Question d'origine :
Bonjour,
Je me demandais si les fidèles avaient le droit, au Moyen-Age d'assister aux offices des églises de monastères ou est-ce que les moines seuls utilisaient leur église.
Merci pour votre réponse et bonne journée!
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 29/02/2020 à 10h06
Bonjour,
Voici ce que nous explique La vie des moines au temps des grandes abbayes : Xe-XIIIe siècle / Dom Anselme Davril, Eric Palazzo, dans son chapitre L’abbaye et ses voisins : « une abbaye provoquait nécessairement la formation, à ses portes, d’un bourg plus ou moins important, ne serait-ce que pour loger les nombreux familiers qui travaillaient sous les ordres des officiers du monastère.Pour assurer le service religieux de cette population, on avait construit habituellement une église paroissiale, que desservait un prêtre séculier nommé par l’abbé . Pourtant, les coutumiers monastiques témoignent parfois de la fréquentation des offices liturgiques dans l’église monastique par les fidèles. »
« Ainsi la Regularis concordia anglaise signale queles jours de fête, après tierce, on doit sonner la cloche pour appeler le peuple à la messe qui va commencer. Quand une calamité s’abat sur la région, les moines convoquent un dimanche matin les paysans des environs à la messe votive qu’ils vont célébrer afin d’obtenir de Dieu la délivrance du fléau. Les fidèles assistent aux célébrations dans l’église abbatiale lors de certaines fêtes. Thierry de Fleury signale qu’aux principales fêtes, des laïques suivent dans l’église abbatiale certains offices nocturnes ou matinaux : à la fin de chaque nocturne, deux prêtres encensent les deux côtés du chœur, « ensuite les thuriféraires reçoivent les encensoirs des mains des prêtres et vont encenser le peuple ».
« Raoul Glaber laisse croire cependant que les voisins du monastère peuvent pénétrer ordinairement dans l’église des moines pour y entendre l’office monastique, il raconte en effet l’histoire d’un quidam laicus, un « habitant des environs », comme a traduit l’éditeur, qui, entendant les cloches de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre sonner à l’occasion de la mort d’un moine, « pensa que les cloches annonçaient l’office du matin et se dirigea comme à son habitude, vers l’église . » p. 260-262
Les processions sont aussi une occasion où les fidèles se joignent aux moines : « certains jours de l’année liturgique sont marqués par des processions plus longues ou plus solennelles que d’habitude, où l’on sort de l’église et du cloitre pour processionner dans le bourg, voire dans la campagne, et auxquelles les fidèles sont invités ; on se rend alors à une église extérieure où on chantera la messe et d’où on reviendra à l’Église abbatiale, toujours chantant antiennes et répons. » (p. 143)
A l’entrée « abbatiale » du Dictionnaire historique des ordres religieux nous apprenons qu’: «A l’origine destinée uniquement aux moines, l’abbatiale se développera dans certains cas pour accueillir aussi les fidèles . L’abbatiale de Cluny deviendra ainsi la plus grande église de la chrétienté au Moyen Age »
L’ouvrage Monastères et espace social : genèse et transformation d'un système de lieux dans l'Occident médiéval explique que laquestion de l’accès des laïcs aux espaces des monastères est un sujet qui a encore peu fait l’objet d’études . « Il ressort en tout cas de nombreuses solutions quant au rapport entre la communauté monastique et le monde extérieur . Dans certains cas, il semble en effet qu’il y a, dans l’abbatiale, un espace considéré comme plus sacré et exclusivement réservé à la communauté monastique. Les fouilles de l’église du monastère de Saint Gall ont mis en évidence la présence d’un grand chœur monastique, situé dans la partie orientale de l’édifice et nettement séparé par une cloison de la partie occidentale, plus vaste et destinée aux laïcs . A Müstair, à l’inverse, l’abbatiale est absolument interdite aux laïcs : les fouilles ont démontré que l’accès à l’église ne pouvait se faire qu’en suivant un parcours interne au monastère et, plus précisément, en passant entre les deux annexes qui la bordent au nord et au sud. »
« La question de l’accès des laïcs est liée à la présence de plusieurs oratoires, mentionnés dans certaines règles… la multiplication des lieux de culte (oratoires, chapelles, églises, etc) peut être le résultat d’ajouts successifs, liés à l’histoire de la communauté monastique qui fréquentaient ces lieux, ou bien à des exigences fonctionnelles ou liturgiques : il y avait des lieux pour les étrangers, pour les moines malades, à destination funéraire, pour des cultes spécifiques ; il s’agit souvent d’oratoires destinés aux moines mais accessibles aux laïcs , situés soit dans les zones liminaires (par exemple aux abords du mur d’enceinte), soit en dehors du monastère. Les lieux de cultes repérés au cours des fouilles archéologiques présentent des cas très variés. » p. 25-26
L’ouvrage atteste aussi de la construction d’églises par certains monastères à destination des bourgs monastiques, constitués par l’installation de la familia, que formaient serviteurs et artisans travaillant pour le monastère. (p. 31)
En conclusion, l’on peut dire que les églises ou abbatiales étaient avant tout destinées à la communauté et non à l’accueil des laïcs. Elles s’inscrivaient dans un aménagement précis des espaces pour éviter que les moines ou moniales ne croisent des laïcs, ceci dans le respect de la clôture. Cependant, les situations étaient variées et ont évolué selon les lieux, les liturgies, les règles propres au monastère et les époques.
Voici ce que nous explique La vie des moines au temps des grandes abbayes : Xe-XIIIe siècle / Dom Anselme Davril, Eric Palazzo, dans son chapitre L’abbaye et ses voisins : « une abbaye provoquait nécessairement la formation, à ses portes, d’un bourg plus ou moins important, ne serait-ce que pour loger les nombreux familiers qui travaillaient sous les ordres des officiers du monastère.
« Ainsi la Regularis concordia anglaise signale que
« Raoul Glaber laisse croire cependant que les voisins du monastère peuvent pénétrer ordinairement dans l’église des moines pour y entendre l’office monastique, il raconte en effet l’histoire d’un quidam laicus, un « habitant des environs », comme a traduit l’éditeur, qui, entendant les cloches de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre sonner à l’occasion de la mort d’un moine, «
Les processions sont aussi une occasion où les fidèles se joignent aux moines : « certains jours de l’année liturgique sont marqués par des processions plus longues ou plus solennelles que d’habitude, où l’on sort de l’église et du cloitre pour processionner dans le bourg, voire dans la campagne, et auxquelles les fidèles sont invités ; on se rend alors à une église extérieure où on chantera la messe et d’où on reviendra à l’Église abbatiale, toujours chantant antiennes et répons. » (p. 143)
A l’entrée « abbatiale » du Dictionnaire historique des ordres religieux nous apprenons qu’: «
L’ouvrage Monastères et espace social : genèse et transformation d'un système de lieux dans l'Occident médiéval explique que la
« La question de l’accès des laïcs est liée à la présence de plusieurs oratoires, mentionnés dans certaines règles… la multiplication des lieux de culte (oratoires, chapelles, églises, etc) peut être le résultat d’ajouts successifs, liés à l’histoire de la communauté monastique qui fréquentaient ces lieux, ou bien à des exigences fonctionnelles ou liturgiques : il y avait des lieux pour les étrangers, pour les moines malades, à destination funéraire, pour des cultes spécifiques ; il s’agit souvent d’
L’ouvrage atteste aussi de la construction d’églises par certains monastères à destination des bourgs monastiques, constitués par l’installation de la familia, que formaient serviteurs et artisans travaillant pour le monastère. (p. 31)
En conclusion, l’on peut dire que les églises ou abbatiales étaient avant tout destinées à la communauté et non à l’accueil des laïcs. Elles s’inscrivaient dans un aménagement précis des espaces pour éviter que les moines ou moniales ne croisent des laïcs, ceci dans le respect de la clôture. Cependant, les situations étaient variées et ont évolué selon les lieux, les liturgies, les règles propres au monastère et les époques.
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