Question d'origine :
S.V.P.
Si, de nos jours, les établissements pour retraités, sont devenus très nombreux ; quelle était la situation dans les années d'après-guerre : années 50 et 60,en particulier ?
Je me souviens , enfant, avoir entendu parfois parler d' Hospice ou Asile (non psychiatrique) ! Quelle était alors ,la différence entre ces deux structures, et quelle était la situation, notamment numérique , à cette époque, en cela ?
Et , de nos jours, quelles sont les différences principales entre : une maison de retraite, un Ehpad, un foyer,une résidence ..et que sais je encore ? Enfin, pourriez vous nous indiquer quelques statistiques , concernant autant le nombre de structures ou établissements, que le nombre de résidents et personnel d'appui, pour approximativement ces deux grosses périodes ? merci.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 10/02/2020 à 13h43
La littérature sur l’histoire de l’accueil des personnes âgées est assez pauvre en particulier si l’on veut des études transversales. La plupart des études historiques portent sur des périodes bien délimitées (XIXeme en particulier cf. Vies d'hospice : vieillir et mourir en institution au XIXe siècle) ou sur des établissements spécifiques. Aussi nous nous appuierons essentiellement sur la thèse de doctorat Sophie Guennery, L'hébergement de la personne âgée dépendante (2014), dont les chapitres introductifs du livre 1 donnent des informations très complètes sur l’évolution des établissements d’accueil de personnes âgées et des éléments de comparaison entre la période d’après-guerre et la période contemporaine du début du XXIème siècle.
L’évolution du statut et des conditions d’accueil des personnes âgées est le résultat des bouleversements de notre société et des changements de mentalités.
L’
Un
Louis XIV a en son temps souhaité organiser le système de soins en organisant «
Au début du 20ème, les établissements urbains sont vétustes et surpeuplés ; les établissements ruraux se dégradent. Vers 1940, les structures d’accueil pour les personnes les plus démunies et les plus dépendantes bénéficient alors d’une image positive et représentent la réponse idéale face aux besoins des personnes âgées qui ne peuvent plus rester à domicile. L’Ordonnance du 11 Novembre 1958 officialise le terme de «
La prise en charge institutionnelle des personnes âgées va progresser fortement dans les années 1960.
En 1962, le
La priorité était clairement accordée au « maintien au domicile », avec une approche « moderniste » de la vieillesse, conçue comme un « 3e âge actif, autonome et participant » (Du rapport Laroque à la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement : cinquante-cinq ans de politique vieillesse en France, Alain Grand, Vie sociale 2016/3)
Toujours d'après Sophie Guennery, le secteur se structure alors progressivement : les structures d’hébergement bénéficient alors d’un statut en fonction des services et des soins qu’elles prodiguent (structure sociale, médicalisée ou de long séjour) et la dénomination « maison de retraite » apparaît grâce à l’ordonnance du 11 novembre 1958 qui stipule que « si les hospices ne reçoivent que des vieillards, ils prennent le nom de maison de retraite ». Il s’en suit naturellement une hausse des demandes d’hébergement et l’offre devient vite insuffisante, s’avère rapidement inadaptée à une prise en charge individuelle. On constate de plus qu’elle ne permet pas aux personnes malades ou vieillissantes de résider dans de bonnes conditions. On assiste alors à une dégradation de l’image des structures d’hébergement. A partir des années 1970, l’hébergement collectif commence à être critiqué et prend une connotation négative.
Les
Les
D'après Sophie Guerry, en 2014, on peut dénombrer 10 747 maisons de retraite contre 3153 maisons de retraite hospitalières, maisons de retraite non hospitalières et sections d’hospices ou maisons de retraite des hôpitaux publics en 1962 (MAYEN M. La population des hospices et des maisons de retraite, Population, 27e année, n°1, 1972).
En 2014, les études sur l’hébergement des personnes âgées sont plus nombreuses et fournissent plus de données que dans les années 1960. Toutefois, les enquêtes évoluent et ne permettent pas toujours de disposer de données comparables sur une même période. Les sources sont différentes (INSEE, DREES…), les champs d’enquête et les objectifs dépendent des politiques nationales et les années d’enquête ne sont pas toujours identiques.[…] Entre 1992 et 2011, la France est passée de 600 000 places (Données disponibles sur le site Internet de la FNORS : http://www.fnors.org/fnors/ors/Travaux/So/42.pdf) à 720 000 places d’hébergement collectif (maisons de retraite, foyers-logements et unités de soins de longue durée) soit une croissance de 20 % entre ces deux années. Toutefois, cette progression reste inférieure à la croissance du nombre de personnes âgées.( Source : GUENNERY et PERRIN-HAYNES J. (2010) Les établissements d'hébergement pour personnes âgées : Activité, personnel et clientèle au 31 décembre 2007, INSEE, Série statistiques n°142).
Il existe plusieurs
-> Voir : Quels établissements ou résidences hébergent des personnes âgées (Ehpad...)?
-> Pour les spécificités de chaque structure (maison de retraire, foyer logement, résidence avec services, Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) voir également la notice Wikipédia sur les maisons de retraiteen France.
Source : Guennery
En 2011, l’offre en établissement reste majoritairement publique. En effet, 50 % des places en maison de retraite et 70 % des places en foyers-logements sont publiques, 12 % sont privées à but lucratif pour les deux types de structure et 27 % sont privées à but non lucratif (DREES, Enquête EHPA 2007). […] Si en 1992, la France connaissait son pic de l’offre d’hébergement, depuis, cette dernière ne cesse de diminuer. En effet, le nombre de créations de places augmente mais les taux d’équipements d’hébergement diminuent. En d’autres termes, la progression du nombre de lits en EHPA reste insuffisante pour absorber la demande potentielle. […] Depuis l’application du plan « Alzheimer », un nouveau dispositif a été mis en place au sein de certains établissements : le Pôle d’Activité et de Soins Adaptés (PASA). Ces derniers accueillent en journée des résidents atteints de troubles du comportement et proposent des activités pour maintenir ou développer leurs capacités fonctionnelles, cognitives, sensorielles et leurs liens sociaux. Ainsi, au 31 décembre 2011, 5 % des EHPAD déclarent disposer d’un service de ce type.
Aujourd'hui, face au manque cruel de place en EHPAD, on revient à la solution de l'accueil familial, "nouvelle-ancienne" solution d’hébergement pour les personnes âgées qui ne peuvent ou ne veulent plus vivre chez elles, momentanément ou définitivement. IL existe également la formule de l'habitat intergénérationnel, de l'habitat regroupé que certaines collectivités essaient de mettre en place.
Et voici enfin quelques chiffres (toujours issus de la thèse de Sophie Guennery …) concernant la typologie des
https://www.theses.fr/2014CNAM0962/abes
Histoire de la vieillesse : De l'Antiquité à la renaissance, MINOIS G., 1987,
Histoire de la vieillesse, JP Bois, Que sais-je ?, PUF
1962-2007 : regards sur les politiques du « maintien à domicile » Et sur la notion de « libre choix » de son mode de vie, Bernard Ennuyer, Gérontologie et société 2007/4 (vol. 30 / n° 123)
Voir aussi :
https://www.francetvinfo.fr/replay-radi ... 563403.htm
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