Question d'origine :
Bonjour,
Il paraît que le yoyo est un jeu fort ancien. Les archéologues ont retrouvés de tels objets remontant à l'Antiquité et on dispose de représentations picturales ne laissant planer aucun doute sur leur utilisation. Yoyo étant une marque déposée issue d'une langue philippine, on est en droit de se questionner sur les dénominations anciennes du joujou. On connait la bangalore et l'émigrette. Les langues anciennes latines et grecques disposaient-elles d'un mot pour le désigner? Plus largement, dispose-t-on d'un vocabulaire ludique étendu dans ces langues?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/12/2019 à 12h13
Bonjour,
Les historiens ne sont pas unanimes quant à la dénomination du yo-yo antique ni à l'usage qu'en auraient fait les grecs : ῥόμβος Rhombos ? ίύϒξ iunx ou iynx ?
S'agissait-il de deux objets distincts ? Les sources relatives à ce petit jouet d'enfant sont apparemment peu nombreuses et son nom ancien n'est pas bien déterminé.
Véronique Dasen explique :
" Des hypothèses peuvent être proposées en croisant les textes avec d’autres sortes de témoignages, iconographiques et archéologiques, ainsi qu’en comparant avec l’ergonomie de jeux dont les règles sont bien attestées. Toutefois, les ressemblances formelles peuvent être trompeuses. Parfois le jeu figuré n’est décrit par aucun auteur, et son nom paraît être inconnu. Une série de vases grecs attiques et italiotes représentent ainsi des jeunes gens, principalement des garçons, qui manipulent une sorte de disque suspendu à une ficelle à la manière de notre yo-yo. Sur le médaillon d’une coupe conservée à Berlin, le joueur debout, drapé dans son himation, la tête ceinte d’un bandeau, tourne le dos à un autel (fig. 2). Si aucun auteur ne fait allusion à ce genre d’exercice, une série de disques peints en terre cuite, réunis par un cylindre formant l’axe, pourraient en représenter la trace matérielle. Des détails font cependant douter d’un usage ludique banal. Leur matériau, la terre cuite, est relativement fragile, leur fourchette chronologique étroite, dans le deuxième quart du Ve s. av. J.-C., leurs motifs peints se rapportent au monde d’Éros et de la séduction. Dans plusieurs publications, cependant, l’objet est assimilé au yo-yo moderne. D’autres explications sont possibles. Ludwig Deubner, le premier, a proposé d’y reconnaîtreune forme de de iynx, ce disque que l’on faisait tournoyer dans le cadre de procédures magiques pour attirer la chance en amour. Selon lui, l’objet pourrait être identifié à l’énigmatique rhombos, tantôt traduit par « toupie », tantôt par iynx, caractérisé par le son produit par le tournoiement. Comme pour le iynx, les mouvements réguliers du disque seraient un moyen de se propitier la puissance divine. Son mode d’utilisation précis reste cependant à reconstituer ; le mouvement se faisait-il de bas en haut comme pour le yo-yo moderne ou autrement ? Quoi qu’il en soit, si l’on suit cette hypothèse, le rhombos que dédie Philoclès dans la fameuse épigramme votive de Léonidas de Tarente pourrait ne pas être une toupie, comme on le traduit d’ordinaire, mais ce type d’objet circulaire : « Philoclès a consacré à Hermès son ballon renommé, ces bruyantes castagnettes de buis, les osselets qu’il a aimés à la folie et le rhombos qu’il faisait tournoyer : tous les jouets, paignia , de son enfance ».
source : Véronique Dasen, « Histoire et archéologie de la culture ludique dans le monde gréco-romain. Questions méthodologiques », Kentron, 34 | 2018, 23-50.
Dans son ouvrage intitulé Jouets de toujours [Livre] : de l'Antiquité à la Révolution, Michel Manson cite de nombreux jouets utilisés par les enfants de l'Antiquité.
A la naissance, on offrait aux petits romains des objets sonores comme les crepundia qui cliquettent quand on les agite, ou des crepitacula (hochets, clochettes, jouets musicaux). Chez les grecs, on les appelle des psèphopéribombètrian, avec entre-autres les crécelles platagè.
A Athènes comme à Rome, il existait des jouets facilitant l'apprentissage de la marche mais aussi des poupées (plaggonôn ou sigilla).
Les enfants de l'Antiquité se livraient à un large éventail de jeux physiques. Ils pouvaient pousser devant eux un cerceau, s'amuser avec yo-yo, s'exercer aux osselets (ômilla ou pentélitha avec des cailloux), jouer aux billes avec des noix (tropa), avec des dés (astragaloi), fouetter un sabot (sorte de toupie, strombos) ; ils disposaient des balles et ballons.
Nous vous laissons consulter ce document pour en savoir plus.
Lire aussi :
- Jeux et jouets dans l'Antiquité et le Moyen-age / Les Dossiers d'archéologie ; 168, février 1992
- Sorcières et magiciennes dans le monde gréco-romain / Michael Martin - consultable à la BML
Le dossier
- Iynx and Rhombus / Eugene Tavenner
Bonne journée.
Les historiens ne sont pas unanimes quant à la dénomination du yo-yo antique ni à l'usage qu'en auraient fait les grecs : ῥόμβος Rhombos ? ίύϒξ iunx ou iynx ?
S'agissait-il de deux objets distincts ? Les sources relatives à ce petit jouet d'enfant sont apparemment peu nombreuses et son nom ancien n'est pas bien déterminé.
Véronique Dasen explique :
" Des hypothèses peuvent être proposées en croisant les textes avec d’autres sortes de témoignages, iconographiques et archéologiques, ainsi qu’en comparant avec l’ergonomie de jeux dont les règles sont bien attestées. Toutefois, les ressemblances formelles peuvent être trompeuses. Parfois le jeu figuré n’est décrit par aucun auteur, et son nom paraît être inconnu. Une série de vases grecs attiques et italiotes représentent ainsi des jeunes gens, principalement des garçons, qui manipulent une sorte de disque suspendu à une ficelle à la manière de notre yo-yo. Sur le médaillon d’une coupe conservée à Berlin, le joueur debout, drapé dans son himation, la tête ceinte d’un bandeau, tourne le dos à un autel (fig. 2). Si aucun auteur ne fait allusion à ce genre d’exercice, une série de disques peints en terre cuite, réunis par un cylindre formant l’axe, pourraient en représenter la trace matérielle. Des détails font cependant douter d’un usage ludique banal. Leur matériau, la terre cuite, est relativement fragile, leur fourchette chronologique étroite, dans le deuxième quart du Ve s. av. J.-C., leurs motifs peints se rapportent au monde d’Éros et de la séduction. Dans plusieurs publications, cependant, l’objet est assimilé au yo-yo moderne. D’autres explications sont possibles. Ludwig Deubner, le premier, a proposé d’y reconnaître
source : Véronique Dasen, « Histoire et archéologie de la culture ludique dans le monde gréco-romain. Questions méthodologiques », Kentron, 34 | 2018, 23-50.
Dans son ouvrage intitulé Jouets de toujours [Livre] : de l'Antiquité à la Révolution, Michel Manson cite de nombreux jouets utilisés par les enfants de l'Antiquité.
A la naissance, on offrait aux petits romains des objets sonores comme les crepundia qui cliquettent quand on les agite, ou des crepitacula (hochets, clochettes, jouets musicaux). Chez les grecs, on les appelle des psèphopéribombètrian, avec entre-autres les crécelles platagè.
A Athènes comme à Rome, il existait des jouets facilitant l'apprentissage de la marche mais aussi des poupées (plaggonôn ou sigilla).
Les enfants de l'Antiquité se livraient à un large éventail de jeux physiques. Ils pouvaient pousser devant eux un cerceau, s'amuser avec yo-yo, s'exercer aux osselets (ômilla ou pentélitha avec des cailloux), jouer aux billes avec des noix (tropa), avec des dés (astragaloi), fouetter un sabot (sorte de toupie, strombos) ; ils disposaient des balles et ballons.
Nous vous laissons consulter ce document pour en savoir plus.
Lire aussi :
- Jeux et jouets dans l'Antiquité et le Moyen-age / Les Dossiers d'archéologie ; 168, février 1992
- Sorcières et magiciennes dans le monde gréco-romain / Michael Martin - consultable à la BML
Le dossier
- Iynx and Rhombus / Eugene Tavenner
Bonne journée.
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