Question d'origine :
Merci de vos excellentes réponses, rapides et pertinentes.
Pourquoi, lorsque l'on voit quelqu'un bailler, on a une irresistible envie de bailler ?
Ouuuuuaaaaaahhhhhhhhhhhhh (baillement)
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 03/07/2004 à 13h36
Voici la définition du bâillement du Larousse médical :
"Réflexe consistant en une ouverture large et involontaire de la bouche, avec inspiration accompagnée d'une dilatation du pharynx, puis expiration associée à des mouvements de contraction de la face.
Le bâillement a une signification et un mécanisme neurologique mal connus. Il est habituellement lié à l'assoupissement ou à l'ennui. Il entraîne une diminution de l'acuité auditive, liée à l'obturation momentanée de la trompe d'Eustache. Toutefois, le bâillement est parfois le signe d'un trouble neurologique. Un bâillement excessif peut apparaître au cours des maladies du système nerveux central qui atteignent le tronc cérébral. C'est le cas de l'hypertension intracrânienne. Un bâillement peut s'observer aussi lors d'une encéphalite, d'une méningite, avant certaines crises d'épilepsie et également quand le débit cérébral est bas".
Un célèbre dicton populaire prédit qu'un bon bâilleur en fait bâiller sept.
Pourtant, certaines personnes y résistent. D'où vient cette différence de réaction entre les individus ? Des chercheurs américains ont montré que les personnes qui avaient du mal à s'identifier à d'autres, qui restaient un en retrait du monde, étaient "immunisées" contre ce mal.
Des études antérieures avaient montré que 40 à 60 % des personnes étaient enclines à bâiller lorsqu'elles observaient quelqu'un le faire, mais jusqu'à présent, on ne connaissait pas les causes de cette contagion. Selon Steven Platek, auteur de travaux et professeur à l'Université Drexel à Philadelphie ( Pennsylvanie), ce phénomène serait similaire à celui du hoquet.
Il est coutumier de parler de contagion. Il semble plus précis de parler d'imitation comportementale, de synchronisation d'actions, de réplication comportementale.
"Comment se déclenche cette réplication ?
A la fin des années 1980, le psychologue Robert Provine, de l'Université de Maryland, aux Etats-Unis, a mené des expériences pour tenter de répondre à cette question. Par exemple, il a projeté à des volontaires un film où se succédaient 30 bâillements : certains sujets bâillaient au bout de quelques secondes, d'autres au bout de cinq minutes, et 55 % des sujets étaient victimes de la contagion. Quand un dessin animé (qui simplifiait les expressions faciales) retraçait le film, aucun sujet ne bâillait plus. Certaines personnes sont si sensibles à la "contagion" qu'elles bâillent en lisant un récit qui évoque le bâillement, d'autres seulement en y pensant ! En revanche, quand les sujets ne voient qu'une partie du visage, même si c'est la bouche, la contagion n'a pas lieu. Il n'est pas nécessaire de voir un bâillement pour que la contagion se déclenche, puisque les aveugles subissent le phénomène.
En août 2003, Steven Platek, de l'Université Drexel de Philadelphie, a mené des expériences sur le profil psychologiques des personnes sujettes à la contagion ou résistantes. Il a montré que les individus sont d'autant plus sensibles à la contagion qu'ils capables d'empathie. L'empathie, c'est-à-dire la capacité de ressentir ce que ressent autrui, de se mettre à place, se fonde sur la perception de l'expression faciale des émotions ; elle nécessite un traitement analytique des informations et sous-tend des mécanismes cognitifs élaborés. La contagion du bâillement s'apparente au décryptage d'une émotion ou d'un état de vigilance d'autrui, mais à niveau automatique, non conscient.
La réplication du bâillement permettrait une synchronisation de l'état de vigilance entre individus, qualifiée d'empathie instinctive involontaire. Cette capacité à entrer en résonance avec des affects inconscients repose sur une communication implicite, dont les mécanismes neurobiologiques commencent à être élucidés."
Vous trouverez l'intégralité de cet article écrit par Olivier Walusinski, médecin spécialiste du bâillement dans Pour la science, n° 312 d'octobre 2003.
Vous trouverez d'autres informations en consultant le site du Dr. Walusinski.
Beaucoup d'animaux bâillent, mais le bâillement ne semble communicatif que chez l'homme. Une chose est sûre en tout cas, bâiller reste l'apanage des vertébrés. La raison en est simple : il faut avoir des mâchoires !
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