philosophie

Réponse du service Guichet du Savoir


Socrate n'a jamais rien écrit. Nous ne le connaissons qu'à travers les dialogues de ses disciples et notamment Platon. La maxime "Connais-toi toi-même", qui lui est attribuée, est généralement considérée comme le point de départ de l'activité philosophique. Selon Platon, (Apologie de Socrate), C'est une révélation de la pythie de Delphes à Socrate qui en est à l'origine. L'oracle lui aurait confié pour tâche de vivre en philosophant, c'est-à-dire en se scrutant lui-même et les autres, en leur faisant prendre conscience de leur propre non-savoir, de leur non-sagesse.

La méthode socratique consiste donc à éprouver les hommes, à les ébranler dans leurs certitudes, leur savoir, leurs préjugés, pour les amener à se rendre compte de ce qu'ils sont et de leur ignorance. L'art de Socrate d'"accoucher les âmes" vise à montrer que le savoir et la vérité ne peuvent être reçus tout faits mais doivent être engendrés par l'individu lui-même. Socrate, par ses questions, amène donc ses interlocuteurs à s'examiner, à prendre conscience d'eux-mêmes. Car c'est par là que commence la connaissance. " Connais-toi toi- même" signifie finalement se tourner vers soi ; cela signifie que la philosophie, ce n'est pas tant acquérir un savoir ou un savoir-faire que se mettre en question soi-même, se mettre à l'épreuve.

Mais le "Connais-toi toi-même" n'est en aucun cas un examen de conscience au sens religieux ou moral et encore moins une introspection d'ordre psychologique. Il ne naît que dans un dépassement de l'individualité qui se hausse au niveau de l'universel par le discours rationnel. C'est avant tout un principe de connaissance qui signifie qu'on ne peut connaître les choses qu'en étant au plus près de soi, que le principe de la connaissance des choses s'origine dans celui qui pense et non dans les choses elles mêmes.

Il s'agit là en somme du fondement philosophique de l'idéalisme. Ce mot d'ordre sera ensuite repris par diverses traditions philosophiques mais dans un sens détourné. Les stoïciens le transformeront en mot d'ordre éthique renvoyant à la connaissance de ce que peut la volonté, de ses limites, tandis que la tradition néoplatonicienne et chrétienne en fera une exigence de renoncement au monde et de purification de l'âme.

Pour approfondir l' analyse de cette maxime, vous pouvez consulter le cours de Michel Foucault l'herméneutique du sujet.