A la même enseigne
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 01/07/2005 à 15h55
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Question d'origine :
Cher Guichet,
Je cherche à savoir ce qui a bien pû advenir d'une très vieille enseigne qui se trouvait il y a encore quelques années (cinq - six ?)sur la facade d'une maison sise au 69, rue Mouffetard dans le Vème arrondissement de Paris. Ladite enseigne très ancienne représentait un chêne stylisé, sculpté en bois, et devait signaler il y a très longtemps un établisement du type taverne nommé "Au Vieux Chêne". D'avance merci.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 04/07/2005 à 14h25
Un peu d'histoire avec :
Par Jean LE FLAHEC
Membre Fondateur
Ancien Président
Président Honoraire
(Poissonnier jusqu’en 1990, 135 rue Mouffetard)
Du Mont Leucocitus ou Mont Cétard puis Fêtard naquit Mouffetard vingt siècles ont vu de succéder de nombreuses communautés : Gaulois, Romains, Francs.
Tous ont laissé des souvenirs de leur passage.
Du moyen âge à nos jours que d’engagements et quelle évolution pour en arriver à l’actuelle rue Mouffetard.
Les étudiants, plus ou moins étudiant, comme Ruteboeuf, plutôt frondeur, comme François Villon, les poètes de la Pléiade s’y donnaient rendez-vous, et plus près de nous le poète éthylique Verlaine, tous y fréquentaient les estaminets, jusqu’à c’était hier René Louis Lafforgue qui composa certaines de ses chansons. Puis Pierre Perret, ce chauffeur de taxi troubadour qui fit la chanson à la mode des années 60, " A la Mouf-Mouf ".
Mais revenons à ce chemin qui descendait directement vers la campagne et l’église du VILLAGE SAINT-MEDARD, longeant une petite rivière appelée la Reine qui allait se jeter dans la Bièvre, charmant cours d’eau parsemé de fleurs qui suivait notre actuelle rue Censier et avait un autre bras dans la rue du Fer à Moulin, avant de devenir progressivement un égout nauséabond à cause des industries qui s’installaient sur ses rives, surtout les tanneries.
L’église Saint-Médard était entourée de son cimetière. Les champs de vignes s’étendaient même jusqu’à l’actuelle Porte d’Italie.
En fait, l’actuelle église Saint-Médard remplace une petite chapelle qui fut détruite par les barbares et c’est surtout au XVème et XVIème siècle que les constructions se sont succédées pour former la voie actuelle jusqu’à la Bièvre.
Il fut plus tard décidé de canaliser et de recouvrir la Bièvre, et c’est seulement en 1910 qu’elle le fut entièrement recouverte.
Les maisons n’avaient pas de numéros et portaient seulement les noms suggestifs : " Les quatre sergents de la Rochelle en souvenir du projet de renversement de Charles X ".
Le Petit Paradis 87 ; Le Plat d’Argent au 76 ; Pantoufle au 88 ; Gibecière d’Or au 102.
Ce serait intéressant de poursuivre les recherches- puisqu’on a trouvé à l’angle de la rue de l’Epée de Bois, au coin des 51 et 53 Rue Mouffetard, le trésor de Louis NIVELLE, " écuyer et secrétaire du Roy " disparu en 1757, cinq mille Louis soit 1.600.000 francs de l’époque en 1938.
On raconte que l’origine de la liberté commerciale de la rue Mouffetard fut donnée par Henri IV dans les circonstances suivantes : le bon Roi descendait vers St Médard lorsque, effrayé par les bruits qui agitaient déjà la rue Mouffetard, la monture s’emballa. N’écoutant que leur courage, les marchands stoppèrent le cheval du Roi. Très heureux de sortir si bien de cette chevauchée Henri IV accorda aux marchands le droit de vendre tout le long de la rue et sur la chaussée.
C’est donc au XVIème siècle que se développa le commerce dans la rue, on y trouvait des fripiers, des estaminets, des apothicaires, des alimentaires. Mais c’est surtout au XIXème siècle, que les alimentaires se multiplièrent pour changer à la rue sa destinée actuelle et de 1900 à 1910 cette tendance purement alimentaire se concrétisa.
De 1900 à 1939, le commerce y battait son plein. Les habitants des banlieues alentour Ivry-Vitry-Choisy-Kremlin Bicètre-Gentilly-Villejuif- se donnaient rendrez-vous rue Mouffetard et l’on se portait plutôt qu’on y marchait.
Puis vint la guerre et l’occupation allemande, la pénurie, les files d’attente pour s’inscrire chez les différents commerçants.
Je me souviens que l’on inscrivit dans la poissonnerie de mes parents plus de 10 000 personnes. Hélas, nous n’avions qu’une livraison de marchandises une ou deux fois par semaine et n’avions en vente libre à la saison que des araignées de mer.
Nous en vendions tellement que nous avions tous les mains usées par les carapaces.
Suite à cette période, une certaine désaffection de la clientèle se précisa.
C’est alors qu’en 1950, sous mon impulsion, une quinzaine de jeunes commerçants se réunit au 128 – alors " Café du Marché " pour décider de relancer la rue et lui rendre son tonus.
Paul Facchetti, André Etchébarya, Georges Desgranges, Jean Guyon, André Péri, Aimé Enjalberg, Bernard Escoffre et moi, décidâmes de contacter le Maire du Vème qui, à l’époque était Monsieur Pedrot , qui nous pria de revenir le voir après avoir constitué une association – ce qui fut fait – Jean Guyon décida d’en être le Président.
On déposa les statuts et vogue la galère.
On engloba dans notre association René Louis LAFORGUE, nouvellement installé rue de l’Arbalète et de créer les armes de l’association. Je me souviens de ces réunions de travail pour choisir les emblèmes qui pourraient mieux définir les activités de notre quartier : le commerce représenté par la corne d’abondance, le théâtre par un masque, la littérature par une plume singulière, l’architecture par un compas, etc.
Enfin, on adopta les devises et les couleurs correspondant à un maximum d’activités.
Bernard ESCOFFRE accepta d’être notre trésorier, charge qu’il assuma jusqu’à sa cessation d’activité.
On organisa des quinzaines commerciales, ce furent les premières de Paris, de même que la rue Mouffetard fut la première rue commerciale à être illuminée pour les fêtes de fin d’année.
Les charges étaient très lourdes pour organiser ces fêtes, les commerçants supportaient intégralement toutes les dépenses occasionnées par les illuminations.
La rue Mouffetard fut l’instigatrice de toutes ces féeries, que l’on peu de nos jours admirer en fin d’année dans notre capitale.
Puis de quinzaines en quinzaines, de fin d’années en fin d’années, notre Président Jean GUYON, souffrant des suites de la guerre du abandonner et décéda. Malgré les horaires déments, je pris les responsabilités de Président, sans toutefois pouvoir continuer à organiser des quinzaines, ne trouvant pas l’aide nécessaire. Malgré, mon emploi du temps surchargé, je continuais les illuminations.
Enfin, sous l’impulsion de Jacques SIFODIL une nouvelle équipe s’est constituée ; les festivités ont recommencées pour le bien du Vème, de la rue Mouffetard et le plaisir de tous les habitués de ce quartier si sympathique.
Je souhaite que l’équipe fasse des émules, et redonne à notre communauté cet élan, né des malheurs de la guerre.
source : Mouffe.com
Cette sculpture classée, qui daterait de 1592, devrait prochainement réintégrer sa place d'origine (d'après le propriétaire du lieu).
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