Question d'origine :
Bonjour
Je me posais la question suivante : Napoléon Bonaparte et Louis XVI ont-ils été amenés à se croiser/rencontrer
Ce sont ils aperçus lors d'un événement, même sans avoir été amenés à communiquer ?
Que ce soit une rencontre quelconque, uniquement d'ordre oculaire.
Que l'un des deux protagonistes est aperçus l'autre à une distance éloignée.
Que ce soit une simple poignée de main.
Que ce soit une discussion privée ...
De même, une fois empereur, que pensais Napoléon de cet ancien monarque passé sous la guillotine ?
Merci de votre réponse
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/03/2020 à 16h55
Bonjour,
Il semblerait, comme en atteste les différentes biographies et documents que nous avons consulté au sujet de Napoléon, que ce dernier ait vu Louis XVI lors de l’invasion des Tuileries.
En effet, le jeune Bonaparte est à Paris ce 20 juin 1792 et assiste avec son ami Bourrienne à l’arrivée du peuple au palais des Tuileries :
""Le 20 juin, Buonaparte n’est pas loin de savoir « comment cela tournera »…Ce matin-là, Bourrienne et Buonaparte se sont donné rendez-vous chez un restaurateur, rue Saint-Honoré, non loin du Palais-Royal. En sortant, ils voient arriver du côté des Halles et se dirigeant vers les Tuileries, une troupe qui paraît à Napoléon forte de cinq à six mille hommes. « Ils étaient, raconte Bourrienne, déguenillés et burlesquement armés, vociférant, hurlant les plus grossières provocations…C’était, certes, ce que la population des faubourgs avait de plus vil et de plus abject. »
- Suivons cette canaille, lance Buonaparte à son ami.
Ils réussissent à prendre les devants et se postent sur la terrasse du bord de l’eau. De là, ils assistent à l’invasion du château par le peuple des faubourgs. Buonaparte est en proie à la « surprise et à la révolte ». Ce jour-là, ses sentiments penchent vers la royauté. « Il ne revenait pas de tant de faiblesse et de longanimité, remarque Bourrienne. Mais, lorsque le roi se montra à l’une des fenêtres qui donnent sur le jardin, avec le bonnet rouge que venait de placer sur sa tête un homme du peuple, l’indignation de Buonaparte ne put se contenir ». Son ami l’entend s’écrier :
- Che coglione ! Comment a-t-on pu laisser entrer cette canaille ? Il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon, et le reste courrait encore !
Deux badauds se trouvent là, à deux pas ; Napoleon les aborde en s’écriant :
- Si j’étais roi, cela ne se passerait pas de même !""
(Source : André CASTELOT, Bonaparte Perrin, Paris, 1996, pp.103, 104.)
De la même façon, l’historien Patrice Gueniffey évoque dans son " Bonaparte " cette même rencontre « oculaire » du 20 juin 1792 ainsi que la remarque quelque peu irrévérencieuse de Napoléon. La source citée étant toujours la même, à savoir les Mémoires de Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne qui fût le secrétaire et un des conseiller d’Etat de Napoléon.
Par ailleurs, Patrice Gueniffey nous indique plus loin dans son livre : « le Directoire lui demanda d’assister à la cérémonie du 21 janvier 1798 commémorant l’exécution de Louis XVI. Il refusa de se prêter à cette « mômerie épouvantable » mais les directeurs et Talleyrand insistant il dut s’y rendre, même si ce fut en civil et confondu parmi ses confrères de l’Institut. » (p.325)
En effet, il semblerait que malgré le « che coglione » (signifiant « quel couillon ») formulé par Bonaparte le 20 juin 1792, l’Empereur n’ait pas eu de remarques plus désobligeantes à l'égard du défunt roi. Tout aussi sévère avec les révolutionnaires, Napoléon plaindra même Louis XVI parlant de lui comme de son « pauvre oncle » : « Bonaparte, marié à une petite nièce de Marie-Antoinette, appelait Luis XVI son pauvre oncle… » (Source : Souvenirs du baron de Frénilly, pair de France )
Pour aller plus loin, vous pouvez également consulter La nouvelle histoire du premier Empire -Tome III - La France et l’Europe de Napoléon (1804-1814) de Thierry Lentz ainsi que le forum en ligne, Napoléon 1er.
Bonnes lectures !
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