Question d'origine :
Chers tous,
Je suis un habitué de votre bibliothèque et je vous suis vraiment très reconnaissant pour tout le travail que vous faites.
Venir vous retrouver est à chaque fois une expérience, un pèlerinage.
Voilà ma question.
Comment tomber amoureux?
Je vous aime.
Haig Sarikouyoumdjian
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/07/2019 à 14h55
Bonjour,
Dans des questions précédentes, nous abordions le sentiment amoureux sous le spectre des mécanismes biochimiques et dans amoureux nous relations une expérience portée par un psychologue états-uniens qui souhaitant vérifier si deux parfaits inconnus pouvaient « tomber amoureux », avait constitué et soumis un questionnaire en 36 points… et l’amour advint !!
caminteresse.fr s'interroge sur ce qu'il se passe dans le cerveau quand on tombe amoureux :
Grâce à l’imagerie, les chercheurs suivent à la trace le parcours de nos sentiments dans le cerveau. Et dressent une carte cérébrale de notre vie amoureuse.
Romantiques s’abstenir ! Depuis quelques années, les neurosciences s’intéressent de près aux mécanismes de l’amour. Ceux qui pensaient qu’il s’agissait d’une affaire de cour et de magie risquent fort d’être déçus. Ces recherches, menées grâce à l’imagerie, montrent que l’état amoureux dépend surtout d’une chimie complexe contrôlée par… le cerveau !
Une équipe de l’université de Syracuse a ainsi analysé 6 études (Journal of Sexual Medicine, 2010). Conclusion : lorsqu’on tombe amoureux, pas moins de 12 aires du cerveau travaillent de concert pour produire des hormones comme la dopamine, l’ocytocine, l’adrénaline ou la vasopressine qui nous rendent euphoriques. Chaque étape – la séduction, la passion, l’attachement… – met en jeu des circuits complexes. Quand une personne nous plaît, notre hypothalamus sécrète de la testostérone, qui attise le désir, et entraîne la libération de dopamine, neuromédiateur du plaisir et de la récompense. Au premier rapport sexuel, la lulibérine prend le relais. « Contrairement à la testostérone, elle a besoin de stimuli pour être fabriquée », précise le Pr Michel Reynaud, chef du département de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital universitaire Paul-Brousse (Villejuif). « C’est elle qui va nous donner envie de continuer le rapport jusqu’à l’orgasme. » Quand il est atteint, notre cerveau est baigné d’endorphines, responsables de l’état de béatitude et de somnolence après l’amour, mais aussi d’ocytocine, à l’origine de l’attachement. « Plus on fait l’amour, plus on éprouve du plaisir, donc plus on s’attache à son partenaire », résume le spécialiste.
Et quand la passion est là, d’autres zones du cerveau s’activent avec l’orgasme : l’insula, une aire profonde du cortex qui traite les sensations internes ; le cortex préfrontal et l’amygdale, siège de la mémoire qui joue un rôle dans la mémorisation de la valeur gratifiante d’un stimulus. En fait, c’est le circuit de la récompense qui s’active et procure du plaisir, le même que dans les addictions, notamment la cocaïne. « C’est parce que nous sommes nés pour être amoureux que les drogues fonctionnent si bien sur nous, pointe Michel Reynaud. Comme avec une substance, le sujet se remémore son plaisir et fait tout pour être à nouveau en présence du «produit» qui lui a procuré ces sensations fortes : son partenaire. » Et le coup de foudre, dans tout ça ? Comment peut-on tomber amoureux au premier regard alors que le système d’addiction n’a pas été mis en marche ? C’est une sorte d’impression de « déjà vu », explique Serge Wunsch, docteur en neurosciences cognitives et comportementales : « Lorsqu’on mémorise un visage, notre cerveau l’appréhende par fragment : nous croyons donc «reconnaître» un inconnu, uniquement parce qu’il existe des similitudes de certaines parties de son visage avec quelqu’un d’autre rencontré dans le passé. Dans le cas du coup de foudre, la vision d’une personne rappelle une expérience amoureuse passée et déclenche l’activation de souvenirs des récompenses antérieures. Et plus le vécu a été intense, plus le coup de foudre est important. » Mais l’ardeur des débuts ne dure pas, et cela se mesure....
L’Institut du cerveau et de la moelle épinière s’intéresse lui aussi à ce phénomène et explique ce qui se passe dans le cerveau :
« c’est d’abord éprouver de fortes émotions, d’un coup et de façon parfaitement incontrôlable. Forte accélération du cœur, pâleur, coup de chaud… sont autant de symptômes physiques qui manifestent cet afflux d’émotions que provoque la présence de l’autre, de l’objet amoureux. C’est un phénomène subit et transitoire. À ce moment-là, si l’on fait un arrêt sur images : que se passe-t-il dans le cerveau ? »
Alors oui, bien évidemment, pour rebondir sur ces premières réflexions, le questionnement philosophique du « tomber amoureux » nous semble un mal nécessaire … mais nous aimerez-vous toujours à la fin de notre raisonnement … pas certaine
L’amour est un évènement : nous « tombons amoureux » … pourtant, nous savons que l’amour ne se manifeste pas toujours de façon si soudaine – un jour, nous tombons amoureux d’un ami, et l’amour nous apparaît comme un long processus. Mais, pourquoi disons-nous, dans ce cas aussi, que nous sommes « tombés amoureux ?
Si nous évoquons une chute, c’est peut-être parce que, de cet amour, nous n’avons pas fait le choix : l’amour déciderait à notre place en nous déprenant de la maîtrise que nous aurions sur nous-même.
Tomber amoureux, en ce sens, s’éprouve à la fois dans la souffrance (capturé, je subis cet amour qui me menace, me dépossède – et dans la joie – je suis captivé par cet amour qui ‘m’enthousiasme$(..)
On peut douter, dès lors, que le ravissement se réduise à l’épisode de la rencontre.
(…) tomber amoureux, ce serait ainsi éprouver comme un glissement d’identité. Si je tombe en rencontrant l’autre ( je ne sais plus qui je suis), je tombe aussi en le côtoyant (je change), et en le perdant ( je ne suis plus personne).
Si je dis que je « tombe » amoureux, c’est donc bien en vertu de cette violence souterraine qui me fait voler en écltas (…)
Il semble alors que réduire l’amour à la rencontre élude une question essentielle, à avoir celle du temps amoureux
(…) l’amour peut-il durer toujours ? »
La réponse en lisant la suite Tomber amoureux par Sabrina Cerqueira, 2010.
Mais, on l’espère, en tout cas, nous aussi, on vous aime
Pour approfondir :
- Qu'est-ce que l'amour ? / Umberto Galimberti ; traduit de l'italien par Juliette Blamont, 2016 : Le philosophe et psychanalyste montre que l'amour n'est pas chose tranquille, mais qu'il est aussi une violation de l'intégrité des individus et qu'il rend palpables les limites de l'être humain. L'auteur analyse différents thèmes : la sexualité, la solitude, la passion, la jalousie, le mariage.
- L'amour / introduction, choix de textes, commentaires, vade-mecum et bibliographie par Éric Blondel, 2018 : Une introduction générale à ce thème au programme de français-philosophie des classes préparatoires scientifiques, suivie d'un choix de textes commentés, d'un répertoire pour approfondir les notions et les concepts ainsi que d'une bibliographie.
Dans des questions précédentes, nous abordions le sentiment amoureux sous le spectre des mécanismes biochimiques et dans amoureux nous relations une expérience portée par un psychologue états-uniens qui souhaitant vérifier si deux parfaits inconnus pouvaient « tomber amoureux », avait constitué et soumis un questionnaire en 36 points… et l’amour advint !!
caminteresse.fr s'interroge sur ce qu'il se passe dans le cerveau quand on tombe amoureux :
Grâce à l’imagerie, les chercheurs suivent à la trace le parcours de nos sentiments dans le cerveau. Et dressent une carte cérébrale de notre vie amoureuse.
Romantiques s’abstenir ! Depuis quelques années, les neurosciences s’intéressent de près aux mécanismes de l’amour. Ceux qui pensaient qu’il s’agissait d’une affaire de cour et de magie risquent fort d’être déçus. Ces recherches, menées grâce à l’imagerie, montrent que l’état amoureux dépend surtout d’une chimie complexe contrôlée par… le cerveau !
Une équipe de l’université de Syracuse a ainsi analysé 6 études (Journal of Sexual Medicine, 2010). Conclusion : lorsqu’on tombe amoureux, pas moins de 12 aires du cerveau travaillent de concert pour produire des hormones comme la dopamine, l’ocytocine, l’adrénaline ou la vasopressine qui nous rendent euphoriques. Chaque étape – la séduction, la passion, l’attachement… – met en jeu des circuits complexes. Quand une personne nous plaît, notre hypothalamus sécrète de la testostérone, qui attise le désir, et entraîne la libération de dopamine, neuromédiateur du plaisir et de la récompense. Au premier rapport sexuel, la lulibérine prend le relais. « Contrairement à la testostérone, elle a besoin de stimuli pour être fabriquée », précise le Pr Michel Reynaud, chef du département de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital universitaire Paul-Brousse (Villejuif). « C’est elle qui va nous donner envie de continuer le rapport jusqu’à l’orgasme. » Quand il est atteint, notre cerveau est baigné d’endorphines, responsables de l’état de béatitude et de somnolence après l’amour, mais aussi d’ocytocine, à l’origine de l’attachement. « Plus on fait l’amour, plus on éprouve du plaisir, donc plus on s’attache à son partenaire », résume le spécialiste.
Et quand la passion est là, d’autres zones du cerveau s’activent avec l’orgasme : l’insula, une aire profonde du cortex qui traite les sensations internes ; le cortex préfrontal et l’amygdale, siège de la mémoire qui joue un rôle dans la mémorisation de la valeur gratifiante d’un stimulus. En fait, c’est le circuit de la récompense qui s’active et procure du plaisir, le même que dans les addictions, notamment la cocaïne. « C’est parce que nous sommes nés pour être amoureux que les drogues fonctionnent si bien sur nous, pointe Michel Reynaud. Comme avec une substance, le sujet se remémore son plaisir et fait tout pour être à nouveau en présence du «produit» qui lui a procuré ces sensations fortes : son partenaire. » Et le coup de foudre, dans tout ça ? Comment peut-on tomber amoureux au premier regard alors que le système d’addiction n’a pas été mis en marche ? C’est une sorte d’impression de « déjà vu », explique Serge Wunsch, docteur en neurosciences cognitives et comportementales : « Lorsqu’on mémorise un visage, notre cerveau l’appréhende par fragment : nous croyons donc «reconnaître» un inconnu, uniquement parce qu’il existe des similitudes de certaines parties de son visage avec quelqu’un d’autre rencontré dans le passé. Dans le cas du coup de foudre, la vision d’une personne rappelle une expérience amoureuse passée et déclenche l’activation de souvenirs des récompenses antérieures. Et plus le vécu a été intense, plus le coup de foudre est important. » Mais l’ardeur des débuts ne dure pas, et cela se mesure....
L’Institut du cerveau et de la moelle épinière s’intéresse lui aussi à ce phénomène et explique ce qui se passe dans le cerveau :
« c’est d’abord éprouver de fortes émotions, d’un coup et de façon parfaitement incontrôlable. Forte accélération du cœur, pâleur, coup de chaud… sont autant de symptômes physiques qui manifestent cet afflux d’émotions que provoque la présence de l’autre, de l’objet amoureux. C’est un phénomène subit et transitoire. À ce moment-là, si l’on fait un arrêt sur images : que se passe-t-il dans le cerveau ? »
Alors oui, bien évidemment, pour rebondir sur ces premières réflexions, le questionnement philosophique du « tomber amoureux » nous semble un mal nécessaire … mais nous aimerez-vous toujours à la fin de notre raisonnement … pas certaine
L’amour est un évènement : nous « tombons amoureux » … pourtant, nous savons que l’amour ne se manifeste pas toujours de façon si soudaine – un jour, nous tombons amoureux d’un ami, et l’amour nous apparaît comme un long processus. Mais, pourquoi disons-nous, dans ce cas aussi, que nous sommes « tombés amoureux ?
Si nous évoquons une chute, c’est peut-être parce que, de cet amour, nous n’avons pas fait le choix : l’amour déciderait à notre place en nous déprenant de la maîtrise que nous aurions sur nous-même.
Tomber amoureux, en ce sens, s’éprouve à la fois dans la souffrance (capturé, je subis cet amour qui me menace, me dépossède – et dans la joie – je suis captivé par cet amour qui ‘m’enthousiasme$(..)
On peut douter, dès lors, que le ravissement se réduise à l’épisode de la rencontre.
(…) tomber amoureux, ce serait ainsi éprouver comme un glissement d’identité. Si je tombe en rencontrant l’autre ( je ne sais plus qui je suis), je tombe aussi en le côtoyant (je change), et en le perdant ( je ne suis plus personne).
Si je dis que je « tombe » amoureux, c’est donc bien en vertu de cette violence souterraine qui me fait voler en écltas (…)
Il semble alors que réduire l’amour à la rencontre élude une question essentielle, à avoir celle du temps amoureux
(…) l’amour peut-il durer toujours ? »
La réponse en lisant la suite Tomber amoureux par Sabrina Cerqueira, 2010.
Mais, on l’espère, en tout cas, nous aussi, on vous aime
Pour approfondir :
- Qu'est-ce que l'amour ? / Umberto Galimberti ; traduit de l'italien par Juliette Blamont, 2016 : Le philosophe et psychanalyste montre que l'amour n'est pas chose tranquille, mais qu'il est aussi une violation de l'intégrité des individus et qu'il rend palpables les limites de l'être humain. L'auteur analyse différents thèmes : la sexualité, la solitude, la passion, la jalousie, le mariage.
- L'amour / introduction, choix de textes, commentaires, vade-mecum et bibliographie par Éric Blondel, 2018 : Une introduction générale à ce thème au programme de français-philosophie des classes préparatoires scientifiques, suivie d'un choix de textes commentés, d'un répertoire pour approfondir les notions et les concepts ainsi que d'une bibliographie.
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