Question d'origine :
Cher Guichet du Savoir,
Est ce qu'il existe une théorie à propos de ces gens qui font partie de notre cercle de connaissances éloignées depuis des années (les amis d'amis d'amis, qu'on croise une fois par an à certains événements et qui sortent de notre vie presque aussitôt)... et qui du jour au lendemain, après s’être croisés une enième fois, sous l'effet d'une espèce d'évidence, deviennent brusquement nos ami.e.s/amant.e.s/amour.e.s?
Une théorie psychologique, sociologique ou poétique, ou du moins quelqu'un qui ait fait des recherches sur ce phénomène de coup de foudre/rapprochement à retardement ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/09/2019 à 13h29
Bonjour,
Nos recherches ne nous ont pas permis de trouver mention d'une théorie particulière en psychologie concernant le type de rencontre amoureuse ou amicale à "retardement" que vous décrivez.
Toutefois, l'ouvrage intitulé Les fondements de la psychologie du couple aborde la "Formation des relations de couple" dans son chapitre 6 et indique queson contexte et les dispositions de chacun à entrer en relation sont importants . Si les individus ne sont pas ouverts et disponibles pour cette rencontre, elle n'aura pas lieu :
"La rencontre du partenaire amoureux et les premières interactions avec ce dernier constituent des moments marquants du développement d'une relation intime. La qualité de ces premières interactions jouera un rôle déterminant dans l'évaluation de la viabilité d'une relation et dans l’établissement ou non de cette relation (Arriaga et al., 2008). La phase d'initiation abordée ici couvre la période allant de la rencontre entre les deux partenaires jusqu'au moment où ceux-ci se perçoivent comme constituant un couple (Sprecher et al., 2015).Bon nombre de facteurs entrent en ligne de compte et influencent le cours de cette phase . Cette section du chapitre abordera les travaux empiriques ayant pour objectif de mieux saisir leur rôle.
2.1 Contexte
La première rencontre entre les partenaires prend bien évidemment place dans un environnement physique et social donné. Plusieurs chercheurs (McKenna, 2008 ; Murstein, 1970) se sont intéressés à analyser les caractéristiques de ces différents contextes. L'une de ces caractéristiques fait référence à lanature fermée ou ouverte du contexte social des partenaires. Dans un contexte fermé , les individus n'ont pas le choix d'être en interaction puisqu'ils remplissent des rôles précis au sein de cet environnement social. Le travail constitue un bon exemple de contexte fermé. Dans un contexte ouvert , les individus entrent en interaction sur une base volontaire. Les activités sociales et le milieu académique en sont des exemples. Une autre caractéristique du contexte fait référence au fait qu'il vise ou non la rencontre avec des partenaires potentiels. Dans le premier cas, la présence de l'individu est un signe explicite de sa disponibilité et de son ouverture à initier des contacts avec d'éventuels partenaires. Les activités sociales pour célibataires font partie de ce type de contexte. A l'inverse, dans un contexte "naturel", l'objectif est centré sur l'accomplissement d'une tâche qui n'est pas en lien avec le souhait de faire des rencontres. Ici, le milieu de travail et le milieu académique en sont de bons exemples.
Ces caractéristiques du contexte sont susceptibles d'agir sur les déterminants et les mécanismes en jeu dans le processus d'attraction amoureuse (Srecher et al., 2015). [...]
2.2 Désir d'entrer en relation
La disposition d'un individu et son ouverture à rencontrer un éventuel partenaire dépendra certainement de son désir d'entrer en relation . A cet égard, l'adolescence représente un point tournant sur le plan de la motivation à établir une relation amoureuse. [...] A la suite d'une rupture, les individus se sentent moins rapidement prêts à rencontrer un nouveau partenaire. Schincler et collaborateurs (2010) ont observé que les motivations à entrer en relation prédisent marginalement la transition du célibat à l'implication au sein d'une relation amoureuse. Sprecher et collaborateurs (2015) suggèrent également que le désir d'entrer en relation peut influencer le type de contextes fréquentés par la personne (par exemple contextes visant les rencontres) et les comportements émis afin de se rendre plus attirants pour les partenaires potentiels. "
D'après Arthur Aron, professeur de psychologie :
" La plupart des gens pensent qu’ils n’ont pas « décidé » de tomber amoureux. Toute notre société s’est construite autour de ce mythe de l’amour qui arrive par enchantement. Mais en réalité, cela n’arrive pas par hasard.Pour tomber amoureux, je crois qu’il faut être prêt à se rapprocher de quelqu’un d’autre, d’avoir face à soi une personne de l’âge et du genre qui vous convient, qui vous plaît raisonnablement physiquement … Nos études montrent que le fait d’avoir des goûts communs n’est pas fondamental pour créer de l’intimité entre deux personnes. En revanche, penser que l’autre vous ressemble est très important ."
source : « Tomber amoureux, cela n’arrive pas par hasard »
C'est également ce qu'affirment les sociologues qui verront dans ce type de rencontre amoureuse un comportement dicté par le déterminisme social : nous sommes plus enclin.e.s à tomber amoureux.ses de personnes de notre milieu socio-culturel (un.e ami.e d'ami.e.s) :
" Le premier des champs explorés est celui de la constitution du lien, des modalités de la rencontre et du développement de la relation. Loin d’être aussi largement ouvert que l’enseignent les contes de fées dans lesquels les bergères (mais sont-elles vraiment nées bergères ?) sont aimées par les fils de rois, le “marché matrimonial” (concept emprunté à l’économie) traduit une tendance très marquée à l’homogamie sociale (Girard, Bozon et Héran), c’est-à-dire à une restriction des possibilités de rencontre de l’âme sœur en fonction du lieu de résidence, de la classe sociale, du niveau d’études ou de la profession, ces facteurs se révélant plus déterminants que l’âge ou que les préférences culturelles (lesquelles, on le sait, ne sont pas non plus aussi individuelles qu’on serait spontanément porté à l’imaginer) . Certes, le temps est passé des “marieuses” qui faisaient se rencontrer jeunes gens et jeunes filles de bonnes familles en vue d’un avenir conjugal et fécond, mais il existe aujourd’hui dans la haute bourgeoisie des “rallyes” très sélectifs. Et à ceux que l’isolement géographique, social ou affectif handicape dans la quête de leur moitié d’orange, les agences matrimoniales et maintenant les sites de rencontre sur Internet (Geysels, Illouz) offrent des moyens qui paraissent aptes à contrarier les déterminations mais qui, finalement, ne changent pas grand-chose, y compris pour ceux qui multiplient les stratégies de recherche et de séduction d’un(e) partenaire (Soral). "
source : Grelley Pierre, « Sociologie d'un sentiment. Bibliographie raisonnée de l'approche sociologique de l'amour », Informations sociales, 2007/8 (n° 144), p. 138-146.
Pour aller plus loin, voici une liste de documents que nous n'avons malheureusement pas pu consulter mais dans lesquels vous trouverez certainement des informations qui pourront vous intéresser sur la rencontre amoureuse :
- Psychologie sociale / Susan Fiske
- La rencontre amoureuse [Livre] / Quentin Debray
- Amour et sens de nos rencontres [Livre] : de l'amour subi à l'amour choisi / Juliette Allais
- Les scénarios de l'amour [Livre] / Robert Sternberg
- Le bon choix amoureux [Livre] : la force de l'inconscient / Bruno Humbeeck
Bonne journée.
Nos recherches ne nous ont pas permis de trouver mention d'une théorie particulière en psychologie concernant le type de rencontre amoureuse ou amicale à "retardement" que vous décrivez.
Toutefois, l'ouvrage intitulé Les fondements de la psychologie du couple aborde la "Formation des relations de couple" dans son chapitre 6 et indique que
"La rencontre du partenaire amoureux et les premières interactions avec ce dernier constituent des moments marquants du développement d'une relation intime. La qualité de ces premières interactions jouera un rôle déterminant dans l'évaluation de la viabilité d'une relation et dans l’établissement ou non de cette relation (Arriaga et al., 2008). La phase d'initiation abordée ici couvre la période allant de la rencontre entre les deux partenaires jusqu'au moment où ceux-ci se perçoivent comme constituant un couple (Sprecher et al., 2015).
La première rencontre entre les partenaires prend bien évidemment place dans un environnement physique et social donné. Plusieurs chercheurs (McKenna, 2008 ; Murstein, 1970) se sont intéressés à analyser les caractéristiques de ces différents contextes. L'une de ces caractéristiques fait référence à la
Ces caractéristiques du contexte sont susceptibles d'agir sur les déterminants et les mécanismes en jeu dans le processus d'attraction amoureuse (Srecher et al., 2015). [...]
D'après Arthur Aron, professeur de psychologie :
" La plupart des gens pensent qu’ils n’ont pas « décidé » de tomber amoureux. Toute notre société s’est construite autour de ce mythe de l’amour qui arrive par enchantement. Mais en réalité, cela n’arrive pas par hasard.
source : « Tomber amoureux, cela n’arrive pas par hasard »
C'est également ce qu'affirment les sociologues qui verront dans ce type de rencontre amoureuse un comportement dicté par le déterminisme social : nous sommes plus enclin.e.s à tomber amoureux.ses de personnes de notre milieu socio-culturel (un.e ami.e d'ami.e.s) :
" Le premier des champs explorés est celui de la constitution du lien, des modalités de la rencontre et du développement de la relation. Loin d’être aussi largement ouvert que l’enseignent les contes de fées dans lesquels les bergères (mais sont-elles vraiment nées bergères ?) sont aimées par les fils de rois, le “marché matrimonial” (concept emprunté à l’économie) traduit une tendance très marquée à l’
source : Grelley Pierre, « Sociologie d'un sentiment. Bibliographie raisonnée de l'approche sociologique de l'amour », Informations sociales, 2007/8 (n° 144), p. 138-146.
Pour aller plus loin, voici une liste de documents que nous n'avons malheureusement pas pu consulter mais dans lesquels vous trouverez certainement des informations qui pourront vous intéresser sur la rencontre amoureuse :
- Psychologie sociale / Susan Fiske
- La rencontre amoureuse [Livre] / Quentin Debray
- Amour et sens de nos rencontres [Livre] : de l'amour subi à l'amour choisi / Juliette Allais
- Les scénarios de l'amour [Livre] / Robert Sternberg
- Le bon choix amoureux [Livre] : la force de l'inconscient / Bruno Humbeeck
Bonne journée.
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