Question d'origine :
Bonjour, suite à des recherches personnelles sur l'époque byzantine, je souhaiterai savoir si les chaînes appelées byzantines étaient en rapport avec la réelle civilisation ou bien est ce seulement une attribution moderne du nom. Merci d'avance.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 19/02/2020 à 11h36
Bonjour,
Nos recherches dans les ouvrages consacrés aux bijoux de notre collection ne nous a malheureusement pas permis de trouver une réponse certaine à votre question.
Nous pensons toutefois que l’appellation est récente : sur les trois occurrences de « chaîne byzantine » qu’on trouve dans les millions d’ouvrages numérisés de Gallica, les deux qui se rapportent à des bijoux se trouvent dans des descriptions d’objets appartenant au musée du Caire et semblent plutôt décrire des pièces effectivement produites à l’époque byzantine, plutôt qu’un type de chaîne « constitué d'anneaux imbriqués deux-à-deux » selon la définition du joaillier Viva Latina.
D’après une collègue du département Arts et loisirs, que nous remercions de cette précision, il est toujours délicat de se prononcer sur l’origine de l’appellation d’une pièce de design, un adjectif toponymique pouvant se rapporter autant à une tradition locale qu’au surnom d’un créateur au cours de l’histoire.
La seule source abordant la question du nom que nous ayons trouvée est le site commercial de-fil-et-d-argent.fr selon lequel non seulement le l’origine du nom est inconnue, mais « ce type de maille », qui « a probablement vu le jour en Italie », en possède beaucoup d’autres :
« La maille Byzantine est aussi connue dans le monde sous diverses appellations: «Maille Péruvienne» en Amérique du Sud, «Cage à Oiseaux» ou «Dilemme du Fou» dans les pays Anglo-Saxons. En France on la nomme «Maille Royale». »
Inférer une mode particulière de ce type de chaînes dans l’empire romain d’orient serait ainsi très hasardeux, d’autant que l'orfèvrerie byzantine est très mal connue :
« Les pièces conservées ne donnent qu'une faible idée de l'importance de l'orfèvrerie byzantine, mais les témoignages littéraires nous font connaître la richesse et la diversité des œuvres disparues […].
Les objets parvenus jusqu'à nous sont surtout des bijoux (colliers, croix, amulettes, médaillons, bracelets, bagues, agrafes, boucles d'oreilles, ceintures), généralement retrouvés dans des trésors enfouis dans la terre par leurs propriétaires (trésors de Chypre, de Mersin, de Mytilène, etc.). Pour la technique et le style, les Byzantins s'inspirèrent de la bijouterie romaine, mais ils supprimèrent progressivement, au VIe siècle, les motifs païens pour les remplacer par des symboles chrétiens. À l'époque médiobyzantine, les émaux seront de plus en plus souvent associés à l'or, tandis que sous les Paléologues l'appauvrissement général et la pénurie de matériaux précieux provoquent une certaine décadence de l'orfèvrerie. »
(Source : Encyclopaedia universalis)
La même encyclopédie, dans l’article « bijoux, montre que la chaîne était de mode bien avant l’avènement de Byzance – elle était populaire dans l’Egypte ancienne, et « Les nombreux bijoux du Ier siècle découverts à Pompéi et dans la région témoignent de la mode de certaines grandes chaînes ornant le buste et de bracelets formés de deux rangs de demi-sphères » - et l’est restée depuis.
Si on s’en réfère au Dictionnaire international du bijou / [Livre] / sous la direction de Marguerite de Cerval, en tout cas, la chaîne ne semble pas avoir eu une place centrale dans la joaillerie byzantine : les quelques pièces conservées (ou visibles dans l’iconographie) sont plutôt des « colliers d’or formés de cylindres creux alternant avec de lourds pendentifs d’or et torques », parfois sertis de monnaies, colliers en « plaques d’or […] rehaussées de pierreries et brodées de pendeloques », colliers faits d’une chaîne d’or « sur laquelle sont enfilées des pierres de couleur et des perles percées de part en part, séparées par les anneaux de la chaîne », boucles d’oreilles serties de pierreries, fibules, une chaîne pectorale ou une ceinture à l’occasion, sans qu’il soit précisé de quel type.
Pour aller plus loin :
- Dictionnaire international du bijou / [Livre] / sous la direction de Marguerite de Cerval,
- Bijoux, pierres et objets précieux [Livre] / Silvia Malaguzzi
- Les arts joailliers [Livre] : métiers d'excellence / Guillaume Glorieux
Bonne journée.
Nos recherches dans les ouvrages consacrés aux bijoux de notre collection ne nous a malheureusement pas permis de trouver une réponse certaine à votre question.
Nous pensons toutefois que l’appellation est récente : sur les trois occurrences de « chaîne byzantine » qu’on trouve dans les millions d’ouvrages numérisés de Gallica, les deux qui se rapportent à des bijoux se trouvent dans des descriptions d’objets appartenant au musée du Caire et semblent plutôt décrire des pièces effectivement produites à l’époque byzantine, plutôt qu’un type de chaîne « constitué d'anneaux imbriqués deux-à-deux » selon la définition du joaillier Viva Latina.
D’après une collègue du département Arts et loisirs, que nous remercions de cette précision, il est toujours délicat de se prononcer sur l’origine de l’appellation d’une pièce de design, un adjectif toponymique pouvant se rapporter autant à une tradition locale qu’au surnom d’un créateur au cours de l’histoire.
La seule source abordant la question du nom que nous ayons trouvée est le site commercial de-fil-et-d-argent.fr selon lequel non seulement le l’origine du nom est inconnue, mais « ce type de maille », qui « a probablement vu le jour en Italie », en possède beaucoup d’autres :
« La maille Byzantine est aussi connue dans le monde sous diverses appellations: «Maille Péruvienne» en Amérique du Sud, «Cage à Oiseaux» ou «Dilemme du Fou» dans les pays Anglo-Saxons. En France on la nomme «Maille Royale». »
Inférer une mode particulière de ce type de chaînes dans l’empire romain d’orient serait ainsi très hasardeux, d’autant que l'orfèvrerie byzantine est très mal connue :
« Les pièces conservées ne donnent qu'une faible idée de l'importance de l'orfèvrerie byzantine, mais les témoignages littéraires nous font connaître la richesse et la diversité des œuvres disparues […].
Les objets parvenus jusqu'à nous sont surtout des bijoux (colliers, croix, amulettes, médaillons, bracelets, bagues, agrafes, boucles d'oreilles, ceintures), généralement retrouvés dans des trésors enfouis dans la terre par leurs propriétaires (trésors de Chypre, de Mersin, de Mytilène, etc.). Pour la technique et le style, les Byzantins s'inspirèrent de la bijouterie romaine, mais ils supprimèrent progressivement, au VIe siècle, les motifs païens pour les remplacer par des symboles chrétiens. À l'époque médiobyzantine, les émaux seront de plus en plus souvent associés à l'or, tandis que sous les Paléologues l'appauvrissement général et la pénurie de matériaux précieux provoquent une certaine décadence de l'orfèvrerie. »
(Source : Encyclopaedia universalis)
La même encyclopédie, dans l’article « bijoux, montre que la chaîne était de mode bien avant l’avènement de Byzance – elle était populaire dans l’Egypte ancienne, et « Les nombreux bijoux du Ier siècle découverts à Pompéi et dans la région témoignent de la mode de certaines grandes chaînes ornant le buste et de bracelets formés de deux rangs de demi-sphères » - et l’est restée depuis.
Si on s’en réfère au Dictionnaire international du bijou / [Livre] / sous la direction de Marguerite de Cerval, en tout cas, la chaîne ne semble pas avoir eu une place centrale dans la joaillerie byzantine : les quelques pièces conservées (ou visibles dans l’iconographie) sont plutôt des « colliers d’or formés de cylindres creux alternant avec de lourds pendentifs d’or et torques », parfois sertis de monnaies, colliers en « plaques d’or […] rehaussées de pierreries et brodées de pendeloques », colliers faits d’une chaîne d’or « sur laquelle sont enfilées des pierres de couleur et des perles percées de part en part, séparées par les anneaux de la chaîne », boucles d’oreilles serties de pierreries, fibules, une chaîne pectorale ou une ceinture à l’occasion, sans qu’il soit précisé de quel type.
- Dictionnaire international du bijou / [Livre] / sous la direction de Marguerite de Cerval,
- Bijoux, pierres et objets précieux [Livre] / Silvia Malaguzzi
- Les arts joailliers [Livre] : métiers d'excellence / Guillaume Glorieux
Bonne journée.
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