FRANCE DE 1789.
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 29/10/2019 à 16h11
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Question d'origine :
S.V.P.
Si la France de 1789 , était essentiellement rurale et paysanne, quelles étaient alors,outres Paris, les villes les plus peuplées dans notre pays. merci.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 31/10/2019 à 10h05
Bonjour,
L’Etude de la population pendant la Révolution et l'Empire de Marcel Reinhard nous aurait peut-être aidés à répondre à votre question, malheureusement il nous est actuellement impossible de consulter ce document, déplacé aux Archives départementales dans le cadre des travaux du Silo de la bibliothèque municipale de Lyon.
Cependant, d’autres sources nous fournissent des indications sur la répartition de la population française en 1789 :
«L’expansion urbaine au XVIIIe siècle
L'urbanisme s'inscrit désormais dans une augmentation de la taille des villes : Paris passe d'une superficie de 1.100 hectares vers 1715, à plus de 3.500 en 1789. En 1700, une vingtaine de villes dépasse les 30.000 habitants.Paris est de loin le premier centre urbain du royaume avec 505.000 habitants, suivie par Lyon (97.000), Marseille (75.000), Rouen (64.000) et Lille (55.000) .
Après 1740, le développement des villes s'accélère, lié à l'essor économique de cette période. En 1790, Paris compte 600.000 habitants, Lyon 150.000, Marseille et Bordeaux 110.000, Nantes 80.000, Toulouse 50.000. Les grandes villes du XVIIIe siècle correspondent déjà à nos métropoles du XXIe siècle. »
Source : Comment étaient les villes avant la Révolution française ? futura-sciences.com
« […] les gouvernements qui se sont succédé de 1789 à 1799 n’ont pas été capables de produire des statistiques fiables : ils disposaient d’un vigoureux pouvoir de commandement, ce qui leur permettait d’exiger des autorités municipales des enquêtes répétées, mais ils n’avaient pas les moyens d’en assurer l’exploitation, ni la récapitulation à l’échelle nationale. Des sept dénombrements prescrits durant cette période, aucun n’a fait l’objet à l’époque d’une publication complète. Même les résultats qui figurent dans le Nouveau dictionnaire géographique de Pinteville de Cernon (1792) ne sont pas homogènes : pour la plupart des départements, il s’agit de l’enquête du Comité de division, mais pour 34 autres, dont les chiffres n’avaient pas été communiqués, l’auteur a procédé à des évaluations grossières. Il subsiste heureusement, dans les archives départementales et même aux Archives nationales, beaucoup de documents de base qui permettent de reprendre les calculs. De même, on a retrouvé une grande partie des statistiques départementales élaborées en 1793 et en 1794 à la double initiative du Comité de division et de la Convention elle-même ; et quelques statistiques cantonales constituées en vertu de la circulaire de 23 mai 1796 (recensement dit de l’an IV).
Il serait donc possible, au prix d’un patient travail, de reconstituer la répartition de la population française pendant la période révolutionnaire ; une bonne part des matériaux est déjà disponible dans les 22 Dictionnaires départementaux publiés de la collection « Paroisses et communes de France ». En attendant, il subsiste beaucoup d’incertitudes. […]
L’impact de la Révolution sur le réseau urbain
Sous l’Ancien Régime, les grandes cités présentaient un bilan naturel apparemment équilibré ; à Paris par exemple, le nombre des naissances l’emportait sur celui des décès (au cours de la décennie 1780-1789, 202,400 baptêmes pour 196,400 sépultures), mais cet équilibre était de pure façade : en effet, la plupart des nouveau-nés de la capitale étaient envoyés en nourrice à la campagne, où leurs décès (5,000 par an ?) étaient comptabilisés, échappant ainsi à la statistique parisienne.
Pendant la Terreur, le placement des enfants à la campagne devient plus difficile, si bien qu’à Paris, de 1794 à 1796, le nombre de décès l’emporte sur celui des naissances, mais le déficit du mouvement naturel, pour l’ensemble de la décennie, n’a pu excéder 40,000 ; et il ne peut suffire à expliquer à lui seul la chute de la population :on ne trouve plus, au recensement de 1801, que 547,756 habitants, alors qu’il y en avait probablement 620,000 au début de la Révolution . La part de Paris dans le total national des mariages, qui était de 21,1‰ à la fin de l’Ancien Régime, et avait atteint 28,7‰ en 1790-1794, tombe à 17,7‰ dans la première décennie du XIXe siècle.
On observe un recul analogue pour la plupart des autres grandes villes : en quinze ans, la population de Lyon serait tombée de 135,000 à 102,000, celle de Bordeaux de 104,500 à 93,000, celle de Lille de 66,000 à 61,500, celle de Toulouse de 53,000 à 49,000 . Pour l’ensemble des 9 « grandes villes » ainsi définies par l’INED (les précédentes, plus Marseilles, Rouen, Nantes, Strasbourg, et Nice ), le nombre annuel des mariages et surtout leur part dans le total national évoluent comme à Paris : 6,290 en moyenne par an (soit 26,1‰ des mariages nationaux) avant la Révolution ; 7,600 (28,3‰) en 1790-1794 ; 4,620 (20,2‰) pendant la période 1801-1809.
Ce déclin relatif résulte en partie de la surmortalité urbaine, mais l’essentiel est ailleurs, dans le renversement des bilans migratoires. Quelques monographies l’ont établi : alors qu’en ville les flux d’immigration apparaissent assez constants, les rythmes de l’émigration sont plus heurtés et enregistrent bien davantage les variations courtes de la conjoncture économique ou politique. Les mouvements de départ constituent pour les villes anciennes un volant régulateur. A Caen par exemple, le nombre annuel moyen des entrées, qui était de 630 pendant la période 1775-1789, ne descend qu’à 507 en 1790-1793 ; mais celui des sorties passe de 740 à 1,500, ce qui multiplie par 9 le déficit du bilan migratoire (de 110 à 993). Le retournement de la conjoncture économique à partir du règne de Louis XVI a créé ce déficit, mais c’est avec la Révolution qu’il prend un tour catastrophique. La ville ne sait plus retenir ses habitants ; après les échauffourées de novembre 1791, 150 familles de gentilhommes se réfugient dans leur campagne, et y restent ; parallèlement, le nombre de domestiques, qui s’élevait à 2,300 vers 1750 et devait approcher de 3,000 en 1790, tombe à 1,500 en 1792. De même à Nancy, entre 1789 et l’an IV, le groupe des clercs, des nobles et des rentiers diminue d’un tiers, et celui des domestiques de moitié. Strasbourg connaît une situation analogue.
Caen, Strasbourg et Nancy sont de grandes villes . Leur cas rappelle ceux de Paris, Lyon, Bordeaux et Lille, cités plus haut. Les villes moyennes, comme Chartres, ont moins souffert, et il y a même légère croissance des petites villes, du moins pour l’ensemble de la période 1780-1806 […].
Source : Histoire de la population française. 03 [Livre] : De 1789 à 1914, sous la direction de Jacques Dupâquier
Pour aller plus loin vous pourriez consulter les dictionnaires départementaux de la collection Paroisses et communes de France.
Bonne journée.
L’Etude de la population pendant la Révolution et l'Empire de Marcel Reinhard nous aurait peut-être aidés à répondre à votre question, malheureusement il nous est actuellement impossible de consulter ce document, déplacé aux Archives départementales dans le cadre des travaux du Silo de la bibliothèque municipale de Lyon.
Cependant, d’autres sources nous fournissent des indications sur la répartition de la population française en 1789 :
«
L'urbanisme s'inscrit désormais dans une augmentation de la taille des villes : Paris passe d'une superficie de 1.100 hectares vers 1715, à plus de 3.500 en 1789. En 1700, une vingtaine de villes dépasse les 30.000 habitants.
Après 1740, le développement des villes s'accélère, lié à l'essor économique de cette période. En 1790, Paris compte 600.000 habitants, Lyon 150.000, Marseille et Bordeaux 110.000, Nantes 80.000, Toulouse 50.000. Les grandes villes du XVIIIe siècle correspondent déjà à nos métropoles du XXIe siècle. »
Source : Comment étaient les villes avant la Révolution française ? futura-sciences.com
« […] les gouvernements qui se sont succédé de 1789 à 1799 n’ont pas été capables de produire des statistiques fiables : ils disposaient d’un vigoureux pouvoir de commandement, ce qui leur permettait d’exiger des autorités municipales des enquêtes répétées, mais ils n’avaient pas les moyens d’en assurer l’exploitation, ni la récapitulation à l’échelle nationale. Des sept dénombrements prescrits durant cette période, aucun n’a fait l’objet à l’époque d’une publication complète. Même les résultats qui figurent dans le Nouveau dictionnaire géographique de Pinteville de Cernon (1792) ne sont pas homogènes : pour la plupart des départements, il s’agit de l’enquête du Comité de division, mais pour 34 autres, dont les chiffres n’avaient pas été communiqués, l’auteur a procédé à des évaluations grossières. Il subsiste heureusement, dans les archives départementales et même aux Archives nationales, beaucoup de documents de base qui permettent de reprendre les calculs. De même, on a retrouvé une grande partie des statistiques départementales élaborées en 1793 et en 1794 à la double initiative du Comité de division et de la Convention elle-même ; et quelques statistiques cantonales constituées en vertu de la circulaire de 23 mai 1796 (recensement dit de l’an IV).
Il serait donc possible, au prix d’un patient travail, de reconstituer la répartition de la population française pendant la période révolutionnaire ; une bonne part des matériaux est déjà disponible dans les 22 Dictionnaires départementaux publiés de la collection « Paroisses et communes de France ». En attendant, il subsiste beaucoup d’incertitudes. […]
L’impact de la Révolution sur le réseau urbain
Sous l’Ancien Régime, les grandes cités présentaient un bilan naturel apparemment équilibré ; à Paris par exemple, le nombre des naissances l’emportait sur celui des décès (au cours de la décennie 1780-1789, 202,400 baptêmes pour 196,400 sépultures), mais cet équilibre était de pure façade : en effet, la plupart des nouveau-nés de la capitale étaient envoyés en nourrice à la campagne, où leurs décès (5,000 par an ?) étaient comptabilisés, échappant ainsi à la statistique parisienne.
Pendant la Terreur, le placement des enfants à la campagne devient plus difficile, si bien qu’à Paris, de 1794 à 1796, le nombre de décès l’emporte sur celui des naissances, mais le déficit du mouvement naturel, pour l’ensemble de la décennie, n’a pu excéder 40,000 ; et il ne peut suffire à expliquer à lui seul la chute de la population :
Ce déclin relatif résulte en partie de la surmortalité urbaine, mais l’essentiel est ailleurs, dans le renversement des bilans migratoires. Quelques monographies l’ont établi : alors qu’en ville les flux d’immigration apparaissent assez constants, les rythmes de l’émigration sont plus heurtés et enregistrent bien davantage les variations courtes de la conjoncture économique ou politique. Les mouvements de départ constituent pour les villes anciennes un volant régulateur. A Caen par exemple, le nombre annuel moyen des entrées, qui était de 630 pendant la période 1775-1789, ne descend qu’à 507 en 1790-1793 ; mais celui des sorties passe de 740 à 1,500, ce qui multiplie par 9 le déficit du bilan migratoire (de 110 à 993). Le retournement de la conjoncture économique à partir du règne de Louis XVI a créé ce déficit, mais c’est avec la Révolution qu’il prend un tour catastrophique. La ville ne sait plus retenir ses habitants ; après les échauffourées de novembre 1791, 150 familles de gentilhommes se réfugient dans leur campagne, et y restent ; parallèlement, le nombre de domestiques, qui s’élevait à 2,300 vers 1750 et devait approcher de 3,000 en 1790, tombe à 1,500 en 1792. De même à Nancy, entre 1789 et l’an IV, le groupe des clercs, des nobles et des rentiers diminue d’un tiers, et celui des domestiques de moitié. Strasbourg connaît une situation analogue.
Source : Histoire de la population française. 03 [Livre] : De 1789 à 1914, sous la direction de Jacques Dupâquier
Pour aller plus loin vous pourriez consulter les dictionnaires départementaux de la collection Paroisses et communes de France.
Bonne journée.
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