Question d'origine :
Bonjour, Le compositeur autrichien Franz Schubert (1797-1828) a-t-il pu connaître d'une manière ou d'une autre les oeuvres du peintre allemand Caspar David Friedrich (1774-1840), auquel les pochettes de disque l'associent souvent ? Merci pour votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_mus
- Département : Musique
Le 23/07/2020 à 15h11
Bonjour,
Si nous ne pouvons pas vous donner une réponse tranchée sur le fait que Franz Schubert aurait connu les œuvres de Caspar David Friedrich, nous pouvons mettre en lumière les liens très étroits qui existaient entre ces deux artistes qui ont creusé deux champs artistiques différents tout en appartenant au même courant romantique allemand.
Leur œuvre est parcourue par des thèmes très proches : l’homme est un éternel étranger, il est exalté par un sentiment de nostalgie d’un paradis perdu. C’est ce qu’on appelle la Sehnsucht, sorte de vague à l’âme, d’exil intérieur. La douleur et la solitude sont les sentiments qui meuvent ce voyageur exilé, le wanderer (vagabond, errant) archétypal qu’on retrouve tout autant dans les créations de Friedrich que dans celles de Schubert.
On peut ainsi rapprocher deux œuvres : le lied Der Wanderer (1816) de Schubert, et le Voyageur contemplant une mer de nuages (1918) de Caspar David Friedrich (ci-dessous).
Les paroles du premier (issu d’un poème écrit par Georg Philipp Schmidt von Lübeck) résonnent singulièrement avec ce voyageur de dos, faisant face à l’immensité du paysage. Et si finalement il ne fallait pas inverser votre question : Caspar David Friedrich a-t-il pu connaître les œuvres de Schubert ?
Je viens de la montagne
La vallée fume, la mer rugit.
Je marche en silence, sans joie,
Et toujours en soupirant, me demande : Où ?
Le soleil me semble si froid ici,
La fleur fanée, la vie révolue,
Et ce qu’ils disent sonnent vide;
Je suis un étranger partout.
Où es-tu mon pays bien-aimé ?
Je t’ai cherché, rêvé, mais ne t’ai jamais connu !
Le pays, le pays vert de l’espoir,
Le pays, où fleurissent les roses.
Là où mes amis vont se promener,
Là où mes morts ressuscitent,
Le pays où l'on parle ma langue,
Ô pays, où es-tu ?
Je marche en silence, sans joie,
Et toujours en soupirant, me demande : Où ?
Dans un murmure, un esprit me répond :
« Là où tu n’es pas, là est le bonheur. »
Mais on peut aussi mettre en miroir cette peinture et le cycle Winterreise (Voyage d’hiver, 1827) de Schubert, qui narre les méditations d’un voyageur solitaire en hiver à partir de poèmes de Wilhelm Müller.
La diffusion des idées du romantisme a fortement imprégné et relié les artistes de ces différents champs artistiques, irriguant leurs créations, et découlant du courant Sturm und drang dont l’œuvre phare, Les Souffrances du jeune Werther de Goethe, en est le modèle. Nous vous invitons à découvrir le site du musée de la vie romantique pour découvrir cette période artistique.
Pour finir, nous vous proposons un recueil de quelques pochettes de musique classique utilisant des œuvres de Caspar David Friedrich.
Si nous ne pouvons pas vous donner une réponse tranchée sur le fait que Franz Schubert aurait connu les œuvres de Caspar David Friedrich, nous pouvons mettre en lumière les liens très étroits qui existaient entre ces deux artistes qui ont creusé deux champs artistiques différents tout en appartenant au même courant romantique allemand.
Leur œuvre est parcourue par des thèmes très proches : l’homme est un éternel étranger, il est exalté par un sentiment de nostalgie d’un paradis perdu. C’est ce qu’on appelle la Sehnsucht, sorte de vague à l’âme, d’exil intérieur. La douleur et la solitude sont les sentiments qui meuvent ce voyageur exilé, le wanderer (vagabond, errant) archétypal qu’on retrouve tout autant dans les créations de Friedrich que dans celles de Schubert.
On peut ainsi rapprocher deux œuvres : le lied Der Wanderer (1816) de Schubert, et le Voyageur contemplant une mer de nuages (1918) de Caspar David Friedrich (ci-dessous).
Les paroles du premier (issu d’un poème écrit par Georg Philipp Schmidt von Lübeck) résonnent singulièrement avec ce voyageur de dos, faisant face à l’immensité du paysage. Et si finalement il ne fallait pas inverser votre question : Caspar David Friedrich a-t-il pu connaître les œuvres de Schubert ?
Je viens de la montagne
La vallée fume, la mer rugit.
Je marche en silence, sans joie,
Et toujours en soupirant, me demande : Où ?
Le soleil me semble si froid ici,
La fleur fanée, la vie révolue,
Et ce qu’ils disent sonnent vide;
Je suis un étranger partout.
Où es-tu mon pays bien-aimé ?
Je t’ai cherché, rêvé, mais ne t’ai jamais connu !
Le pays, le pays vert de l’espoir,
Le pays, où fleurissent les roses.
Là où mes amis vont se promener,
Là où mes morts ressuscitent,
Le pays où l'on parle ma langue,
Ô pays, où es-tu ?
Je marche en silence, sans joie,
Et toujours en soupirant, me demande : Où ?
Dans un murmure, un esprit me répond :
« Là où tu n’es pas, là est le bonheur. »
Mais on peut aussi mettre en miroir cette peinture et le cycle Winterreise (Voyage d’hiver, 1827) de Schubert, qui narre les méditations d’un voyageur solitaire en hiver à partir de poèmes de Wilhelm Müller.
La diffusion des idées du romantisme a fortement imprégné et relié les artistes de ces différents champs artistiques, irriguant leurs créations, et découlant du courant Sturm und drang dont l’œuvre phare, Les Souffrances du jeune Werther de Goethe, en est le modèle. Nous vous invitons à découvrir le site du musée de la vie romantique pour découvrir cette période artistique.
Pour finir, nous vous proposons un recueil de quelques pochettes de musique classique utilisant des œuvres de Caspar David Friedrich.
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