La baïonnette
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 29/06/2005 à 09h38
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Question d'origine :
Bonjour et bravo pour votre travail !
J'aimerais savoir si possible la date précise et la raison fournie, s'il y en a eu une, du retrait de la baïonette de l'équipement standard des troupes françaises. Y-a-t-il encore dans le monde des armées qui en sont équipées actuellement, malgré la convention de Genève, qui, je crois, en interdit l'usage ?
D'avance merci
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/06/2005 à 13h28
Malgré effectivement une idée (reçue ?) assez unanime selon laquelle la baïonnette (ou du moins certains types, voir infra) serait interdite par une Convention internationale, nous n'avons trouvé aucune mention explicite en ce sens dans les différents traités et conventions qui régissent l'emploi des armes lors des conflits internationaux (ou nationaux). L'ensemble de ces textes est accessible en ligne sur le site du CICR, Comité International de la Croix Rouge dans la rubrique Les armes et le droit international humanitaire et dans la base de données de traités accessible par un index thématique. Le seul texte pouvant être interprété, par droit coutumier, comme étant une interdiction de l'usage de la baïonnette est l'article 23 de la Convention de la Haye du 29 juillet 1899, reprise par la Convention de Genève du 10 octobre 1980 sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination :
Article 23.
Outre les prohibitions établies par des conventions spéciales, il est notamment ' interdit ' :
a. d'employer du poison ou des armes empoisonnées
b. de tuer ou de blesser par trahison des individus appartenant à la nation ou à l'armée ennemie;
c. de tuer ou de blesser un ennemi qui, ayant mis bas les armes ou n'ayant plus les moyens de se défendre, s'est rendu à discrétion ;
d. de déclarer qu'il ne sera pas fait de quartier ;
e. d'employer des armes, des projectiles ou des matières propres à causer des maux superflus;
f. d'user indûment du pavillon parlementaire, du pavillon national ou des insignes militaires et de l'uniforme de l'ennemi, ainsi que des signes distinctifs de la Convention de Genève ;
g. de détruire ou de saisir des propriétés ennemies, sauf les cas où ces destructions ou ces saisies seraient impérieusement commandées par les nécessités de la guerre.
Stratisc, le site de la stratégie dans l'histoire retrace une rapide histoire de la baïonnette :
La très simple baïonnette représente une vérible révolution dans l'armement de l'infanterie, puisqu'elle entraîna la disparition des millénaires unités de piquiers., Une tradition contreversée attribue ce complément du mousquet et du fusil à un hasard résultant d'une urgence : en 1640, des soldats basques, à court de munition, auraient fichés leurs couteaux au bout de leurs mousquets. Pour d'autres auteurs l'idée vint d'elle-même à l'Inspecteur de l'Infanterie, Martinet, de munir les soldats d'une lame munie d'un manche au calibre de l'arme, ce qui remplacerait la pique en cas de besoin. Le fait est là que les premières baïonnettes règlementaires furent fabriquées sur l'ordre de Martinet à partir de 1671. Cette innovation fut ( naturellement ) combattue : elle menacait l'existence des unités de piquiers; mais les soldats furent très heureux de pouvoir s'inspirer de l'exemple ( ? ) de leurs camarades basques.
La baïonnette Martinet était une sorte de dague à deux tranchants dont la lame, de 32 cm de longueur, avait une largeur de 4,4 cm à la base. La poignée, de buis, s' enfonçait dans le canon du mousquet qui devenait alors une arme d'hast mais ne pouvait plus être utilisé pour tirer. Il faudra attendre Vauban et 1688 pour que soit adopté le modèle "à douille" entourant l'extrémité du canon. Dès lors le mouquet puis le fusil purent tirer et être rechargés ( non sans une certaine gène pour le rechargement ) tout en restant disponibles à tout instant pour servir de pique. Cette baïonnette subit des modifications de détail en 1717 et 1762, pour arriver au modèle 1777, de Gribeauval, à virole à vis sur la douille, qui allait rester en service, à d'infimes variantes près, pendant trois quarts de siècle. Comme l'avaient redouté leurs défenseurs, les unités de piquiers étaient condamnées à disparaitre par le baïonnette. Vers 1700 - 1703 pour la France - ces unités avaient disparu de toutes les armées européennes.
Il est cependant évident que la baïonnette est encore largement employée par les armées de nombreuses nations, Etats-Unis, Royaume Uni et France compris. Voici un extrait de l'article baïonnette de Wikipedia :
Les baïonnettes modernes ont souvent la forme d'un couteau avec une poignée et un tenon, ou sont fixées de façon permanente au fusil, comme dans le cas du SKS. Selon le lieu et la date de fabrication d'un SKS donné, il peut disposer d'une baïonnette fixe avec une lame de type couteau (Russie, Roumanie, Yougoslavie, Chine ancienne), cruciforme (Chine moderne), triangulaire (Albanie) le type qui est interdit par la convention de Genève ou d'aucune baïonnette.
Voici également des illustrations de l'entrainement du bataillon spécialisé des Marines au maniement de la baïonnette : The Marine Corps Martial Arts Bayonet System, ainsi que ce manuel d'entraînement à destiantion du GIGN français : Combats à l'arme blanche : Fred Perrin détaille avec ferveur et franc-parler les cas d'emploi du couteau en tant que complément du fusil, les techniques formelles de port, les prises en main, les gardes, les premiers soins en cas de blessure, l'utilisation d'outils et de la baïonnette.
Il faut encore ajouter que la majeure partie des fusils d'assaut actuels permet l'emploi d'une baïonnette, ainsi que vous pourrez le constater sur le site de GIAT Industries dans cette brochure sur le FAMAS, un des fusils d'assaut de fabrication française les plus employés dans le monde. Sur la photo ci-dessous, à gauche, la baïonnette du FAMAS :
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