Question d'origine :
Dans une démarche de design, je m'interroge sur les rites de passage actuels pour ces trois étapes qui sont annonciatrices d'un changement:
>la naissance (apparaître) et l'accueil d'un être cher
>l'union (paraître) et la vie avec un être cher
>la mort (disparaître) et la perte d'un être cher.
J'ai pû lire l'oeuvre d'Arnold Van Gennep mais elle est encore très attachée au sacré et en cela peut être en décalage avec notre société contemporaine qui fuit le cadre figé dans lequel s'inscrivent les religions.
Les vieux rites de passage n'ont plus sens aujourd'hui. Cependant les individus ont besoin de symbolisation. Et je pense donc que les rites n'ont pas été éradiqués mais privatisés.
Dans la mesure où la pratique du baptême est en forte régression, existe t'il encore un rite de passage de l'entrée dans le monde des vivants?
En ce qui concerne les funérailles, ce dernier passage se pratique de façon modeste, les marques publiques s'effacent et la cérémonie est courte ou inexistante alors que l'on sait maintenant que les enterrements déritualisés laissent les survivants désemparés.
Quels sont les substituts à l'abscence de ritualisation aujourd'hui?
J'aimerai surtout avoir des renseignements sur les objets qui accompagnent ses nouveaux rites ou ses rites en gestation.
Je vous remercie
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 29/12/2005 à 09h48
Il semble, à la lecture de votre question, que votre interrogation sur les rites de passage soit déjà bien avancée. Pour aller plus loin dans la lecture d’Arnold Van Gennep, vous pouvez essayer l’ouvrage de Thierry Goguel d’Allondans, « Rites de passage, rites d’initiation : lecture d’Arnold Van Gennep » (si ce n’est pas déjà fait). Le dernier chapitre propose une analyse du sacré, et de la place du religieux aujourd’hui, notamment les interrogations et religions personnelles.
Le sacré est souvent suivi d’un rite profane (les repas par exemple) lors de baptêmes ou mariages. Ces propos sont également largement abordés par Pascal Lardellier (Les nouveaux rites, édité chez Belin) : "Les rites scandent les passages, assurent des transitions harmonieuses, marquent les statuts, en nous permettant de nous souvenir et d’appartenir. Ils répondent surtout à des besoins profonds : l’accès à des sphères symboliques, mythiques et mystiques qui déroutent l’apparente rationalité de notre paradoxal Occident".
La lecture de l’ouvrage de Martine Segalen « Rites et rituels contemporains» (que vous avez visiblement déjà « exploité ») pourra vous aider. La 4e de couverture est très claire : "Puisant dans le stock limité des références symboliques et munis d’une structure relativement fixe, les rituels ne sont jamais nouveaux : ils sont réinventés sans cesse. Leur mise en scène par les médias crée une effervescence sociale et une émotion collective qui soudent ainsi temporairement une communauté…"
Vous pourrez également vous reporter au magazine Sciences humaines de février 1996 (n°58) intitulé « A quoi servent les rites » dont voici quelques extraits :
Les figures du rite : Même difficiles à définir, les rites sont des objets privilégiés dans le champ des sciences humaines : ils constituent, avec l'art et le langage, une des productions universelles des cultures humaines qui associent forme, sens et fonction. Nicolas Journet et Achille Weinberg
La fascination du sacrifice : L'histoire des religions et les observations des voyageurs coloniaux ont, au cours du XIXe siècle, donné à croire que le sacrifice était le prototype de tous les rites sacrés. Mais il n'est plus possible aujourd'hui d'y voir le symbole du lien communautaire. Nicolas Journet
Les cérémonies profanes : Commémorations, spectacles sportifs, bizutages : les rites n'appartiennent pas qu'au monde religieux. Ils apparaissent aussi dans de nombreuses manifestations de la vie profane. Claude Rivière
Sur Internet, quelques pistes
* Les rites de passages sur le site des Nouvelles clés
* Nouveaux rites de passage dans les sociétés modernes avancées sur le site du CNRS
Cette réponse faite précédemment par le Guichet sur les rites funéraires peut vous donner des pistes sur la manière d’appréhender les rites dans les sociétés contemporaines. Vous pourrez trouver des éléments de réflexion concernant le baptême ou le mariage dans les ouvrages de la cote 392 RIT (cérémonies des âges de la vie)
Quant à votre affirmation sur l’absence de ritualisation aujourd’hui, elle peut paraître approximative. Ou alors, cela suppose que les « objets » accompagnant ces rites n’ont pas lieu d’être…
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