tube du Cratyle
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 22/02/2008 à 15h59
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Question d'origine :
Je trouve cette expression, "tube du Cratyle" dans le roman d'Amélie Nothomb, "Acide
sulfurique". Dans cette phrase :
"Si l'on faisait résonner ces trois syllabes le long du tube du Cratyle, on obtenait une musique qui était son visage"
Je crois deviner qu'il s'agit de quelque chose d'anatomique (cordes vocales ?) mais quelle est l'origine et quel est le rapport avec Platon (Le Cratyle de Platon) ?
Merci.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 23/02/2008 à 15h33
Cratyle est un philosophe grec du Vème siècle avant J.C. et ne désigne rien d'autre.
Cratyle s'est intéressé au langage, et notamment à la relation entre le mot et ce qu'il désigne (comme Saussure mais de façon diamétralement opposée et assez simpliste). Selon Cratyle, il existe un lien naturel entre le mot et la chose (le signifiant et le signifié) et que par conséquent, chaque objet possède un mot universel qui le désigne :
Ainsi, la thèse de Saussure signifie que la langue n’est nullement une relation simple entre signifiant et signifié. Ou même, qu’elle n’est nullement assimilable à la relation naturelle entre le mot et la chose, contrairement à ce que soutenait Cratyle, dans le dialogue du même nom de PLATON. Ainsi, en 383a, Cratyle affirme-t-il que le nom n’est rien d’autre que la propriété naturelle de la chose. Ainsi, selon Cratyle, qui soutient une théorie naturaliste du langage, "il existe une dénomination naturelle pour chacun des êtres", "un nom n’est pas l’appellation que certains donnent à l’objet après accord, en le désignant par une parcelle de leur langage, mais, il existe naturellement, et pour les Grecs et pour les Barbares, une juste façon de dénommer qui est la même pour tous".
Si cette thèse est vraie, alors, la langue universelle est tout à fait réalisable. C’est ce que nous montre bien la dernière phrase de ce texte. C’est bien l’idéal d’une langue universelle, la même pour tous les hommes, au-delà des particularités culturelles, qui est ici reproduit. Cratyle ne dit pas, certes, que cette langue universelle, qui est ici synonyme de langue naturelle, existe effectivement. D’ailleurs, il apparaît que des choses, ou des êtres, sont mal nommés : on leur a donné des noms qui n’étaient pas conformes à leur nature, et ils sont faux. Ainsi Cratyle dit-il à Hermogène, tenant de la théorie conventionnaliste du langage, en 384a, que " Hermogène " n’est pas son vrai nom : en effet, le nom signifie "de la race d’Hermès", dieu du gain ; or, Hermogène a des ennuis d’argent.
Ce que veut dire Cratyle, c’est que la langue universelle est tout à fait possible : il suffit de modeler les noms sur les propriétés réelles et naturelles des choses. Alors, en effet, nous aurions un moyen d’entente facile : il suffirait de désigner chaque chose par le mot qui lui appartient en propre. En ce sens, on ne voit pas ce qui pourrait bien faire obstacle à la réalisation d’une langue universelle :
a) elle ne serait plus liée aux décisions propres particulières à chaque société ou culture, et ne serait donc pas emprunte de tout le sous-bassement propre à chaque culture;
b ) et surtout, il serait possible que tout homme en tant qu’homme la pratique en toute objectivité : nous dirions alors les mêmes choses avec les mêmes mots.
source et suite : Philocours.
Ce discours se heurte à la dimension conceptuelle du langage, "découpage" de réalités non seulement culturelles, mais individuelles.
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