Question d'origine :
Bonjour,
Dans le "Prologue" de "Terre d'ébène", Albert Londres évoque les nombreux articles publiés pour protester contre son reportage dans les colonies africaines.
Pourriez-vous s'il-vous-plaît m'indiquer les références de quelques-uns de ces articles ?
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 05/11/2019 à 10h11
Bonjour,
Publié pour la première fois sous forme d’épisodes dans Le Petit Parisien entre septembre et novembre 1928 sous le titre « Quatre mois parmi nos noirs d’Afrique », le reportage d’Albert Londres dans les colonies de l’Afrique Occidentale Française souleva une vague d’indignation en France et parmi les colons et les autorités coloniales. Il fut publié ultérieurement sous le titre Terre d’Ebène .
Vous trouverez un écho des attaques faites contre son auteur dans l’ouvrage de Didier Folléas,Putain d’Afrique : Albert Londres en terre d’Ebène ( p. 65 ) :
« La presse du parti colonial se déchaîne contre son confrère du Petit Parisien. « Métis, juif, ramasseur de mégots, vil feuilletoniste ». De 1928 à 1929, aucune insulte ne lui est épargnée. On lui reproche d’être venu « cracher sur le couscous » que lui offraient les coloniaux. « Pourquoi ce style haletant et cet abus de points d’exclamation ? Pourquoi ces contes à dormir debout ? » s’interrogeLa Dépêche coloniale . On accuse le reporter de vouloir soutirer des larmes faciles aux fidèles lectrices de son journal grand public. Même Le Temps , quotidien modéré, met en garde ses lecteurs, dans son édition du 11 novembre 1928 , tout en accordant à son confrère de la verve et le sens du pittoresque : « Méfions-nous des jugements hâtifs et superficiels d’un homme qui est plus écrivain que journaliste. »
Pour sa part,Le Courrier colonial dénonce le 16 novembre 1928 , ces articles qui sont « une mauvaise action car anticoloniaux et antifrançais ». Quant à leur auteur, il est qualifié de « bateleur d’estrade », tout juste bon à séduire « les nombreuses midinettes parisiennes », à ranger au même rayon que « les romanciers véreux qui font de l’argent avec des livres graveleux ». On accuse encore Albert Londres d’avoir regardé l’Afrique « avec des lunettes de théâtre » quand il aurait fallu de fortes lunettes de marine ». (…) « Un livre dangereux » s’indigne L’Avenir du Tonkin le 19 juin 1929 . Plus énergique encore, sous le titre « Terre d’ébène et tête de pipe », La Gazette coloniale du 7 mars 1929 regrette que le reporter « n’ait pas reçu des coloniaux intéressés la nécessaire correction. ». Elle se promet même de lui organiser « une solide garde d’honneur » constituée de journalistes de la presse coloniale, au jour de sa prochaine comparution devant le tribunal correctionnel où elle ne manquera pas de l’assigner. » Et plus loin « La Gazette coloniale du 7 mars 1929 lui reproche surtout « les ordures qu’il a éparpillées autour de ses quatre-vint-deux-kilogrammes ».
Vous trouverez dans cet ouvrage de Folléas les références de quelques journaux qui prirent la défense du reporter, même si beaucoup concédaient que les feuilles d’Albert Londres révélaient son manque de connaissances de l’Afrique et des Africains et que son ton gouailleur et son humour pouvaient tout à fait conforter le racisme de ses contemporains.
D’autres références sont sans doute accessibles en consultant la presse coloniale, par exemple, sur le site deGallica .
Cet article de Sophie Desmoulin consultable sur Cairn, «« Quatre mois parmi nos Noirs d’Afrique » à la une du Petit Parisien : représentations de l’Afrique et de l’Africain à la fin des années 1920 » , Le Temps des médias, 2016/1 (n° 26), p. 57-74, vous apportera, outre un bon éclairage sur les enjeux de la publication de ce reportage, des références supplémentaires.
Par ailleurs, la biographie rédigée par Pierre Assouline, Albert Londres vie et mort d'un grand reporter, 1884-1932 devrait vous intéresser.
Enfin, voir aussi, pour information, le site duPrix Albert Londres
Bonnes lectures !
Publié pour la première fois sous forme d’épisodes dans Le Petit Parisien entre septembre et novembre 1928 sous le titre « Quatre mois parmi nos noirs d’Afrique », le reportage d’
Vous trouverez un écho des attaques faites contre son auteur dans l’ouvrage de Didier Folléas,
« La presse du parti colonial se déchaîne contre son confrère du Petit Parisien. « Métis, juif, ramasseur de mégots, vil feuilletoniste ». De 1928 à 1929, aucune insulte ne lui est épargnée. On lui reproche d’être venu « cracher sur le couscous » que lui offraient les coloniaux. « Pourquoi ce style haletant et cet abus de points d’exclamation ? Pourquoi ces contes à dormir debout ? » s’interroge
Pour sa part,
Vous trouverez dans cet ouvrage de Folléas les références de quelques journaux qui prirent la défense du reporter, même si beaucoup concédaient que les feuilles d’Albert Londres révélaient son manque de connaissances de l’Afrique et des Africains et que son ton gouailleur et son humour pouvaient tout à fait conforter le racisme de ses contemporains.
D’autres références sont sans doute accessibles en consultant la presse coloniale, par exemple, sur le site de
Cet article de Sophie Desmoulin consultable sur Cairn, «
Par ailleurs, la biographie rédigée par Pierre Assouline,
Enfin, voir aussi, pour information, le site du
Bonnes lectures !
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