Question d'origine :
entre les peureux , les menteurs, les complices, ceux qui ne savent pas mais parlent, les flics déssaisis ... qui saura (ça c'est une autre question) me dire : Qui a assassiné Monsieur Robert Boulin ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/06/2020 à 12h13
Bonjour,
Au risque de vous décevoir, nous ne sommes pas en mesure de vous donner d’informations inédites sur la mort de Robert Boulin. Et nous ne nous risquerons d’autant moins à faire des suppositions, tenus que nous sommes par notre devoir de réserve.
Robert Boulin, homme politique gaulliste, ministre du travail dans le gouvernement de Raymond Barre, a été retrouvé mort le 30 octobre 1979 dans un étang de la forêt de Rambouillet. Il avait été impliqué au cours des semaines précédentes dans une affaire de permis de construire illégal dans laquelle il était impliqué. De nombreux éléments étayaient la thèse du suicide – lettre d’adieu à des collègues ministres, prise de Valium, congé donné à son chauffeur et à son garde du corps, etc – et elle fut immédiatement admise par le président de la république et le premier ministre de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre. Mais dans son livre Histoire du S.A.C. [Livre] : la part d'ombre du gaullisme, François Audigier ajoute :
« Ce n’est qu’en 1983 que la veuve du ministre fit part publiquement de ses doutes. Selon elle, le soir de la disparition de son mari, alors que le corps n’était pas encore officiellement localisé, un conseiller du ministre était venu au domicile annoncer son assassinat. Certains cercles du pouvoir semblaient en savoir davantage. La thèse de la manipulation se nourrissait d’autres faits étonnants. Certains policiers et médecins avaient tenu des propos troublants à Mme Boulin, l’invitant à taire ses doutes. La famille finit par déposer une plainte contre X pour homicide volontaire, une démarche qui aboutit à un non-lieu en 1991. Des éléments pourtant restent encore aujourd’hui troublants. La première autopsie du cadavre ne fut pas effectuée avec beaucoup de rigueur (le crâne n’avait pas été examiné). Un deuxième examen légiste, effectué en 1983, permit d’observer plusieurs petites fractures sur la tête, sans que l’on puisse établir si ces traumatismes étaient antérieurs ou non à la mort. Un nouvel examen des viscères et des urines du défunt aurait pu apporter quelques éclairages, mais on se rendit compte en 1980 que les prélèvements avaient disparu de l’Institut médico-légal. Impossible d’établir si le cadavre avait été déposé après coup ou non dans l’étang. »
A ces éléments troublants s’ajoutent une irrégularité du certificat de décès, des traces sur le dos ne correspondant pas à la position dans laquelle on avait trouvé le corps, des blessures aux poignets pouvant être interprétés comme des traces de liens, la famille et des personnalités politiques averties de la mort du ministre vers deux heures du matin alors que le corps de celui-ci n’a été retrouvé officiellement qu’à 8h45… Tous ces éléments furent négligés par la thèse officielle, et la plainte de la famille aboutit à un non-lieu en 1991.
Pourtant, l’épouse et les enfants de Robert Boulin n’ont eu de cesse depuis de faire la lumière sur l’affaire. Il est vrai que de nombreux mobiles sont possibles, à commencer par un climat de tension particulièrement violent au sein de la droite française au moment des faits :
« En août 1976, il rejoint le gouvernement de Raymond Barre, mais au sein de la droite française, la guerre fait rage : d'un côté il y a les centristes derrière Valéry Giscard d'Estaing et de l'autre il y a les héritiers du gaullisme sous la bannière de Chirac, récemment démissionnaire de Matignon et qui n'a qu'un seul objectif la présidentielle de 1981. Pour Bernard Pons, ancien secrétaire général du RPR de 1979 à 1984 et témoin clé de cette tension politique interne, « la rupture avec Giscard a provoqué la naissance d'une haine presque ovarienne, c'est-à-dire viscérale et profonde. Nous avions le sentiment que Giscard nous avait dérobé, volé le pouvoir ». Dès lors, tiraillé entre sa loyauté envers Valéry Giscard d'Estaing et son appartenance à la famille gaulliste, Robert Boulin va devenir une cible et en 1979 son destin va basculer. Accusé et menacé de toutes parts, y compris de sa propre famille politique, le ministre se sait en danger et déclare à son entourage que « le grand veut ma peau ». Jean Lalande, beau-frère de Robert Boulin va l'apprendre aussi par un responsable des services d'écoutes téléphoniques de Gironde : « Il m'a dit le contrat est pour mardi. Il m'a dit d'avertir Robert Boulin qu'il y avait un contrat sur lui. Il m'a donc donné le temps et la date ». »
(Source : publicsenat.fr)
Une rivalité au sein du RPR a-t-elle pu provoquer le meurtre de Boulin ? Nous ne saurions l’affirmer, mais beaucoup des sources que nous avons consultées font références au SAC, Service d’action civique, un service d’ordre lié au RPR alors en pleine dérivé mafieuse, et à ses dirigeants historiques : dans le même ouvrage, on peut lire au détour d’un paragraphe une phrase telle que : « un conflit sérieux avait opposé Robert Boulin à Charles Pasqua en juin 1979 ».
Pour compliquer les choses, l’ouvrage Histoire secrète de la Ve République [Livre] . ; sous la direction Roger Faligot, Jean Guisnel/ / Francis Zamponi, François Malye, Martine Orange et al montre que Robert Boulin était pressenti pour Matignon à cette époque. Et qu’il a affirmé à des proches vouloir se défendre d’une campagne de déstabilisation par sa très grande connaissance des dessous de la vide politique française :
« Au moment où la presse apprend l’histoire du terrain de Ramatuelle, le Premier ministre Raymond Barre est en nette perte de vitesse dans l’opinion publique et c’est la raison pour laquelle le nom de Robert Boulin apparaît de plus en plus comme celui de son probable successeur. […]
Le problème est que, lorsqu’éclate l’orage médiatique, Robert Boulin a compris que le coup vient de son propre camp. Il détiendrait en particulier des documents sur la monumentale escroquerie des « avions renifleurs », dont a été victime e, 1976 la société Elf, avec la complicité involontaire d’Antoine Pinay, célèbre ministre des finances de la IVe République et membre de l’Opus Dei. Au risque de voir Robert Boulin dévoiler les dessous de ce scandale, qui n’éclatera qu’en décembre 1983, s’ajoute celui de voir cet ancien résistant et gaulliste incontestable devenir, en accédant à Matignon, un candidat RPR plus présentable que son frère ennemi Jacques Chirac, lors de l’élection présidentielle qui va se tenir dans moins de deux ans. La mort soudaine de Robert Boulin, qu’il s’agisse d’un suicide provoqué par une campagne de dénonciation ou d’un meurtre, est donc de toute façon fort opportune pour nombre de ses « amis politiques ». »
Le député gaulliste Jean Charbonnel, ami de Boulin, a par ailleurs prétendu avant sa mort connaître les noms des « deux commanditaires » de son assassinat, noms qui lui auraient été communiqués par Alexandre Sanguinetti, fondateur du SAC :
« A plusieurs reprises ces dernières années, Jean Charbonnel avait publiquement exprimé sa conviction que l’ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing Robert Boulin ne se serait pas suicidé en 1979 comme le veut la thèse officielle, mais aurait été assassiné, victime d’un «règlement de comptes politique». «Je n’ai plus de doute, je pense qu’il a été assassiné», avait-t-il expliqué en 2009 dans un entretien exclusif à France Inter.
Sceptique sur l'affaire Boulin
Lors d’une conférence de presse en 2013, il s’était même dit prêt, faute d’une réouverture de l’enquête, à livrer à la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, deux noms qu’Alexandre Sanguinetti, une figure du gaullisme, lui avait présentés fin 1979 comme étant les responsables de la mort de Robert Boulin. «On verrait ensuite avec la Garde des Sceaux quelle publicité en donner», avait alors précisé Jean Charbonnel à la presse. Il avait ajouté avoir inscrit ces deux noms sur une feuille de papier, déposée sous enveloppe dans un coffre. »
(Source : Libération)
Jean Charbonnel est mort en 2014. Les investigations ont repris l’année suivante à l’instigation du parquet de Versailles. Pourtant, la fille de Robert Boulin, Fabienne Boulin Burgeat, dans un numéro de l’émission Envoyé spécial en 2017 –qui résume très bien l’affaire, affirme que l’instruction n’est guère facilitée : le dossier sembla avoir été « égaré », et de nombreuses preuves se sont volatilisées :
Pour vous faire une opinion, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Fabienne Boulin Burgeat, Le Dormeur du val et celui du journaliste Benoît Collombat, Un homme à abattre [Livre] : contre-enquête sur la mort de Robert Boulin.
Notons que Fabienne Boulin Burgeat a organisé le 30 octobre dernier une reconstitution non officielle en forêt de Rambouillet. Elle espère par là secouer l’opinion et pense avoir établi l’impossibilité du suicide. Vous pouvez lire son interview dans Ouest-France.
Bonne journée.
Au risque de vous décevoir, nous ne sommes pas en mesure de vous donner d’informations inédites sur la mort de Robert Boulin. Et nous ne nous risquerons d’autant moins à faire des suppositions, tenus que nous sommes par notre devoir de réserve.
Robert Boulin, homme politique gaulliste, ministre du travail dans le gouvernement de Raymond Barre, a été retrouvé mort le 30 octobre 1979 dans un étang de la forêt de Rambouillet. Il avait été impliqué au cours des semaines précédentes dans une affaire de permis de construire illégal dans laquelle il était impliqué. De nombreux éléments étayaient la thèse du suicide – lettre d’adieu à des collègues ministres, prise de Valium, congé donné à son chauffeur et à son garde du corps, etc – et elle fut immédiatement admise par le président de la république et le premier ministre de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre. Mais dans son livre Histoire du S.A.C. [Livre] : la part d'ombre du gaullisme, François Audigier ajoute :
« Ce n’est qu’en 1983 que la veuve du ministre fit part publiquement de ses doutes. Selon elle, le soir de la disparition de son mari, alors que le corps n’était pas encore officiellement localisé, un conseiller du ministre était venu au domicile annoncer son assassinat. Certains cercles du pouvoir semblaient en savoir davantage. La thèse de la manipulation se nourrissait d’autres faits étonnants. Certains policiers et médecins avaient tenu des propos troublants à Mme Boulin, l’invitant à taire ses doutes. La famille finit par déposer une plainte contre X pour homicide volontaire, une démarche qui aboutit à un non-lieu en 1991. Des éléments pourtant restent encore aujourd’hui troublants. La première autopsie du cadavre ne fut pas effectuée avec beaucoup de rigueur (le crâne n’avait pas été examiné). Un deuxième examen légiste, effectué en 1983, permit d’observer plusieurs petites fractures sur la tête, sans que l’on puisse établir si ces traumatismes étaient antérieurs ou non à la mort. Un nouvel examen des viscères et des urines du défunt aurait pu apporter quelques éclairages, mais on se rendit compte en 1980 que les prélèvements avaient disparu de l’Institut médico-légal. Impossible d’établir si le cadavre avait été déposé après coup ou non dans l’étang. »
A ces éléments troublants s’ajoutent une irrégularité du certificat de décès, des traces sur le dos ne correspondant pas à la position dans laquelle on avait trouvé le corps, des blessures aux poignets pouvant être interprétés comme des traces de liens, la famille et des personnalités politiques averties de la mort du ministre vers deux heures du matin alors que le corps de celui-ci n’a été retrouvé officiellement qu’à 8h45… Tous ces éléments furent négligés par la thèse officielle, et la plainte de la famille aboutit à un non-lieu en 1991.
Pourtant, l’épouse et les enfants de Robert Boulin n’ont eu de cesse depuis de faire la lumière sur l’affaire. Il est vrai que de nombreux mobiles sont possibles, à commencer par un climat de tension particulièrement violent au sein de la droite française au moment des faits :
« En août 1976, il rejoint le gouvernement de Raymond Barre, mais au sein de la droite française, la guerre fait rage : d'un côté il y a les centristes derrière Valéry Giscard d'Estaing et de l'autre il y a les héritiers du gaullisme sous la bannière de Chirac, récemment démissionnaire de Matignon et qui n'a qu'un seul objectif la présidentielle de 1981. Pour Bernard Pons, ancien secrétaire général du RPR de 1979 à 1984 et témoin clé de cette tension politique interne, « la rupture avec Giscard a provoqué la naissance d'une haine presque ovarienne, c'est-à-dire viscérale et profonde. Nous avions le sentiment que Giscard nous avait dérobé, volé le pouvoir ». Dès lors, tiraillé entre sa loyauté envers Valéry Giscard d'Estaing et son appartenance à la famille gaulliste, Robert Boulin va devenir une cible et en 1979 son destin va basculer. Accusé et menacé de toutes parts, y compris de sa propre famille politique, le ministre se sait en danger et déclare à son entourage que « le grand veut ma peau ». Jean Lalande, beau-frère de Robert Boulin va l'apprendre aussi par un responsable des services d'écoutes téléphoniques de Gironde : « Il m'a dit le contrat est pour mardi. Il m'a dit d'avertir Robert Boulin qu'il y avait un contrat sur lui. Il m'a donc donné le temps et la date ». »
(Source : publicsenat.fr)
Une rivalité au sein du RPR a-t-elle pu provoquer le meurtre de Boulin ? Nous ne saurions l’affirmer, mais beaucoup des sources que nous avons consultées font références au SAC, Service d’action civique, un service d’ordre lié au RPR alors en pleine dérivé mafieuse, et à ses dirigeants historiques : dans le même ouvrage, on peut lire au détour d’un paragraphe une phrase telle que : « un conflit sérieux avait opposé Robert Boulin à Charles Pasqua en juin 1979 ».
Pour compliquer les choses, l’ouvrage Histoire secrète de la Ve République [Livre] . ; sous la direction Roger Faligot, Jean Guisnel/ / Francis Zamponi, François Malye, Martine Orange et al montre que Robert Boulin était pressenti pour Matignon à cette époque. Et qu’il a affirmé à des proches vouloir se défendre d’une campagne de déstabilisation par sa très grande connaissance des dessous de la vide politique française :
« Au moment où la presse apprend l’histoire du terrain de Ramatuelle, le Premier ministre Raymond Barre est en nette perte de vitesse dans l’opinion publique et c’est la raison pour laquelle le nom de Robert Boulin apparaît de plus en plus comme celui de son probable successeur. […]
Le problème est que, lorsqu’éclate l’orage médiatique, Robert Boulin a compris que le coup vient de son propre camp. Il détiendrait en particulier des documents sur la monumentale escroquerie des « avions renifleurs », dont a été victime e, 1976 la société Elf, avec la complicité involontaire d’Antoine Pinay, célèbre ministre des finances de la IVe République et membre de l’Opus Dei. Au risque de voir Robert Boulin dévoiler les dessous de ce scandale, qui n’éclatera qu’en décembre 1983, s’ajoute celui de voir cet ancien résistant et gaulliste incontestable devenir, en accédant à Matignon, un candidat RPR plus présentable que son frère ennemi Jacques Chirac, lors de l’élection présidentielle qui va se tenir dans moins de deux ans. La mort soudaine de Robert Boulin, qu’il s’agisse d’un suicide provoqué par une campagne de dénonciation ou d’un meurtre, est donc de toute façon fort opportune pour nombre de ses « amis politiques ». »
Le député gaulliste Jean Charbonnel, ami de Boulin, a par ailleurs prétendu avant sa mort connaître les noms des « deux commanditaires » de son assassinat, noms qui lui auraient été communiqués par Alexandre Sanguinetti, fondateur du SAC :
« A plusieurs reprises ces dernières années, Jean Charbonnel avait publiquement exprimé sa conviction que l’ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing Robert Boulin ne se serait pas suicidé en 1979 comme le veut la thèse officielle, mais aurait été assassiné, victime d’un «règlement de comptes politique». «Je n’ai plus de doute, je pense qu’il a été assassiné», avait-t-il expliqué en 2009 dans un entretien exclusif à France Inter.
Sceptique sur l'affaire Boulin
Lors d’une conférence de presse en 2013, il s’était même dit prêt, faute d’une réouverture de l’enquête, à livrer à la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, deux noms qu’Alexandre Sanguinetti, une figure du gaullisme, lui avait présentés fin 1979 comme étant les responsables de la mort de Robert Boulin. «On verrait ensuite avec la Garde des Sceaux quelle publicité en donner», avait alors précisé Jean Charbonnel à la presse. Il avait ajouté avoir inscrit ces deux noms sur une feuille de papier, déposée sous enveloppe dans un coffre. »
(Source : Libération)
Jean Charbonnel est mort en 2014. Les investigations ont repris l’année suivante à l’instigation du parquet de Versailles. Pourtant, la fille de Robert Boulin, Fabienne Boulin Burgeat, dans un numéro de l’émission Envoyé spécial en 2017 –qui résume très bien l’affaire, affirme que l’instruction n’est guère facilitée : le dossier sembla avoir été « égaré », et de nombreuses preuves se sont volatilisées :
Pour vous faire une opinion, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Fabienne Boulin Burgeat, Le Dormeur du val et celui du journaliste Benoît Collombat, Un homme à abattre [Livre] : contre-enquête sur la mort de Robert Boulin.
Notons que Fabienne Boulin Burgeat a organisé le 30 octobre dernier une reconstitution non officielle en forêt de Rambouillet. Elle espère par là secouer l’opinion et pense avoir établi l’impossibilité du suicide. Vous pouvez lire son interview dans Ouest-France.
Bonne journée.
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