pédagogie
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/09/2019 à 16h06
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Question d'origine :
Bonjour mesdames et mesdemoiselles.
Merci d'éclairer ma lanterne de bac-10 sur la différence pédagogique entre une école démocratique et une école Montessori ? Je vous réitére mes remerciements.
Commentaire de
DEVINES :
Publié le 26/09/2019 à 16:45
quelle est la légalité de ces enseignements ? subventions ? rapprochement avec les académies ? Liberté totale d'action ? N'existe-t-il pas de risque sectaire ?
Re-merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 27/09/2019 à 09h18
Bonjour,
Les articles cités ci-dessous vous apporteront une première réponse à l’ensemble de vos interrogations sur les écoles Montessori, leur pédagogie et leur statut en France :
« Créé et développé par l’italienne Maria Montessori dans les années 1900, la méthode Montessori est de plus en plus prisée par les parents en France comme à l’étranger. Basées sur le rythme de l’enfant, ces écoles se différencient des écoles dites “ traditionnelles”. Elles privilégient l'apprentissage de manière individuelle contrairement aux écoles traditionnelles où le collectif prime sur l’élève en tant que personne. “Chaque enfant est différent, en fonction de chacun on met en place un environnement préparé pour lui permettre d’exploiter au mieux son potentiel”, explique Sylvie d’Esclaibes. Cette phase intervient aux moments où les enfants absorbent le plus de savoir, plus particulièrement entre 0 et 6 ans. Ils se servent de ce qu’ils ont autour d’eux pour parfaire leur connaissance dans de nombreux domaines.
Des professionnels formés ?
“Il est indispensable de suivre des formations Montessori pour devenir éducateurs dans une école. C'est une pédagogie difficile à appliquer et qui doit donc être étudiée avec beaucoup de sérieux”, ajoute Sylvie d’Esclaibes, créatrice et directrice de plusieurs écoles Montessori.
Un matériel différent
Ces écoles se différencient en proposant aux enfants un matériel pédagogique à utiliser de manière individuelle. Les enfants apprennent très tôt à lire et à écrire. Seulement, l’apprentissage se déroule différemment. Pour les mathématiques, ce sont des perles qui leur permettent d’apprendre à compter. Ce matériel pédagogique se base principalement sur les 5 sens, comme le toucher. “ Pour apprendre les lettres, on se sert de petites plaquettes de bois avec du papier de verre. Une méthode qui consiste à faire toucher les lettres en bois aux enfants pour que les formes s’impriment dans leur cerveau”, détaille l'enseignante.
Des niveaux mélangés
L’âge des enfants dans une même classe est une autre différence significative par rapport aux écoles traditionnelles. Ils ont entre deux ans et demi à six ans dans une classe de maternelle. En classe élémentaire, les enfants ont entre six et 11 ans. Généralement, ils sont environ 20 élèves par classe.
Un rythme différent
Les enfants ne font pas les mêmes choses en même temps. “ L’élève a une liberté dans le choix du matériel qu’il va prendre mais il doit faire le travail correctement, jusqu’au bout et ensuite le ranger”. Généralement, il y a qu’un seul matériel par classe, l’enfant doit donc attendre son tour s’il veut le même matériel qu’un autre élève. »
Source : Écoles Montessori : quelles différences avec un enseignement classique ? paroledemamans.com
«Quels sont les grands principes de la pédagogie Montessori?
"La pédagogie Montessori respecte le rythme et la personnalité de l'enfant, explique Virginie Helewa, directrice de l'école Montessori Rive Gauche à Paris (VIIème). Elle favorise l'autonomie et la confiance en soi. C'est à l'école de s'adapter à l'enfant et non l'inverse". Des activités et du matériel adaptés par tranche d'âge -les enfants sont regroupés par classe d'âge, 3-6 ans, 6-9 ans...- sont proposés aux enfants. Selon Maria Montessori, l'enfant traverse différentes "périodes sensibles" au cours desquelles il est particulièrement réceptif à un domaine particulier (l'ordre, le mouvement, les petits objets...). Chaque matériel est étudié afin que les notions fondamentales -lecture, mathématiques...- se fassent de manière progressive et durable.
"Une fois que l'activité a été présentée par l'éducatrice, l'enfant fait par lui-même. L'éducatrice interfère le moins possible dans l'activité", précise Virginie Helewa. "L'enfant choisit son travail. On ne lui impose pas une activité. Cela lui permet de progresser et de prendre confiance en lui", poursuit-elle.
La manipulation sensorielle (exemple: des lettres rugueuses pour mieux se familiariser l'alphabet) favorise l'acquisition de données abstraites. "Encore aujourd'hui, lorsque je dois apprendre des concepts en marketing ou en finances, j'aime passer par le concret", indique Angélique, qui a fait toute sa scolarité, jusqu'en terminale, dans une école Montessori à Versailles et est aujourd'hui en licence en Angleterre.
Il n'existe pas d'évaluation ou de classement dans les écoles primaires montessoriennes. "Nous sommes dans l'encouragement", précise Virginie Helewa. L'enfant est invité à repérer lui-même ses erreurs, plutôt que d'attendre passivement les corrections de l'éducatrice. […]
Par ailleurs, beaucoup d'écoles montessoriennes sont bilingues et ce, dès la maternelle.
Est-il possible de trouver des établissements Montessori qui ne soient pas hors de prix?
Paradoxalement, alors que Maria Montessori avait au départ ouvert une école pour les enfants d'un quartier pauvre de Rome, les écoles Montessori d'aujourd'hui sont devenus très chères. Hors contrat, elles ne reçoivent aucune subvention de l'Etat. Il faut donc compter débourser entre 5 000 et 8 500 euros par an (hors repas). Seules exceptions à cette règle: trois écoles privées Montessori sous contrat - à Roubaix, Rennes et Latresne à Bordeaux- un peu moins onéreuses et depuis 2011, une classe de maternelle au sein d'une école publique à Gennevilliers, où une institutrice s'inspire des méthodes Montessori.
Les écoles à Paris sont les plus onéreuses, en raison des loyers eux-mêmes très élevés. A titre exemple, la scolarité s'élève à 8 490 euros à l'école Rive gauche. […]
Les enfants peuvent-ils faire ce qu'ils veulent dans une école Montessori?
Les enfants s'autogèrent mais ce n'est pas pour autant qu'ils font n'importe quoi. "La liberté est pensée et s'accompagne de règles, confirme Virginie Helewa. L'enfant doit par exemple respecter l'ambiance de travail, reposer les objets à la bonne place, ranger sa chaise...".
L'autonomie et la prise d'initiative sont valorisées, mais dans un cadre précis. "Ma fille a un plan de travail personnel par semaine, explique Florence. Par exemple, le présent en français et les additions en mathématiques. Elle a du matériel à sa disposition et c'est à elle de gérer son temps, de savoir par quoi elle a envie de commencer." Par ailleurs, on responsabilise les enfants en leur confiant des tâches tels que faire l'appel, nourrir les poules, arroser les plantes. Angélique estime aujourd'hui être bien plus autonome que ses camarades. "J'ai également l'impression de travailler plus efficacement." Enfin, rappelons que les écoles Montessori respectent les programmes de l'Education nationale.
Certains anciens élèves estiment toutefois que cette grande liberté a parfois pu s'approcher d'une forme d'abandon. Delphine se souvient ainsi de "certains professeurs qui laissaient les enfants (moi y compris) vagabonder dans la classe et faire tout seul le travail, sans se demander si un enfant en CP a l'autonomie nécessaire pour se mettre sérieusement au travail... Résultat : jusqu'à la fin du deuxième trimestre de l'année de CP je n'ai pas su lire et l'enseignant n'a rien vu ou compris."
Les établissements Montessori sont-ils suffisamment contrôlés?
Les écoles Montessori sont soumises à une décision du rectorat pour pouvoir ouvrir et une commission de sécurité peut passer pour vérifier la conformité des locaux. En revanche, il n'y a pas de contrôle sur la pédagogie. Par ailleurs, beaucoup d'entre elles n'existant que depuis quelques années, il n'est pas toujours facile de savoir ce qu'elles valent.
Il est donc important de vérifier que le matériel est conforme -ce qui laisse supposer une bonne connaissance de la pédagogie par les parents eux-mêmes- et que les éducatrices ont bien été formées aux méthodes Montessori (par exemple à l'Institut Supérieur de Maria Montessori). "Comme il n'y a pas eu de nom déposé, tout le monde peut se revendiquer de Montessori, explique Virginie Helewa. Il y a effectivement eu des dérives." Le plus simple est de se référer au site de l'Association Montessori de France qui référence 68 écoles en France. Angélique conseille aux parents de "visiter l'école, discuter avec des enseignants et des parents, voire passer une journée dans une classe" pour s'assurer de sa qualité.
Est-il facile de réintégrer le système classique après avoir été dans une école primaire Montessori?
En général, les écoles Montessori concernent la maternelle et le primaire. Il existe toutefois quelques collèges et lycées d'inspiration montessorienne. Beaucoup de parents hésitent à mettre leur enfant dans des écoles Montessori car ils appréhendent la transition vers le système classique. "De manière générale, le passage d'un enfant d'une école Montessori à une école dite 'classique', ne pose aucun problème", estime toutefois Virginie Helewa. »
Source : Ecole Montessori: fantasmes et réalités, lexpress.fr
« “Il existe une forte exigence dans les écoles Montessori, assure Sylvie d’Esclaibes, fondatrice et directrice d'un groupe scolaire Montessori qui accueille les enfants de la maternelle au lycée à Bailly près de Versailles. L’enfant choisit son activité, son matériel. Il doit ensuite le ranger. C’est une vraie liberté certes, mais dans un cadre”. Cette directrice d’école depuis 1992 explique comment se déroule l’apprentissage des multiples règles qui régissent la classe Montessori: “Au début de l’année, on commence par des exercices préliminaires. On travaille beaucoup sur le comportement. Il n’y a dans la classe qu’un seul matériel par activité pour tous les enfants d'une même classe, ils doivent donc apprendre la patience. Pour que les règles soient bien comprises, on compte aussi sur les deux tiers des enfants plus âgés. Ceux-ci sont dans cette classe depuis un ou deux ans, ils vont guider les plus jeunes".
Céline Alvarez a mené une expérience pendant trois ans dans une maternelle publique de Gennevilliers dans le cadre d’un projet avec le ministère de l’Éducation Nationale. Elle y a repris les travaux du Dr Montessori en les développant à la lumière des neurosciences et de la linguistique française. Dans son livre, elle écrit : "Les enfants ne faisaient pas n'importe quoi n'importe comment. Au contraire. La liberté accompagnée que nous leur offrions dans un cadre structuré aux règles clairement explicitées leur assurait la sécurité, la liberté et l'ordre nécessaires pour progressivement se reconnecter à leur élans de vie profonds. Lorsque les enfants retrouvaient cette posture naturelle émergeait alors une harmonie collective: chacun était à sa place et de l'épanouissement de chaque individualité se dessinait une communauté centrée riche et étonnamment ordonnée. Chacun trouvait naturellement sa place dans le groupe auquel il apportait harmonieusement sa couleur et son unicité."
Les écoles Montessori ne suivent aucun programme scolaire: VRAI et FAUX
Pour Sylvie D’Esclaibes, c’est là le critère sur lequel les parents doivent s’appuyer pour choisir ou non de mettre leur enfant dans une école Montessori. “Je respecte les programmes de l’Éducation nationale, assène-t-elle. Il est tout à fait possible de concilier ces programmes et la pédagogie Montessori. Tous les parents devraient poser la question au moment du choix de l'école. C'est un vrai problème.”
Les écoles sous contrat avec l’État sont obligées de suivre scrupuleusement les programmes scolaires, celles dites “hors contrat” sont plus libres. Pour les examens comme le brevet et le bac, les candidats sont présentés en candidats libres. Cependant, contrat ou non, toutes les écoles en France ont pour but l’acquisition d’un “socle commun” de connaissances et compétences suivant des cycles de trois ans de 7ans à 16ans: CP/CE1/CE2, CM1/CM2/6e, 5e/4e/3e. Les inspections de l’éducation nationale sont là pour le vérifier.
“Si les programmes officiels sont respectés dans ce type d’école, c’est en fait la manière de les traiter qui diffère”, explique Nicolas Go, docteur en philosophie et maître de conférences en sciences de l'éducation à Rennes 2. Charlotte Poussin, auteure de nombreux livres sur Montessori et membre du conseil d'administration de l'association Montessori de France confirme, “Nous ne les suivons pas forcément à la lettre mais nous en tenons compte et les respectons sur un cycles de trois ans et non année par année. La plupart des éducateurs Montessori produisent aussi des bulletins d’appréciations pour que les enseignants non Montessori puissent comprendre la progression et le niveau de l’enfant.”
L'arrivée dans un collège/lycée non montessori est très difficile pour l'enfant: FAUX
Dans le Nord de la France, un sociologue, Yves Reuter s’est intéressé à une école qui enseigne suivant la pédagogie Freinet. “L’adaptation s’est très bien passée pour les élèves qui sont allés dans le public par la suite”, assure Françoise Carraud, maître de conférences en sciences de l'éducation à Lyon 2 qui a suivi de près le travail de son confrère et a pu visiter l’établissement en question.
“La pédagogie Montessori développe l’autonomie et la confiance en soi, assure de son côté Sylvie d'Esclaibes. Ainsi, les enfants qui sont passés par là peuvent en général s’adapter à n’importe quelle situation.” Un optimisme que Nicolas Go modère cependant: “ils peuvent souffrir de la situation, de la passivité d’une classe traditionnelle, mais ils n’échouent pas.”
Cette pédagogie s'adresse aux enfants avec des problèmes de concentration, souffrant des troubles du spectre autistique, des enfants qui ne peuvent pas aller dans les écoles conventionnées: FAUX
Au départ, Maria Montessori, pédiatre italienne (1870-1952) a travaillé au contact d’enfants pauvres d’un quartier de Rome et d’enfants handicapés en milieu hospitalier. Aujourd'hui, les écoles Montessori accueillent tous les enfants. “En s’intéressant à ces enfants qui étaient à la marge de la société et en voyant les progrès qu’ils pouvaient faire grâce à sa pédagogie, explique Nicolas Go, Maria Montessori a compris que cette pédagogie pouvait être en fait appliquée à tous les enfants.”
Les besoins et le rythme de l'enfant sont mieux respectés: VRAI
Dans une classe Montessori, les enfants circulent librement. Ils peuvent aller aux toilettes sans demander la permission, changer d'activité quand ils le souhaitent. Au cours de la journée, l'éducateur passe voir chaque enfant pour proposer de leur faire la démonstration de nouvelles activités qu'ils ne connaissent pas encore. Ensuite, libre à eux de la reproduire seul autant de fois qu'ils le veulent ou de retourner à une autre activité. Un enfant peut aussi passer du temps à regarder les autres ou à réfléchir à ce qu'il veut faire. “Chaque enfant est invité à faire des découvertes à son rythme, assure Nicolas Go. Montessori prend en compte le fait que les enfants ont des périodes sensibles où ils ont soif d’apprendre et d’autres temps pendant lesquels ils seront plus calmes."
Mais en respectant ce rythme individuel, peut-on arriver à une cohésion de groupe, à une ambiance de classe? Certes, les enfants s'entraident mais ils font aussi beaucoup seuls."Dans une classe Montessori, les enfants sont vus comme une collection d’individus et non comme un groupe, déplore ainsi Françoise Carraud. Or, l’école est dans le collectif, un collectif dans lequel l’individu doit se mouler. Certes, on arrive au bout de la pédagogie telle qu’elle est le plus souvent pratiquée dans le public mais je pense que Maria Montessori doit se retourner dans sa tombe lorsqu’elle voit ce qu’il se passe dans certaines écoles. Les valeurs mises en avant dans ces écoles: le développement de soi, l’originalité, la créativité me semblent être en adéquation avec notre développement économique, ce sont les mêmes valeurs que celles mises en avant dans l’entreprise".
Les enfants qui ont fait Montessori réussissent mieux dans la vie/sont plus épanouis/plus indépendants: FAUX
"Les enfants sont plus heureux mais il faut rester très prudent sur le reste de la trajectoire, concède Nicolas Go. Il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en compte pour la suite. Le choix de l’école seul ne guide pas tout." Françoise Carraud est plus directe, "ni Montessori, ni aucune autre pédagogie ne peut se targuer de développer la créativité chez quelqu’un", assure-t-elle.
C’est un truc de soixante-huitard qui ruine l’autorité parentale: FAUX
Les parents qui font ce choix se sont généralement renseignés sur la pédagogie qui y est enseignée. "Les parents dont l’enfant va dans une école Montessori doivent être dans la même démarche que l’école, explique Sylvie d'Esclaibes. C’est un vrai choix de vie". Mais, c'est vrai, la relation adulte/enfant peut être différente de l'image traditionnelle. "L'éducateur Montessori ne se sent pas supérieur à l'enfant et accorde un vrai temps d'échange avec les parents", assure Charlotte Poussin.
Selon Nicolas Go, cette pédagogie ébranle l'image que nous avons de l'autorité. "Si l’autorité parentale est un autoritarisme qui consiste à se faire obéir au doigt et à l’œil, alors Montessori le ruine et c'est tant mieux! Mais sinon, ça ne ruine rien du tout. L’enfant respecte les règles, les autres enfants et l’éducateur. Cette dernière personne comme ses parents contribuent à son bien-être, à son épanouissement, à son accès à l’autonomie, c'est pour ces raisons qu'il les respecte". »
Source : Idées reçues sur les écoles Montessori : ce qui est vrai, ce qui est faux, huffingtonpost.fr
Voir aussi :
- Ecoles publiques, hors contrat, Montessori, Freinet...Comment se repérer entre les différentes écoles alternatives, 20minutes.fr
- « L’essor actuel de la pédagogie Montessori dans l’école maternelle publique française », Chrystel Huard, Tréma, 50 | 2018
Concernant les risques de dérive sectaire, la Miviludes apporte les précisions suivantes dans son rapport d’activité 2016 :
« Les écoles dites «hors-contrat»: une constellation en plein essor
Généralement associées au nom des pédagogies qu’elles délivrent (Montessori, Freinet, Steiner, pour les plus connues), les écoles alternatives et apparentées connaissent depuis quelques années un succès croissant sur l’ensemble du territoire national. La vigilance du service se porte principalement sur les risques d’entrisme des groupes à caractère sectaire auprès de ce public jeune et par conséquent, vulnérable »
Pour approfondir le sujet, vous pourriez vous tourner vers ces ouvrages sur la méthode Montessori.
Bonne journée.
Les articles cités ci-dessous vous apporteront une première réponse à l’ensemble de vos interrogations sur les écoles Montessori, leur pédagogie et leur statut en France :
« Créé et développé par l’italienne Maria Montessori dans les années 1900, la méthode Montessori est de plus en plus prisée par les parents en France comme à l’étranger. Basées sur le rythme de l’enfant, ces écoles se différencient des écoles dites “ traditionnelles”. Elles privilégient l'apprentissage de manière individuelle contrairement aux écoles traditionnelles où le collectif prime sur l’élève en tant que personne. “Chaque enfant est différent, en fonction de chacun on met en place un environnement préparé pour lui permettre d’exploiter au mieux son potentiel”, explique Sylvie d’Esclaibes. Cette phase intervient aux moments où les enfants absorbent le plus de savoir, plus particulièrement entre 0 et 6 ans. Ils se servent de ce qu’ils ont autour d’eux pour parfaire leur connaissance dans de nombreux domaines.
“Il est indispensable de suivre des formations Montessori pour devenir éducateurs dans une école. C'est une pédagogie difficile à appliquer et qui doit donc être étudiée avec beaucoup de sérieux”, ajoute Sylvie d’Esclaibes, créatrice et directrice de plusieurs écoles Montessori.
Ces écoles se différencient en proposant aux enfants un matériel pédagogique à utiliser de manière individuelle. Les enfants apprennent très tôt à lire et à écrire. Seulement, l’apprentissage se déroule différemment. Pour les mathématiques, ce sont des perles qui leur permettent d’apprendre à compter. Ce matériel pédagogique se base principalement sur les 5 sens, comme le toucher. “ Pour apprendre les lettres, on se sert de petites plaquettes de bois avec du papier de verre. Une méthode qui consiste à faire toucher les lettres en bois aux enfants pour que les formes s’impriment dans leur cerveau”, détaille l'enseignante.
L’âge des enfants dans une même classe est une autre différence significative par rapport aux écoles traditionnelles. Ils ont entre deux ans et demi à six ans dans une classe de maternelle. En classe élémentaire, les enfants ont entre six et 11 ans. Généralement, ils sont environ 20 élèves par classe.
Les enfants ne font pas les mêmes choses en même temps. “ L’élève a une liberté dans le choix du matériel qu’il va prendre mais il doit faire le travail correctement, jusqu’au bout et ensuite le ranger”. Généralement, il y a qu’un seul matériel par classe, l’enfant doit donc attendre son tour s’il veut le même matériel qu’un autre élève. »
Source : Écoles Montessori : quelles différences avec un enseignement classique ? paroledemamans.com
«
"La pédagogie Montessori respecte le rythme et la personnalité de l'enfant, explique Virginie Helewa, directrice de l'école Montessori Rive Gauche à Paris (VIIème). Elle favorise l'autonomie et la confiance en soi. C'est à l'école de s'adapter à l'enfant et non l'inverse". Des activités et du matériel adaptés par tranche d'âge -les enfants sont regroupés par classe d'âge, 3-6 ans, 6-9 ans...- sont proposés aux enfants. Selon Maria Montessori, l'enfant traverse différentes "périodes sensibles" au cours desquelles il est particulièrement réceptif à un domaine particulier (l'ordre, le mouvement, les petits objets...). Chaque matériel est étudié afin que les notions fondamentales -lecture, mathématiques...- se fassent de manière progressive et durable.
"Une fois que l'activité a été présentée par l'éducatrice, l'enfant fait par lui-même. L'éducatrice interfère le moins possible dans l'activité", précise Virginie Helewa. "L'enfant choisit son travail. On ne lui impose pas une activité. Cela lui permet de progresser et de prendre confiance en lui", poursuit-elle.
La manipulation sensorielle (exemple: des lettres rugueuses pour mieux se familiariser l'alphabet) favorise l'acquisition de données abstraites. "Encore aujourd'hui, lorsque je dois apprendre des concepts en marketing ou en finances, j'aime passer par le concret", indique Angélique, qui a fait toute sa scolarité, jusqu'en terminale, dans une école Montessori à Versailles et est aujourd'hui en licence en Angleterre.
Il n'existe pas d'évaluation ou de classement dans les écoles primaires montessoriennes. "Nous sommes dans l'encouragement", précise Virginie Helewa. L'enfant est invité à repérer lui-même ses erreurs, plutôt que d'attendre passivement les corrections de l'éducatrice. […]
Par ailleurs, beaucoup d'écoles montessoriennes sont bilingues et ce, dès la maternelle.
Paradoxalement, alors que Maria Montessori avait au départ ouvert une école pour les enfants d'un quartier pauvre de Rome, les écoles Montessori d'aujourd'hui sont devenus très chères. Hors contrat, elles ne reçoivent aucune subvention de l'Etat. Il faut donc compter débourser entre 5 000 et 8 500 euros par an (hors repas). Seules exceptions à cette règle: trois écoles privées Montessori sous contrat - à Roubaix, Rennes et Latresne à Bordeaux- un peu moins onéreuses et depuis 2011, une classe de maternelle au sein d'une école publique à Gennevilliers, où une institutrice s'inspire des méthodes Montessori.
Les écoles à Paris sont les plus onéreuses, en raison des loyers eux-mêmes très élevés. A titre exemple, la scolarité s'élève à 8 490 euros à l'école Rive gauche. […]
Les enfants s'autogèrent mais ce n'est pas pour autant qu'ils font n'importe quoi. "La liberté est pensée et s'accompagne de règles, confirme Virginie Helewa. L'enfant doit par exemple respecter l'ambiance de travail, reposer les objets à la bonne place, ranger sa chaise...".
L'autonomie et la prise d'initiative sont valorisées, mais dans un cadre précis. "Ma fille a un plan de travail personnel par semaine, explique Florence. Par exemple, le présent en français et les additions en mathématiques. Elle a du matériel à sa disposition et c'est à elle de gérer son temps, de savoir par quoi elle a envie de commencer." Par ailleurs, on responsabilise les enfants en leur confiant des tâches tels que faire l'appel, nourrir les poules, arroser les plantes. Angélique estime aujourd'hui être bien plus autonome que ses camarades. "J'ai également l'impression de travailler plus efficacement." Enfin, rappelons que les écoles Montessori respectent les programmes de l'Education nationale.
Certains anciens élèves estiment toutefois que cette grande liberté a parfois pu s'approcher d'une forme d'abandon. Delphine se souvient ainsi de "certains professeurs qui laissaient les enfants (moi y compris) vagabonder dans la classe et faire tout seul le travail, sans se demander si un enfant en CP a l'autonomie nécessaire pour se mettre sérieusement au travail... Résultat : jusqu'à la fin du deuxième trimestre de l'année de CP je n'ai pas su lire et l'enseignant n'a rien vu ou compris."
Les écoles Montessori sont soumises à une décision du rectorat pour pouvoir ouvrir et une commission de sécurité peut passer pour vérifier la conformité des locaux. En revanche, il n'y a pas de contrôle sur la pédagogie. Par ailleurs, beaucoup d'entre elles n'existant que depuis quelques années, il n'est pas toujours facile de savoir ce qu'elles valent.
Il est donc important de vérifier que le matériel est conforme -ce qui laisse supposer une bonne connaissance de la pédagogie par les parents eux-mêmes- et que les éducatrices ont bien été formées aux méthodes Montessori (par exemple à l'Institut Supérieur de Maria Montessori). "Comme il n'y a pas eu de nom déposé, tout le monde peut se revendiquer de Montessori, explique Virginie Helewa. Il y a effectivement eu des dérives." Le plus simple est de se référer au site de l'Association Montessori de France qui référence 68 écoles en France. Angélique conseille aux parents de "visiter l'école, discuter avec des enseignants et des parents, voire passer une journée dans une classe" pour s'assurer de sa qualité.
En général, les écoles Montessori concernent la maternelle et le primaire. Il existe toutefois quelques collèges et lycées d'inspiration montessorienne. Beaucoup de parents hésitent à mettre leur enfant dans des écoles Montessori car ils appréhendent la transition vers le système classique. "De manière générale, le passage d'un enfant d'une école Montessori à une école dite 'classique', ne pose aucun problème", estime toutefois Virginie Helewa. »
Source : Ecole Montessori: fantasmes et réalités, lexpress.fr
« “Il existe une forte exigence dans les écoles Montessori, assure Sylvie d’Esclaibes, fondatrice et directrice d'un groupe scolaire Montessori qui accueille les enfants de la maternelle au lycée à Bailly près de Versailles. L’enfant choisit son activité, son matériel. Il doit ensuite le ranger. C’est une vraie liberté certes, mais dans un cadre”. Cette directrice d’école depuis 1992 explique comment se déroule l’apprentissage des multiples règles qui régissent la classe Montessori: “Au début de l’année, on commence par des exercices préliminaires. On travaille beaucoup sur le comportement. Il n’y a dans la classe qu’un seul matériel par activité pour tous les enfants d'une même classe, ils doivent donc apprendre la patience. Pour que les règles soient bien comprises, on compte aussi sur les deux tiers des enfants plus âgés. Ceux-ci sont dans cette classe depuis un ou deux ans, ils vont guider les plus jeunes".
Céline Alvarez a mené une expérience pendant trois ans dans une maternelle publique de Gennevilliers dans le cadre d’un projet avec le ministère de l’Éducation Nationale. Elle y a repris les travaux du Dr Montessori en les développant à la lumière des neurosciences et de la linguistique française. Dans son livre, elle écrit : "Les enfants ne faisaient pas n'importe quoi n'importe comment. Au contraire. La liberté accompagnée que nous leur offrions dans un cadre structuré aux règles clairement explicitées leur assurait la sécurité, la liberté et l'ordre nécessaires pour progressivement se reconnecter à leur élans de vie profonds. Lorsque les enfants retrouvaient cette posture naturelle émergeait alors une harmonie collective: chacun était à sa place et de l'épanouissement de chaque individualité se dessinait une communauté centrée riche et étonnamment ordonnée. Chacun trouvait naturellement sa place dans le groupe auquel il apportait harmonieusement sa couleur et son unicité."
Pour Sylvie D’Esclaibes, c’est là le critère sur lequel les parents doivent s’appuyer pour choisir ou non de mettre leur enfant dans une école Montessori. “Je respecte les programmes de l’Éducation nationale, assène-t-elle. Il est tout à fait possible de concilier ces programmes et la pédagogie Montessori. Tous les parents devraient poser la question au moment du choix de l'école. C'est un vrai problème.”
Les écoles sous contrat avec l’État sont obligées de suivre scrupuleusement les programmes scolaires, celles dites “hors contrat” sont plus libres. Pour les examens comme le brevet et le bac, les candidats sont présentés en candidats libres. Cependant, contrat ou non, toutes les écoles en France ont pour but l’acquisition d’un “socle commun” de connaissances et compétences suivant des cycles de trois ans de 7ans à 16ans: CP/CE1/CE2, CM1/CM2/6e, 5e/4e/3e. Les inspections de l’éducation nationale sont là pour le vérifier.
“Si les programmes officiels sont respectés dans ce type d’école, c’est en fait la manière de les traiter qui diffère”, explique Nicolas Go, docteur en philosophie et maître de conférences en sciences de l'éducation à Rennes 2. Charlotte Poussin, auteure de nombreux livres sur Montessori et membre du conseil d'administration de l'association Montessori de France confirme, “Nous ne les suivons pas forcément à la lettre mais nous en tenons compte et les respectons sur un cycles de trois ans et non année par année. La plupart des éducateurs Montessori produisent aussi des bulletins d’appréciations pour que les enseignants non Montessori puissent comprendre la progression et le niveau de l’enfant.”
Dans le Nord de la France, un sociologue, Yves Reuter s’est intéressé à une école qui enseigne suivant la pédagogie Freinet. “L’adaptation s’est très bien passée pour les élèves qui sont allés dans le public par la suite”, assure Françoise Carraud, maître de conférences en sciences de l'éducation à Lyon 2 qui a suivi de près le travail de son confrère et a pu visiter l’établissement en question.
“La pédagogie Montessori développe l’autonomie et la confiance en soi, assure de son côté Sylvie d'Esclaibes. Ainsi, les enfants qui sont passés par là peuvent en général s’adapter à n’importe quelle situation.” Un optimisme que Nicolas Go modère cependant: “ils peuvent souffrir de la situation, de la passivité d’une classe traditionnelle, mais ils n’échouent pas.”
Au départ, Maria Montessori, pédiatre italienne (1870-1952) a travaillé au contact d’enfants pauvres d’un quartier de Rome et d’enfants handicapés en milieu hospitalier. Aujourd'hui, les écoles Montessori accueillent tous les enfants. “En s’intéressant à ces enfants qui étaient à la marge de la société et en voyant les progrès qu’ils pouvaient faire grâce à sa pédagogie, explique Nicolas Go, Maria Montessori a compris que cette pédagogie pouvait être en fait appliquée à tous les enfants.”
Dans une classe Montessori, les enfants circulent librement. Ils peuvent aller aux toilettes sans demander la permission, changer d'activité quand ils le souhaitent. Au cours de la journée, l'éducateur passe voir chaque enfant pour proposer de leur faire la démonstration de nouvelles activités qu'ils ne connaissent pas encore. Ensuite, libre à eux de la reproduire seul autant de fois qu'ils le veulent ou de retourner à une autre activité. Un enfant peut aussi passer du temps à regarder les autres ou à réfléchir à ce qu'il veut faire. “Chaque enfant est invité à faire des découvertes à son rythme, assure Nicolas Go. Montessori prend en compte le fait que les enfants ont des périodes sensibles où ils ont soif d’apprendre et d’autres temps pendant lesquels ils seront plus calmes."
Mais en respectant ce rythme individuel, peut-on arriver à une cohésion de groupe, à une ambiance de classe? Certes, les enfants s'entraident mais ils font aussi beaucoup seuls."Dans une classe Montessori, les enfants sont vus comme une collection d’individus et non comme un groupe, déplore ainsi Françoise Carraud. Or, l’école est dans le collectif, un collectif dans lequel l’individu doit se mouler. Certes, on arrive au bout de la pédagogie telle qu’elle est le plus souvent pratiquée dans le public mais je pense que Maria Montessori doit se retourner dans sa tombe lorsqu’elle voit ce qu’il se passe dans certaines écoles. Les valeurs mises en avant dans ces écoles: le développement de soi, l’originalité, la créativité me semblent être en adéquation avec notre développement économique, ce sont les mêmes valeurs que celles mises en avant dans l’entreprise".
"Les enfants sont plus heureux mais il faut rester très prudent sur le reste de la trajectoire, concède Nicolas Go. Il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en compte pour la suite. Le choix de l’école seul ne guide pas tout." Françoise Carraud est plus directe, "ni Montessori, ni aucune autre pédagogie ne peut se targuer de développer la créativité chez quelqu’un", assure-t-elle.
Les parents qui font ce choix se sont généralement renseignés sur la pédagogie qui y est enseignée. "Les parents dont l’enfant va dans une école Montessori doivent être dans la même démarche que l’école, explique Sylvie d'Esclaibes. C’est un vrai choix de vie". Mais, c'est vrai, la relation adulte/enfant peut être différente de l'image traditionnelle. "L'éducateur Montessori ne se sent pas supérieur à l'enfant et accorde un vrai temps d'échange avec les parents", assure Charlotte Poussin.
Selon Nicolas Go, cette pédagogie ébranle l'image que nous avons de l'autorité. "Si l’autorité parentale est un autoritarisme qui consiste à se faire obéir au doigt et à l’œil, alors Montessori le ruine et c'est tant mieux! Mais sinon, ça ne ruine rien du tout. L’enfant respecte les règles, les autres enfants et l’éducateur. Cette dernière personne comme ses parents contribuent à son bien-être, à son épanouissement, à son accès à l’autonomie, c'est pour ces raisons qu'il les respecte". »
Source : Idées reçues sur les écoles Montessori : ce qui est vrai, ce qui est faux, huffingtonpost.fr
Voir aussi :
- Ecoles publiques, hors contrat, Montessori, Freinet...Comment se repérer entre les différentes écoles alternatives, 20minutes.fr
- « L’essor actuel de la pédagogie Montessori dans l’école maternelle publique française », Chrystel Huard, Tréma, 50 | 2018
Concernant les risques de dérive sectaire, la Miviludes apporte les précisions suivantes dans son rapport d’activité 2016 :
« Les écoles dites «hors-contrat»: une constellation en plein essor
Généralement associées au nom des pédagogies qu’elles délivrent (Montessori, Freinet, Steiner, pour les plus connues), les écoles alternatives et apparentées connaissent depuis quelques années un succès croissant sur l’ensemble du territoire national. La vigilance du service se porte principalement sur les risques d’entrisme des groupes à caractère sectaire auprès de ce public jeune et par conséquent, vulnérable »
Pour approfondir le sujet, vous pourriez vous tourner vers ces ouvrages sur la méthode Montessori.
Bonne journée.
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