Question d'origine :
Bien le bonsoir!
Quel est le statut de l'église évangélique?
Est-ce une religion reconnue comme telle?
Une "branche" de l'église catholique, chétienne ou protestante, etc.?
Un mouvement de pensée, de foi ou de croyance, jugé légal et/ou innofensif?
D'où une question subsidiaire:
De mémoire, l'état étant laïc, il accepte toutes les religions, et de fait, se doit de définir quelles sont les religions, et par opposition, quelles sont les sectes, et entre deux, quelles sont les dérives sectaires (c'est l'objet du rapport qui fait actualité): mais est-ce que les religions reconnues peuvent faire l'objet d'investigation, et peuvent être "accusées" de dérives sectaires?
Le prosélytisme, autorisé pour les religions, mais interdit pour les sectes, pourrait-il être condamné, pour les religions, si celles-ci prônaient des idées radicales et potentiellement dangereuses? etc.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/12/2006 à 09h09
Dans le monde protestant, le terme ‘évangélique’ correspond à des réalités différentes selon les époques et les lieux. Au XVIe siècle, il est synonyme de protestant. […] Dans le monde anglo-saxon, à partir de la fin du XVIIIe siècle, le terme ‘evanlegical’ prend toutefois un sens particulier. Se diffuse alors en effet le mouvement du Réveil, appelé aussi ‘evanlegical movement’, dont, en Grande Bretagne, l’apogée se situe entre 1780 et 1830. Il ne concerne pas une église particulière, mais compte des adeptes aussi bien dans l’église anglicane que chez les non-conformistes (baptistes, congrégationalistes,…) et touche l’ensemble du monde protestant en Europe et aux Etats-Unis. […] Dans la seconde moitié du XIXe siècle, et jusqu‘en 1945, le terme ‘évangélique’ fut aussi appliqué au courant doctrinal qui luttait contre les innovations théologiques des libéraux. Il s’agissait alors pour ses adeptes d’insister sur la fidélité à l’évangile que, selon eux, certains libéraux avaient tendance à oublier. Depuis 1945, cette acception a quelque peu été délaissée au profit d’un retour au sens qu’avait l’adjectif ‘évangélique au début du XIXe siècle., étant entendu que ce mouvement était alors moins influent au sein des églises protestantes anciennes, mais qu’il est actif, et même très dynamique, parmi les communautés plus récentes, comme les assemblées pentecôtistes ou autres. L’identité évangélique peut désormais être définie autour de quatre critères : la conversion du cœur (qui se traduit par un changement de vie), le biblicisme (la Bible est littéralement regardée comme la parole de Dieu), le ‘crucicentrisme’ (rôle fondamental du sacrifice de Jésus Christ, mort pour le salut du genre humain), et la militance (culture de l’engagement). Ces éléments conduisent à insister sur l’individualisme et la liberté de conscience, ainsi que, dès lors, sur le refus de tout lien entre l’Eglise et l’Etat. Les évangéliques optent donc pour une identité religieuse choisie, par opposition à une identité religieuse héritée.
Source : Encyclopédie du protestantisme, sous la direction de Pierre Gisel
L’évangélisme est en partie issu du mouvement des ‘Grands réveils » des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, qui sont à la fois un trait permanent du protestantisme et une grande constante de la vie religieuse américaine.
Source : Les nouveaux rédempteurs : le fondamentalisme protestant aux Etats-Unis, de Mokhtar Ben Barka
Evangélique : un adjectif bien portant et malmené à la fois, car utilisé dans tous les sens. 1) Qui qualifie la bonne nouvelle de l’Evangile ou des livres qui en témoignent. 2) Pour caractériser soit le protestantisme allemand (evangelische), soit des protestantismes américains ‘evanlegical). Ne pas confondre avec les propagateurs, dits évangélistes.
Source : Les protestantismes, de Michel Leplay
En réponse à votre question subsidiaire, voici un extrait de : Les religions en miettes ou la question des sectes, de Danièle Hervieu-Léger :
Le rapport de la commission parlementaire sur les sectes rendu public le 10 janvier 1996 établit clairement une différence de traitement entre des groupes considérés comme religieux ‘par définition’ en raison du lien quils entretiennent avec les ‘grandes traditions’ instituées et des groupes dont on comprend, a contrario, qu’ils pourraient bien usurper le caractère religieux qu’ils revendiquent. […]
Les églises protestantes autonomes (c’est-à-dire non rattachées à la Fédération protestante de France : pour l’essentiel des églises évangéliques dites libres, baptistes, pentecôtistes et adventistes) confrontées au risque de figurer en bonne place dans la liste des groupes placés sous haute surveillance ont bien compris la signification de cette différence de traitement et perçu que la seule façon d’échapper à la stigmatisation était de rallier aussi rapidement que possible les rangs du protestantisme ‘officiel’ qu’incarne, aux yeux des pouvoirs publics, la Fédération protestante de France. Eglises pentecôtistes et adventistes ont ainsi engagé, dès la publication du premier rapport de la commission parlementaire en 1996, des négociations en vue d’obtenir un ‘abri confessionnel’. Nile pasteur Jean Tartier, ni le pasteur Jean Arnold de Clermont, présidents successifs de la Fédération, ne leur ont refusé, dans un souci, largement partagé au sein des églises protestantes, de préserver les droits à l’expression des minorités. La décision aberrante d’inscrire l’Eglise évangélique de Besançon au nombre des sectes dangereuses (dans le rapport de 1996) est l’un de ces cas qui ne pouvaient qu’inciter les autorités du protestantisme ‘reconnu’ à adopter une attitude d’ouverture aux demandes d’asile des groupes protestant autonomes.
Le rapport montra en effet du doigt [une] église pentecôtiste […]. Engagés dès la fin 1996, des pourparlers ont abouti en février 1999 à un rattachement protecteur à la Fédération protestante de France, qui signifie la sortie du groupe en question hors de la zone suspecte des sectes à risque.
Voir également le chapitre : Les dérives de la communalisation religieuse (pp.173-178)
Pour aller plus loin, cette page vous informe sur un article du Nouvel Observateur de 2004 : "Les évangéliques : La secte qui veut conquérir le monde"".
Et les « Eglises évangéliques » sur le portail Wikipédia
Et bien sûr, le site de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), sur lequel on trouve cet article : Approches de la sociologie religieuse : les évangéliques – définition et mise en perspective
Evangéliques et débat sectaire :
Du point de vue de la question des sectes, le protestantisme évangélique n'apparaît pas au premier plan du débat. Cependant, en tant que chrétiens militants, les "évangéliques" sont, potentiellement, concernés par de possibles dérives sectaires. Tout groupe qui demande un engagement militant important (qu'il soit religieux, philosophique, politique...) peut se prêter à des dérives. C'est bien le cas des "évangéliques". Pour situer le débat, quelques précautions doivent d'abord être prises. Après les avoir examinées, on passera successivement en revue les atouts sociaux des évangéliques face aux sectes, puis leurs terrains de fragilité.
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