Question d'origine :
J'ai trouvé un témoignage de l'existence d'un chandelier à 7 branches de grande taille et en bronze détenu dans l'église de l'abbaye d'Ainay à Lyon dans les années 1550. Peut-être était-il là avant, je n'en sais pas plus. Il est décoré avec des motifs très clairement d'inspiration antique... J'ai appris qu'un interdit empêchait aux juifs de reproduire le Chandelier du Temple de Jérusalem. Pourrait-il s'agir d'une oeuvre d'orfèvrerie chrétienne?
Pouvez-vous m'indiquer une orientation bibliographie?
D'avance merci.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 06/07/2005 à 13h33
Nous souhaiterions beaucoup savoir ce qui vous a appris l’existence à Ainay d’un chandelier à 7 branches sur le modèle de la menorah de Jérusalem ; cela pourrait nous orienter dans les recherches à ce sujet, car nous n’avons rien trouvé, que ce soit dans le Dictionnaire des arts liturgiques ou dans L'Art des bossetiers lyonnais, pour confirmer votre hypothèse selon laquelle la menorah pourrait être employée dans la liturgie chrétienne. Dans le second ouvrage susmentionné, nous avons même trouvé des indications intéressantes infirmant l’hypothèse de l’utilisation de reproductions de la menorah à Lyon d’une façon générale : « Ce n’est qu’au Xe siècle que l’on commença à mettre la croix sur l’autel et c’est le concile d’Aix qui imposa en 1585 une garniture sur l’autel, mais à Lyon « ce ne fut qu’en 1746 que l’on prit l’habitude d’y laisser les chandeliers et la croix […] » C’est le rite lyonnais déterminait le nombre et la nature des objets liturgiques : […] Rien ne paraît sur l’autel que la croix et les six chandeliers […] » (page 32) Autrement dit, n’étaient autorisés que les chandeliers qui ne portaient qu’un seul cierge à la fois.
Nous pouvons d’autre part citer des extraits de l’article sur la menorah de Jérusalem tiré du Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie; le texte est très éclairant sur la question de la représentation, et à l’occasion est soulevée la question de la présence de cet objet dans la religion chrétienne :
« […] Le chandelier à sept branches devint comme le symbole de la foi juive, symbole infiniment cher aux anciens Hébreux qui en multiplièrent la représentation. Ce chandelier prit une telle importance dans l’histoire politique et religieuse du peuple juif qu’il devint, même et peut-être surtout après son transfert à Rome, par Titus [en 70 après JC], le signe symbolique et mystérieux de la race et de la foi juives. Désormais, on le trouve sur tous les monuments figurés quels qu’ils soient, qui ont une origine hébraïque […] on le rencontrerait également sur des monuments chrétiens, ce qui a été discuté.
[…] Il ne semble pas que la représentation figurée [..] du chandelier fût une contravention de la défense qui ne portait que sur une copie du chandelier employé comme objet d’usage journalier. […]
Il est incontestable que, dans la plupart des cas, les monuments sur lesquels le chandelier à sept branches est représenté, sont d’origine, de fabrication ou de destination juives. Le lieu de la trouvaille ne prouve pas l’origine chrétienne, tout au plus l’utilisation du monument, en dépit du symbole […]
Est-ce à dire que cet emblème ne se rencontre jamais sur les monuments chrétiens ? Nous avons montré, dans un autre travail, que l’Eglise chrétienne pour mieux affirmer la disparition d’Israël entreprit de lui succéder et d’en hériter. Dans ce but elle revendiqua les livres sacrés et fonda sur eux son symbolisme. Les emblèmes judaïques les plus révérés ne devaient pas échapper à cette tentative d’accaparement. […] on peut dire qu’il suffit de lire les passages où les chrétiens parlent du chandelier pour y voir précisément la preuve que c’était un symbole essentiellement juif […] Jamais un chrétien n’eût mis en action la théorie de ses docteurs et n’eût voulu employer comme signe de sa foi le chandelier qui, aux yeux de tous, caractérisait le juif […] »
En pièce jointe, une réplique de la menorah de Jérusalem :
Pièces jointes
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