Question d'origine :
bonjour,
Je cherche de la documentation sur les allées d'immeubles plutôt bourgeois en période post révolutionnaire (an 8 ).
Je voudrais surtout savoir si les escaliers et charpentes etaitent en bois ou en pierre...
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 25/07/2005 à 13h15
Tout d’abord, quelques précisions concernant ce qu’on peut appeler un immeuble :
«Si l’on considère que le type de l’immeuble se caractérise par la définition de parties communes inaliénables, la répétition à l’identique d’un plan d’étage dit courant où se juxtaposent la totalité des locaux nécessaires à l’existence d’une famille, avec pour corollaire l’abolition de la hiérarchie entre les différents niveaux, on ne signale qu’une faible quantité d’exemples aboutis de telles constructions jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Dès le milieu du règne de Louis XV toutefois, et sans que l’évolution ne se manifeste de manière linéaire, de nombreux édifices d’habitation rassemblent certains des traits qui caractérisent l’immeuble.»
Une autre définition pourrait être : «regroupement par étages d’unités d’habitations, dont les seuls compléments sont la cave et les combles.»
La genèse de l’immeuble tel qu’on le connaît aujourd’hui date donc du XVIIIe siècle, et c’est un bouleversement spectaculaire de l’habitat des grandes villes ; il est de plus typique de la bourgeoisie.
Quant aux matériaux utilisés pour la construction, dès le XVIIe siècle, la construction en dur (en pierre de taille), dans la plupart des cas, ne concerne que les murs mitoyens et la façade sur rue. Beaucoup de bois (et de métal) entre dans la construction de la majorité des maisons urbaines, jusqu’à l’apparition des produits manufacturés de la construction. Il y a également un jeu sur l’apparence : les constructions dissimulent des éléments structurels en bois ou en métal. Se passer de l’art du charpentier, c’est élaborer, par exemple, des voûtes en pierre : leur rareté leur confère une connotation prestigieuse.
Quant à la mise en œuvre des escaliers, «l’une des plus brillantes manifestations de l’art et du savoir-faire des charpentiers de l’Ile de France, [elle]présente un autre exemple de travestissement de la structure. Les degrés de pierre et leurs vertigineuses volées suspendues dont s’enorgueillissent les hôtels et les châteaux depuis le second tiers du XVIIe siècle sont la référence obligée en la matière. C’est ainsi que les cages d’escaliers de simples maisons à boutique [habitat individuel] assimilent sans tarder des formes propres au registre décoratif de la pierre taillée et sculptée.»
Sources :
La conquête du plain-pied, de Jean-François Cabestan (2004)
L'immeuble, n° 22 des Cahiers de la recherche architecturale (1988).
Quid de la Révolution ?
«Pour la beauté de la chose, on aurait aimé pouvoir dater de la décennie 1789-1799 l’apparition des logements collectifs, cités et immeubles distribués en appartements, qui formeront la matière des villes du XIXe siècle. Mais la lente fusion de l’hôtel aristocratique et de la maison populaire en immeuble collectif était arrivée à son terme avant que soit consommé, en une nuit de 1789, le passage de la société d’ordres à la société de classes. Pourtant, les logements de l’Ancien Régime se prêtaient mal à l’autonomie des étages et des appartements qui caractérise l’immeuble collectif. Pour la période 1600-1800, on a relevé à Paris une majorité (73%) de logements de trois pièces et moins. La plupart des logements de deux pièces et plus sont encore établis sur plusieurs étages.»
In : Histoire de l'architecture française, tome 2 : de la Renaissance à la Révolution, de Jean-Marie Pérouse de Montclos (1995).
Les exemples que nous avons pris concernent en général Paris, la, plupart des documents disponibles s'y référant.
A Paris donc, après les destructions dues à la Révolution, c’est Napoléon qui est le premier artisan du remodelage de la ville. La loi pluviôse an 8 (17 février 1800) réforme l’administration de la ville ; le préfet Frochot est nommé. La ville est est fameux désordre et, de plus, la population ne cesse d’augmenter... Les grandes lignes d’un nouvel urbanisme ne commencera qu’en 1808.
Source : Paris, sous la direction de Bernard Valade (1997).
Qu’en est-il donc alors de cet an 8 que vous citez ? Nous n’avons trouvé, dans toutes les sources consultées, aucune allusion à cette année (sauf pour la loi ci-dessus, et elle ne concerne pas directement la construction).
En plus de tous les éléments donnés ci-dessus, rappelons qu’une ville est un assemblage d’édifices d’époques diverses, et que tous cohabitent ; ajoutons que le type de l’immeuble bourgeois tel qu'on le connaît aujourd'hui, sans parler de l'immeuble haussmanien, n'est pas encore fixé au sortir de la Révolution. Que la Révolution a privilégié l’économie, en matière de construction… et que la pierre est plus chère que le bois, même si celui-ci est sculpté. Et on sait que les raisons économiques sont prépondérantes dans les choix en matière de construction... N'oublions pas le fer forgé, pour les rampes, ce matériau étant présent depuis le XVIe siècle.
Quant aux charpentes, elles sont en général en bois, avant l’avènement des charpentes métalliques.
Pour vous rendre compte de la diversité des escaliers et montées d'escaliers, en consultant la base Mémoire, disponible sur le site de la médiathque du patrimoine, vous trouverez de nombreuses représentations... (tapez 'escalier' dans la zone 'mots-clés', 'immeuble' dans type d'édifice). Nous avons en particulier trouvé cet escalier d'immeuble fin XVIIIe (en maçonnerie) :
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter