Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerai obtenir des informations sur des Prisons pour mineurs à Paris entre 1935 et 1952:
- Il y'avait-il des prisons pour mineurs à Paris entre 1935 et 1952?
- Comment y étaient traités les détenus?
Vous remerciant par avance,
F. HAMMS
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/06/2019 à 08h44
Bonjour,
Si grand nombre d’ouvrages porte sur les bagnes d’enfants, et autres lieux d’enfermement, bien peu consacre une étude aux prisons de mineurs à Paris au début du XXe siècle. La cause en est peut-être que ceux-ci étaient plus fréquemment envoyés dans ce que l’on appelait des colonies agricoles. Les ouvrages suivants vous permettront de comprendre – hors Paris – ce qu’étaient les conditions de vie d’un mineur enfermé.
Ainsi, l’ouvrage Le temps des bagnes 1748-1953 relate qu’en ces années 1930, « l’attention se porte aussi sur la situation dans les colonies pénitentiaires pour mineurs. L’implication des pouvoirs publics, se substituant aux initiatives privées dans la gestion de ces établissements, n’a pas donné les résultats escomptés, d’une part par manque de moyens et, d’autre part, du fait de la persistance d’un courant de pensée essentiellement répressif.
L’auteur relate alors les divers épisodes de révoltes liées aux conditions d’enfermement qui conduisent à des changements.
L’auteur note qu’en 1927 des améliorations sont apportées avec « un décret donn[ant] naissance à un Comité national pour la protection des enfants traduits en justice (…)
Significativement, les colonies pénitentiaires deviennent des « maisons d’éducation surveillée » pour les garçons et des « écoles de préservation » pour les filles, les surveillants, des « moniteurs » et les colons, des « pupilles ». Pour autant, entre août 1930 et juillet 1931, le reporter Henri d’Anjou mène une enquête et décrit des enfants et des adolescents pitoyables, le plus souvent mal nourris, soumis parfois à une discipline inhumaine et qui ont « appris à haïr ».
L’étude cite divers livres d’anciens pensionnaire décrivant ( des années 30 aux années 70) leur séjour dans les maisons de corrections. Parallèlement, les critiques dans les années 30 se font de plus en plus nombreuses et « reportages, films, interventions politiques diverses, soutien de l’opinion publique favorisent de nouvelles mesures tel un décret du 17 août 1938 créant, au soin de l’administration pénitentiaire, un corps de personnel d’éducation surveillée. En février 1940, les maisons d’éducation surveillée deviennent des institutions publiques d’éducation surveillée (IPES). Mais les changements de noms sont peu significatifs par rapport à des situations où dominent encore l’arbitraire et la violence.
(…) Dès l’été 1940, après la signature de l’armistice, le maréchal Pétain considère que pour assurer le redressement du pays, une politique de la jeunesse doit être mise en place » et que « cette attention à la jeunesse se retrouve dans tous les domaines, y compris celui de la délinquance juvénile (...) A paris l’administration pénitentiaire gère trois centres d’accueil où les mineurs restent une ou deux semaines avant d’être répartis vers des centres départementaux qui sont bientôt une trentaine à travers la France ».
Le 2 février 1945 est prise une ordonnance relative à l’enfance délinquante et une autre, le 1ers septembre, créant une Direction de l’éducation surveillée (…) l’idée de revoir des enfants derrière des barreaux est combattue, la notion de liberté surveillée est fav : enfance délinquante et violence institutionnelle du XVIIIe au XXe siècles : enfance délinquante et violence institutionnelle du XVIIIe au XXe siècles brisée par la pratique des placements sous le contrôle de délégués bénévoles et surtout d’assistantes sociales.
Un chapitre est consacré au dispositif mis en place après 1945 dans Les centres éducatifs fermés : entre logique pénitentiaire et logique éducative.
Vous trouverez d’autres informations sur les conditions d’enfermement dans Les bagnes d’enfants et autres lieux d’enfermement : enfance délinquante et violence institutionnelle du XVIIIe au XXe siècles qui décrit notamment que « les infractions les plus habituelles ai règlement intérieur sont la désobéissance, le mensonge, le bavardage, la négligence dans la tenue, la paresse, les querelles, les trafics et le vol. Les punitions consistent : au pain sec et à l’eau, à la privation de récréation, de correspondance ou de visites ; la férule, la corvée, la perte de bons points et tout ou partie du pécule (…) l’isolement pendant le repas, la Mirmande publique, le peloton, le quartier de punition, (…) un autre emprunt s’ajoute à la panoplie du châtiment et de la punition : celui de l’enchaînement du coupable comme il est pratiqué au bagne (…) la tonte des cheveux sera également pratiquée, aussi bine pour les garçons que pour les filles et se poursuivra après la seconde guerre mondiale pour ne tomber en désuétude que dans les années 1960».
Pour ce qui concerne proprement Paris, nous vous laissons parcourir l'étude de Christian Sanchez,Les centres d'accueil et de triage de l'Éducation surveillée : 1941-1950 les établissements de triage ainsi que les Les établissements d'accueil et d'observation à Paris.
Nous vous laissons poursuivre vos recherches en parcourant les documents suivants :
* Jacques Bourquin, On les appelait en 1950 les « cas résiduels ». Ils furent plus tard les « incasables »… La protection judiciaire et les mineurs difficiles, Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », Hors-série | 2007, 177-189.
* Jacques Bourquin, Une histoire qui se répète les centres fermés pour mineurs délinquants, Adolescence, 2005/4 (no 54), pages 877 à 897.
* Maurice Capul, Depuis la guerre 1939-1945, des lieux pour enfants perdus, Empan, 2013/4 (n° 92), pages 19 à 24.
* L’ouvrage d’Elise Yvorel, Les enfants de l'ombre. La vie quotidienne des jeunes détenus au XXe siècle en France métropolitaine (2015),que nous ne possédons pas, devrait enrichir votre réflexion et vous apporter des renseignements sur les mineurs dans la prison de Fresnes.
Vous pourriez aussi consulter Prisons de Paris et de l'ancien département de la Seine, 1800-1940: répertoire numérique détaillé de la série y par Jean Marie Jenn (199) que nous ne possédons pas non plus.
Notons aussi la contribution de Jean-Luc Einaudi, Traces : des adolescents en maison de redressement sous l'Occupation (2006) : « Reconstitution de la vie d'adolescents placés dans une maison de redressement parisienne sous l'Occupation. L'auteur, par un croisement d'archives et par les témoignages de survivants, propose quatre-vingts histoires d'adolescents dont les âges varient entre 14 et 17 ans ».
Le travail universitaire, L'État républicain et ses délinquants : Police et justice face à la « jeunesse irrégulière » de la Seine durant la crise des années 1930 / Olivier Golliard, Thèse de doctorat, Histoire moderne et contemporaine, Paris, 2014 " "Dans le contexte général du début du XXe siècle, les petits délinquants font l’objet d’une grande attention de la part des instances régulatrices que sont la Police municipale de Paris et le Tribunal pour enfants et adolescents (TEA). La problématique qui s’intéresse aux effets de la crise sur la délinquance ne se limite pas au champ économique. Elle interroge également l’histoire sociale, politique, judiciaire et culturelle. En effet, la loi du 22 juillet 1912, créant les TEA, réorganise la répression de cette petite délinquance qui a ses quartiers, ses pratiques délictuelles propres. Du cœur de Paris à Saint-Denis, la délinquance juvénile agit de différentes façons. Dans ce territoire parisien se déploient toutes sortes de configurations qui conditionnent les petits larcins. La recherche interroge le rôle de tous les acteurs gravitant autour des mineurs de moins de 21 ans : policiers, juges, délégués à la liberté surveillée, parents, médecins, experts, criminologues, juristes. Cette interrogation prend place alors que s’établit un politique de protectrice des mineurs. Dans ce cadre, c’est avec plus ou moins d’efficacité et de moyens que la loi de 1912 est appliquée. L’ensemble de la recherche questionne ainsi le rôle de l’État dans l’intégration des mineurs délinquants à la République et à la société".
En guise de conclusion, toutes les études citées précédemment comportent de nombreuses références bibliographiques qu’il vous faudra aussi consulter.
Bon courage.
Si grand nombre d’ouvrages porte sur les bagnes d’enfants, et autres lieux d’enfermement, bien peu consacre une étude aux prisons de mineurs à Paris au début du XXe siècle. La cause en est peut-être que ceux-ci étaient plus fréquemment envoyés dans ce que l’on appelait des colonies agricoles. Les ouvrages suivants vous permettront de comprendre – hors Paris – ce qu’étaient les conditions de vie d’un mineur enfermé.
Ainsi, l’ouvrage Le temps des bagnes 1748-1953 relate qu’en ces années 1930, « l’attention se porte aussi sur la situation dans les colonies pénitentiaires pour mineurs. L’implication des pouvoirs publics, se substituant aux initiatives privées dans la gestion de ces établissements, n’a pas donné les résultats escomptés, d’une part par manque de moyens et, d’autre part, du fait de la persistance d’un courant de pensée essentiellement répressif.
L’auteur relate alors les divers épisodes de révoltes liées aux conditions d’enfermement qui conduisent à des changements.
L’auteur note qu’en 1927 des améliorations sont apportées avec « un décret donn[ant] naissance à un Comité national pour la protection des enfants traduits en justice (…)
Significativement, les colonies pénitentiaires deviennent des « maisons d’éducation surveillée » pour les garçons et des « écoles de préservation » pour les filles, les surveillants, des « moniteurs » et les colons, des « pupilles ». Pour autant, entre août 1930 et juillet 1931, le reporter Henri d’Anjou mène une enquête et décrit des enfants et des adolescents pitoyables, le plus souvent mal nourris, soumis parfois à une discipline inhumaine et qui ont « appris à haïr ».
L’étude cite divers livres d’anciens pensionnaire décrivant ( des années 30 aux années 70) leur séjour dans les maisons de corrections. Parallèlement, les critiques dans les années 30 se font de plus en plus nombreuses et « reportages, films, interventions politiques diverses, soutien de l’opinion publique favorisent de nouvelles mesures tel un décret du 17 août 1938 créant, au soin de l’administration pénitentiaire, un corps de personnel d’éducation surveillée. En février 1940, les maisons d’éducation surveillée deviennent des institutions publiques d’éducation surveillée (IPES). Mais les changements de noms sont peu significatifs par rapport à des situations où dominent encore l’arbitraire et la violence.
(…) Dès l’été 1940, après la signature de l’armistice, le maréchal Pétain considère que pour assurer le redressement du pays, une politique de la jeunesse doit être mise en place » et que « cette attention à la jeunesse se retrouve dans tous les domaines, y compris celui de la délinquance juvénile (...)
Le 2 février 1945 est prise une ordonnance relative à l’enfance délinquante et une autre, le 1ers septembre, créant une Direction de l’éducation surveillée (…) l’idée de revoir des enfants derrière des barreaux est combattue, la notion de liberté surveillée est fav : enfance délinquante et violence institutionnelle du XVIIIe au XXe siècles : enfance délinquante et violence institutionnelle du XVIIIe au XXe siècles brisée par la pratique des placements sous le contrôle de délégués bénévoles et surtout d’assistantes sociales.
Un chapitre est consacré au dispositif mis en place après 1945 dans Les centres éducatifs fermés : entre logique pénitentiaire et logique éducative.
Vous trouverez d’autres informations sur les conditions d’enfermement dans Les bagnes d’enfants et autres lieux d’enfermement : enfance délinquante et violence institutionnelle du XVIIIe au XXe siècles qui décrit notamment que « les infractions les plus habituelles ai règlement intérieur sont la désobéissance, le mensonge, le bavardage, la négligence dans la tenue, la paresse, les querelles, les trafics et le vol. Les punitions consistent : au pain sec et à l’eau, à la privation de récréation, de correspondance ou de visites ; la férule, la corvée, la perte de bons points et tout ou partie du pécule (…) l’isolement pendant le repas, la Mirmande publique, le peloton, le quartier de punition, (…) un autre emprunt s’ajoute à la panoplie du châtiment et de la punition : celui de l’enchaînement du coupable comme il est pratiqué au bagne (…) la tonte des cheveux sera également pratiquée, aussi bine pour les garçons que pour les filles et se poursuivra après la seconde guerre mondiale pour ne tomber en désuétude que dans les années 1960».
Pour ce qui concerne proprement Paris, nous vous laissons parcourir l'étude de Christian Sanchez,
Nous vous laissons poursuivre vos recherches en parcourant les documents suivants :
* Jacques Bourquin, On les appelait en 1950 les « cas résiduels ». Ils furent plus tard les « incasables »… La protection judiciaire et les mineurs difficiles, Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », Hors-série | 2007, 177-189.
* Jacques Bourquin, Une histoire qui se répète les centres fermés pour mineurs délinquants, Adolescence, 2005/4 (no 54), pages 877 à 897.
* Maurice Capul, Depuis la guerre 1939-1945, des lieux pour enfants perdus, Empan, 2013/4 (n° 92), pages 19 à 24.
* L’ouvrage d’Elise Yvorel, Les enfants de l'ombre. La vie quotidienne des jeunes détenus au XXe siècle en France métropolitaine (2015),que nous ne possédons pas, devrait enrichir votre réflexion et vous apporter des renseignements sur les mineurs dans la prison de Fresnes.
Vous pourriez aussi consulter Prisons de Paris et de l'ancien département de la Seine, 1800-1940: répertoire numérique détaillé de la série y par Jean Marie Jenn (199) que nous ne possédons pas non plus.
Notons aussi la contribution de Jean-Luc Einaudi, Traces : des adolescents en maison de redressement sous l'Occupation (2006) : « Reconstitution de la vie d'adolescents placés dans une maison de redressement parisienne sous l'Occupation. L'auteur, par un croisement d'archives et par les témoignages de survivants, propose quatre-vingts histoires d'adolescents dont les âges varient entre 14 et 17 ans ».
Le travail universitaire, L'État républicain et ses délinquants : Police et justice face à la « jeunesse irrégulière » de la Seine durant la crise des années 1930 / Olivier Golliard, Thèse de doctorat, Histoire moderne et contemporaine, Paris, 2014 " "Dans le contexte général du début du XXe siècle, les petits délinquants font l’objet d’une grande attention de la part des instances régulatrices que sont la Police municipale de Paris et le Tribunal pour enfants et adolescents (TEA). La problématique qui s’intéresse aux effets de la crise sur la délinquance ne se limite pas au champ économique. Elle interroge également l’histoire sociale, politique, judiciaire et culturelle. En effet, la loi du 22 juillet 1912, créant les TEA, réorganise la répression de cette petite délinquance qui a ses quartiers, ses pratiques délictuelles propres. Du cœur de Paris à Saint-Denis, la délinquance juvénile agit de différentes façons. Dans ce territoire parisien se déploient toutes sortes de configurations qui conditionnent les petits larcins. La recherche interroge le rôle de tous les acteurs gravitant autour des mineurs de moins de 21 ans : policiers, juges, délégués à la liberté surveillée, parents, médecins, experts, criminologues, juristes. Cette interrogation prend place alors que s’établit un politique de protectrice des mineurs. Dans ce cadre, c’est avec plus ou moins d’efficacité et de moyens que la loi de 1912 est appliquée. L’ensemble de la recherche questionne ainsi le rôle de l’État dans l’intégration des mineurs délinquants à la République et à la société".
En guise de conclusion, toutes les études citées précédemment comportent de nombreuses références bibliographiques qu’il vous faudra aussi consulter.
Bon courage.
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