément humaniste.
La culture du supportérisme footballistique s'est ainsi développée dans la plupart des clubs, à travers les jeunes spectateurs, dans un contexte d'autonomisation de cette classe d'âge, ce qui explique en partie les comportements « ultras ». Dans les clubs plus anciens, comme le Racing Club de Lens, où la tradition des supporters est plus ancienne et le public plus familial, les comportements « déviants » et/ou violents sont beaucoup plus rares.
D'autres explications sont également avancées :
- le football possèderait des propriétés particulières « d'instabilité » (le résultat y est davantage imprévisible que dans les autres sports) et « d'intranquillité » (le match est incertain tant qu'un écart de but suffisant ne sépare pas les équipes), autant de facteurs qui influent sur la passion des publics. Christian Bromberger estime ainsi que « le football a d'incontestables qualités scéniques et dramaturgiques » ;
- le football est le sport qui est le plus vécu, du fait de sa médiatisation, comme une « bataille identitaire », dans laquelle les masses adhérent à une logique du conflit. En cas de derby, les risques sont ainsi plus élevés et la Ligue considère traditionnellement ces matchs comme plus dangereux.
Par ailleurs, la médiatisation extrême des enjeux liés au football donne un caractère public aux actions menées par les supporters d'une part, et crée une tension permanente dans le monde du football, d'autre part, qui a une influence sur les supporters.
...
D'autres arguments sont avancés dans cet article de Jean Fabre intitulé "Football et rugby, ces jeux qui viennent du nord" :
L’image donnée par la presse entière de milliers de personnes faisant la fête dans les tribunes totalement garnies du Stade de France ou du Stadium de Toulouse lors de confrontations entre les deux stades, le Stade français et le Stade toulousain, montre bien, pour l’instant, que le rugby a su faire le saut dans le monde surdimensionné du sport professionnel en gardant toute la convivialité de son environnement.
Remplir le Stade de France pour un match de championnat sans aucun incident et avec un service d’ordre réduit à sa plus simple expression a une double signification. D’abord c’est la démonstration que le rugby peut mobiliser 80 000 personnes à Paris et 50 000 à Toulouse pour une rencontre entre des clubs d’élite. Ensuite c’est la confirmation qu’il est encore à l’abri du mal terrible de la violence des tribunes qui gangrène malheureusement le football. Ses dirigeants, les arbitres, les joueurs et les supporters ont, tous ensemble, la responsabilité de le protéger en prolongeant ce véritable état de grâce.
MARGES DE PROGRESSION DU RUGBY FRANÇAIS
Une question reste cependant ouverte, le rugby est-il pour autant immunisé contre ce fléau ? Répondre oui à la question posée serait d’une grande prétention ou d’une sotte ingénuité. Si le rugby est pour l’instant à l’écart de manifestations racistes et des exactions du hooliganisme c’est pour plusieurs raisons dont certaines touchent simplement au fait qu’il reste un sport local contrairement au football, incontestablement devenu planétaire.
Il s’agit donc, tout d’abord, d’un rapport d’échelle. Stades plus grands et plus nombreux, nombre de spectateurs plus important, sport mieux médiatisé, le football est un domaine plus favorable et une vitrine plus recherchée pour les groupes violents, racistes et xénophobes qui, pour affirmer leur existence, polluent depuis de nombreuses années le sport et la société. [...]
Le spectacle sportif renvoie aux spectateurs une image qui influence nécessairement leur comportement.
Un match violent sur le terrain génère bien souvent de la violence dans les tribunes. Or le rugby, sport physique, guerrier même, où les chocs peuvent être rudes et les mauvais coups dangereux, reste un sport maîtrisé, très rarement violent. Cela vient simplement du fait qu’il est dans l’obligation de gérer l’agressivité de sa pratique, sinon il n’existerait pas. Tous les joueurs, quel que soit leur tempérament, savent qu’il y a une limite à ne pas dépasser. Et si certains la dépassent, bien plus que les règles du jeu et les sanctions qui en résultent, ce sont les dirigeants, les entraîneurs et surtout les partenaires qui se chargent de faire comprendre où se trouve la ligne jaune à ne pas franchir. Cela appartient à la culture d’un jeu où les tricheurs et les violents ne font jamais de longue carrière.
Voir également les articles suivants :
- Le supporter de football et la règle : entre la faire et la défaire de Williams Nuytens
- Malgré les interdictions de stade, les hooligans sont toujours plus violents - article du Figaro
- Hooligan - article de Wikipedia
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter