Espions, leur nombre, leurs couvertures, leurs missions
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 01/09/2019 à 19h40
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Question d'origine :
Bonjour le guichet,
Dans ce qui n'est pas confidentiel évidemment,
Sais-t-on approximativement le nombre d'espions tout pays confondu et le bonne d'espions français (DGSE DGSI etc), leurs couvertures "classiques" (si n'est pas le journalisme ça je le sais) et les missions principales qu'ils ont à effectuer pour le renseignement (est ce que c'est plutôt donner de fausses informations ou récolter des informations, influencer des dirigeants, truquer des élections ou autre chose) ?
Rien que pour vos yeux, mon cher guichet.
Bond, Rydder Bond
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/09/2019 à 14h39
Bonjour,
Pour pouvoir vous donner le nombre exact d’agents secrets dans le monde, il faudrait mener un travail d’investigation digne d’un Rouletabille … Néanmoins, si nous ne pouvons dénombrer combien d’espions agissent dans le monde, la liste des services de renseignement publiée sur Wikipedia ou l’article « budget renseignement pays par pays » publié en 2015 sur slate
dont nous reproduisons ici quelques extraits nous fait dire beaucoup :
ainsi aux Etats-Unis « ce ne sont pas moins de 107.000 personnes qui travaillaient en 2013 pour la CIA et la NSA , les deux principales agences ».
« Dans l’Hexagone, les services de renseignement sont au nombre de six , dont les plus connus que sont la DGSE (la Direction générale de la sécurité extérieure), la DGSI (la Direction générale de la sécurité intérieure) et la DRM (la Direction du renseignement militaire) ».
En Grande Bretagne « le GCHQ désignant les quartiers généraux chargés d'intercepter les communications. À eux seuls, ils employaient en 2012 13.293 agents , soit plus que les six services de renseignements français réunis » et au total, « le gouvernement britannique dispose de neuf unités de renseignements ».
En Allemagne, « Le plus connu est le BND, le service de renseignement extérieur, accusé récemment d’avoir espionné la France pour le compte de la NSA... Les deux autres sont le service de contre-intelligence militaire (MAD) et l’office fédéral de protection de la constitution (Bvf). Selon le centre de recherche sur le renseignement,16.500 personnes seraient employées par ces services .
Par ailleurs, Les Echos s’intéresse à un scandale récent, celui de l’utilisation par les services de renseignement britanniques de mineurs :
« La plupart du temps ces mineurs sont recrutés après avoir été arrêtés par les services de police. Et en échange d'une amnistie, ils doivent recueillir des informations sur le fonctionnement du gang pour lequel il travaille. Réseaux de prostitutions, trafiquants de drogue ou même des opérations antiterroristes, ces jeunes seraient utilisés dans « un éventail croissant de situations » d'après le rapport remis par la Chambre des lords.
(…)
Le nombre de mineurs participants est tenu secret, mais ils seraient plus de 2.300 à avoir été sous couverture en 2017 ».
Rien qu’à Bruxelles, atlantico indique qu’il y aurait 250 espions chinois et 200 espions russes :
«La capitale européenne, qui accueille les sièges de l'Union et de l'Otan, est un véritable nid d'espions , rapporte le quotidien allemand Die Welt samedi sur base de sources diplomatiques.
Le journal indique que le service de sécurité interne au Service européen d'action extérieure (SEAE) a alerté les diplomates européens ainsi que les autorités militaires sur les dangers de l'espionnage russe et chinois. Selon le SEAE,il y aurait "environ 250 espions chinois et 200 espions russes" à Bruxelles . Les diplomates ont reçu pour consignes d'éviter certains bars et restaurants infestés d'espions, notamment un restaurant à steaks "très populaire et situé à quelques pas du siège de la Commission européenne".
Selon les services de sécurité, les espions russes étaient auparavant les plus nombreux, mais ont été dépassés en nombre par les chinois ces dernières années. Le SEAE ainsi qu'ils travaillent pour la plupart sous couverture dans leurs ambassades respectives ou dans des services commerciaux de leurs pays. "C'est aussi un secret de polichinelle que les attachés accompagnant des diplomates de pays non-membres sont souvent des espions sous couverture", écrit le journal.
En plus des Chinois et Russes, les espions américains et marocains seraient particulièrement actifs à Bruxelles, indique le SEAE, sans donner de chiffres. »
Dans son édition du 8 juin 2018, Le Figaro révèle le grand retour des espions à l’ancienne :
James Bond et OSS 117 viennent de réussir un triomphal retour sur les écrans du réel. En quelques semaines, la tentative d'élimination en Grande-Bretagne d'un traître russe du GRU (Direction générale des renseignements de l'état-major des forces armées, NLDR) passé à l'Ouest, l'information sur une tentative de retournement d'agents français vieille de vingt ans en Chine ou la comédie du vrai-faux assassinat d'un journaliste russe réfugié à Kiev, Arkadi Babtchenko, montée par les services secrets ukrainiens ont remis au goût du jour des souvenirs d'un autre siècle.
Depuis l'affaire Snowden, le grand public s'était peu à peu persuadé que les intrusions informatiques avaient supprimé l'espionnage de papa. La panoplie désuète d'un George Smiley, l'officier de renseignements fétiche de John le Carré, qui apparaît dans plusieurs de ses romans comme L'espion qui venait du froid (1963), avait été rangée dans le placard des nostalgies d'après-guerre. On avait cru pouvoir faire la guerre de loin, avec des manettes de jeu vidéo. Et on découvre qu'elle entraîne toujours le même cortège de corps mutilés et de destructions barbares de villes et de civilisations. Il en est de même pour ce qui était hier, selon l'expression allemande, « un métier de seigneurs » . Certes, tout le monde se rappelait qu'il y avait des espions et des espionnés. Qu'il n'y avait pour les États que d'anciens ennemis, adversaires ou concurrents qui pourraient bien le redevenir. Le général de Gaulle avait synthétisé en une phrase ciselée cette réalité : « Les États n'ont pas d'amis, mais des intérêts. »
Dans le monde souterrain, toutes les puissances éliminent des espions de puissances ennemies, des adversaires ou des traîtres. Par l'usage de la procédure judiciaire, ou en passant par des moyens moins orthodoxes et plus définitifs parfois. La France, selon les meilleurs historiens du sujet, n'a jamais hésité. Récemment encore, un ancien président de la République, qui n'aurait pas dû dire ce qu'un livre a révélé, signalait à des journalistes qu'il avait pu donner des instructions d'élimination ciblée de djihadistes. La Grande-Bretagne, les États-Unis, la Russie, la Chine font de même. L'Union soviétique avait mis en place dès 1943 un service spécialisé (SMERSH, transcription anglaise d'un acronyme russe pour « mort aux espions ! » ) dont l'activité essentielle était l'élimination des traîtres, déserteurs, espions... et surtout opposants politiques de Staline.
Toutes les puissances espionnent. Même les alliés les plus proches, comme les États-Unis et Israël, ont connu une crise majeure avec l'affaire Jonathan Pollard, pas aussi isolée qu'on a bien voulu le croire. En 1987, cet officier des services de renseignements de la marine américaine fut condamné à la prison à perpétuité pour espionnage au profit d'Israël. Il obtint la nationalité israélienne au cours de sa détention, en 1995. Puis, trois ans plus tard, Israël reconnut officiellement que Jonathan Pollard avait été un de ses agents (il a été libéré sous condition en 2015, après trente ans de prison, NDLR).
De même, les révélations Snowden ont montré la capacité des États-Unis à agir, notamment en matière économique et industrielle, pas seulement contre la France, vilain petit canard de l'Alliance atlantique, mais aussi en ciblant ses amis proches, y compris de la constellation des « Five Eyes » , qui partage depuis 1941 des outils communs de renseignement (Australie, Canada, États-Unis, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande)
(…)
Ces événements, survenus ensemble mais dans le désordre, nous rappellent que le renseignement s'est construit autour de plusieurs métiers (collecte, analyse, action) et de plusieurs cultures (espionnage, contre-espionnage, antiterrorisme). Si, pendant longtemps, les guerres entre États ont surtout mobilisé des logiques traditionnelles, guerres asymétriques, guérillas et terrorisme infraétatique ont bouleversé la donne. La révolution en matière de terrorisme qu'a réussi à imposer l'État islamique a provoqué une rupture des règles habituelles : un éventail de profils terroristes tellement diversifié qu'il n'y a plus de profils, des modes opératoires si variés qu'il n'y a plus de signature, des dispositifs de revendication tellement opportunistes qu'on ne sait plus bien que croire. L'apparition de terrorismes pluriels et complexes, hybrides et évolutifs n'a pas remplacé les problématiques traditionnelles. Elle n'a fait que rajouter des missions aux missions et des risques aux risques. Après le rééquilibrage nécessaire imposé par un terrorisme inédit par l'ampleur et la diversité de la menace, le contre-espionnage rappelle son utilité. Trois métiers. Trois cultures. Des services civils et militaires, intérieurs et extérieurs, mieux coordonnés et mieux à même de partager ce qu'il faut mettre en commun sans mettre en danger ses sources, c'est l'équilibre de développement des services qui s'impose à l'État.
Dernièrement - mercredi 9 janvier 2019 – Le Figaro revenait sur une affaire relevant plus de La Grande vadrouille que de l’agent secret à la James Bond :
Avec quatre de ses agents définitivement grillés et une série de fiascos, le renseignement militaire, autrefois considéré comme la structure d'élite de l'espionnage russe, voit sa réputation et son efficacité ternies.
Pour un agent du renseignement militaire, Vladimir Popov avait un curieux et bien imprudent passe-temps : il postait ses photos sur les réseaux sociaux, comme celle où on voit ce solide gaillard blondinet, poser, tout sourire, le pouce levé, à côté d'un soldat de la garde de Buckingham Palace. Certes, en mars 2017, lorsque Interpol a émis un mandat d'arrêt international à son encontre pour participation à une tentative de coup d'État au Monténégro, le garçon a eu la présence d'esprit d'effacer tous ses comptes Internet.
(…)
Pour la quatrième fois en six mois, deux médias inconnus du grand public, utilisant des méthodes accessibles à n'importe quel fouineur de l'Internet, faisaient tomber un agent secret russe. Hormis Popov, on trouve dans le quatuor, son compère de l'aventure monténégrine, Édouard Chichmakov, alias Édouard Chirokov, et surtout les deux meurtriers désignés de l'ancien agent Sergueï Skripal, empoisonné au Novichok à Salisbury : Alexandre Michkin, alias « Petrov » et Anatoli Tchepiga, alias Rouslan Bochirov sont les deux hommes par lesquels est survenu le plus grand scandale d'espionnage de l'histoire récente, conduisant à l'expulsion de 300 diplomates russes et occidentaux.
(…)
En novembre dernier, quatre agents supplémentaires du GRU ont été identifiés et présentés à la télévision par le contre-espionnage néerlandais, après que ces derniers eurent tenté de pirater les ordinateurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), au moment où celle-ci enquêtait sur le Novichok et sur les armes chimiques utilisées par le régime syrien à Duma, selon l'accusation des chancelleries occidentales. Les espions avaient été arrêtés sur un parking de La Haye, en face du siège de l'OIAC, leur véhicule truffé de matériel électronique : une antenne cachée sous un manteau, plusieurs téléphones portables, un ordinateur et une batterie, destinées à « intercepter le Wi-Fi de l'OIAC et des codes de connexion » , ont expliqué les autorités néerlandaises.
(…)
Ces opérations avortées ont toutes un point commun : les traces, parfois grossières laissées par leurs auteurs, des signatures de crime qui laissent les experts pantois. Exemple, c'est par l'intermédiaire d'un virement bancaire effectué par la Western Union que l'un des agents russes soupçonnés d'une tentative de coup d'État au Monténégro, a fait parvenir des fonds à son collaborateur serbe à Belgrade, chargé de prendre d'assaut les institutions monténégrines. Pire, l'adresse de l'émetteur du mandat correspondait au 76 de la Chaussée Khorochevskoye, siège moscovite du GRU à Moscou. La note de taxi que les cyberespions de l'OIAC avaient commandé pour se rendre à l'aéroport moscovite, destination La Haye, était également libellée à la même adresse. La note de frais compromettante a été saisie par le contre-espionnage néerlandais.
Nous vous laissons aussi parcourir l’article tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les agents secrets, écouter l’émission de [url=https://www.franceculture.fr/emissions/conversations-secretes-le-monde-des-espions/les-espions-du-president-les-etats-unis) France Culture [/ur]sur « les espions du Président ».
Par ailleurs, si vous ne deviez retenir qu’une chose, sachez qu’un grand nombre d’espions sont en fait des … espionnes !! Voilà qui va faire grincer des dents James Bond … et si Miss Moneypenny n’était autre qu’une spy .
Une recherche sur notre catalogue vous montrera que les publications sur les [url=https://catalogue.bm-lyon.fr/permalink/P-4b25f094-8966-4931-8d34-f02624f2a568] espions[/url] abondent.
Nous vous proposons une première sélection d’ouvrages qui assouviront votre curiosité :
• Le grand livre des espions / Patrick Pesnot, Monsieur X, 2015 : « Tous ont trahi. Rarement par cupidité, parfois par faiblesse, le plus souvent par idéalisme et même par patriotisme. Pour une cause ou par amour, ces hommes et ces femmes sont devenus des espions : ils ont dû assumer d'être des «épieurs», des voleurs de mots, d'images, de confidences ou de secrets. Quitte à risquer leur liberté et quelquefois leur vie. Tous ont finalement accepté de mener une existence périlleuse et toujours angoissante. De Hans Voelkner, le Franco-Allemand qui reste fidèle aux idéaux communistes de ses parents, héros du combat antinazi, à l'Israëlien Elie Cohen, qui continue à renseigner sa patrie malgré la potence qui l'attend au terme de sa mission, en passant par la Portoricaine Ana Montès, qui met toute sa révolte au service de Fidel Castro. Victimes d'eux-mêmes ou de la froide mécanique des services de renseignement, ils sont allés courageusement au bout de leur aventure. À travers une quinzaine de récits enlevés et passionnants, Patrick Pesnot restitue la vie intime de ceux qui ont choisi de passer de l'autre côté du miroir. Autant de parcours subjectifs de personnages du XXe siècle, qui auraient pu demeurer ordinaires, mais qui, tous, ont connu des destins hors du commun »
• Atlas du renseignement : géopolitique du pouvoir/ Sébastien-Yves Laurent, 2014 : « Composé de quatre chapitres thématiques et d'une soixantaine de cartes, cet atlas illustré rend compte du fonctionnement du renseignement dans le monde : les coopérations, les rivalités, les objectifs, les enjeux, etc. »
Le renseignement français
• Le renseignement: histoire, méthodes et organisation des services secrets / Christophe Soullez, 2017 : « L'histoire du renseignement en France et dans le monde, mettant en lumière les méthodes et les acteurs afin d'expliquer le fonctionnement de ce service ».
• Renseignement et sécurité/ Olivier Chopin, Benjamin Oudet, 2016 : « New York 2001, Londres 2005, Paris 2015 et Bruxelles 2016 : ces attentats spectaculaires, qui n'ont pu être anticipés, ont mis en évidence le rôle essentiel du renseignement en démocratie. Dans la lutte contre les formes mondialisées de terrorisme, l'univers du renseignement occupe une place de plus en plus forte dans la politique. En France, le renseignement a toujours occupé une place singulière au sein de l'État, que ce soit dans la police, la politique étrangère ou l'armée. Aujourd'hui, il est de plus en plus « centralisé ». Quel est le cycle du renseignement ? Qui renseigne ? Qu'est-ce que le secret d'Etat ? Torture, prisons secrètes, surveillance de masse : comment pratiquer le renseignement en démocratie tout en respectant les libertés fondamentales ? Ce manuel présente l'essentiel de ce champ d'étude en fort développement ».
• Renseignement français: nouveaux enjeux / Bernard Squarcini, Etienne Pellot, 2013 : « Premier directeur central du renseignement intérieur, B. Squarcini présente sa vision de la situation du renseignement français, ainsi que les perspectives et les menaces futures. Cinq ans après une réforme majeure qui a débouché sur la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), aux lendemains d'un rapport parlementaire important dédié à la communauté française du renseignement, il est grand temps de refaire l'état des lieux des services spéciaux. Ni réquisitoire, ni pamphlet, ni manifeste, ce livre à quatre mains est d'abord un hommage aux hommes et femmes de l'ombre. Il pointe les nouveaux enjeux du renseignement français, ouvre des perspectives et propose une Feuille de route pour la défense de la France et de ses intérêts à l'étranger ».
Femmes espionnes
• Les espionnes racontent: CIA, Mossad, KGB... / Chloé Aeberhardt, 2017 : » Une série de portraits d'espionnes des grands services de renseignement français et étrangers. Retraitées de la CIA, du KGB, du MI5, de la DST ou du Mossad, ces femmes de l'ombre acceptent de raconter leur rôle dans le conflit Est-Ouest à l'heure de la guerre froide ».
• Espionnes: doubles vies sous haute tension : une enquête exclusive au coeur des services secrets français / Dalila Kerchouche, 2016 : »Une enquête sur les femmes des services de renseignements français à travers les confidences, recueillies pendant un an, d'une cinquantaine d'espionnes : les succès et les difficultés du métier, les missions, le machisme, la vie de famille, le poids du secret, etc. »
• Les femmes espionnes dans la guerre 14-18 / Chantal Antier, Marianne Walle, Olivier Lahaie,2008 : « L'espionnage reste un sujet à la mode, romans et films retracent encore les péripéties de ces héros et héroïnes à travers le monde. Mais qu'en est-il réellement pendant la Grande Guerre ? Les services de renseignements de tous les pays s'activent. À qui peut-on confier la tâche délicate et dangereuse d'espionner les ennemis en l'absence des hommes au front ? Aux femmes ? " Elles apportent la finesse, la souplesse, l'esprit de dissimulation, auxquels elles ajoutent des armes redoutables, leur beauté, leurs regards ensorceleurs. " N'est-ce pas le portrait de la trop célèbre Mata Hari ? Mais d'autres espionnes acceptent ce rôle pour des raisons différentes, patriotisme, goût du risque, esprit de vengeance, recherche d'une situation aisée même au prix de la prostitution, désir de s'affirmer dans la société. Quelle reconnaissance peuvent-elles espérer de leurs officiers traitants et de leur patrie pour les avoir servis dans des conditions souvent tragiques ? »
D’autres types d’espionnage :
Satellites espions: histoire de l'espace militaire mondial / Jacques Villain ; préface du général Lapprend et du colonel Garcia-Brotons, 2009 : « Aujourd'hui les satellites de reconnaissance et d'écoute savent tout ce qui se passe partout. La Chine et les Etats-Unis ont procédé à des destructions expérimentales de satellites par missile. L'ouvrage propose une approche exhaustive de l'espionnage par satellite et de la fabrication d'armes sophistiquées capables de porter le combat dans l'espace ».
Témoignage
Moi, Iranien, espion de la CIA et du Mossad / Djahanshah Bakhtiar ; avec la collaboration de Matthieu Suc, 2014 : « Le petit-fils du dernier Premier ministre du Shah d'Iran, Chapour Bakhtiar, raconte comment il est devenu espion de la CIA et agent du Mossad israélien, voulant ainsi venger la mort de son grand-père assassiné en 1991 par les mollahs »
Pour pouvoir vous donner le nombre exact d’agents secrets dans le monde, il faudrait mener un travail d’investigation digne d’un Rouletabille … Néanmoins, si nous ne pouvons dénombrer combien d’espions agissent dans le monde, la liste des services de renseignement publiée sur Wikipedia ou l’article « budget renseignement pays par pays » publié en 2015 sur slate
dont nous reproduisons ici quelques extraits nous fait dire beaucoup :
ainsi aux Etats-Unis «
« D
En Grande Bretagne « le GCHQ désignant les quartiers généraux chargés d'intercepter les communications. À eux seuls,
En Allemagne, « Le plus connu est le BND, le service de renseignement extérieur, accusé récemment d’avoir espionné la France pour le compte de la NSA... Les deux autres sont le service de contre-intelligence militaire (MAD) et l’office fédéral de protection de la constitution (Bvf). Selon le centre de recherche sur le renseignement,
Par ailleurs, Les Echos s’intéresse à un scandale récent, celui de l’utilisation par les services de renseignement britanniques de mineurs :
« La plupart du temps ces mineurs sont recrutés après avoir été arrêtés par les services de police. Et en échange d'une amnistie, ils doivent recueillir des informations sur le fonctionnement du gang pour lequel il travaille. Réseaux de prostitutions, trafiquants de drogue ou même des opérations antiterroristes, ces jeunes seraient utilisés dans « un éventail croissant de situations » d'après le rapport remis par la Chambre des lords.
(…)
Le
Rien qu’à Bruxelles, atlantico indique qu’il y aurait 250 espions chinois et 200 espions russes :
«
Le journal indique que le service de sécurité interne au Service européen d'action extérieure (SEAE) a alerté les diplomates européens ainsi que les autorités militaires sur les dangers de l'espionnage russe et chinois. Selon le SEAE,
Selon les services de sécurité, les espions russes étaient auparavant les plus nombreux, mais ont été dépassés en nombre par les chinois ces dernières années. Le SEAE ainsi qu'ils travaillent pour la plupart sous couverture dans leurs ambassades respectives ou dans des services commerciaux de leurs pays. "C'est aussi un secret de polichinelle que les attachés accompagnant des diplomates de pays non-membres sont souvent des espions sous couverture", écrit le journal.
En plus des Chinois et Russes, les espions américains et marocains seraient particulièrement actifs à Bruxelles, indique le SEAE, sans donner de chiffres. »
Dans son édition du 8 juin 2018, Le Figaro révèle le grand retour des espions à l’ancienne :
James Bond et OSS 117 viennent de réussir un triomphal retour sur les écrans du réel. En quelques semaines, la tentative d'élimination en Grande-Bretagne d'un traître russe du GRU (Direction générale des renseignements de l'état-major des forces armées, NLDR) passé à l'Ouest, l'information sur une tentative de retournement d'agents français vieille de vingt ans en Chine ou la comédie du vrai-faux assassinat d'un journaliste russe réfugié à Kiev, Arkadi Babtchenko, montée par les services secrets ukrainiens ont remis au goût du jour des souvenirs d'un autre siècle.
Depuis l'affaire Snowden, le grand public s'était peu à peu persuadé que les intrusions informatiques avaient supprimé l'espionnage de papa. La panoplie désuète d'un George Smiley, l'officier de renseignements fétiche de John le Carré, qui apparaît dans plusieurs de ses romans comme L'espion qui venait du froid (1963), avait été rangée dans le placard des nostalgies d'après-guerre. On avait cru pouvoir faire la guerre de loin, avec des manettes de jeu vidéo. Et on découvre qu'elle entraîne toujours le même cortège de corps mutilés et de destructions barbares de villes et de civilisations. Il en est de même pour ce qui était hier, selon l'expression allemande, « un métier de seigneurs » . Certes, tout le monde se rappelait qu'il y avait des espions et des espionnés. Qu'il n'y avait pour les États que d'anciens ennemis, adversaires ou concurrents qui pourraient bien le redevenir. Le général de Gaulle avait synthétisé en une phrase ciselée cette réalité : « Les États n'ont pas d'amis, mais des intérêts. »
Dans le monde souterrain, toutes les puissances éliminent des espions de puissances ennemies, des adversaires ou des traîtres. Par l'usage de la procédure judiciaire, ou en passant par des moyens moins orthodoxes et plus définitifs parfois. La France, selon les meilleurs historiens du sujet, n'a jamais hésité. Récemment encore, un ancien président de la République, qui n'aurait pas dû dire ce qu'un livre a révélé, signalait à des journalistes qu'il avait pu donner des instructions d'élimination ciblée de djihadistes. La Grande-Bretagne, les États-Unis, la Russie, la Chine font de même. L'Union soviétique avait mis en place dès 1943 un service spécialisé (SMERSH, transcription anglaise d'un acronyme russe pour « mort aux espions ! » ) dont l'activité essentielle était l'élimination des traîtres, déserteurs, espions... et surtout opposants politiques de Staline.
Toutes les puissances espionnent. Même les alliés les plus proches, comme les États-Unis et Israël, ont connu une crise majeure avec l'affaire Jonathan Pollard, pas aussi isolée qu'on a bien voulu le croire. En 1987, cet officier des services de renseignements de la marine américaine fut condamné à la prison à perpétuité pour espionnage au profit d'Israël. Il obtint la nationalité israélienne au cours de sa détention, en 1995. Puis, trois ans plus tard, Israël reconnut officiellement que Jonathan Pollard avait été un de ses agents (il a été libéré sous condition en 2015, après trente ans de prison, NDLR).
De même, les révélations Snowden ont montré la capacité des États-Unis à agir, notamment en matière économique et industrielle, pas seulement contre la France, vilain petit canard de l'Alliance atlantique, mais aussi en ciblant ses amis proches, y compris de la constellation des « Five Eyes » , qui partage depuis 1941 des outils communs de renseignement (Australie, Canada, États-Unis, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande)
(…)
Ces événements, survenus ensemble mais dans le désordre, nous rappellent que le renseignement s'est construit autour de plusieurs métiers (collecte, analyse, action) et de plusieurs cultures (espionnage, contre-espionnage, antiterrorisme). Si, pendant longtemps, les guerres entre États ont surtout mobilisé des logiques traditionnelles, guerres asymétriques, guérillas et terrorisme infraétatique ont bouleversé la donne. La révolution en matière de terrorisme qu'a réussi à imposer l'État islamique a provoqué une rupture des règles habituelles : un éventail de profils terroristes tellement diversifié qu'il n'y a plus de profils, des modes opératoires si variés qu'il n'y a plus de signature, des dispositifs de revendication tellement opportunistes qu'on ne sait plus bien que croire. L'apparition de terrorismes pluriels et complexes, hybrides et évolutifs n'a pas remplacé les problématiques traditionnelles. Elle n'a fait que rajouter des missions aux missions et des risques aux risques. Après le rééquilibrage nécessaire imposé par un terrorisme inédit par l'ampleur et la diversité de la menace, le contre-espionnage rappelle son utilité. Trois métiers. Trois cultures. Des services civils et militaires, intérieurs et extérieurs, mieux coordonnés et mieux à même de partager ce qu'il faut mettre en commun sans mettre en danger ses sources, c'est l'équilibre de développement des services qui s'impose à l'État.
Dernièrement - mercredi 9 janvier 2019 – Le Figaro revenait sur une affaire relevant plus de La Grande vadrouille que de l’agent secret à la James Bond :
Avec quatre de ses agents définitivement grillés et une série de fiascos, le renseignement militaire, autrefois considéré comme la structure d'élite de l'espionnage russe, voit sa réputation et son efficacité ternies.
Pour un agent du renseignement militaire, Vladimir Popov avait un curieux et bien imprudent passe-temps : il postait ses photos sur les réseaux sociaux, comme celle où on voit ce solide gaillard blondinet, poser, tout sourire, le pouce levé, à côté d'un soldat de la garde de Buckingham Palace. Certes, en mars 2017, lorsque Interpol a émis un mandat d'arrêt international à son encontre pour participation à une tentative de coup d'État au Monténégro, le garçon a eu la présence d'esprit d'effacer tous ses comptes Internet.
(…)
Pour la quatrième fois en six mois, deux médias inconnus du grand public, utilisant des méthodes accessibles à n'importe quel fouineur de l'Internet, faisaient tomber un agent secret russe. Hormis Popov, on trouve dans le quatuor, son compère de l'aventure monténégrine, Édouard Chichmakov, alias Édouard Chirokov, et surtout les deux meurtriers désignés de l'ancien agent Sergueï Skripal, empoisonné au Novichok à Salisbury : Alexandre Michkin, alias « Petrov » et Anatoli Tchepiga, alias Rouslan Bochirov sont les deux hommes par lesquels est survenu le plus grand scandale d'espionnage de l'histoire récente, conduisant à l'expulsion de 300 diplomates russes et occidentaux.
(…)
En novembre dernier, quatre agents supplémentaires du GRU ont été identifiés et présentés à la télévision par le contre-espionnage néerlandais, après que ces derniers eurent tenté de pirater les ordinateurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), au moment où celle-ci enquêtait sur le Novichok et sur les armes chimiques utilisées par le régime syrien à Duma, selon l'accusation des chancelleries occidentales. Les espions avaient été arrêtés sur un parking de La Haye, en face du siège de l'OIAC, leur véhicule truffé de matériel électronique : une antenne cachée sous un manteau, plusieurs téléphones portables, un ordinateur et une batterie, destinées à « intercepter le Wi-Fi de l'OIAC et des codes de connexion » , ont expliqué les autorités néerlandaises.
(…)
Ces opérations avortées ont toutes un point commun : les traces, parfois grossières laissées par leurs auteurs, des signatures de crime qui laissent les experts pantois. Exemple, c'est par l'intermédiaire d'un virement bancaire effectué par la Western Union que l'un des agents russes soupçonnés d'une tentative de coup d'État au Monténégro, a fait parvenir des fonds à son collaborateur serbe à Belgrade, chargé de prendre d'assaut les institutions monténégrines. Pire, l'adresse de l'émetteur du mandat correspondait au 76 de la Chaussée Khorochevskoye, siège moscovite du GRU à Moscou. La note de taxi que les cyberespions de l'OIAC avaient commandé pour se rendre à l'aéroport moscovite, destination La Haye, était également libellée à la même adresse. La note de frais compromettante a été saisie par le contre-espionnage néerlandais.
Nous vous laissons aussi parcourir l’article tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les agents secrets, écouter l’émission de [url=https://www.franceculture.fr/emissions/conversations-secretes-le-monde-des-espions/les-espions-du-president-les-etats-unis) France Culture [/ur]sur « les espions du Président ».
Par ailleurs, si vous ne deviez retenir qu’une chose, sachez qu’un grand nombre d’espions sont en fait des … espionnes !! Voilà qui va faire grincer des dents James Bond … et si Miss Moneypenny n’était autre qu’une spy .
Une recherche sur notre catalogue vous montrera que les publications sur les [url=https://catalogue.bm-lyon.fr/permalink/P-4b25f094-8966-4931-8d34-f02624f2a568] espions[/url] abondent.
Nous vous proposons une première sélection d’ouvrages qui assouviront votre curiosité :
• Le grand livre des espions / Patrick Pesnot, Monsieur X, 2015 : « Tous ont trahi. Rarement par cupidité, parfois par faiblesse, le plus souvent par idéalisme et même par patriotisme. Pour une cause ou par amour, ces hommes et ces femmes sont devenus des espions : ils ont dû assumer d'être des «épieurs», des voleurs de mots, d'images, de confidences ou de secrets. Quitte à risquer leur liberté et quelquefois leur vie. Tous ont finalement accepté de mener une existence périlleuse et toujours angoissante. De Hans Voelkner, le Franco-Allemand qui reste fidèle aux idéaux communistes de ses parents, héros du combat antinazi, à l'Israëlien Elie Cohen, qui continue à renseigner sa patrie malgré la potence qui l'attend au terme de sa mission, en passant par la Portoricaine Ana Montès, qui met toute sa révolte au service de Fidel Castro. Victimes d'eux-mêmes ou de la froide mécanique des services de renseignement, ils sont allés courageusement au bout de leur aventure. À travers une quinzaine de récits enlevés et passionnants, Patrick Pesnot restitue la vie intime de ceux qui ont choisi de passer de l'autre côté du miroir. Autant de parcours subjectifs de personnages du XXe siècle, qui auraient pu demeurer ordinaires, mais qui, tous, ont connu des destins hors du commun »
• Atlas du renseignement : géopolitique du pouvoir/ Sébastien-Yves Laurent, 2014 : « Composé de quatre chapitres thématiques et d'une soixantaine de cartes, cet atlas illustré rend compte du fonctionnement du renseignement dans le monde : les coopérations, les rivalités, les objectifs, les enjeux, etc. »
• Le renseignement: histoire, méthodes et organisation des services secrets / Christophe Soullez, 2017 : « L'histoire du renseignement en France et dans le monde, mettant en lumière les méthodes et les acteurs afin d'expliquer le fonctionnement de ce service ».
• Renseignement et sécurité/ Olivier Chopin, Benjamin Oudet, 2016 : « New York 2001, Londres 2005, Paris 2015 et Bruxelles 2016 : ces attentats spectaculaires, qui n'ont pu être anticipés, ont mis en évidence le rôle essentiel du renseignement en démocratie. Dans la lutte contre les formes mondialisées de terrorisme, l'univers du renseignement occupe une place de plus en plus forte dans la politique. En France, le renseignement a toujours occupé une place singulière au sein de l'État, que ce soit dans la police, la politique étrangère ou l'armée. Aujourd'hui, il est de plus en plus « centralisé ». Quel est le cycle du renseignement ? Qui renseigne ? Qu'est-ce que le secret d'Etat ? Torture, prisons secrètes, surveillance de masse : comment pratiquer le renseignement en démocratie tout en respectant les libertés fondamentales ? Ce manuel présente l'essentiel de ce champ d'étude en fort développement ».
• Renseignement français: nouveaux enjeux / Bernard Squarcini, Etienne Pellot, 2013 : « Premier directeur central du renseignement intérieur, B. Squarcini présente sa vision de la situation du renseignement français, ainsi que les perspectives et les menaces futures. Cinq ans après une réforme majeure qui a débouché sur la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), aux lendemains d'un rapport parlementaire important dédié à la communauté française du renseignement, il est grand temps de refaire l'état des lieux des services spéciaux. Ni réquisitoire, ni pamphlet, ni manifeste, ce livre à quatre mains est d'abord un hommage aux hommes et femmes de l'ombre. Il pointe les nouveaux enjeux du renseignement français, ouvre des perspectives et propose une Feuille de route pour la défense de la France et de ses intérêts à l'étranger ».
• Les espionnes racontent: CIA, Mossad, KGB... / Chloé Aeberhardt, 2017 : » Une série de portraits d'espionnes des grands services de renseignement français et étrangers. Retraitées de la CIA, du KGB, du MI5, de la DST ou du Mossad, ces femmes de l'ombre acceptent de raconter leur rôle dans le conflit Est-Ouest à l'heure de la guerre froide ».
• Espionnes: doubles vies sous haute tension : une enquête exclusive au coeur des services secrets français / Dalila Kerchouche, 2016 : »Une enquête sur les femmes des services de renseignements français à travers les confidences, recueillies pendant un an, d'une cinquantaine d'espionnes : les succès et les difficultés du métier, les missions, le machisme, la vie de famille, le poids du secret, etc. »
• Les femmes espionnes dans la guerre 14-18 / Chantal Antier, Marianne Walle, Olivier Lahaie,2008 : « L'espionnage reste un sujet à la mode, romans et films retracent encore les péripéties de ces héros et héroïnes à travers le monde. Mais qu'en est-il réellement pendant la Grande Guerre ? Les services de renseignements de tous les pays s'activent. À qui peut-on confier la tâche délicate et dangereuse d'espionner les ennemis en l'absence des hommes au front ? Aux femmes ? " Elles apportent la finesse, la souplesse, l'esprit de dissimulation, auxquels elles ajoutent des armes redoutables, leur beauté, leurs regards ensorceleurs. " N'est-ce pas le portrait de la trop célèbre Mata Hari ? Mais d'autres espionnes acceptent ce rôle pour des raisons différentes, patriotisme, goût du risque, esprit de vengeance, recherche d'une situation aisée même au prix de la prostitution, désir de s'affirmer dans la société. Quelle reconnaissance peuvent-elles espérer de leurs officiers traitants et de leur patrie pour les avoir servis dans des conditions souvent tragiques ? »
Satellites espions: histoire de l'espace militaire mondial / Jacques Villain ; préface du général Lapprend et du colonel Garcia-Brotons, 2009 : « Aujourd'hui les satellites de reconnaissance et d'écoute savent tout ce qui se passe partout. La Chine et les Etats-Unis ont procédé à des destructions expérimentales de satellites par missile. L'ouvrage propose une approche exhaustive de l'espionnage par satellite et de la fabrication d'armes sophistiquées capables de porter le combat dans l'espace ».
Moi, Iranien, espion de la CIA et du Mossad / Djahanshah Bakhtiar ; avec la collaboration de Matthieu Suc, 2014 : « Le petit-fils du dernier Premier ministre du Shah d'Iran, Chapour Bakhtiar, raconte comment il est devenu espion de la CIA et agent du Mossad israélien, voulant ainsi venger la mort de son grand-père assassiné en 1991 par les mollahs »
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