Enfants orphelins réfugiés après la guerre d'Espagne
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 28/10/2019 à 23h46
916 vues
Question d'origine :
Bon jour,
Auriez vous la réponse à cette question
Que sont devenus les enfants orphelins accueillis en France pendant la guerre d'Espagne ? Ont-ils pu acquérir la nationalité française ? Dans quelles conditions
Merci d'avance pour votre réponse
Cordialement
DdeV
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 31/10/2019 à 14h03
Bonjour,
Nous ne sommes hélas pas parvenus à trouver de renseignements sur les seuls orphelins, leur nombre ou si un traitement particulier leur a été réservé. Nous n’avons pas non plus trouvé de chiffres sur les adoptions éventuelles d’orphelins espagnols à l’issue de la guerre d’Espagne.
Ainsi, on peut supposer qu’ils ont suivi peu ou prou la trajectoire des autres enfants. Parmi eux, certains ont été rapatriés et notamment de nombreux orphelins. D’autres ont été envoyés dans d’autres pays (notamment le Mexique). Pour ceux qui sont restés, ils ont poursuivi des études, été employés dans les campagnes ou l’industrie quand leur âge le permettait, ils ont alors bénéficié quand ce fut possible du statut de réfugié et pu demander leur naturalisation.
Ces différents cas de figures sont explicités dans les textes ci-après, le premier étant le plus riche en renseignements :
« D’après diverses estimations, entre 30 000 et 70 000 enfants réfugiés de la guerre civile d’Espagne ont trouvé asile en France entre 1936 et 1939. Au cours des grandes vagues d’exode, ils ont quitté leur pays, en famille ou seuls, plus ou moins égarés par les tourments de la guerre et les aléas de l’exil. Dès septembre 1936, ce sont surtout des petits basques qui fuient des villes assiégées, puis en 1937 et 1938, l’avancée des troupes franquistes entraîne d’autres arrivées massives d’enfants en France. La gran retirada de 1939 jette à travers les Pyrénées des familles entières, des combattants abandonnant les armes, des vieillards comme des enfants, etc.D’où l’extrême diversité des situations des enfants réfugiés de la guerre civile d’Espagne : une fratrie mise à l’abri des combats par des parents restés au pays, des orphelins de guerre, des enfants arrivés en France avec leurs parents, souvent avec seulement leur mère, des enfants perdus… Les modalités de l’accueil en France sont également très diverses : certains enfants se retrouvent hébergés isolément dans des familles d’accueil qui reçoivent pour ce faire des subsides de l’Etat français, d’autres sont abrités collectivement dans des colonies de vacances, des sanatoriums, des hôpitaux. Des municipalités, des départements sont plus enclins à organiser correctement l’accueil des petits réfugiés que d’autres qui se sentent moins concernés car moins proches politiquement ou religieusement des arrivants… Tous les cas de figures se rencontrent donc à l’échelle de l’hexagone !
[…]
Dès avant la fin de l’année 1936, des Français demandent à adopter des enfants espagnols. A propos de la demande d’un instituteur du département du Nord qui veut adopter un orphelin réfugié en Maine-et-Loire, le ministère de l’Intérieur écrit au préfet qu’il ne peut être pris que bonne note de cette demande, « dans l’ignorance où nous sommes encore de la situation de famille de la plupart des enfants hébergés ». Comme nous l’avons écrit, l’UISE préconise de rapatrier au plus vite les enfants réclamés par leurs parents restés en Espagne ; pour les orphelins ou pour ceux qui ne seraient pas réclamés, « il est évident qu’ils ne pourront rentrer que lorsque la situation sera tout à fait normale en Espagne », mais jamais l’adoption n’est envisagée comme une solution.[…] Et puis,le rapatriement demeure la règle . Après la déclaration de guerre de septembre 1939 – il reste alors environ 650 réfugiés espagnols en Maine-et-Loire – les autorités françaises accélèrent encore les procédures de rapatriement. Le 10 octobre, 39 « enfants orphelins ou dont les parents sont domiciliés en Espagne » hébergés dans l’ensemble du département sont rapatriés. […] En février 1940, alors que les menaces d’attaque allemande se font plus précises, le ministre de l’Intérieur indique aux préfets qu’il faut « apporter au problème des réfugiés espagnols une solution définitive en faisant entrer ceux qui séjournent encore sur notre sol sous le régime normal des étrangers résidents en France ». Pour les mineurs, doivent rentrer au pays « les enfants dont les parents sont en Espagne », en respectant les règles strictes imposées depuis mai 1937, et les orphelins. Cependant, certains de ces derniers peuvent être confiés à l’Assistance publique, les préfets étant laissés juge des solutions les mieux adaptées. En mars 1940, le ministre de l’Agriculture envisage la possibilité de donner aux orphelins une formation agricole qui leur permettrait de devenir vachers .
[…]
La naturalisation intervient plus ou moins tôt en fonction des circonstances : pour obtenir une bourse pour poursuivre des études secondaires […] ou supérieures, pour pouvoir se rendre à l’étranger – notamment en Espagne franquiste – avec un passeport français permettant d’éviter tout désagrément, etc. Pour les petits frères et sœurs de la génération 1925-1939, la naturalisation est évidente s’ils sont nés en France puisque le principe du jus soli s’applique.
La société française et les enfants réfugiés de la guerre civile d’Espagne (1936-1950) : accueil, méfiance, intégration, Yves Denéchère (cliquez sur Fichier pour pouvoir enregistrer et lire le texte complet).
Voir aussi :
- La tutelle des enfants républicains expatriés pendant la Guerre d’Espagne: dispositions légales et conflits internes, 1936-19381, Jesús J. Alonso Carballés(Université de Bordeaux)3 in Les enfants de la guerre d'Espagne. Expériences et représentations culturelles – Colloque
- L'exil des républicains espagnols en France: de la guerre civile à la mort de Franco, et L’accueil des enfants espagnols en France pendant la guerre d’Espagne et après la victoire franquiste, Documents pour l’histoire du français langue étrangère, 46/2011, de Geneviève Dreyfus-Armand
- Persécutions d'exil. La répression politique des républicains espagnols en France (1937-1951), Jordi Guixé, dans Relations internationales 2010/2 (n° 142), pages 71 à 86
- Réfugiés et apatrides : administrer l'asile en France, 1920-1960
- Paroles orphelines : les enfants et la guerre d'Espagne, Verónica Sierra Blas, notamment p. 85.
Les réfugiés espagnols en France de 1945 à 1981, Aline Angoustures, Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine Année 1997 44-3 pp. 457-483 étudie bien ce qu’il advient des Espagnols restés en France, mais ne mentionne pas les orphelins. Elle reprend et approfondit des éléments (mariage mixte et élévation sociale notamment) que l'on trouve dans le premier texte et précise que les demandes de naturalisation viennent surtout des enfants réfugiés pendant la guerre, bien plus que de leurs parents ou des adultes.
Pour finir, si le sujet vous intéresse, de nombreux textes de Celia Karen, qui y a consacré sa thèse documentent les conditions d’accueil des enfants de 1936 à 1940 :
L'évacuation et l'accueil des enfants espagnols en France : cartographie d'une mobilisation transnationale (1936-1940), Thèse soutenue le 08 décembre 2014
Négocier l’aide humanitaire : les évacuations d’enfants espagnols vers la France pendant la guerre civile (1936-1939), rhei, 15/2013
Les enfants espagnols réfugiés en France. 1939 ou la crise de la solidarité ouvrière, Cahiers du Centre de recherches historiques, 44/2009
Quand la CGT faisait de l’humanitaire : l’accueil des enfants d’Espagne (1936-1939), Le Mouvement Social 2018/3 (n° 264), pages 15 à 39
Bonnes lectures !
Nous ne sommes hélas pas parvenus à trouver de renseignements sur les seuls orphelins, leur nombre ou si un traitement particulier leur a été réservé. Nous n’avons pas non plus trouvé de chiffres sur les adoptions éventuelles d’orphelins espagnols à l’issue de la guerre d’Espagne.
Ainsi, on peut supposer qu’ils ont suivi peu ou prou la trajectoire des autres enfants. Parmi eux, certains ont été rapatriés et notamment de nombreux orphelins. D’autres ont été envoyés dans d’autres pays (notamment le Mexique). Pour ceux qui sont restés, ils ont poursuivi des études, été employés dans les campagnes ou l’industrie quand leur âge le permettait, ils ont alors bénéficié quand ce fut possible du statut de réfugié et pu demander leur naturalisation.
Ces différents cas de figures sont explicités dans les textes ci-après, le premier étant le plus riche en renseignements :
« D’après diverses estimations, entre 30 000 et 70 000 enfants réfugiés de la guerre civile d’Espagne ont trouvé asile en France entre 1936 et 1939. Au cours des grandes vagues d’exode, ils ont quitté leur pays, en famille ou seuls, plus ou moins égarés par les tourments de la guerre et les aléas de l’exil. Dès septembre 1936, ce sont surtout des petits basques qui fuient des villes assiégées, puis en 1937 et 1938, l’avancée des troupes franquistes entraîne d’autres arrivées massives d’enfants en France. La gran retirada de 1939 jette à travers les Pyrénées des familles entières, des combattants abandonnant les armes, des vieillards comme des enfants, etc.
[…]
Dès avant la fin de l’année 1936, des Français demandent à adopter des enfants espagnols. A propos de la demande d’un instituteur du département du Nord qui veut adopter un orphelin réfugié en Maine-et-Loire, le ministère de l’Intérieur écrit au préfet qu’il ne peut être pris que bonne note de cette demande, « dans l’ignorance où nous sommes encore de la situation de famille de la plupart des enfants hébergés ». Comme nous l’avons écrit, l’UISE préconise de rapatrier au plus vite les enfants réclamés par leurs parents restés en Espagne ; pour les orphelins ou pour ceux qui ne seraient pas réclamés, « il est évident qu’ils ne pourront rentrer que lorsque la situation sera tout à fait normale en Espagne », mais jamais l’adoption n’est envisagée comme une solution.[…] Et puis,
[…]
La société française et les enfants réfugiés de la guerre civile d’Espagne (1936-1950) : accueil, méfiance, intégration, Yves Denéchère (cliquez sur Fichier pour pouvoir enregistrer et lire le texte complet).
Voir aussi :
- La tutelle des enfants républicains expatriés pendant la Guerre d’Espagne: dispositions légales et conflits internes, 1936-19381, Jesús J. Alonso Carballés(Université de Bordeaux)3 in Les enfants de la guerre d'Espagne. Expériences et représentations culturelles – Colloque
- L'exil des républicains espagnols en France: de la guerre civile à la mort de Franco, et L’accueil des enfants espagnols en France pendant la guerre d’Espagne et après la victoire franquiste, Documents pour l’histoire du français langue étrangère, 46/2011, de Geneviève Dreyfus-Armand
- Persécutions d'exil. La répression politique des républicains espagnols en France (1937-1951), Jordi Guixé, dans Relations internationales 2010/2 (n° 142), pages 71 à 86
- Réfugiés et apatrides : administrer l'asile en France, 1920-1960
- Paroles orphelines : les enfants et la guerre d'Espagne, Verónica Sierra Blas, notamment p. 85.
Les réfugiés espagnols en France de 1945 à 1981, Aline Angoustures, Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine Année 1997 44-3 pp. 457-483 étudie bien ce qu’il advient des Espagnols restés en France, mais ne mentionne pas les orphelins. Elle reprend et approfondit des éléments (mariage mixte et élévation sociale notamment) que l'on trouve dans le premier texte et précise que les demandes de naturalisation viennent surtout des enfants réfugiés pendant la guerre, bien plus que de leurs parents ou des adultes.
Pour finir, si le sujet vous intéresse, de nombreux textes de Celia Karen, qui y a consacré sa thèse documentent les conditions d’accueil des enfants de 1936 à 1940 :
L'évacuation et l'accueil des enfants espagnols en France : cartographie d'une mobilisation transnationale (1936-1940), Thèse soutenue le 08 décembre 2014
Négocier l’aide humanitaire : les évacuations d’enfants espagnols vers la France pendant la guerre civile (1936-1939), rhei, 15/2013
Les enfants espagnols réfugiés en France. 1939 ou la crise de la solidarité ouvrière, Cahiers du Centre de recherches historiques, 44/2009
Quand la CGT faisait de l’humanitaire : l’accueil des enfants d’Espagne (1936-1939), Le Mouvement Social 2018/3 (n° 264), pages 15 à 39
Bonnes lectures !
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