Question d'origine :
Bonjour, Je m'intéresse au peintre lyonnais Janmot. Son œuvre est maintenant bien documentée et conne mais je voudrais mieux connaître sa vie personnelle et notamment s'il a des descendants à Lyon ainsi que les lieux où il a vécu , à Lyon, a la fin de sa vie. Merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/03/2020 à 16h08
Bonjour,
Voici un extrait du Dictionnaire historique de Lyon [Livre] / Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon ; coordination éditoriale Bruno Thévenon ; révision et relecture Michel Kneubühler :
« Janmot, Anne-François-Louis,
Sa vie, Lyon, 21 mai 1814 – Lyon 1er juin 1892, couvre le siècle ; son œuvre majeure, le Poème de l’âme, cycle plastique et littéraire unique dans l’histoire de l’art français, parcourt son existence ; commencée à Rome en 1835, connue à partir de 1854, présentée en 1855, puis dans sa version presque définitive en 1876, connaît en 1881, grâce à son ami Félix Thollier (1842-1914), une diffusion à cent cinquante exemplaires, où les dix-huit tableaux et les seize dessins sont reproduits par des photographies et accompagnés des mille quatre cent quatre-vingt-douze vers qui en forment le commentaire. (…)
Ce chef-d’œuvre de la peinture mystique, qui offre, selon l’expression d’Eugène Delacroix (1798-1863), « des réminiscences d’un autre monde », est aussi l’expression d’un rêve personnel, nourri des souffrances et des aspirations d’une existence marquée par un pessimisme croissant. Formé dans un milieu profondément religieux, meurtri sans doute par la disparition précoce de sa sœur aînée et de son jeune frère, il se lie au Collège royal avec Frédéric Ozanam et avec Laurent-Paul Brac de la Perrière, subit l’influence de l’abbé Noirot, homme d’une forte personnalité. (…) A l’automne 1833, il quitte Lyon pour Paris, où il fréquente l’atelier de Victor Orsel et celui de Jean-Dominique Ingres (1780-1867), qu’admirent tous les jeunes peintres lyonnais montés à Paris, Jean-Baptiste Frénet, Claudius Lavergne et Jean-Louis Lacuria. Il reste proche de ses amis catholiques et, avec Brac de la Perrière, adhère à la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, fondée par Ozanam, entre en relations avec Henri Lacordaire (1802-1861) et découvre l’œuvre de Félicité Robert de Lamennais (1782-1854). A l’automne 1835, en compagnie de Frénet, il part pour Rome ; par Ingres, qui y dirige depuis le début de l’année l’Académie de France, il fait la connaissance d’Hippolyte et de Paul Flandrin et entreprend son premier tableau du Poème de l’âme, L’Ame, l’Ange et la Mère, dans un climat d’exaltation que soulignent sa correspondance et le témoignage de ses amis.
[…] en décembre 1856, à quarante –deux ans, après de nombreuses tentatives matrimoniales demeurées sans suite, il se marie épousant une jeune aristocrate peu fortunée de 26 ans, Léonie Gautier de Saint-Paulet (1829-1870). Janmot bientôt père de plusieurs filles, semble alors fixé à Lyon, où il réalise en 1859 sa troisième commande pour une église, destinée à la coupole de Saint-François-de-Sales, où le apôtres, les prophètes et les archanges entourent deux scènes allégoriques sur la Foi et la Science et l’ancienne et la nouvelle Loi. (…)
La mort de sa femme en 1870 le laisse seul avec ses sept enfants (…)
En 1885, à soixante-et-onze ans, Janmot se remarie avec une de ces anciennes élèves, se partageant dès lors entre des voyages en Afrique du nord et des séjours à Lyon, où le ménage s’est installé au n° 4 du square d’Ainay (auj. square Janmot) (…) »
La localisation de l’ultime demeure nous a laissé quelque peu perplexes, car le site Rues de Lyon donne une autre adresse : le 4, place d’Ainay, « comme en témoigne la plaque placée au-dessus de la porte ». On peut voir ladite plaque sur Numelyo, sur une photo de Gilles Lagrion, accompagnée de cette notcice :
« Anne François Louis Janmot naît le 21 mai 1814 à Lyon. A sa naissance, ses parents demeurent rue du Bât-d'Argent. Son père Léonard est employé au bureau des Hypothèques. Peintre de l'Ecole de Lyon, Janmot est né de parents catholiques profondément religieux. Il a la douleur de perdre son frère en 1823 et sa soeur en 1829. Elève au Collège Royal de Lyon, il y fait la connaissance de Frédéric Ozanam. En 1831, il est admis à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon et en obtient, un an plus tard, la plus haute distinction, le Laurier d'Or. En 1833, il va à Paris pour suivre des cours de peinture auprès de Victor Orsel (1795-1850) et Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867). Avec d'autres lyonnais, il entre à la Société de Saint-Vincent-de-Paul. En 1835, il se rend à Rome et y rencontre Hippolyte Flandrin. Après son retour à Lyon en 1836, Janmot veut attirer sur lui l'attention des critiques du Salon de Paris et réalise des peintures de grand format et d'inspiration religieuse. Après 1845, il suscite l'intérêt de Charles Baudelaire avec son tableau "Fleurs des champs" puis de Théophile Gautier pour son portrait de Lacordaire. En décembre 1855, il épouse Léonie de Saint-Paul, d'une famille noble de Carpentras. Déçu par l'insuccès de son "Poème de l'âme" à l'exposition universelle de 1855, il reçoit cependant des commandes pour des fresques religieuses pour les églises Saint-Polycarpe et Saint-François de Sales. Janmot est nommé professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon mais choisit de s'installer à Paris en 1861 suite à la promesse d'une commande pour l'église Saint-Augustin. L'abandon de ce projet le place en situation difficile. Il accepte un poste de professeur à l'Ecole des Dominicains d'Arcueil et réalise, à cette époque dans sa propriété de Bagneux, de nombreux portraits en fresques de membres de sa famille. A la suite de la naissance de son septième enfant en août 1870, son épouse décède à Bagneux. Les troupes prussiennes ayant investi son logement, il s'enfuit chez son beau-père à Alger avant de revenir à Paris en juin 1871 mais il ne reçoit pas de nouvelles commandes. Il gagne ensuite Toulon avant de revenir s'établir à Lyon en 1885 après avoir épousé une ancienne élève, Antoinette Currat. Il y réalise des dessins au fusain parmi lesquels "Le Purgatoire"(1885) et "La Fin des Temps" (1888), qui peuvent être considérés comme une sorte de continuation du "Poème de l'âme" tout en publiant un ouvrage intitulé "Opinion d'un artiste" [BM Lyon, A 520148]. Il décède en 1892 et est désormais considéré comme un artiste de transition entre le romantisme et le symbolisme. »
Curieusement, c’est pourtant le square, et non la place d’Ainay, qui est donné par l’ouvrage Louis Janmot, 1814-1892 [Livre] / Elisabeth Hardoin Fugier, qui nous donne plus de détails puisqu’on y apprend le nom de l’ « ancienne élève » épousée par Janmot à son retour à Lyon :
« Un court voyage à Lyon, du 17 avril au 15 août 1885, prépare le remariage de Janmot avec Antoinette Currat, son ancienne élève qui projetait d’entrer au couvent après le décès de ses parents […] Le mariage a lieu à Lyon, le 16 novembre 1885. »
Le même ouvrage énumère les prénoms des enfants de l’artiste avec sa première femme : Cécile Técla, Marie-Louise-Pauline, Aldonce-Marie-Eugénie, Henry (mort en bas âge), Marthe, Maurice, Norbert.
D’une manière générale, nous vous recommandons la consultation de cet ouvrage, très riche en détails sur la vie privée du peintre, et présentant des passages de sa correspondance. On a l’impression que toute sa vie fut dominée par une ambition tout aussi démesurée que sa malchance, une suite d’échecs et de rendez-vous manqués qui le rendirent quelque peu amer… mais nous vous laissons le découvrir par vous-même.
L’auteure souligne dans les remerciement de son ouvrage sur le fait que les descendants de Janmot sont si nombreux qu’elle ne peut les remercier tous. Nous n’avons pas trouvé de source les recensant, mais sur Généanet, l’un d’eux a ébauché un arbre généalogique. Peut-être pouvez-vous le contacter pour en savoir plus.
Pour aller plus loin :
- Le poème de l’âme par Louis Janmot / Elizabeth Hardouin-Fugier, Ed. La Taillanderie, 2007
- Le temps de la peinture : Lyon 1800-1914, catalogue de l’exposition présentée en 2007 au Musée des Beaux-Arts de Lyon
- Louis Janmot et son œuvre, éd. 1893
- Les élèves de Ingres / Maurice Denis, ed. 1902
- La peinture lyonnaise au XIXe siècle / Élisabeth Hardouin-Fugier, Étienne Grafe, éd. 1995
- Voir aussi livres et articles de notre catalogue.
Il est question de Janmot (à lire également en ligne) par exemple, dans :
- cet article de la revue "Le correspondant"
- un article de la Revue du Lyonnais
Bonne journée.
Voici un extrait du Dictionnaire historique de Lyon [Livre] / Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon ; coordination éditoriale Bruno Thévenon ; révision et relecture Michel Kneubühler :
« Janmot, Anne-François-Louis,
Sa vie, Lyon, 21 mai 1814 – Lyon 1er juin 1892, couvre le siècle ; son œuvre majeure, le Poème de l’âme, cycle plastique et littéraire unique dans l’histoire de l’art français, parcourt son existence ; commencée à Rome en 1835, connue à partir de 1854, présentée en 1855, puis dans sa version presque définitive en 1876, connaît en 1881, grâce à son ami Félix Thollier (1842-1914), une diffusion à cent cinquante exemplaires, où les dix-huit tableaux et les seize dessins sont reproduits par des photographies et accompagnés des mille quatre cent quatre-vingt-douze vers qui en forment le commentaire. (…)
Ce chef-d’œuvre de la peinture mystique, qui offre, selon l’expression d’Eugène Delacroix (1798-1863), « des réminiscences d’un autre monde », est aussi l’expression d’un rêve personnel, nourri des souffrances et des aspirations d’une existence marquée par un pessimisme croissant. Formé dans un milieu profondément religieux, meurtri sans doute par la disparition précoce de sa sœur aînée et de son jeune frère, il se lie au Collège royal avec Frédéric Ozanam et avec Laurent-Paul Brac de la Perrière, subit l’influence de l’abbé Noirot, homme d’une forte personnalité. (…) A l’automne 1833, il quitte Lyon pour Paris, où il fréquente l’atelier de Victor Orsel et celui de Jean-Dominique Ingres (1780-1867), qu’admirent tous les jeunes peintres lyonnais montés à Paris, Jean-Baptiste Frénet, Claudius Lavergne et Jean-Louis Lacuria. Il reste proche de ses amis catholiques et, avec Brac de la Perrière, adhère à la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, fondée par Ozanam, entre en relations avec Henri Lacordaire (1802-1861) et découvre l’œuvre de Félicité Robert de Lamennais (1782-1854). A l’automne 1835, en compagnie de Frénet, il part pour Rome ; par Ingres, qui y dirige depuis le début de l’année l’Académie de France, il fait la connaissance d’Hippolyte et de Paul Flandrin et entreprend son premier tableau du Poème de l’âme, L’Ame, l’Ange et la Mère, dans un climat d’exaltation que soulignent sa correspondance et le témoignage de ses amis.
[…] en décembre 1856, à quarante –deux ans, après de nombreuses tentatives matrimoniales demeurées sans suite, il se marie épousant une jeune aristocrate peu fortunée de 26 ans, Léonie Gautier de Saint-Paulet (1829-1870). Janmot bientôt père de plusieurs filles, semble alors fixé à Lyon, où il réalise en 1859 sa troisième commande pour une église, destinée à la coupole de Saint-François-de-Sales, où le apôtres, les prophètes et les archanges entourent deux scènes allégoriques sur la Foi et la Science et l’ancienne et la nouvelle Loi. (…)
La mort de sa femme en 1870 le laisse seul avec ses sept enfants (…)
En 1885, à soixante-et-onze ans, Janmot se remarie avec une de ces anciennes élèves, se partageant dès lors entre des voyages en Afrique du nord et des séjours à Lyon, où le ménage s’est installé au n° 4 du square d’Ainay (auj. square Janmot) (…) »
La localisation de l’ultime demeure nous a laissé quelque peu perplexes, car le site Rues de Lyon donne une autre adresse : le 4, place d’Ainay, « comme en témoigne la plaque placée au-dessus de la porte ». On peut voir ladite plaque sur Numelyo, sur une photo de Gilles Lagrion, accompagnée de cette notcice :
« Anne François Louis Janmot naît le 21 mai 1814 à Lyon. A sa naissance, ses parents demeurent rue du Bât-d'Argent. Son père Léonard est employé au bureau des Hypothèques. Peintre de l'Ecole de Lyon, Janmot est né de parents catholiques profondément religieux. Il a la douleur de perdre son frère en 1823 et sa soeur en 1829. Elève au Collège Royal de Lyon, il y fait la connaissance de Frédéric Ozanam. En 1831, il est admis à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon et en obtient, un an plus tard, la plus haute distinction, le Laurier d'Or. En 1833, il va à Paris pour suivre des cours de peinture auprès de Victor Orsel (1795-1850) et Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867). Avec d'autres lyonnais, il entre à la Société de Saint-Vincent-de-Paul. En 1835, il se rend à Rome et y rencontre Hippolyte Flandrin. Après son retour à Lyon en 1836, Janmot veut attirer sur lui l'attention des critiques du Salon de Paris et réalise des peintures de grand format et d'inspiration religieuse. Après 1845, il suscite l'intérêt de Charles Baudelaire avec son tableau "Fleurs des champs" puis de Théophile Gautier pour son portrait de Lacordaire. En décembre 1855, il épouse Léonie de Saint-Paul, d'une famille noble de Carpentras. Déçu par l'insuccès de son "Poème de l'âme" à l'exposition universelle de 1855, il reçoit cependant des commandes pour des fresques religieuses pour les églises Saint-Polycarpe et Saint-François de Sales. Janmot est nommé professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon mais choisit de s'installer à Paris en 1861 suite à la promesse d'une commande pour l'église Saint-Augustin. L'abandon de ce projet le place en situation difficile. Il accepte un poste de professeur à l'Ecole des Dominicains d'Arcueil et réalise, à cette époque dans sa propriété de Bagneux, de nombreux portraits en fresques de membres de sa famille. A la suite de la naissance de son septième enfant en août 1870, son épouse décède à Bagneux. Les troupes prussiennes ayant investi son logement, il s'enfuit chez son beau-père à Alger avant de revenir à Paris en juin 1871 mais il ne reçoit pas de nouvelles commandes. Il gagne ensuite Toulon avant de revenir s'établir à Lyon en 1885 après avoir épousé une ancienne élève, Antoinette Currat. Il y réalise des dessins au fusain parmi lesquels "Le Purgatoire"(1885) et "La Fin des Temps" (1888), qui peuvent être considérés comme une sorte de continuation du "Poème de l'âme" tout en publiant un ouvrage intitulé "Opinion d'un artiste" [BM Lyon, A 520148]. Il décède en 1892 et est désormais considéré comme un artiste de transition entre le romantisme et le symbolisme. »
Curieusement, c’est pourtant le square, et non la place d’Ainay, qui est donné par l’ouvrage Louis Janmot, 1814-1892 [Livre] / Elisabeth Hardoin Fugier, qui nous donne plus de détails puisqu’on y apprend le nom de l’ « ancienne élève » épousée par Janmot à son retour à Lyon :
« Un court voyage à Lyon, du 17 avril au 15 août 1885, prépare le remariage de Janmot avec Antoinette Currat, son ancienne élève qui projetait d’entrer au couvent après le décès de ses parents […] Le mariage a lieu à Lyon, le 16 novembre 1885. »
Le même ouvrage énumère les prénoms des enfants de l’artiste avec sa première femme : Cécile Técla, Marie-Louise-Pauline, Aldonce-Marie-Eugénie, Henry (mort en bas âge), Marthe, Maurice, Norbert.
D’une manière générale, nous vous recommandons la consultation de cet ouvrage, très riche en détails sur la vie privée du peintre, et présentant des passages de sa correspondance. On a l’impression que toute sa vie fut dominée par une ambition tout aussi démesurée que sa malchance, une suite d’échecs et de rendez-vous manqués qui le rendirent quelque peu amer… mais nous vous laissons le découvrir par vous-même.
L’auteure souligne dans les remerciement de son ouvrage sur le fait que les descendants de Janmot sont si nombreux qu’elle ne peut les remercier tous. Nous n’avons pas trouvé de source les recensant, mais sur Généanet, l’un d’eux a ébauché un arbre généalogique. Peut-être pouvez-vous le contacter pour en savoir plus.
- Le poème de l’âme par Louis Janmot / Elizabeth Hardouin-Fugier, Ed. La Taillanderie, 2007
- Le temps de la peinture : Lyon 1800-1914, catalogue de l’exposition présentée en 2007 au Musée des Beaux-Arts de Lyon
- Louis Janmot et son œuvre, éd. 1893
- Les élèves de Ingres / Maurice Denis, ed. 1902
- La peinture lyonnaise au XIXe siècle / Élisabeth Hardouin-Fugier, Étienne Grafe, éd. 1995
- Voir aussi livres et articles de notre catalogue.
Il est question de Janmot (à lire également en ligne) par exemple, dans :
- cet article de la revue "Le correspondant"
- un article de la Revue du Lyonnais
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