Question d'origine :
Bonjour à tous,
A-t-on des témoignages de soldats allemands qui sont restés dans les différentes poches du littoral atlantique (Royan entre autres) pendant près de 10 mois, en étant de plus en plus coupés du reste de leur armée, à mesure que la France était libérée ?
En l'absence de tout espoir de se libérer (ou d'être libérés) de l'étau des alliés, l'absurdité de leur situation devait forcément atteindre leur moral...
Merci.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/06/2019 à 14h02
Bonjour,
Bien que l’histoire soit plus souvent racontée par les vainqueurs que par les vaincus, on trouve quelques sources francophones sur les poches de résistance de l’Atlantique vues du côté allemand.
Selon les sources que nous avons pu consulter, il apparaît que les poches atlantiques étaient de véritables forteresses, garnies de troupes nombreuses et organisées, aguerries, bien équipées, malgré son hétérogénéité : outre les membres de la Wermarcht, marins, grenadiers, on y trouvait des « volontaires » du front de l’est (ou Osttruppen : Russes blancs, Géorgiens, Polonais…recrutés ou non de leur plein gré), des volontaires wallons ou danois, voire des vétérans de la Grande Guerre d’âge assez avancé. Les trois soucis principaux des commandants des diverses poches étaient de former leurs troupes au combat au sol (nombre de marins n’avaient pas de formation dans ce sens), de leur procurer un ravitaillement suffisant (par des razzias sur les populations civiles, mais aussi la chasse, la pêche, l’agriculture et l’élevage), et d’assurer leur moral :
« Pour combattre toute lassitude ou défaitisme entraîné par l’isolement, l’éloignement de ses proches, la dureté des conditions de vie, le sévère rationnement du tabac […], les bombardements quotidiens ou les effets des tracts lancés par les avions alliés ou par obus d’artillerie invitant les soldats à déserter, le commandement multipliait concerts, chorales, représentations théâtrales et matches de football. Un petit journal voyait le jour dans chacune des poches avec mission de remotiver les troupes en transformant le moindre succès, lors d’un raid contre les assiégeants, en une victoire éclatante et prometteuse. »
(Source : Les poches de résistance allemandes sur le littoral français [Livre] : août 1944-mai 1945 / Rémy Desquesnes)
A ces injonctions à positiver s’ajoutaient, évidemment, des représailles sans pitié contre les déserteurs (condamnations à mort, représailles contre les familles en Allemagne…).
Rappelons également que malgré les évacuations de population, la plupart des poches de l’Atlantiques étaient encore largement peuplées de civils à l’hiver 1944-1945. Ce sont ces civils qui seront d’ailleurs les principales victimes des bombardements alliés.
Pour vous faire une idée de l’atmosphère qui régnait dans ces enclaves, nous vous proposons d’écouter l’émission « Sortir de la seconde guerre mondiale 3/5: la libération des poches de l’Atlantique (1944-1945) » sur France culture, et de consulter les documents suivants :
Dans le catalogue de la BmL :
- Les poches de résistance allemandes sur le littoral français [Livre] : août 1944-mai 1945 / Rémy Desquesnes
- Comme un Allemand en France [Livre] : lettres inédites sous l'Occupation, 1940-1944 / [réunies par] Aurélie Luneau, Jeanne Guérout, Stefan Martens
- La mémoire des bunkers [Livre] : les plus belles fresques du Mur de l'Atlantique / Alain Durrieu
- Les poches de l'Atlantique [Livre] : janvier 1944-mai 1945 : les batailles oubliées de la Libération / Stéphane Simonnet
Témoignages graphiques de l’état d’esprit et des obsessions des soldats allemands dans les blockhaus de l’Atlantique.
- La Rochelle, « poche » de l’Atlantique [Livre] / Christine Gachignard, ouvrage épuisé, mais qu’on peut trouver sur des sites de ventes d’occasion.
Dans les collections du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation :
- La Poche de Royan [Revue] / Christian Genet
- Le journal du vice-amiral Friedrich Frisius, commandant de la "forteresse" de Dunkerque [livre] : 3 septembre 1944-9 mai 1945 / Patrick Oddonne ; Guy Bataille ; Dominique Macaigne également au CHRD
- La Rochelle, septembre 1944-mai 1945 [Livre] : Meyer et Schirlitz, les meilleurs ennemis / Robert Kalbach ; Olivier Lebleu
Ailleurs :
-
- Poche de Saint-Nazaire - Neuf mois d'une guerre oubliée [Livre] / Michel Gautier
« Michel-Alexandre Gautier met ici en lumière l’histoire de cette zone de repli et de ces oubliés à l’issue d’une recherche au long cours ; en effet, de 2002 à 2017, en s’appuyant sur les archives de guerre, il a mené son enquête auprès de tous les protagonistes de la période encore vivants, civils et militaires des deux camps . »
Bonnes lectures.
Bien que l’histoire soit plus souvent racontée par les vainqueurs que par les vaincus, on trouve quelques sources francophones sur les poches de résistance de l’Atlantique vues du côté allemand.
Selon les sources que nous avons pu consulter, il apparaît que les poches atlantiques étaient de véritables forteresses, garnies de troupes nombreuses et organisées, aguerries, bien équipées, malgré son hétérogénéité : outre les membres de la Wermarcht, marins, grenadiers, on y trouvait des « volontaires » du front de l’est (ou Osttruppen : Russes blancs, Géorgiens, Polonais…recrutés ou non de leur plein gré), des volontaires wallons ou danois, voire des vétérans de la Grande Guerre d’âge assez avancé. Les trois soucis principaux des commandants des diverses poches étaient de former leurs troupes au combat au sol (nombre de marins n’avaient pas de formation dans ce sens), de leur procurer un ravitaillement suffisant (par des razzias sur les populations civiles, mais aussi la chasse, la pêche, l’agriculture et l’élevage), et d’assurer leur moral :
« Pour combattre toute lassitude ou défaitisme entraîné par l’isolement, l’éloignement de ses proches, la dureté des conditions de vie, le sévère rationnement du tabac […], les bombardements quotidiens ou les effets des tracts lancés par les avions alliés ou par obus d’artillerie invitant les soldats à déserter, le commandement multipliait concerts, chorales, représentations théâtrales et matches de football. Un petit journal voyait le jour dans chacune des poches avec mission de remotiver les troupes en transformant le moindre succès, lors d’un raid contre les assiégeants, en une victoire éclatante et prometteuse. »
(Source : Les poches de résistance allemandes sur le littoral français [Livre] : août 1944-mai 1945 / Rémy Desquesnes)
A ces injonctions à positiver s’ajoutaient, évidemment, des représailles sans pitié contre les déserteurs (condamnations à mort, représailles contre les familles en Allemagne…).
Rappelons également que malgré les évacuations de population, la plupart des poches de l’Atlantiques étaient encore largement peuplées de civils à l’hiver 1944-1945. Ce sont ces civils qui seront d’ailleurs les principales victimes des bombardements alliés.
Pour vous faire une idée de l’atmosphère qui régnait dans ces enclaves, nous vous proposons d’écouter l’émission « Sortir de la seconde guerre mondiale 3/5: la libération des poches de l’Atlantique (1944-1945) » sur France culture, et de consulter les documents suivants :
Dans le catalogue de la BmL :
- Les poches de résistance allemandes sur le littoral français [Livre] : août 1944-mai 1945 / Rémy Desquesnes
- Comme un Allemand en France [Livre] : lettres inédites sous l'Occupation, 1940-1944 / [réunies par] Aurélie Luneau, Jeanne Guérout, Stefan Martens
- La mémoire des bunkers [Livre] : les plus belles fresques du Mur de l'Atlantique / Alain Durrieu
- Les poches de l'Atlantique [Livre] : janvier 1944-mai 1945 : les batailles oubliées de la Libération / Stéphane Simonnet
Témoignages graphiques de l’état d’esprit et des obsessions des soldats allemands dans les blockhaus de l’Atlantique.
- La Rochelle, « poche » de l’Atlantique [Livre] / Christine Gachignard, ouvrage épuisé, mais qu’on peut trouver sur des sites de ventes d’occasion.
Dans les collections du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation :
- La Poche de Royan [Revue] / Christian Genet
- Le journal du vice-amiral Friedrich Frisius, commandant de la "forteresse" de Dunkerque [livre] : 3 septembre 1944-9 mai 1945 / Patrick Oddonne ; Guy Bataille ; Dominique Macaigne également au CHRD
- La Rochelle, septembre 1944-mai 1945 [Livre] : Meyer et Schirlitz, les meilleurs ennemis / Robert Kalbach ; Olivier Lebleu
Ailleurs :
-
- Poche de Saint-Nazaire - Neuf mois d'une guerre oubliée [Livre] / Michel Gautier
« Michel-Alexandre Gautier met ici en lumière l’histoire de cette zone de repli et de ces oubliés à l’issue d’une recherche au long cours ; en effet, de 2002 à 2017, en s’appuyant sur les archives de guerre, il a mené son enquête auprès de tous les protagonistes de la période encore vivants, civils et militaires
Bonnes lectures.
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