Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais connaître l'origine et la signification des noms de plusieurs quartiers de Villeurbanne : les Charpennes, le Tonkin et les Buers. Il me semble que la Doua veut dire marais, est-ce exact ?
Merci d'avance pour votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 14/09/2004 à 08h48
Deux versions s’opposent et revendiquent l’origine du mot Charpennes. La première affirme que les rues du quartier étaient jadis si mal entretenues que les rails creusés dans le sol et de nombreux dos d’âne rendaient la circulation difficile. Les chars peinaient d’où les Charpennes.
La deuxième thèse tout aussi poétique et sans doute moins fantaisiste puise ses sources du mot latin « carpenum » signifiant charmille ou charme, arbres dont le quartier a, des siècles durant, été recouvert.
Le quartier des Charpennes est l’un des plus anciens de la ville. Il y a de cela un siècle, les habitants de la commune se répartissaient entre Cusset et Charpennes, le reste de Villeurbanne étant occupé par des terres à vocation agricole.
Proche de Lyon, le quartier des Charpennes était de tradition citadine et ses habitants travaillaient dans de petites entreprises. Associés aux Villeurbannais du Buer et de Château-Gaillard, les Charpennois souhaitèrent, dès 1838 être séparés du reste de la commune et fonder ainsi une ville à part entière. Ils voulaient se démarquer du « Villeurbanne des champs ». Le 12 juillet 1846, le projet de commune indépendante « Charpennes » fut rejeté. « La commune, disait-on à la mairie, une des plus belles des environs de Lyon et même de tout l’Isère, doit rester entière et ne pas être partagée ». Le dossier fut clos. Le 24 mars 1852, les communes de Villeurbanne, Bron, Vaulx-en-Velin et Vénissieux furent séparées du département de l’Isère et rattachées au canton de la Guillotière du département du Rhône. En 1854 ces communes sont séparés de la guillotière et forment un canton dont le chef-lieu est Villeurbanne.
Au début du XVIe siècle, les terrains situés au nord des Brotteaux portaient le nom enchanteur de « domaine de la tête d’or ». Au fil des siècles et des crues du Rhône, ces terres d’alluvions n’ont cessé de se transformer.
Le nom de ce quartier a pour origine l’histoire coloniale française, après que la République ait instauré, en 1883, un protectorat français sur l’Annam et le Tonkin. On lit également que ce morceau de Villeurbanne est alors bien influencé par les fêtes de l’exposition coloniale de 1894 en ce qui concerne le choix des noms pour ses rues (rue du Tonkin, rue de Hanoï, rue de Son-Tay). La dénomination du quartier apparaît officiellement sur les tablettes villeurbannaises peu avant la fin du XIXe siècle. De baraque en maisonnette, de façon assez anarchique, le Tonkin se peuple et devient un village rassemblé autour de la place Rivière où se tient chaque dimanche le marché aux puces. Le quartier n’avait pas bonne presse et rares étaient les « étrangers » désireux d’en franchir les limites. En complète autonomie, le Tonkin a ainsi su vivre des décennies. Ferrailleurs, jockeys, gitans, loubards, fontaines aux coins des rues, petits hôtels coquins… ce village a vécu, pendant des dizaines d’années à l’abri du temps et de la ville, à l’abri de ses tonnelles.
Ancien terme utilisé pour désigner un bassin, une fontaine, un lavoir public ou un petit cours d’eau. Dans le département de la Meuse, un cours d’eau est nommé la Doua. Sans doute par analogie, ces terres parmi les plus inondables de Villeurbanne ont été ainsi baptisées. La Doua s’est très souvent écrit la Douay. En 1734, le domaine de la Doua consiste en granges, écuries, prés, terres, vignes et bois.
La place des Buers tient son nom de Benoît Buër, propriétaire exploitant de la première ferme installée dans le secteur. La famille est anciennement implantée à Villeurbanne, car Benoît Buyer (ou Buër) est répertorié dans le cadastre parcellaire de 1698, comme propriétaire terrien, affranchi du paiement de la Taille. En 1778, Joseph Buër figure parmi les principaux propriétaires de Villeurbanne. Petit-fils de Benoît Buër, Jacques Lubin-Buër est maire de la commune, entre le 12/5/1871 et le 2/2/1873. A la fin de la Première guerre mondiale, le site est encore constitué par un hameau qui regroupe plus d’une dizaine de fermes. Les environs ne sont alors que prés et champs cultivés. Au centre du hameau, la place publique (actuelle place des Buërs) sert d’aire de battage du blé ainsi que d’emplacement pour les Vogues du 14 juillet.
Ces renseignements sont issus de :
* Villeurbanne 27ème ville de France : histoire des rues, histoire des noms / Bruno Permezel
* Villeurbanne cité bimillénaire / de Charles Hernu
* Il était une fois le Tonkin / de Charles Roche
* Villeurbanne autrefois / Danielle Devinaz, Bernard Jadot
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