Communistes français collabos ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 20/10/2019 à 00h24
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Question d'origine :
Les communistes français ont-ils « collaboré avec les nazis pendant deux ans, jusqu'en 1941 », comme aime à le répéter M. Onfray ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/10/2019 à 14h56
Bonjour,
Dans une réponse portant sur les liens entre le communisme et la résistance française pendant la seconde guerre mondiale, nous citions entre autres l’ouvrage de Roger Bourderon, Le PCF à l'épreuve de la guerre : 1940-1943 : de la guerre impérialiste à la lutte armée :
« De la défaite de l’été 1940 à l’action directe contre l’occupant, la politique du Parti communiste français évolue dans une contradiction majeure entre la revendication hautement proclamée de l’indépendance nationale, la dénonciation d’un gouvernement de traîtres et de valets, l’affirmation de la nécessité de mobiliser les masses pour la défense de leurs intérêts d’une part, et le refus de situer le combat communiste dans la poursuite d’une guerre qualifiée d’impérialiste des deux côtés, sans établir de distinction entre les buts de guerre britanniques et allemands, ramenés à la volonté d’asservissement des peuples au grand capital. Cette contradiction est au départ politiquement paralysante car elle empêche d’ouvrir une perspective stratégique un tant soit peu réaliste, d’autant qu’elle s’accompagne jusqu’en août 1940 de tentations et de tentatives légalistes et que le slogan de la libération sociale comme condition de la libération nationale développé les semaines suivantes est totalement inadapté aux circonstances. Le slogan de la libération sociale apparaît comme une sorte de palliatif : la reconquête de l’indépendance nationale ne pouvant se faire en revenant dans une guerre qui n’est autre que celle des capitalistes, la révolution socialiste est la seule solution pour atteindre cet objectif.
De cette première période de confusion totale demeurera toutefois le mot d’ordre lançant les comités populaires, d’abord envisagés dans un cadre légal pour organiser la solidarité et l’entraide, mais qui deviennent très rapidement un outil clandestin pour reprendre contact avec les couches populaires, notamment dans les usines. Au niveau de la direction, […] la sortie des errements initiaux est à la fois incontestable et partielle, puisque même la création du Front national en mai 1941 ne fait pas revenir complètement sur le thème de la guerre impérialiste. En même temps, les dénonciations répétées du gouvernement de Vichy, de la collaboration, de l’antisémitisme, de la réaction anti-intellectuelle, de la situation matérielle des Français, de l’occupant, mis en cause sous une forme de plus en plus directe et vigoureuse à partir de septembre 1940, vont de pair avec les appels répétés à l’organisation et à l’action, notamment revendicative, face à une situation intolérable.
Comment qualifier ces dénonciations et ces appels que l’on trouve en permanence dans l’Humanité et dans les tracts ? Malgré toutes les limites que nous avons relevées dans leur contenu, ces textes, loin de se ramener au seul refus de la guerre impérialiste, à l’agitation anticapitaliste et à une neutralité plus ou moins complice face à l’occupant, constituent autant d’affirmations de la volonté de refuser la situation présente et de la nécessité de lui opposer une résistance constante. »
Et l’ouvrage de Franck Liaigre, Les FTP, nouvelle histoire d’une résistance :
« Le Parti communiste français assure avoir combattu les Allemands dès 1940, poursuivant ainsi l’engagement armé qui fut le sien durant la guerre d’Espagne dans les Brigades internationales. Ces allégations sont battues en brèche par des anciens cadres de la résistance communiste demeurés membres du PCF mais qui militent anonymement au sein du groupe Unir. A l’orée des années 1960, ils affirment que les communistes français ont suivi deux lignes diamétralement opposées. Selon eux, la direction nationale du PCF n’a aucunement résisté aux Allemands en 1940 : fidèle à la ligne neutraliste et pacifiste prescrite par Moscou, elle s’est cantonnée dans une prudente réserve à l’égard de l’occupant tout en plébiscitant le pacte de non-agression signé le 23 août 1939 entre l’URSS et l’Allemagne nazie. Mais ils soulignent a contrario que de nombreux militants provinciaux sont entrés en résistance dès 1940 en dépit des consignes du « Centre » parisien. Parmi eux, ajoutent-ils, certains, souvent passés par la guerre d’Espagne, commettent d’emblée des attentats.
Les historiens communistes soutiennent la version orthodoxe, l’écrasante majorité des historiens non communistes adhèrent à la thèse dite de la double ligne. […]
Le lancement de la lutte armée à l’été 1941
Le PCF crée ses premiers groupes armés à l’été 1941 sur ordre de l’Internationale communiste (IC) qui multiplie les télégrammes depuis que l’Allemagne nazie a attaqué l’URSS le 22 juin de la même année. […]
Le berceau de la lutte armée
Trois branches armées sont constituées en région parisienne à l’été 1941 : les « adultes » venant du PCF sont versées à l’Organisation spéciale (OS) que dirigent au plan national Eugène Hénaff et Jules Dumont ; les membres des Jeunesses communistes (JC) qui s’engagent dans la lutte armée sont placés sous la direction d’Albert Ouzoulias et Pierre Georges ; les communistes d’origine étrangère sont affectés à la branche de l’Organisation spéciale liée à la MOI (OS-MOI). Ces trois branches fusionnent à l’automne 1941 pour former l’OS unifiée. En l’état actuel de la recherche, une seule branche armée, sur les trois émanant du PCF et de ses organisations affiliées, est connue par l’archive : les Jeunesses communistes armées parfois dénommées les « Bataillons de la jeunesse », une appellation contestée mais bien réelle. Pierre Georges dispose de deux combattants en juillet 1941. Un second groupe armé, auquel appartiennent sept volontaires dirigés par Gilbert Brustlein, émerge en août 1941. Pierre Georges peut compter sur un troisième groupe, composé de trois Francs-tireurs, en septembre 1941. Deux nouveaux groupes sont créés en novembre 1941, compensant ainsi la perte du groupe Brustlein, démantelé fin octobre-début novembre 1941. Lors du second semestre 1941, ces « Bataillons » constituent le fer de lance de la lutte armée communiste en région parisienne. Ils y commettent la plupart des attentats – 85% des attentats dont les auteurs sont identifiés – et surtout mènent l’essentiel des actions retentissantes, à commencer par les attentats individuels contre des militaires allemands – 13 en région parisienne dont 2 mortels lors du second semestre 1941.
Les groupes adultes de l’OS et l’OS-MOI ont bel et bien été formés en région parisienne lors du second semestre 1941 comme en témoignent les rares indices collectés à l’issue d’une longue plongée dans les archives : une dizaine de leurs membres ont été condamnés à mort en avril 1942 lors du procès dit de la Maison de la Chimie ; 16 Francs-tireurs arrêtés ultérieurement ont avoué leur participation à la lutte armée au second semestre 1941 ; un recensement des Francs-tireurs parisiens, saisi par la police au domicile de Jules Dumont en décembre 1941, atteste de leur présence en novembre de la même année.
Des témoins et des historiens communistes soutiennent cependant que l’OS a agi en région parisienne avant le 22 juin 1941 sur ordre du Parti. Ils prétendent que des attentats y ont été commis contre l’occupant dès 1940. […]
D’autres témoignages ont été vérifiés […] : il est impossible de confirmer la présence de groupes armés communistes en région parisienne avant l’été 1941. Si, dans l’absolu, le silence des archives ne peut ériger en certitude l’inexistence de l’OS en Ile-de-France, l’absence de traces archivistiques, au-delà des récits testimoniaux, interdit que l’on pose sa présence comme certaine. »
Pour approfondir le sujet nous vous conseillons les deux ouvrages suivants :
La négociation, été 1940 : crise au PCF, Roger Bourderon
« En juin 1940, dans Paris occupé par les troupes allemandes, Maurice Tréand, responsable des cadres du PCF, et Jean Catelas, député d’Amiens, négocient à l’ambassade d’Allemagne la reparution légale de l’Humanité, avec l’accord de Jacques Duclos, secrétaire du parti. Les oppositions à cette démarche, condamnée début août par le Komintern, sont nombreuses. Duclos dédouané de toute implication dans l’épisode, l’« affaire » Tréand commence et, avec elle, une grave crise de direction.
Rédigés en octobre 1940 et en février 1941, deux rapports d’Arthur Dallidet, proche collaborateur de Duclos, permettent de pénétrer au cœur des méthodes de direction du communisme kominternien et d’analyser le mécanisme de la disgrâce politique de Tréand et de son entourage – notamment de Jean Catelas –, sous l’accusation majeure de constitution d’un « groupe » antiparti.
Ces deux rapports sont contredits sur des points essentiels par le témoignage capital d’Odette Janvier, ancienne agent de liaison de Catelas, restée dans l’ombre jusqu’à ce jour. La confrontation entre le texte écrit et la parole d’un acteur plongé dans l’événement permet de mieux percevoir l’évolution de la crise.
Le destin tragique de Jean Catelas émerge des fureurs d’une époque où coexistent les aberrations politiques de la direction du PCF et les premiers linéaments de la résistance communiste, sur fond d’acharnement répressif de l’Etat français. De son implication dans les négociations de l’été 1940 et dans la reconstruction du parti aux côtés de Tréand jusqu’à son assassinat légal le 24 septembre 1941 par le Tribunal d’Etat créé par Vichy, l’itinéraire de Jean Catelas concentre les drames de l’année terrible qui s’écoule entre les deux étés de 1940 et de 1941.
Juin 40 la négociation secrète, Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier
Les auteurs présentent un document retrouvé aux archives, qui rend compte de l'argumentaire qui servit à la négociation entre Tréan représentant du PCF et Abetz pour obtenir la légalisation de l'activité communiste en juin 1940. Ils expliquent le paradoxe qui fait que les communistes aient négocié avec les nazis et qu'ils furent ceux qui payèrent le prix le plus fort de la répression allemande.
On trouve en complément des articles consultables dans Persée, par exemple :
• Le parti communiste français à l'épreuve des années noires, Jean-Pierre Azéma, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, Année 1984, 2, pp. 77-82
• Le Komintern et le Parti communiste français pendant la « drôle de guerre », 1939-1940. (D'après les archives du Komintern), V. P. Smirnov, Traducteur : Marie Tournié, Revue des Études Slaves, Année 1993, 65-4, pp. 671-690.
Pour finir, quelques articles de presse :
- Quand le PCF négociait avec les nazis, lemonde.fr
En juin 1940, dans Paris occupé, les dirigeants communistes proposent aux autorités allemandes d'autoriser la reparution de "L'Humanité". Leur argumentaire a été retrouvé.
- Le Parti communiste français était-il le parti des collabos ou des «75000 fusillés» ? liberation.fr
- Seconde Guerre mondiale : le Parti communiste français a-t-il collaboré avec les nazis ? francetvinfo.fr
Bonne journée.
Dans une réponse portant sur les liens entre le communisme et la résistance française pendant la seconde guerre mondiale, nous citions entre autres l’ouvrage de Roger Bourderon, Le PCF à l'épreuve de la guerre : 1940-1943 : de la guerre impérialiste à la lutte armée :
« De la défaite de l’été 1940 à l’action directe contre l’occupant, la politique du Parti communiste français évolue dans une contradiction majeure entre la revendication hautement proclamée de l’indépendance nationale, la dénonciation d’un gouvernement de traîtres et de valets, l’affirmation de la nécessité de mobiliser les masses pour la défense de leurs intérêts d’une part, et le refus de situer le combat communiste dans la poursuite d’une guerre qualifiée d’impérialiste des deux côtés, sans établir de distinction entre les buts de guerre britanniques et allemands, ramenés à la volonté d’asservissement des peuples au grand capital. Cette contradiction est au départ politiquement paralysante car elle empêche d’ouvrir une perspective stratégique un tant soit peu réaliste, d’autant qu’elle s’accompagne jusqu’en août 1940 de tentations et de tentatives légalistes et que le slogan de la libération sociale comme condition de la libération nationale développé les semaines suivantes est totalement inadapté aux circonstances. Le slogan de la libération sociale apparaît comme une sorte de palliatif : la reconquête de l’indépendance nationale ne pouvant se faire en revenant dans une guerre qui n’est autre que celle des capitalistes, la révolution socialiste est la seule solution pour atteindre cet objectif.
De cette première période de confusion totale demeurera toutefois le mot d’ordre lançant les comités populaires, d’abord envisagés dans un cadre légal pour organiser la solidarité et l’entraide, mais qui deviennent très rapidement un outil clandestin pour reprendre contact avec les couches populaires, notamment dans les usines. Au niveau de la direction, […] la sortie des errements initiaux est à la fois incontestable et partielle, puisque même la création du Front national en mai 1941 ne fait pas revenir complètement sur le thème de la guerre impérialiste. En même temps, les dénonciations répétées du gouvernement de Vichy, de la collaboration, de l’antisémitisme, de la réaction anti-intellectuelle, de la situation matérielle des Français, de l’occupant, mis en cause sous une forme de plus en plus directe et vigoureuse à partir de septembre 1940, vont de pair avec les appels répétés à l’organisation et à l’action, notamment revendicative, face à une situation intolérable.
Comment qualifier ces dénonciations et ces appels que l’on trouve en permanence dans l’Humanité et dans les tracts ? Malgré toutes les limites que nous avons relevées dans leur contenu, ces textes, loin de se ramener au seul refus de la guerre impérialiste, à l’agitation anticapitaliste et à une neutralité plus ou moins complice face à l’occupant, constituent autant d’affirmations de la volonté de refuser la situation présente et de la nécessité de lui opposer une résistance constante. »
Et l’ouvrage de Franck Liaigre, Les FTP, nouvelle histoire d’une résistance :
« Le Parti communiste français assure avoir combattu les Allemands dès 1940, poursuivant ainsi l’engagement armé qui fut le sien durant la guerre d’Espagne dans les Brigades internationales. Ces allégations sont battues en brèche par des anciens cadres de la résistance communiste demeurés membres du PCF mais qui militent anonymement au sein du groupe Unir. A l’orée des années 1960, ils affirment que les communistes français ont suivi deux lignes diamétralement opposées. Selon eux, la direction nationale du PCF n’a aucunement résisté aux Allemands en 1940 : fidèle à la ligne neutraliste et pacifiste prescrite par Moscou, elle s’est cantonnée dans une prudente réserve à l’égard de l’occupant tout en plébiscitant le pacte de non-agression signé le 23 août 1939 entre l’URSS et l’Allemagne nazie. Mais ils soulignent a contrario que de nombreux militants provinciaux sont entrés en résistance dès 1940 en dépit des consignes du « Centre » parisien. Parmi eux, ajoutent-ils, certains, souvent passés par la guerre d’Espagne, commettent d’emblée des attentats.
Les historiens communistes soutiennent la version orthodoxe, l’écrasante majorité des historiens non communistes adhèrent à la thèse dite de la double ligne. […]
Le lancement de la lutte armée à l’été 1941
Le PCF crée ses premiers groupes armés à l’été 1941 sur ordre de l’Internationale communiste (IC) qui multiplie les télégrammes depuis que l’Allemagne nazie a attaqué l’URSS le 22 juin de la même année. […]
Le berceau de la lutte armée
Trois branches armées sont constituées en région parisienne à l’été 1941 : les « adultes » venant du PCF sont versées à l’Organisation spéciale (OS) que dirigent au plan national Eugène Hénaff et Jules Dumont ; les membres des Jeunesses communistes (JC) qui s’engagent dans la lutte armée sont placés sous la direction d’Albert Ouzoulias et Pierre Georges ; les communistes d’origine étrangère sont affectés à la branche de l’Organisation spéciale liée à la MOI (OS-MOI). Ces trois branches fusionnent à l’automne 1941 pour former l’OS unifiée. En l’état actuel de la recherche, une seule branche armée, sur les trois émanant du PCF et de ses organisations affiliées, est connue par l’archive : les Jeunesses communistes armées parfois dénommées les « Bataillons de la jeunesse », une appellation contestée mais bien réelle. Pierre Georges dispose de deux combattants en juillet 1941. Un second groupe armé, auquel appartiennent sept volontaires dirigés par Gilbert Brustlein, émerge en août 1941. Pierre Georges peut compter sur un troisième groupe, composé de trois Francs-tireurs, en septembre 1941. Deux nouveaux groupes sont créés en novembre 1941, compensant ainsi la perte du groupe Brustlein, démantelé fin octobre-début novembre 1941. Lors du second semestre 1941, ces « Bataillons » constituent le fer de lance de la lutte armée communiste en région parisienne. Ils y commettent la plupart des attentats – 85% des attentats dont les auteurs sont identifiés – et surtout mènent l’essentiel des actions retentissantes, à commencer par les attentats individuels contre des militaires allemands – 13 en région parisienne dont 2 mortels lors du second semestre 1941.
Les groupes adultes de l’OS et l’OS-MOI ont bel et bien été formés en région parisienne lors du second semestre 1941 comme en témoignent les rares indices collectés à l’issue d’une longue plongée dans les archives : une dizaine de leurs membres ont été condamnés à mort en avril 1942 lors du procès dit de la Maison de la Chimie ; 16 Francs-tireurs arrêtés ultérieurement ont avoué leur participation à la lutte armée au second semestre 1941 ; un recensement des Francs-tireurs parisiens, saisi par la police au domicile de Jules Dumont en décembre 1941, atteste de leur présence en novembre de la même année.
Des témoins et des historiens communistes soutiennent cependant que l’OS a agi en région parisienne avant le 22 juin 1941 sur ordre du Parti. Ils prétendent que des attentats y ont été commis contre l’occupant dès 1940. […]
D’autres témoignages ont été vérifiés […] : il est impossible de confirmer la présence de groupes armés communistes en région parisienne avant l’été 1941. Si, dans l’absolu, le silence des archives ne peut ériger en certitude l’inexistence de l’OS en Ile-de-France, l’absence de traces archivistiques, au-delà des récits testimoniaux, interdit que l’on pose sa présence comme certaine. »
Pour approfondir le sujet nous vous conseillons les deux ouvrages suivants :
La négociation, été 1940 : crise au PCF, Roger Bourderon
« En juin 1940, dans Paris occupé par les troupes allemandes, Maurice Tréand, responsable des cadres du PCF, et Jean Catelas, député d’Amiens, négocient à l’ambassade d’Allemagne la reparution légale de l’Humanité, avec l’accord de Jacques Duclos, secrétaire du parti. Les oppositions à cette démarche, condamnée début août par le Komintern, sont nombreuses. Duclos dédouané de toute implication dans l’épisode, l’« affaire » Tréand commence et, avec elle, une grave crise de direction.
Rédigés en octobre 1940 et en février 1941, deux rapports d’Arthur Dallidet, proche collaborateur de Duclos, permettent de pénétrer au cœur des méthodes de direction du communisme kominternien et d’analyser le mécanisme de la disgrâce politique de Tréand et de son entourage – notamment de Jean Catelas –, sous l’accusation majeure de constitution d’un « groupe » antiparti.
Ces deux rapports sont contredits sur des points essentiels par le témoignage capital d’Odette Janvier, ancienne agent de liaison de Catelas, restée dans l’ombre jusqu’à ce jour. La confrontation entre le texte écrit et la parole d’un acteur plongé dans l’événement permet de mieux percevoir l’évolution de la crise.
Le destin tragique de Jean Catelas émerge des fureurs d’une époque où coexistent les aberrations politiques de la direction du PCF et les premiers linéaments de la résistance communiste, sur fond d’acharnement répressif de l’Etat français. De son implication dans les négociations de l’été 1940 et dans la reconstruction du parti aux côtés de Tréand jusqu’à son assassinat légal le 24 septembre 1941 par le Tribunal d’Etat créé par Vichy, l’itinéraire de Jean Catelas concentre les drames de l’année terrible qui s’écoule entre les deux étés de 1940 et de 1941.
Juin 40 la négociation secrète, Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier
Les auteurs présentent un document retrouvé aux archives, qui rend compte de l'argumentaire qui servit à la négociation entre Tréan représentant du PCF et Abetz pour obtenir la légalisation de l'activité communiste en juin 1940. Ils expliquent le paradoxe qui fait que les communistes aient négocié avec les nazis et qu'ils furent ceux qui payèrent le prix le plus fort de la répression allemande.
On trouve en complément des articles consultables dans Persée, par exemple :
• Le parti communiste français à l'épreuve des années noires, Jean-Pierre Azéma, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, Année 1984, 2, pp. 77-82
• Le Komintern et le Parti communiste français pendant la « drôle de guerre », 1939-1940. (D'après les archives du Komintern), V. P. Smirnov, Traducteur : Marie Tournié, Revue des Études Slaves, Année 1993, 65-4, pp. 671-690.
Pour finir, quelques articles de presse :
- Quand le PCF négociait avec les nazis, lemonde.fr
En juin 1940, dans Paris occupé, les dirigeants communistes proposent aux autorités allemandes d'autoriser la reparution de "L'Humanité". Leur argumentaire a été retrouvé.
- Le Parti communiste français était-il le parti des collabos ou des «75000 fusillés» ? liberation.fr
- Seconde Guerre mondiale : le Parti communiste français a-t-il collaboré avec les nazis ? francetvinfo.fr
Bonne journée.
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