Question d'origine :
Bonjour,
une première question qui me tracasse: quelle est la différence entre tome et volume?
une seconde question: comment se fait-il qu'un manuscrit, qui est constitué de plusieurs cahiers reliés entre eux, puisse être de format in 4° et in 8° alors qu'a priori (en tout cas pour le profane que je suis) l'ensemble du manuscrit est d'un format unique... est-ce que les différentes dispositions des filigranes sont des indices pour les experts en livres et manuscrits. Avez-vous des règles simples qui me permettraient d'être un peu moins dépourvu en la matière ?
Merci de vos efforts et bonne année.
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 02/01/2007 à 16h08
Pour la première question, l’ouvrage de Christian Galantaris, Manuel de bibliophilie, Dictionnaire suivi d’observations sur la bibliographie et d’une bibliographie sélective, Paris, Editions des Cendres, 1997 donne la définition suivante pour les deux mots qui vous intéressent :
p. 245 : "Tome (grec TOMOS). Division raisonnée d’un ouvrage en fonction de la répartition de la matière. La tomaison est distincte de la division en volumes, qui n’est que physique. Ainsi un auteur décidera que son travail doit être divisé en trois tomes dont les deux premiers formeront chacun un volume et le tome III trois volumes."
p. 254 : "Volume. Forme physique d’un livre, unité qui ne coïncide pas nécessairement avec la subdivision raisonnée en tomes. Un tome peut- être divisé en deux volumes pour une raison d’élégance de reliure, et trois tomes peuvent former six volumes par ce que la matière l’impose. Volume vient de volumen (latin volvere, rouler), nom latin du rouleau, la forme des livres de l’Antiquité."
Pour la seconde question, il est difficile de répondre avec certitude sans avoir votre manuscrit en main ou, au minimum, sans en avoir une description plus précise (contenu, date, dimensions, nombre des feuillets, constitution des cahiers…).
Le format des livres anciens, imprimés ou manuscrits, est fonction du nombre de pliages réalisés à partir de la feuille de papier fournie par le papetier. Une feuille non pliée donne un format in–plano, une feuille pliée en deux un in-folio, en quatre un in-quarto, en huit un in-octavo, etc.
Le format obtenu dépend aussi des dimensions premières de la feuille qui ont elles-mêmes évolué au cours des temps, ou selon les lieux, en fonction de l’industrialisation de la fabrication du papier.
Vous trouverez sur le site du Moulin du Verger un tableau récapitulant les formats les plus courants.
Une réponse du Guichet du Savoir a également abordé cette question des formats.
Dans le cas de votre manuscrit, il n’est pas inenvisageable que des feuilles de dimensions différentes aient été utilisées et, qu’après reliure et massicotage, des cahiers de format différent aient la même dimension.
L’examen de la position des filigranes, mais aussi celles des pontuseaux donne effectivement des renseignements sur le type de format. Voici ce qu’indique à ce propos le site de Mediadix :
"Les formats datent de l'époque de l'imprimerie artisanale. De fait, l'imprimeur disposait d'un papier fabriqué de façon artisanale (papier chiffon jusqu'au XIXe siècle) la pâte était mise à sécher dans une forme, cadre tendu de fils de laiton parallèles et croisés, les fils apparents sont les pontuseaux, et les fils les plus fins sont les vergeures, la forme comprenait aussi le dessin d'un filigrane.
Les feuilles, une fois imprimées étaient pliées et coupées pour constituer des cahiers.
Ces cahiers étaient numérotés au moyen de lettres et de chiffres, une lettre par cahier et un chiffre par feuillet : Un cahier de 4 feuillets était numéroté ainsi Ai Aii Aiii Aiv, cette numérotation s'appelle la signature des cahiers.
La numérotation permettait de placer dans l'ordre les cahiers successifs.
• Les principaux formats :
In-plano : c'est le feuille en son entier, (sens des pontuseaux horizontaux), format adapté aux cartes et atlas
In-folio : La feuille est pliée une fois une feuille fait deux feuillets et quatre pages on a des cahiers pairs de 2, 4, 8 (feuillets encartés les uns dans les autres) sens des pontuseaux verticaux; Filigrane au centre de la page.
In-quarto : La feuille est pliée deux fois, ce qui fait quatre feuillets ou 8 pages, ce qui forme un cahier de quatre feuillets, sens des pontuseaux horizontaux et filigrane vers le bord gauche de la page
In-octavo : La feuille est pliée trois fois ce qui fait huit feuillets ou seize pages, et des cahiers de huit feuillets, le sens des pontuseaux verticaux et filigrane dans le coin supérieur gauche.
In-douze : La feuille est coupée en deux aux deux-tiers, est pliée trois fois dans la grande partie (huit feuillets), deux fois pour la petite partie (quatre feuillets), ce qui fait douze feuillets ou vingt quatre pages, un cahier de huit et un cahier de quatre, ou deux cahiers de six. Pontuseaux horizontaux et filigrane vers le bord droit.
In-seize : La feuille est pliée quatre fois, ce qui fait seize feuillets ou trente deux pages, alternance de cahiers de 8 avec pontuseaux horizontaux et filigrane dans le coin supérieur droit de la page.
Pour la détermination du format du livre, utile pour le catalogage du livre ancien, il faut compter le nombre de feuillets par cahier en s'aidant des signatures, regarder le sens des pontuseaux (verticaux ou horizontaux) et la place du filigrane.
Les formats de papeterie et d'imprimerie déterminée par le papier fabriqué à la forme ont toutefois disparu avec l'introduction du papier continu.
Ces formats ont été repris et adaptés pour différents usages, la reliure, le classement en bibliothèque, bien que les définitions à l'usage des relieurs, tout comme à l'usage du classement des bibliothèques aient été modifiées.
Pour les formats de rangement ont fait référence à la hauteur de l'ouvrage , il s'agit d'un format purement conventionnel, défini en fonction de la taille apparente de l'ouvrage et non pas sur le format réel déterminé par le nombre des pliures de la feuille de papier. Les formats les plus utilisés pour le rangement sont les suivants :
Format Gd folio (au-dessus de 50 cm), in Folio (32 cm à 45 cm), 5, in 4° 25 cm à 31 cm, in 8° (18 cm à 24 cm), in 16° (inférieur à 18 cm). "
Vous trouverez également des précisions sur le site du SLAM (Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne).
Vous trouverez des schémas précis de tous ces pliages dans l’article de Jeanne Veyrin-Forrer, "Fabriquer un livre au XVIe siècle", publié aux pages 285-288 dans Le livre conquérant : du Moyen Age au milieu du XVIIe siècle, Paris, Promodis, 1982 qui forme le tome 1 de l’Histoire de l’édition française, en quatre tomes (et dans ce cas, chaque tome correspond à un volume…).
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