Areu
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/03/2020 à 15h51
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Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez-vous nous indiquer pourquoi les nourrissons balbutient "areu" avant les autres syllabes ? Est-ce une grammaire universelle ?
Merci par avance pour votre réponse.
Bien à vous,
Thomas
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 13/03/2020 à 14h00
Bonjour,
L’ouvrage Bébé parle de Marcel Rufo et Christine Schilte nous explique le rapport entre les évolutions du langage des bébés et celle de leur corps :
« Quel est l’apport des capacités innées dans le langage de notre bébé ?
Il semble que les bébés aient un certain nombre de capacités innées, leur ouvrant progressivement les portes de la parole. Peu à peu, les cris se modifient et sont remplacés par une gamme de petits bruits qui deviendront langage.
Son appareil auditif lui permet d’entendre parfaitement. Il est curieux de constater qu’il préfère le son de la voix humaine, manifestant un intérêt tout particulier pour la voix de sa mère s’exprimant dans sa langue maternelle. Il s’agit sans doute du résultat d’une certaine mémorisation de ce qu’il a perçu in utero.
Mais le nourrisson ne se contente pas de percevoir les sons exprimés par la parole, il semble qu’il soit capable de les analyser et de les reconnaître, sans doute grâce à un don inné. Il peut distinguer pratiquement la totalité des contrastes des langues naturelles et de manière catégorielle. Il peut encore reconnaître la similitude des sons appartenant à la même catégorie phonétique, quels que soient leur intonation, le ton ou le contexte.
Tout cela n’est possible, bien évidemment, que grâce au cerveau dont certaines zones sont impliquées dans la compréhension de la parole et d’autres dans son émission. Les deux aires les plus importantes sont celles de Broca et de Wernicke, situées dans l’hémisphère gauche du cerveau. On sait aujourd’hui que le cerveau gauche, celui qui traite notamment les sons, est opérationnel dès la naissance. L’hémisphère droit a la spécificité de contrôler la prosodie, chanson des mots prononcés, et les variations des intonations. Sa maturation est plus rapide que celle de l’hémisphère gauche, ce qui explique en partie la manière dont le langage se développe dans la petite enfance.
La parole vient vite. Vers 3-4 mois, le bébé tourne les yeux et la tête vers une source sonore. Il commence alors à babiller. Les sons de type voyelles apparaissent en premier, suivis par des sons ressemblant à des consonnes. Vers 5-6 mois, un bébé est capable de répondre vocalement s’il est stimulé ; de même, il sait d’ores et déjà faire des vocalises.
Il semble que la capacité du bébé à repérer et à sérier dans le langage de l’adulte ce qui lui sera utile soit en grande partie innée. Ainsi, il fait la différence entre « ba » et « da » alors qu’il n’est âgé que de quelques jours, il connaît le son « a », quel que soit le ton ou l’accent avec lequel cette lettre est prononcée, et il différencie « bateau » de « gâteau », que ces mots soient dits par un homme, une femme, un enfant ou une personne avec un fort accent régional.
Quand notre bébé sera-t-il en mesure de nous comprendre ?
En réalité, un bébé ne comprend pas de manière précise ce que ses parents lui disent. Les mots n’ont encore pour lui aucune représentation. Il perçoit avant tout par intuition.
Il ressent ce qu’on lui dit grâce à la musique des mots, aux expressions du visage qui les accompagnent et aux mouvements des yeux que l’adulte adopte très naturellement. Ainsi, il sait au bout de deux ou trois mois reconnaître le sourire ou la moue d’insatisfaction de sa mère ou de son père. Vers 1 an, le langage dit « réceptif » est bien en place. Pour en avoir la preuve, il suffit de lui demander de donner un objet. Il comprend fort bien, car soit il le donne docilement, soit il montre clairement son refus. A cet âge, l’enfant répond mieux à des demandes simples qu’à des phrases complexes. Parmi les paroles de ses parents, le mot « non » est l’un des tout premiers dont il comprend le sens.
Des expressions comme « regarde » ou « écoute » retiennent toute son attention et mettent des mots sur les choses et les personnes. L’enfant acquiert du vocabulaire et s’initie au rythme de la langue. Mais cette pratique a d’autres vertus ; en nommant les objets, les personnes, les animaux qui entourent l’enfant, l’adulte lui fait comprendre que tous deux appartiennent à un monde dans lequel ils ne sont pas seuls : l’environnement est fait de choses à contempler, posséder, manipuler et nommer.
[…] A quel moment notre enfant va-t-il accéder à la parole ? Que prononcera-t-il en premier ?
C’est vers 5 ou 6 semaines que le bébé s’exprime pour la première fois autrement que par des cris : il se met à roucouler, choisissant un moment où il se sent détendu, parfaitement à l’aise dans son fauteuil relax ou dans son bain.
Il émet un son entre le « o » et le « e », ni trop fort ni trop bas. C’est ce que les spécialistes appellent le « jasis », fait essentiellement de voyelles, avec parfois quelques rares consonnes et syllabes. Comme il trouve cela fort drôle et que ses parents en redemandent, il va s’essayer à d’autres sons dérivés : « a, aroe, roe, arrheu, ageu ». Selon les enfants, ces émissions se produisent entre 2 et 5 mois. Le bébé peut passer de longs moments à jouer seul avec sa voix, à expérimenter diverses vibrations qu’il peut faire avec sa gorge et sa bouche. Il passe des aigus aux graves, des bruits forts aux chuchotements. Bien sûr, les encouragements de ses proches l’aident à progresser et à tenter de reproduire ce qu’il entend.
A partir de 3 mois, la position assise transforme ses possibilités phoniques : son larynx prend sa place définitive, laissant un espace en arrière de sa langue, et la partie postérieure de celle-ci devient mobile. Il enrichit le nombre de ses voyelles, dit des sons comme « ou » et quelques consonnes. C’est ce que l’on nomme le « babil ». Grâce à des transformations anatomiques – apparition des dents, position plus en arrière de la langue, meilleure déglutition -, ses capacités phoniques vont croître de plus belle.
Votre bébé possède maintenant la maîtrise des muscles de tout son visage, notamment ceux de ses lèvres, de son arrière-gorge, de son larynx, agissant sur les cordes vocales, en enfin de ses abdominaux qui vont lui donner du souffle. En accédant à la phonation, vers l’âge de 5 mois, l’enfant est capable de moduler la hauteur, la durée et l’intensité de ce qu’il dit. Il contrôle d’ailleurs de mieux en mieux l’arrêt ou la reprise volontaire de ses vocalises.
Entre 4 et 7 mois, de nouvelles possibilités d’articulation permettent au bébé d’émettre des sons proches de ceux des consonnes et des voyelles longues et modulées. L’enfant sait associer le son d’une voix au visage d’une personne familière. C’est par l’habituation au langage que les mots vont pouvoir exister.
Notre bébé commence à babiller : de quoi est fait ce babil ?
Le babil va s’installer presque brusquement. Le bébé accède au redoublement des consonnes et des syllabes.
Ce babil est déjà un langage puisque l’enfant s’en sert pour appeler, pour demander, pour dire sa satisfaction et chercher l’acquiescement de ses parents.
Ce phénomène est important car la syllabe est l’unité première de toutes les langues. Les nouvelles expressions qu’emploie le bébé témoignent d’une bonne articulation, très proche de celle des adultes. Dans un premier temps, les syllabes sont simples, faites de l’association d’une voyelle et d’une consonne, le plus souvent nasale ou occlusive comme « p », « b », « t », « d ».
La voyelle préférée des enfants est le « a ». Certains ont des goûts plus originaux et choisissent de s’exprimer avec des syllabes utilisant les consonnes « g » ou « k ». Bon nombre de bébés sont même capables de prononcer des sons comme le « r » : ils le disent parfaitement puis l’oublient et mettront plusieurs années à le retrouver. De même, ils utilisent avec un vrai plaisir les consonnes sonores « d » et « b » qui, pourtant, n’apparaîtront dans leur langage qu’après le « t » et le « p ».
L’enfant continue à jouer avec sa voix quand il est seul, pour le plaisir. Il s’exerce alors à quantité de variations vocales, passant des graves aux aigus. Il produit des sons assez complexes qu’un adulte aurait bien du mal à prononcer, par exemple des suites de consonnes ou encore un son proche du « clic » connu dans les langues africaines. Mais il apprécie de plus en plus la « conversation » à deux, avec l’un de ses parents. Il contrôle alors sa voix et l’ajuste au registre de son interlocuteur : il peut parler bas ou presque crier fort pour l’interpeller.
La progression dans le babillage est faite d’expérimentations, notamment lorsque l’enfant entreprend de dire plusieurs syllabes à la suite ou des associations de voyelle-consonne-voyelle telles que « aba » ou « éka ». Entre 7 et 8 mois, le babil est à son maximum, il ne permet pas d’exprimer tous les sons du langage mais représente déjà une certaine richesse phonétique. On pense que les syllabes répétitives servent à relier les sons émis aux mouvements articulatoires que l’enfant doit faire pour les prononcer : ouverture et fermeture de la bouche, placement de la langue, force du souffle.
A partir de 10 mois environ, certains enfants enchaînenet de plus en plus souvent des suites de polysyllabes dans lesquelles ils varient les voyelles et les consonnes : ce qu’ils racontent semble s’exprimer dans une langue étonnante.
Vers 9-10 mois, parallèlement au développement du babillage, l’enfant commence à comprendre certains mots. Sa mémoire auditive lui permet de reproduire tant bien que mal ce qu’il vient d’entendre en faisant des efforts pour imiter les mouvements des lèvres de son interlocuteur. Sa vue, son sens du toucher et son audition contribuent pleinement au développement de son langage : par le toucher, il fait connaissance avec sa bouche et les mouvements de sa mâchoire, la vue lui révèle les mouvements des lèvres indispensables à la prononciation de ce qu’il entend. Cette attention à ce que lui dit l’autre va presque entièrement mobiliser son énergie. Il ne vocalise quasi plus « gratuitement » lorsqu’il est seul. En compagnie de ses parents, il cherche à répéter ce qu’ils lui disent. »
Pour aller plus loin :
- L'apprenti parleur : conseils et informations pour aider l'enfant dans sa conquête du langage / Mazy Varraud, Valérie Alis
- Du gazouillis au premier mot : rôle des compétences préverbales dans l’accès au langage, Karine Martel, Marie Leroy-Collombel
- Le développement de l'enfant : aspects neuro-psycho-sensoriels / Alain de Broca
- Psychologie du développement / Jean-Claude Coulet, Michel Deleau, Florence Labrell,... [et al.] ; coordinateur Michel Deleau
(extraits consultables dans Google Livre)
Bonne journée.
L’ouvrage Bébé parle de Marcel Rufo et Christine Schilte nous explique le rapport entre les évolutions du langage des bébés et celle de leur corps :
« Quel est l’apport des capacités innées dans le langage de notre bébé ?
Il semble que les bébés aient un certain nombre de capacités innées, leur ouvrant progressivement les portes de la parole. Peu à peu, les cris se modifient et sont remplacés par une gamme de petits bruits qui deviendront langage.
Son appareil auditif lui permet d’entendre parfaitement. Il est curieux de constater qu’il préfère le son de la voix humaine, manifestant un intérêt tout particulier pour la voix de sa mère s’exprimant dans sa langue maternelle. Il s’agit sans doute du résultat d’une certaine mémorisation de ce qu’il a perçu in utero.
Mais le nourrisson ne se contente pas de percevoir les sons exprimés par la parole, il semble qu’il soit capable de les analyser et de les reconnaître, sans doute grâce à un don inné. Il peut distinguer pratiquement la totalité des contrastes des langues naturelles et de manière catégorielle. Il peut encore reconnaître la similitude des sons appartenant à la même catégorie phonétique, quels que soient leur intonation, le ton ou le contexte.
Tout cela n’est possible, bien évidemment, que grâce au cerveau dont certaines zones sont impliquées dans la compréhension de la parole et d’autres dans son émission. Les deux aires les plus importantes sont celles de Broca et de Wernicke, situées dans l’hémisphère gauche du cerveau. On sait aujourd’hui que le cerveau gauche, celui qui traite notamment les sons, est opérationnel dès la naissance. L’hémisphère droit a la spécificité de contrôler la prosodie, chanson des mots prononcés, et les variations des intonations. Sa maturation est plus rapide que celle de l’hémisphère gauche, ce qui explique en partie la manière dont le langage se développe dans la petite enfance.
La parole vient vite. Vers 3-4 mois, le bébé tourne les yeux et la tête vers une source sonore. Il commence alors à babiller. Les sons de type voyelles apparaissent en premier, suivis par des sons ressemblant à des consonnes. Vers 5-6 mois, un bébé est capable de répondre vocalement s’il est stimulé ; de même, il sait d’ores et déjà faire des vocalises.
Il semble que la capacité du bébé à repérer et à sérier dans le langage de l’adulte ce qui lui sera utile soit en grande partie innée. Ainsi, il fait la différence entre « ba » et « da » alors qu’il n’est âgé que de quelques jours, il connaît le son « a », quel que soit le ton ou l’accent avec lequel cette lettre est prononcée, et il différencie « bateau » de « gâteau », que ces mots soient dits par un homme, une femme, un enfant ou une personne avec un fort accent régional.
Quand notre bébé sera-t-il en mesure de nous comprendre ?
En réalité, un bébé ne comprend pas de manière précise ce que ses parents lui disent. Les mots n’ont encore pour lui aucune représentation. Il perçoit avant tout par intuition.
Il ressent ce qu’on lui dit grâce à la musique des mots, aux expressions du visage qui les accompagnent et aux mouvements des yeux que l’adulte adopte très naturellement. Ainsi, il sait au bout de deux ou trois mois reconnaître le sourire ou la moue d’insatisfaction de sa mère ou de son père. Vers 1 an, le langage dit « réceptif » est bien en place. Pour en avoir la preuve, il suffit de lui demander de donner un objet. Il comprend fort bien, car soit il le donne docilement, soit il montre clairement son refus. A cet âge, l’enfant répond mieux à des demandes simples qu’à des phrases complexes. Parmi les paroles de ses parents, le mot « non » est l’un des tout premiers dont il comprend le sens.
Des expressions comme « regarde » ou « écoute » retiennent toute son attention et mettent des mots sur les choses et les personnes. L’enfant acquiert du vocabulaire et s’initie au rythme de la langue. Mais cette pratique a d’autres vertus ; en nommant les objets, les personnes, les animaux qui entourent l’enfant, l’adulte lui fait comprendre que tous deux appartiennent à un monde dans lequel ils ne sont pas seuls : l’environnement est fait de choses à contempler, posséder, manipuler et nommer.
[…] A quel moment notre enfant va-t-il accéder à la parole ? Que prononcera-t-il en premier ?
C’est vers 5 ou 6 semaines que le bébé s’exprime pour la première fois autrement que par des cris : il se met à roucouler, choisissant un moment où il se sent détendu, parfaitement à l’aise dans son fauteuil relax ou dans son bain.
Il émet un son entre le « o » et le « e », ni trop fort ni trop bas. C’est ce que les spécialistes appellent le « jasis », fait essentiellement de voyelles, avec parfois quelques rares consonnes et syllabes. Comme il trouve cela fort drôle et que ses parents en redemandent, il va s’essayer à d’autres sons dérivés : « a, aroe, roe, arrheu, ageu ». Selon les enfants, ces émissions se produisent entre 2 et 5 mois. Le bébé peut passer de longs moments à jouer seul avec sa voix, à expérimenter diverses vibrations qu’il peut faire avec sa gorge et sa bouche. Il passe des aigus aux graves, des bruits forts aux chuchotements. Bien sûr, les encouragements de ses proches l’aident à progresser et à tenter de reproduire ce qu’il entend.
A partir de 3 mois, la position assise transforme ses possibilités phoniques : son larynx prend sa place définitive, laissant un espace en arrière de sa langue, et la partie postérieure de celle-ci devient mobile. Il enrichit le nombre de ses voyelles, dit des sons comme « ou » et quelques consonnes. C’est ce que l’on nomme le « babil ». Grâce à des transformations anatomiques – apparition des dents, position plus en arrière de la langue, meilleure déglutition -, ses capacités phoniques vont croître de plus belle.
Votre bébé possède maintenant la maîtrise des muscles de tout son visage, notamment ceux de ses lèvres, de son arrière-gorge, de son larynx, agissant sur les cordes vocales, en enfin de ses abdominaux qui vont lui donner du souffle. En accédant à la phonation, vers l’âge de 5 mois, l’enfant est capable de moduler la hauteur, la durée et l’intensité de ce qu’il dit. Il contrôle d’ailleurs de mieux en mieux l’arrêt ou la reprise volontaire de ses vocalises.
Entre 4 et 7 mois, de nouvelles possibilités d’articulation permettent au bébé d’émettre des sons proches de ceux des consonnes et des voyelles longues et modulées. L’enfant sait associer le son d’une voix au visage d’une personne familière. C’est par l’habituation au langage que les mots vont pouvoir exister.
Notre bébé commence à babiller : de quoi est fait ce babil ?
Le babil va s’installer presque brusquement. Le bébé accède au redoublement des consonnes et des syllabes.
Ce babil est déjà un langage puisque l’enfant s’en sert pour appeler, pour demander, pour dire sa satisfaction et chercher l’acquiescement de ses parents.
Ce phénomène est important car la syllabe est l’unité première de toutes les langues. Les nouvelles expressions qu’emploie le bébé témoignent d’une bonne articulation, très proche de celle des adultes. Dans un premier temps, les syllabes sont simples, faites de l’association d’une voyelle et d’une consonne, le plus souvent nasale ou occlusive comme « p », « b », « t », « d ».
La voyelle préférée des enfants est le « a ». Certains ont des goûts plus originaux et choisissent de s’exprimer avec des syllabes utilisant les consonnes « g » ou « k ». Bon nombre de bébés sont même capables de prononcer des sons comme le « r » : ils le disent parfaitement puis l’oublient et mettront plusieurs années à le retrouver. De même, ils utilisent avec un vrai plaisir les consonnes sonores « d » et « b » qui, pourtant, n’apparaîtront dans leur langage qu’après le « t » et le « p ».
L’enfant continue à jouer avec sa voix quand il est seul, pour le plaisir. Il s’exerce alors à quantité de variations vocales, passant des graves aux aigus. Il produit des sons assez complexes qu’un adulte aurait bien du mal à prononcer, par exemple des suites de consonnes ou encore un son proche du « clic » connu dans les langues africaines. Mais il apprécie de plus en plus la « conversation » à deux, avec l’un de ses parents. Il contrôle alors sa voix et l’ajuste au registre de son interlocuteur : il peut parler bas ou presque crier fort pour l’interpeller.
La progression dans le babillage est faite d’expérimentations, notamment lorsque l’enfant entreprend de dire plusieurs syllabes à la suite ou des associations de voyelle-consonne-voyelle telles que « aba » ou « éka ». Entre 7 et 8 mois, le babil est à son maximum, il ne permet pas d’exprimer tous les sons du langage mais représente déjà une certaine richesse phonétique. On pense que les syllabes répétitives servent à relier les sons émis aux mouvements articulatoires que l’enfant doit faire pour les prononcer : ouverture et fermeture de la bouche, placement de la langue, force du souffle.
A partir de 10 mois environ, certains enfants enchaînenet de plus en plus souvent des suites de polysyllabes dans lesquelles ils varient les voyelles et les consonnes : ce qu’ils racontent semble s’exprimer dans une langue étonnante.
Vers 9-10 mois, parallèlement au développement du babillage, l’enfant commence à comprendre certains mots. Sa mémoire auditive lui permet de reproduire tant bien que mal ce qu’il vient d’entendre en faisant des efforts pour imiter les mouvements des lèvres de son interlocuteur. Sa vue, son sens du toucher et son audition contribuent pleinement au développement de son langage : par le toucher, il fait connaissance avec sa bouche et les mouvements de sa mâchoire, la vue lui révèle les mouvements des lèvres indispensables à la prononciation de ce qu’il entend. Cette attention à ce que lui dit l’autre va presque entièrement mobiliser son énergie. Il ne vocalise quasi plus « gratuitement » lorsqu’il est seul. En compagnie de ses parents, il cherche à répéter ce qu’ils lui disent. »
- L'apprenti parleur : conseils et informations pour aider l'enfant dans sa conquête du langage / Mazy Varraud, Valérie Alis
- Du gazouillis au premier mot : rôle des compétences préverbales dans l’accès au langage, Karine Martel, Marie Leroy-Collombel
- Le développement de l'enfant : aspects neuro-psycho-sensoriels / Alain de Broca
- Psychologie du développement / Jean-Claude Coulet, Michel Deleau, Florence Labrell,... [et al.] ; coordinateur Michel Deleau
(extraits consultables dans Google Livre)
Bonne journée.
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