comment la république est adoptée par lyon?
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 10/06/2020 à 06h15
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Question d'origine :
Bonjour, quelles sont les rues, places , statues de la presque' ile (2eme arrondissement) en rapport avec la république ?
je vous souhaites une bonne réouverture,
Merci
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 12/06/2020 à 10h14
Une telle liste n’existe pas encore (du moins nous ne l’avons pas identifiée). Voici une sélection de sources qui devrait vous permettre de la constituer !
Dans son article La Politique au coin des rues [Article] : les projets de révision des noms de rues à Lyon sous la Troisième République (Revue d'information du Comité Centre Presqu'île de Lyon ; No 17, 1991-1992, p. 28-32), Jacques Prévosto s’intéresse justement aux choix politiques réalisés dans ce domaine à partir des années 1870. L’auteur indique qu’en 1879, « à la demande du conseil municipal, le préfet installa une commission chargée d’étudier une révision d’ensemble des noms des rues lyonnaises. Son rapport, déposé en 1884, servit de base aux travaux d’une deuxième commission, créée en 1888. Enfin, le conseil municipal élu en 1904 chargea une troisième commission de reprendre le dossier : le rapport confié au radical Laurent CHAT fut présenté au conseil en juin 1907. Les travaux de ces trois organismes fournissent ainsi les éléments précieux pour une étude de toponymie républicaine et lyonnaise que je voudrais esquisser ici, en privilégiant, comme il se doit dans cette revue, les exemples empruntés au premier et deuxième arrondissements, sans m’interdire toutefois d’en présenter d’autres. (…) »
L’exemple le plus emblématique est sans doute celui de la
Comme l’écrit Jacques Prévosto, « la grande majorité des demandes de suppressions [de noms de rues], toutefois, relèvent très explicitement du combat politique. Les noms qui rappellent l’Ancien Régime sont frappés d’ostracisme : la rue de Bourbon, condamnée par la première commission, devint la rue Victor Hugo en 1885. En 1907, le rapport CHAT proscrivait, entre autres, les rues Dauphine et Royale (1er arrondissement, actuellement Roger Violi et, toujours, Royale) de même que la rue François Dauphin dans le deuxième arrondissement. »
La lutte anticléricale est aussi fortement représentée dans les demandes de suppression. S’y ajoutent des propositions pour les rues nouvellement créées.
Parmi les propositions de nouveaux noms faites par les commissions, « la moitié renvoyaient à l’histoire lyonnaise, aux hommes qui ont « honoré la petite Patrie ». L’autre moitié comprenait les « hommes qui ont honoré l’Humanité et la Nation ». Dans l’ensemble, les hommes politiques sont les plus nombreux, mais à égalité avec les artistes et les écrivains. Viennent ensuite des personnages qui se sont illustrés dans le domaine des sciences et des techniques (16% au total). La place faite à l’armée et à l’Empire colonial est plus modeste, 7,7% des propositions du rapport CHAT. (…) »
L’auteur dresse ensuite une classification des propositions par grandes époques historiques. « Le XIXe siècle dispose de près de la moitié des propositions (43%). La République souffrante et militante est bien représentée tant au plan national (Ledru-Rollin, Baudin, Barbès, Blanqui) qu’au plan local (Joseph Benoît, Greppo et autre quarant-huitards lyonnais). Les grands noms de la République triomphante, comme Jules Ferry ou Waldeck-Rousseau, sont également présents mais quelque peu éclipsés, peut-être, par la cohorte des notables de la république lyonnaise, de Gailleton à Krauss, en passant par le docteur Rebatel (beau-père d’Edouard-Herriot, président du Conseil général) sans oublier Léon Delaroche (…) ». « Comme on vient encore de le voir, les propositions des commissions ne furent pas toutes avalisées par le Conseil Municipal. »
Dans son article, Jacques Prevosto indique que les rapports des trois commissions ont été édités et peuvent être consultés aux Archives municipales. Nous vous laisserons prendre connaissance de l’intégralité de l’article. Celui-ci ne dresse malheureusement pas de liste des propositions retenues.
Nous vous invitons à en prolonger la lecture en suivant les orientations bibliographiques suivantes :
Les rues de Lyon à travers les siècles : XIVe au XXe siècle [Livre] / par Maurice Vanario ; sous la dir. de Henri Hours, 2002
Synthétique, c’est l’outil incontournable pour balayer rapidement les noms de rues existant et ayant existé à Lyon. Les dates de création et de changements de nom sont indiquées lorsqu’elles sont connues. Une bonne base de travail pour votre recherche.
Histoires, légendes et anecdotes à propos des rues de Lyon : avec indication de ce qu'on peut y remarquer en les parcourant [Livre] / par Louis Maynard, 2003 (édition originale 1922).
L’ouvrage apportera son lot d’anecdotes sur certaines rues et personnalités qui leur ont donné leur nom.
Changements de noms de rues de la ville de Lyon, proposés par la commission municipale : texte officiel publié avec des notes critiques et huit plans en couleurs [Livre] / André Steyert, 1884 (consultable en ligne sur Numelyo)
Ce dernier vous permettra d’accéder au travail de la première commission.
Lyon pas à pas. 02 : son histoire à travers ses rues : Presqu'île, rive gauche du Rhône, quais et ponts du Rhône / Jean Pelletier, 1986 [Livre]
Organisé par quartier, il vous permettra de cibler plus facilement le secteur qui vous intéresse
A travers les rues de Lyon [Livre] / l'Abbé Ad. Vachet, 1982 (réédition de celle de 1902)
Les articles suivants sont également susceptibles de vous intéresser :
Tempêtes dans une petite plaque d'émail bleue : les noms des rues à Lyon au XIXe siècle [Article], Pierre-Yves Saunier, Cahiers d'histoire ; No 2, 1990, p. 133-154
Quand les rues et places de Lyon changent de noms [Article] / Michel Chomarat, Chargé de Mission Mémoire, Ville de Lyon ; Photos Julien Adelare. Bulletin municipal officiel de la Ville de Lyon ; N°5987, 21 janvier 2013, p.1-2.
La Révolution et les rues de Lyon [Article], René Giri, Cahiers de Rhône 89 ; No 3, nov. 1989, p. 59-66
Etudes historiques sur Lyon et le département du Rhône : 200e anniversaire de la République [Revue], Cahiers de Rhône 89 ; n°10, 1992
L'esprit de république et les premières municipalités lyonnaises [Article], Paul Feuga, Bulletin de la société, Archéologique et Littéraire de Lyon ; 1999, T. XXIX, p. 15-40
Lyon et les proclamations des trois premières Républiques [Article], Raymond Curtet, Cahiers de Rhône 89 ; No 10, 1992, p. 57-74
Gilbert Gardes, qui a écrit un ouvrage sur L'Architecture de la République dans le département du Rhône : 1871-1939 [Livre], a publié en 1975 une thèse intitulée Le monument public français : l'exemple de Lyon [Livre]. Il y répertorie les sculptures présentes dans l’espace public. Bien qu’un peu ardue à manipuler avec ses 6 volumes, c’est une mine d’informations incontournable qui devrait vous permettre d’identifier d’autres œuvres que l’emblématique statue de la République de la place Carnot. A ce propos, lisez l’article sur le site de Sauvegarde et embellissement de Lyon Liberté, Égalité, Fraternité : les statues du parc Bazin ont retrouvé leur éclat.
Le volume I-B de la thèse de Gilbert Gardes, comprend un chapitre consacré aux allégories, dont la République (p. 559), et vous trouverez dans la troisième partie « Le monument public dans l’histoire de la cité et de la nation », un chapitre portant sur « La république industrielle 1871-1918 : liberté, patrie, progrès, statuophilie », se compostant comme suit : « Monument et urbanisme à Lyon », « La fête et le décor éphémère à Lyon », « L’amour de la République » (p. 800-813), « La foi dans le progrès », « L’exaltation du sacrifice ». Les numéros figurant en marge renvoient à l’album, tome V.
Voici un extrait de « L’amour de la République » :
« Comme les gouvernements antérieurs, la République s’applique à asseoir son autorité par des signes visuels. On ne peut dire qu’à Lyon ils soient nombreux, d’autant que l’unique monument, celui du centenaire a été proprement dépecé à la faveur des travaux du métropolitain. (…) Il est tardivement érigé en 1894. Les autres effigies sont les bustes de plâtre des mairies qui sortent à peine d’une pénombre confidentielle.
Le sang de la République, c’est finalement le sang de ceux qui la font. Les hommes de la République sont des personnages actifs commémorés après leur mort, ou des personnages historiques dont l’action fût analogue et avec lesquels sont établies des correspondances. Ce sont d’abord les administrateurs, maires et conseillers municipaux des villes (pour Lyon voir p. 588) et une série de personnages dont l’action est nationale.
Le tome IV constitue le catalogue des monuments permanents. Il est organisé par catégories de monuments (hydrauliques, religieux, funéraires, commémoratifs, décoratifs) puis par ordre chronologique. Un index en fin de volume permet de retrouver les monuments par nom. On y retrouve ainsi le monument du centenaire de la République de la place Carnot avec une description et un historique. Tous les monuments répertoriés dans l’étude ne sont pas détaillés dans le catalogue faute de renseignements.
L’index général figurant dans le volume VI permet de retrouver les entrées par nom (lieu, personne, effigies) pour les différents volumes. On trouve plusieurs références de pages à République (La) et à République (Monument à la). Il vous permettra également d'identifier des monuments dédiés à certaines personnalités. Nous vous laissons le soin de consulter toutes ces entrées.
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