Question d'origine :
Je fais des recherches sur une violoncelliste française du XIXè siècle, Lise Barbier-Cristiani (1827-1853), dont la virtuosité faisait sensation en Europe. Son talent et son caractère l'ont conduites à être invitée par le Tsar Nicolas 1er. Son goût de l'aventure la fait traverser, avec un haut-gradé de l'armée russe, la Russie jusqu'en Sibérie pendant plusieurs années. Utilisée par les Russes, elle a, malgré elle, servie les objectifs d'assimilation des peuples "indigènes" retirés dans les confins de la Sibérie. En plus d'être une femme, son talent de grande musicienne étant un intermédiaire inespérée pour entrer en contact avec ces populations, les coloniser eux et leurs territoires.
Je recherche donc tout ce qui pourrait aborder directement ou indirectement la vie et le rôle de cette violoncelliste. Il n'existe pas à ma connaissance de biographie d'elle, je n'ai pas trouvé non plus de travaux, thèses, mémoires qui, traitant de l'époque de Nicolas 1er, pourrait, ne serait-ce que très brièvement, évoquer le rôle ou le destin assez extraordinaire de Lise Barbier-Cristiani.
Merci de m'orienter voire de m'indiquer des références bibliographiques !
Réponse du Guichet
bml_mus
- Département : Musique
Le 12/11/2008 à 13h08
Lise Barbier-Cristiani, naît à Paris en 1827. Ses débuts en public au violoncelle à l'âge de 18 ans font sensation. C'est une Parisienne au grand charme, «élégante et sympathique, mais au son un peu léger», nous dit un critique de l'époque. Le roi du Danemark lui confère le titre de Virtuose de la Cour. Au cours d'une tournée en Allemagne en 1845, à Leipzig elle attire l'attention de Mendelssohn qui l'accompagne au piano et lui dédie sa Romance sans Paroles op 109. Les Suédois l'appellent « la Sainte Cécile de France».
Prenant exemple sur François Servais, qui s'était rendu à Saint Petersbourg en 1839, elle choisit de tenter fortune dans cette ville, mais un deuil à la Cour l'oblige à renoncer à ce projet.
Audacieuse et aventurière dans l'âme, Lise décide, en 1 848, de se lancer dans un périple vers les régions reculées de la Sibérie Orientale. Sa correspondance avec sa famille est un des plus pittoresques témoignages de voyageur.
Elle a 22 ans quand elle parvient à Irkoutsk. Elle est accompagnée d'une grosse femme de chambre russe, d'un vieux pianiste allemand, d'un officier supérieur russe qui dirige sa caravane... et de son Stradivarius de 1700, qu'on nommera plus tard le «Cristiani». Partout où elle passe, elle est reçue avec enthousiasme par les officiels et les exilés.
D'Irkoutsk, elle se dirige vers le Lac Baikal sur lequel un vent violent d'automne lui donne «le mal de mer sur de l'eau douce». Sous la protection d'un officier russe, elle et sa suite parviennent à Kiachta, à la frontière chinoise. L'arrivée de Lise et de sa caravane fait figure d'évènement. A son grand regret, les Chinois lui interdisent d'entrer en Chine. Elle visite la partie chi noise de la ville et s'enthousiasme devant l'architecture des maisons, et les intérieurs chinois somptueusement décorés de fleurs et d'oiseaux.
Un interprète lui permet de converser avec ses hôtes et de répondre aux questions qui lui sont posées sur les raisons de sa venue dans ces contrées lointaines, sa réponse étant «la pure curiosité». Invitée à dîner chez le notable de la ville qui «ignorait qu'il y eut un peuple français», on lui offre successivement 52 soucoupes de nourriture. Elle a apporté son pain et ses couverts, étant moins adroite à manier les «deux petits bâtons d'ivoire» que son archet. Le dîner est suivi d'une représentation théâtrale agrémentée «d'une effroyable musique» de tams-tams, de gongs et de cymbales.
Après un voyage en voiture traînée par des chevaux, elle rencontre des tribus bouriates qui lui font une escorte d'honneur de trois cent cavaliers, l'emmènent au triple galop vers leur temple où les Lamas exécutent des «symphonies diaboliques sur des instruments impossibles».
De retour à Irkoutsk, la soif d'exploration et l'insatiable curiosité de Lise ne faiblissent pas. Elle repart avec son Strad pour de nouvelles aventures sur le fleuve Léna. «Me voici donc embarquée encore une fois pour une folle entreprise. J'avoue que je commence avec plaisir un voyage qui va compléter l'originalité de ma vie d'artiste.» ....
Lire ici la suite de cet article paru dans le n° 10 de la revue "le Violoncelle", de févier 2004, revue publiée par l'Association Française du Violoncelle.
Cette violoncelliste hors du commun a, semble-t-il, relaté ses passionnantes pérégrinations dans une corrrespondance publiée chez Hachette en 1863 (le Journal des Voyages) :
"VOYAGE DANS LA SIBÉRIE ORIENTALE, NOTES EXTRAITES DE LA CORRESPONDANCE D’UNE ARTISTE (Mlle LISE CRISTIANI. (1849-1853. – Texte et dessins inédits.)", ouvrage épuisé chez l'éditeur mais que vous pourriez vous procurer d'occasion sur Internet.
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