Question d'origine :
est-il vrai que les sociétés ont toujours eu un nombre stable de gauchers (contrariés ou non ) ? Il parait que toute société a un nombre de gauchers égal à 10 % des individus la composant.......
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 05/10/2004 à 12h55
« Examinant plus de 266000 recrues de l’armée allemande, un physiologiste du début du XXe siècle avait établi que les gauchers formaient un peu moins de 4 % de la population. Il avait fait en outre une bien étonnante constatation : la plupart d’entre eux étaient issus de la moitié sud du pays. Le nord de l’Allemagne ne comptait pour ainsi dire aucun gaucher. »
« Dans les années 1970, le Laboratoire d’anthropologie biologique de l’Université de Paris VII réalisa une enquête démographique portant sur 24433 jeunes hommes répartis sur la totalité des départements français. Les données collectées permirent de dresser la carte de France de la gaucherie.
Le document – le seul de ce genre que nous connaissions – mettait au jour des disparités géographiques très curieuses. C’est en effet dans une large zone nord de l’hexagone, depuis Rouen jusqu’à Strasbourg, que les gauchers sont les plus nombreux, la plus forte concentration se trouvant en Haute Normandie (21,3 % des habitants y sont gauchers ou ambidextres). Deux grandes régions se disputent le record du taux de gauchers le plus bas : la Bretagne (12,2 %) et le Massif Central (10,9 % pour le Limousin, 10 % pour l’Auvergne). Le reste du pays se situe entre 14 et 15 %... »
« Tous les gauchers du monde ne sont pas logés à la même enseigne. Il est en effet des sociétés très laxistes à leur égard et d’autres qui le sont moins, voire, pour certaines, pas du tout. Etant donné que la proportion naturelle de gauchers est en théorie identique sur tous les points du globe – puisque tous les hommes appartiennent à la même espèce -, les disparités quantitatives constatées entre telle et telle nation révèlent inévitablement
Le classement ci-dessous a été établi de multiples sources, dont l’enquête récente de L.J. Harris (dans Left-handedness, 1990)
La palme de la répression revient, semble-t-il, à Taïwan, où l’on ne trouvait que 0,7 % de gauchers dans les années 1970 (E.L. Teng, dans Science, 193, 1976). Il est intéressant de comparer ce chiffre avec celui de 6,5 %, correspondant à la moyenne des gauchers chez les émigrés chinois aux Etats-Unis à la même époque.
On a relevé parfois dans ces derniers pays des nuances démographiques fort instructives. Il a ainsi été calculé qu’en France le nombre de gauchers et d’ambidextres pouvait passer du simple au double selon la région considérée. En ce qui concerne Israël, il s’avère que 13,3 % des hommes originaires d’Europe de l’Ouest écrivent de la main gauche, contre 9,8 % de ceux originaires d’Afrique du Nord et seulement 4,2 % des Juifs d’Europe de l’Est.
Bien sûr, ces chiffres sont à prendre avec précaution, les statistiques étant souvent très contradictoires. Il ressort néanmoins de ce tour d’horizon partiel que la plus grande tolérance envers les gauchers émane pour l’essentiel – et très logiquement – des pays de culture démocratique et libérale, c’est-à-dire des pays occidentaux en général et anglo-saxons en particulier. »
Source : Dictionnaire des gauchers par Pierre-Michel Bertrand.
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