Question d'origine :
Bonjour, Je suis en train d'écrire à l'intention de mes petits enfants une histoire de ce que je sais de ma famille, et je bute sur une définition du fabricant de soierie plus précise que "le fabricant ne fabrique rien" Et comme je suis surpris de ne rien trouver dans votre encyclopédie, je em permets de vous poser la question qui me semble imposer une réponse vraiment documentée à envoyer au musée des tissus. Cordialement vôtre
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 26/05/2020 à 13h28
Bonjour,
A Lyon, les « marchands-fabricants » ou « soyeux » sont les négociants qui commandent la fabrication des pièces auprès des ateliers où travaillent les maîtres tisseurs (canuts).
L’association Soierie vivante propose quelques éléments de définition sur son site :
« Les marchands-fabricants (Soyeux), qui reçoivent les commandes, fournissent la matière première et le dessin aux canuts. »
Source : Petite histoire des canuts - partie 1
« Les négociants
Les négociants, ou « marchands-fabricants » (entre 400 et 1000 entrepreneurs) font venir la soie, la font préparer (moulinage, teinture et ourdissage), ainsi que les dessins des tissus, qu’ils se chargeront d’écouler. Ils ne « fabriquent » pas, ils donnent ce travail à façon, selon un tarif qu’ils déterminent seuls le plus souvent. La majeure partie des négociants est installée au pied de la colline de la Croix-Rousse. »
Source : La fabrique lyonnaise
Voici des précisions supplémentaires que nous trouvons dans des ouvrages de notre fonds :
« L’expansion de la soie ne peut faire oublier la condition sociale des artisans, les fameux canuts. Les marchands-fabricants veulent leur imposer un prix de façon variable, alors qu’ils demandent un « tarif », c’est-à-dire une rémunération fixe qui leur évitera des aléas souvent synonymes de misère. En réalité, les marchands-fabricants ne sont pas des fabricants, mais des marchands faisant fabriquer, tout comme à Saint-Etienne – mais ces derniers ont accepté le tarif réclamé par les passementiers. La fabrication est donc dévolue aux 8000 chefs d’atelier, payés aux pièces tout en étant les propriétaires et les utilisateurs, avec leurs 30 000 compagnons, des métiers ; ils s’appellent d’ailleurs justement eux-mêmes « maîtres-ouvriers fabricants », voire « fabricants » tout court. Dès 1576, il y avait eu un conflit à ce sujet. »
Source : La soierie lyonnaise / Jean Etèvenaux ; photogr. de Gérald Gambier
« Le tisseur exécute l’étoffe. En amont, le négociant, aussi désigné par les termes de « marchand fabricant » ou « soyeux », choisit le dessin, le tissu, les coloris. […]
Les 1400 fabricants (ou soyeux) commandent la fabrication des pièces et les vendent à leurs clients. Ils font travailler à la commande quelque 8000 maîtres artisans tisseurs, propriétaires de leurs métiers à tisser, qui emploient près de 30 000 compagnons, salariés à la journée. […]
Dans le monde de la soierie règne une véritable hiérarchie. Le maître tisseur est un petit patron qui travaille à la façon pour un fabricant qui lui fournit la chaîne et la trame. Ensemble, ils se mettent d’accord sur le prix de la pièce. […]
A la fin du XIXe siècle, des usines s’implantent hors de Lyon. La main d’œuvre est moins chère, de grands terrains sont disponibles. Les fabricants-négociants créent ces usines, devenant à leur tour fabricants au détriment des artisans tisseurs. »
Source : Lyon au fil de la soie : des canuts aux textiles " intelligents ", la soie comme fil conducteur d'une balade urbaine originale, Catherine Payen
« Le maître marchand, aussi nommé « soyeux », fournit l’ordre de commande et la mise en carte, représentation sur papier quadrillé du dessin du tissu. Il sera exigeant sur la qualité, et prompt à renégocier le tarif si le maître tisseur n’a pas correctement tissé et pinceté (corrigé les défauts à la pince) son ouvrage. […]
La concentration des ateliers à la Croix-Rousse facilite la convergence des intérêts communs. Plusieurs canuts travaillent en général dans le même immeuble, et l’entraide et l’entente prévalent souvent face à la classe des négociants. De nombreuses formes de coopération permettent la diminution des frais, la défense des intérêts. […]
Des instances patronales se mettent en place dans le courant du XIXe siècle : en 1825 est créée la Réunion des fabricants, puis en 1868 l’Association de la soierie lyonnaise. L’objectif de ces regroupements est principalement la défense des intérêts face à la concurrence étrangère. Le syndicat des fabricants de soieries s’unira plus tard au syndicat des tisseurs pour devenir le syndicat textile du Sud-Est.
Instauré en 1806 par Napoléon, le conseil de prud’hommes permet de régler les litiges entre les fabricants de soie et les ouvriers. Assurant une représentation paritaire des deux parties, instaurant le droit d’être assisté, créant par ses décisions une véritable jurisprudence, il fixera le cadre des importantes avancées sociales en marche au XIXe siècle. »
Source : Les routes de la soie : Lyon et la vallée du Rhône / texte, Camille de Longvilliers ; photographies, Frédéric Jean
Bonne journée.
A Lyon, les « marchands-fabricants » ou « soyeux » sont les négociants qui commandent la fabrication des pièces auprès des ateliers où travaillent les maîtres tisseurs (canuts).
L’association Soierie vivante propose quelques éléments de définition sur son site :
« Les marchands-fabricants (Soyeux), qui reçoivent les commandes, fournissent la matière première et le dessin aux canuts. »
Source : Petite histoire des canuts - partie 1
« Les négociants
Les négociants, ou « marchands-fabricants » (entre 400 et 1000 entrepreneurs) font venir la soie, la font préparer (moulinage, teinture et ourdissage), ainsi que les dessins des tissus, qu’ils se chargeront d’écouler. Ils ne « fabriquent » pas, ils donnent ce travail à façon, selon un tarif qu’ils déterminent seuls le plus souvent. La majeure partie des négociants est installée au pied de la colline de la Croix-Rousse. »
Source : La fabrique lyonnaise
Voici des précisions supplémentaires que nous trouvons dans des ouvrages de notre fonds :
« L’expansion de la soie ne peut faire oublier la condition sociale des artisans, les fameux canuts. Les marchands-fabricants veulent leur imposer un prix de façon variable, alors qu’ils demandent un « tarif », c’est-à-dire une rémunération fixe qui leur évitera des aléas souvent synonymes de misère. En réalité, les marchands-fabricants ne sont pas des fabricants, mais des marchands faisant fabriquer, tout comme à Saint-Etienne – mais ces derniers ont accepté le tarif réclamé par les passementiers. La fabrication est donc dévolue aux 8000 chefs d’atelier, payés aux pièces tout en étant les propriétaires et les utilisateurs, avec leurs 30 000 compagnons, des métiers ; ils s’appellent d’ailleurs justement eux-mêmes « maîtres-ouvriers fabricants », voire « fabricants » tout court. Dès 1576, il y avait eu un conflit à ce sujet. »
Source : La soierie lyonnaise / Jean Etèvenaux ; photogr. de Gérald Gambier
« Le tisseur exécute l’étoffe. En amont, le négociant, aussi désigné par les termes de « marchand fabricant » ou « soyeux », choisit le dessin, le tissu, les coloris. […]
Les 1400 fabricants (ou soyeux) commandent la fabrication des pièces et les vendent à leurs clients. Ils font travailler à la commande quelque 8000 maîtres artisans tisseurs, propriétaires de leurs métiers à tisser, qui emploient près de 30 000 compagnons, salariés à la journée. […]
Dans le monde de la soierie règne une véritable hiérarchie. Le maître tisseur est un petit patron qui travaille à la façon pour un fabricant qui lui fournit la chaîne et la trame. Ensemble, ils se mettent d’accord sur le prix de la pièce. […]
A la fin du XIXe siècle, des usines s’implantent hors de Lyon. La main d’œuvre est moins chère, de grands terrains sont disponibles. Les fabricants-négociants créent ces usines, devenant à leur tour fabricants au détriment des artisans tisseurs. »
Source : Lyon au fil de la soie : des canuts aux textiles " intelligents ", la soie comme fil conducteur d'une balade urbaine originale, Catherine Payen
« Le maître marchand, aussi nommé « soyeux », fournit l’ordre de commande et la mise en carte, représentation sur papier quadrillé du dessin du tissu. Il sera exigeant sur la qualité, et prompt à renégocier le tarif si le maître tisseur n’a pas correctement tissé et pinceté (corrigé les défauts à la pince) son ouvrage. […]
La concentration des ateliers à la Croix-Rousse facilite la convergence des intérêts communs. Plusieurs canuts travaillent en général dans le même immeuble, et l’entraide et l’entente prévalent souvent face à la classe des négociants. De nombreuses formes de coopération permettent la diminution des frais, la défense des intérêts. […]
Des instances patronales se mettent en place dans le courant du XIXe siècle : en 1825 est créée la Réunion des fabricants, puis en 1868 l’Association de la soierie lyonnaise. L’objectif de ces regroupements est principalement la défense des intérêts face à la concurrence étrangère. Le syndicat des fabricants de soieries s’unira plus tard au syndicat des tisseurs pour devenir le syndicat textile du Sud-Est.
Instauré en 1806 par Napoléon, le conseil de prud’hommes permet de régler les litiges entre les fabricants de soie et les ouvriers. Assurant une représentation paritaire des deux parties, instaurant le droit d’être assisté, créant par ses décisions une véritable jurisprudence, il fixera le cadre des importantes avancées sociales en marche au XIXe siècle. »
Source : Les routes de la soie : Lyon et la vallée du Rhône / texte, Camille de Longvilliers ; photographies, Frédéric Jean
Bonne journée.
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