Question d'origine :
Bonjour,
je me permets de vous solliciter au propos du taux des tumeurs mammaires qui frappent les chiennes.
En effet, dans la thèse de Doctorat Vétérinaire présentée par Irène Bulot, « Étude rétrospective sur l’usage des inhibiteurs de la COX-2 dans le traitement des tumeurs mammaires canines » (www2.vetagro-sup.fr/bib/fondoc/th_sout/dl.php?file=2017lyon041.pdf), l’on peut lire en page 13 : « Plusieurs études européennes montrent une incidence moyenne de 200/100 000 chiens par an » avec pour références :
SLEECKX N., DE ROOSTER H., VELDHUIS KROEZE E.J.B., VAN GINNEKEN C. et VAN BRANTEGEM L. Canine mammary tumours, an overview. Reproduction in Domestic Animals = Zuchthygiene. 2011. Vol. 46, n° 6, pp. 1112‐1131
et
VASCELLARI M., CAPELLO K., CARMINATO A., ZANARDELLO C., BAIONI E. et MUTINELLI F. Incidence of mammary tumors in the canine population living in the Veneto region (Northeastern Italy): Risk factors and similarities to human breast cancer. Preventive Veterinary Medicine. 2016. Vol. 126, pp. 183‐189
tandis que dans une autre thèse de Doctorat Vétérinaire présentée par Gaëlle Brassart, « Les tumeurs mammaires chez la chienne : données bibliographiques récentes concernant l’approche diagnostique et la proposition d’un pronostic fiable » (www2.vetagro-sup.fr/bib/fondoc/th_sout/dl.php?file=2008lyon077.pdf), l’on peut lire en page 26 : « Ils ont calculé une incidence annuelle de 205/100 000 en ce qui concerne les cancers mammaires » avec pour référence :
DOBSON J.M., SAMUEL S., MILSTEIN H. et al. – Canine neoplasia in the UK : estimates of incidence rates from a population of insured dogs. J. Small. Anim. Pract., 2002, 43, 240-246
Soit donc une variation du simple au double, ce qui est considérable même en tenant compte de la diversité des panels statistiques qui ne sont probablement pas suffisamment représentatifs.
Mes deux questions seraient les suivantes :
1) Les tumeurs mammaires canines peuvent être bénignes ou malignes, tandis que la part des dernières est, selon les études, estimé entre 30 et 50 % : serait-ce un facteur qui trouble les chiffres ? La question vaut d’être posée même si cela paraîtrait étonnant puisque le taux le plus élevé (205/100.000) fait état des « cancers mammaires », en d’autres termes des tumeurs malignes ;
2) Existe-t-il une statistique fiable, ou à tout le monde un consensus sur le taux des tumeurs mammaires canines bénignes, ou malignes, ou les deux réunies ?
Un grand merci par avance pour cette information que je n’arrive désespérément pas à trouver par moi-même !
LM
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 06/08/2019 à 12h39
Bonjour,
Réponse du département Sciences et techniques
Pour bien comprendre votre question nous nous permettons de citer en entier la phrase d’Irène Bulot en page 13 de sa thèse :
« Plusieurs études européennes montrent une incidence moyenne de 200/100 000 chiens par an(Sleeckx et al., 2011; Vascellari et al., 2016) et 50% d’entre elles (des tumeurs) sont malignes (Moe, 2001) ».
En intégrant la fin de cette phrase, on passe donc bien, comme vous le spécifiez, du simple au double par rapport aux chiffres énoncés par Gaëlle Brassart en page 26 de sa thèse de doctorat vétérinaire :
« Ils ont calculé une incidence annuelle de 205/100 000 en ce qui concerne les cancers mammaires ».
La première cite des chiffres se rapportant aux tumeurs à la fois malignes et bénignes et la deuxième cite des chiffres concernant le nombre de cancers mammaires, c’est-à-dire de tumeurs malignes.
Rappelons, comme précisé dans cet article d'un blog du Monde « Les tumeurs mammaires de la chienne : causes, symptômes, traitement » que « les tumeurs mammaires peuvent être malignes, c’est-à-dire cancéreuses, ou bénignes, donc non cancéreuses. »
Après ce petit éclaircissement, revenons-en à vos interrogations auxquelles nous n’avons malheureusement pas trouvé de réponse précise.
Pour tenter d’y voir plus clair nous nous sommes concentrés sur le paragraphe ci-dessous, rédigé par Gaëlle Brassart en p.26 de sa thèse, d’où est extrait le chiffre «205/100 000 cancers mammaires » :
« Entre juin 1997 et mai 1998, une enquête a été menée par Dobson et al. (17), sur 130 684 chiens en Grande-Bretagne. Durant cette période, ils ont répertorié les demandes de prise en charge pour des tumeurs, y compris les tumeurs mammaires. Ils ont calculé une incidence annuelle de 205/100 000 en ce qui concerne les cancers mammaires. Cependant, le sexe n’a pas été à priori pris en compte pour cette étude. D’autres biais peuvent être notés : non représentativité de l’ensemble de la population canine, nombre important de jeunes et de races pures dans l’échantillon, diagnostic morphologique des tumeurs non systématique. La part de tumeurs malignes et bénignes est difficile à déterminer. En effet, les petites tumeurs bénignes ne sont pas toujours diagnostiquées par les vétérinaires et ne sont donc pas systématiquement retirées chirurgicalement, ni analysées histologiquement : ceci constitue donc un biais. L’incidence des tumeurs mammaires malignes a été estimée à 30% environ des tumeurs mammaires analysées après exérèse chirurgicale.(57) De plus, certains vétérinaires préfèrent attendre avant d’enlever la tumeur et surveiller l’évolution de la masse dans le temps. Or, on ne peut préjuger de la bénignité ou de la malignité d’une tumeur, si on ne prend en compte que la présentation clinique ».
Ce que nous comprenons, c’est que l’auteure semble elle-même douter, voire remettre en question, ce chiffre très précis (trop précis ?) de 205/100 000 cancers mammaires. Elle parle à plusieurs reprises de « biais », de «part de tumeurs malignes et bénignes difficile à déterminer », « d’estimation »… Donc peut-on se fier à cette étude ? Et rappelons que l’étude sur laquelle se base Gaëlle Brassart est plus ancienne (2002) que celles sur lesquelles se base Irène Bulot (2011 et 2016)…
En tout cas, n’ayant pas accès à ce type de données très spécialisées pour confirmer ou infirmer ces chiffres (nous ne sommes qu’une bibliothèque municipale !) et n’ayant pas trouvé plus d’informations à ce sujet sur le web nous vous conseillons de contacter la société Veteproduction spécialisée dans les pathologies de la reproduction canine et féline.
Cette société est notamment citée par la clinique vétérinaire LINGOSTIÈRE en tant que fournisseur de données statistiques et propose une fiche synthétique sur « les tumeurs mammaires chez la chienne » précise et chiffrée mais sans pour autant reprendre le fameux chiffre de 200/100 000 tumeurs mammaires ou cancers mammaires ?
Ou encore, de contacter directement l’école vétérinaire de Lyon grâce à laquelle vous avez trouvé les thèses de doctorat de Mesdames Brassart et Bulot.
Enfin, si de manière plus générale la santé du chien vous intéresse, nous vous invitons à découvrir ces ouvrages complets et bien faits, que vous trouverez dans les rayons de la bibliothèque municipale de Lyon :
- Un chien en pleine forme
- La santé du chien
- Tout sur le toutou
- Chiens & chats : diagnostics différentiels, symptômes, examens
Bonne journée.
Pour bien comprendre votre question nous nous permettons de citer en entier la phrase d’Irène Bulot en page 13 de sa thèse :
« Plusieurs études européennes montrent une incidence moyenne de 200/100 000 chiens par an(Sleeckx et al., 2011; Vascellari et al., 2016) et 50% d’entre elles (des tumeurs) sont malignes (Moe, 2001) ».
En intégrant la fin de cette phrase, on passe donc bien, comme vous le spécifiez, du simple au double par rapport aux chiffres énoncés par Gaëlle Brassart en page 26 de sa thèse de doctorat vétérinaire :
« Ils ont calculé une incidence annuelle de 205/100 000 en ce qui concerne les cancers mammaires ».
La première cite des chiffres se rapportant aux tumeurs à la fois malignes et bénignes et la deuxième cite des chiffres concernant le nombre de cancers mammaires, c’est-à-dire de tumeurs malignes.
Rappelons, comme précisé dans cet article d'un blog du Monde « Les tumeurs mammaires de la chienne : causes, symptômes, traitement » que « les tumeurs mammaires peuvent être malignes, c’est-à-dire cancéreuses, ou bénignes, donc non cancéreuses. »
Après ce petit éclaircissement, revenons-en à vos interrogations auxquelles nous n’avons malheureusement pas trouvé de réponse précise.
Pour tenter d’y voir plus clair nous nous sommes concentrés sur le paragraphe ci-dessous, rédigé par Gaëlle Brassart en p.26 de sa thèse, d’où est extrait le chiffre «205/100 000 cancers mammaires » :
« Entre juin 1997 et mai 1998, une enquête a été menée par Dobson et al. (17), sur 130 684 chiens en Grande-Bretagne. Durant cette période, ils ont répertorié les demandes de prise en charge pour des tumeurs, y compris les tumeurs mammaires. Ils ont calculé une incidence annuelle de 205/100 000 en ce qui concerne les cancers mammaires. Cependant, le sexe n’a pas été à priori pris en compte pour cette étude. D’autres biais peuvent être notés : non représentativité de l’ensemble de la population canine, nombre important de jeunes et de races pures dans l’échantillon, diagnostic morphologique des tumeurs non systématique. La part de tumeurs malignes et bénignes est difficile à déterminer. En effet, les petites tumeurs bénignes ne sont pas toujours diagnostiquées par les vétérinaires et ne sont donc pas systématiquement retirées chirurgicalement, ni analysées histologiquement : ceci constitue donc un biais. L’incidence des tumeurs mammaires malignes a été estimée à 30% environ des tumeurs mammaires analysées après exérèse chirurgicale.(57) De plus, certains vétérinaires préfèrent attendre avant d’enlever la tumeur et surveiller l’évolution de la masse dans le temps. Or, on ne peut préjuger de la bénignité ou de la malignité d’une tumeur, si on ne prend en compte que la présentation clinique ».
Ce que nous comprenons, c’est que l’auteure semble elle-même douter, voire remettre en question, ce chiffre très précis (trop précis ?) de 205/100 000 cancers mammaires. Elle parle à plusieurs reprises de « biais », de «part de tumeurs malignes et bénignes difficile à déterminer », « d’estimation »… Donc peut-on se fier à cette étude ? Et rappelons que l’étude sur laquelle se base Gaëlle Brassart est plus ancienne (2002) que celles sur lesquelles se base Irène Bulot (2011 et 2016)…
En tout cas, n’ayant pas accès à ce type de données très spécialisées pour confirmer ou infirmer ces chiffres (nous ne sommes qu’une bibliothèque municipale !) et n’ayant pas trouvé plus d’informations à ce sujet sur le web nous vous conseillons de contacter la société Veteproduction spécialisée dans les pathologies de la reproduction canine et féline.
Cette société est notamment citée par la clinique vétérinaire LINGOSTIÈRE en tant que fournisseur de données statistiques et propose une fiche synthétique sur « les tumeurs mammaires chez la chienne » précise et chiffrée mais sans pour autant reprendre le fameux chiffre de 200/100 000 tumeurs mammaires ou cancers mammaires ?
Ou encore, de contacter directement l’école vétérinaire de Lyon grâce à laquelle vous avez trouvé les thèses de doctorat de Mesdames Brassart et Bulot.
Enfin, si de manière plus générale la santé du chien vous intéresse, nous vous invitons à découvrir ces ouvrages complets et bien faits, que vous trouverez dans les rayons de la bibliothèque municipale de Lyon :
- Un chien en pleine forme
- La santé du chien
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Bonne journée.
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