Question d'origine :
Certaines lettres hébraïques des Rouleaux de la Torah sont surmontées de couronnes ("Tagin", en hébreu). Quelle est la signification de ces couronnes ? Leur origine ? L'interprétation qu'en donnent les commentateurs ?
N.B. : Ces couronnes ne doivent pas être confondus avec les signes de cantilation associées à certaines lettres.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 18/09/2004 à 15h51
Jospeh Cohen pour sa part, dans La fabuleuse histoire de l’écriture hébraïque , indique :
Un groupe de sept lettres est orné sur la tige gauche de trois petits traits sous forme de palmettes. Ces traits sont appelés en arabe taguin ou « couronnes » . …On ne connaît pas l’explication de ce phénomène, mais une légende du Talmud raconte, poétiquement , que lorsque Moïse est allé vers Dieu pour recevoir les Tables de la Loi, il vit le seigneur « en train de dresser des couronnes pour décorer les lettres ». D’après G. Vajda, c’est en référence à ce récit que les copistes parent certaines lettres de « couronnes ».
La consultation de l’ouvrage de Marc-Alain Ouaknin, Les Symboles du judaïsme , apporte un autre éclairage:
Certaines lettres sont surmontées de petites fioritures appelées couronnes. Plus précisément , sept des vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque sont ornées sur leur partie gauche de trois petits traits appelés Taguim (Tag au singulier) ou ketarim (ketar au singulier), c’est à dire “couronnes” . Ces sept lettres sont : Chin, Ayin, Têt, Noun, Zayin, Guimel, Tsadé…
Pour comprendre le sens de ces couronnes, il faut faire une autre remarque concernant les lettres de l’alphabet. Comme le souligne Rabbi Tsadoq Hakoken de Lublin, il existe une différence essentielle entre la manière d’écrire les caractères hébraïques et les caractères latins. Il s’agit de la position de la lettre par rapport à la ligne tutrice. Dans l’écriture latine , la lettre repose sur une ligne inférieure : en revanche dans l’écriture hébraïque, la lettre est accrochée , suspendue à la ligne supérieure….
La ligne tutrice supérieure est la limite de l’écriture : elle a un sens symbolique , car elle trace la limite entre l’écriture et l’au-delà de l’écriture. On remarquera que le corps d’aucune des vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque ne dépasse cette limite. Aucune , presque aucune plutôt, car il existe une exception :
Le nom de cette lettre renferme le sens même de sa forme : Lamed est la racine sémantique de tout ce qui entretient un rapport quelconque avec l’étude et l’enseignement : enseignement à la lettre de cette lettre Lamed qui dit « l’apprendre »
Apprendre , c’est entrer dans ce mouvement de dépassement de la ligne d’écriture, aller « au delà du verset ». Lamed signifie « étudier ». De cette lettre vient le mot de Talmud , livre clef de la pensée juive. Non pas le lieu recueilli d’un savoir, mais l’exigence poursuivie de la recherche , du questionnement et de l’interprétation.
Marc-Alain Ouaknin est directeur du centre d’études juives ALEPH ‘(Paris) et professeur associé à l’université de Bar-Han (Israël.
Nous vous conseillons enfin de consulter L’Encyclopaedia Judaïca volume 15, article TAGIN.
On y trouve la description précise des couronnes, les lettres sur lesquelles elles portent et les différentes interprétations de leur importance selon les «courants» du judaïsme. Cet article est en anglais.
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