Production de soie en France
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 17/06/2019 à 17h17
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Question d'origine :
Bonsoir,
Combien de kg de soie sont-ils produits en un an par la France aujourd’hui ?
Très cordialement.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/06/2019 à 09h30
Bonjour,
Si nous comprenons bien votre question, celle-ci porte sur la production de soie (cocons) en France, c’est-à-dire sur la sériciculture, et non sur la production de produits finis en soie.
Or cette activité a quasiment disparu en France et en Europe. Aujourd’hui, la Chine est de loin le plus gros producteur de soie, suivie de l’Inde, l’Ouzbékistan, le Brésil, le Japon, la Corée du sud, la Thaïlande, le Vietnam, la Corée du nord, l’Iran, etc.
(Ces informations fournies par la Commission séricicole internationales sont reprises, en français, sur planetoscope.com)
Voici les informations que nous trouvons pour la production française de l’année 2012 sur le site de la Commission séricicole internationale :
« Production française de cocons
En 2012, il ne reste plus en France que 8 « producteurs » identifiés dont la production représente environ 1 200 à 1 300 kg annuels.
Il s’agit pour l’essentiel d’élevages de démonstration (visites touristiques ou pédagogiques) et de musées de la soie. »
Vous y trouverez aussi des données sur les exportations françaises de tissus et de vêtements de soie pour les années 2011 / 2012.
« Aujourd'hui, la spécificité française, mais surtout lyonnaise, réside dans le maintien d'une filière complète, avec une chaine de valeur maîtrisée jusqu'au produit fini, même sila sériciculture a disparu dans les années 60 .
Autre élément important qui tire le secteur : l'industrie de la filière soie est soutenue par de très grandes marques de maisons de soyeux, comme Tassinari & Chatel ou encore Brochier Soieries, et par la haute-couture.
Comment la région porte-elle ces savoir-faire ?
Il n'y a pas de filière en France en dehors d'Auvergne-Rhône-Alpes. Une quarantaine d'entreprises employant près de 1 500 salariés la constituent. Ce sont des mouliniers, un savoir-faire unique en Europe, qui transforment en fils lamatière arrivant des cocons dévidés en Chine , des tisseurs, des imprimeurs, des ennoblisseurs et des confectionneurs. Auvergne-Rhône-Alpes est la seule région en Europe à encore détenir tous ces savoir-faire et à proposer toutes ces étapes. La région de Côme en Italie présente une partie de ces compétences, mais pas de façon aussi intégrée. Lyon et Côme représentent aujourd'hui la filière soie en Europe. »
Source : le-tout-lyon.fr
Pour comprendre les raisons du déclin de cette activité depuis le XIXe siècle, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Françoise Clavairolle : Chronique d'une relance annoncée : le renouveau de la production de la soie en Cévennes, 1972-1998. En voici un extrait :
Dans les années 1860, l’effondrement de la production consécutif à la propagation de la pébrine est un thème récurrent de la riche littérature séricicole, chaque auteur émettant des suggestions pour la combattre. Bien que l’inquiétude ne cesse de croître au fur et à mesure que la production diminue, on ne parle toutefois pas encore de déclin : dans l’esprit des observateurs de l’époque, il ne fait aucun doute que tout rentrera dans l’ordre lorsque l’épizootie sera enrayée. En 1865, le ministre de l’agriculture dépêche en Cévennes le grand biologiste Louis Pasteur. Il identifie les corpuscules qui sont les agents de l’infection et met au point un nouveau procédé de grainage. Louis Pasteur préconise de conserver les papillonnes pondeuses et leur ponte jusqu’à la saison suivante, de broyer et examiner au microscope le cadavre de chaque pondeuse avant de faire éclore la « graine » et de ne mettre en incubation que les œufs provenant des papillonnes saines. En dépit de la remarquable efficacité du procédé, l’espoir de voir la sériciculture retrouver son ancienne prospérité est néanmoins déçu ; en effet, alors que grâce à l’application de la méthode pastorienne les rendements sont en constante progression, la production ne parvient pas à retrouver son niveau antérieur.
L’ensemble de la profession commence donc à s’interroger sur cette crise qui pourrait finalement s’avérer plus structurelle que conjoncturelle. Les 26 millions de kilos de cocons récoltés en 1853, juste avant que l’épizootie de pébrine ne gagne toutes les éducations, sont un record qui ne sera jamais plus atteint. Le fait que la sériciculture et la filature aient continué pendant près d’un siècle à jouer un rôle de tout premier plan dans l’économie régionale ne doit pas masquer la modestie d’un redressement sans commune mesure avec la situation antérieure.
Prenant du recul par rapport à l’évolution de cette production, les observateurs ont identifié les causes du déclin, à la fois internes, liées aux conditions nationales de production, et externes, c’est-à-dire fondées sur l’internationalisation des échanges et l’évolution du marché occidental.
Les économistes retiennent comme principaux facteurs explicatifs externes d’une part l’importation d’abord de cocons étrangers puis de soie grège extrême-orientale à des prix défiant toute concurrence et d’autre part la popularité croissante des fibres synthétiques, longtemps appelées « soie artificielle » en raison de leur ressemblance avec la soie naturelle.
L’importation de cocons et de soie grège en provenance de pays où la main d’œuvre est à la fois abondante et bon marché a en effet été facilitée depuis la fin du XIXe siècle par l’ouverture du Canal de Suez, les progrès de la navigation à vapeur, l’amélioration des systèmes de communication (relations par câble) permettant de traiter rapidement avec les exportateurs japonais ou chinois ainsi que par l’ouverture des ports asiatiques au commerce européen. Un jeu de change favorable pour les différents partenaires économiques aurait en outre favorisé ces importations. L’essor du marché des textiles synthétiques découverts à la fin du XIXe siècle et qui ont correspondu dans l’imaginaire social de l’Occident à une forme de « démocratisation du luxe a également joué un rôle prépondérant dans le dépérissement de la production. Ils sont en effet bien meilleur marché tout en imitant la soie par leur apparence et leur texture. Alors que la production mondiale de fil de cellulose ne représentait que 600 t en 1896, elle s’élevait en 1937 à 815 495 t. Les soyeux qui avaient bâti la réputation internationale de la fabrique lyonnaise sur le tissage de la soie naturelle ont donc progressivement abandonné cette fibre pour se tourner vers les fibres artificielles. Dans les années 1970, ils ne consommaient plus que 542 t de soie grège et ouvrée contre 33 254t de fils synthétiques.
Des facteurs internes, structuraux, ont également été retenus pour expliquer ce déclin. Ils sont multiples : la rareté et la cherté de la main d’œuvre séricicole et industrielle française qui auraient considérablement grevé les coûts de production, le dépérissement des mûriers, l’« archaïsme » des méthodes d’élevage, le manque de motivation des agriculteurs, le perfectionnement insuffisant de l’outil industriel, les investissements capitalistiques dans d’autres secteurs d’activité et notamment dans la viticulture, la politique économique appliquée à cette filière de production, etc.
Sur la part prise par chacun d’entre eux, les avis divergent considérablement. Alors qu’il règne un large consensus sur l’identification des causes externes, les causes internes opposent en effet les acteurs de la filière les uns aux autres : les sériciculteurs, les filateurs, les soyeux lyonnais, les représentants de l’État ont chacun leur idée sur la question et aucun n’accorde le même poids aux faits et aux circonstances. Pour les premiers, la pénurie de bras dans la sériciculture est un effet et non une cause de son déclin : c’est la crise séricicole qui est à l’origine de l’exode rural et non l’inverse. Les principaux responsables de cette situation, estiment-ils, sont d’une part les soyeux qui ont incité les pouvoirs publics à adopter le système des primes parce qu’il ne pénalisait pas leurs achats de soie grège en Extrême-Orient plutôt qu’à prendre des mesures protectionnistes, d’autre part les filateurs qui ont longtemps été de mèche afin de contraindre les sériciculteurs à céder leur récolte à un prix imposé et qui les payaient avec environ six mois de retard. De leur côté les filateurs accusent à la fois les soyeux de les « étrangler » en les obligeant à aligner leur prix de vente de grège sur celui pratiqué en Extrême-Orient et les ouvrières de réclamer des salaires trop élevés qui en alourdissant les coûts de production leur interdisent d’être compétitifs. En écho, les sériciculteurs reprochent aux filateurs de ne pas soutenir la production séricicole et de préférer désengager leurs capitaux d’une activité sur laquelle ils ont cependant bâti leur fortune. Quant aux techniciens, ils mettent en cause la « routine » des sériciculteurs, selon eux pleinement responsable de la stagnation de la production. Ainsi l’inspecteur régional de la sériciculture du Sud-Est déplore-t-il que « l’exiguïté des locaux, leurs mauvaises conditions hygiéniques, leur aération, leur chauffage défectueux, leur désinfection difficile, l’alimentation et la manipulation mauvaises des chenilles, bien souvent s’opposent à l’amélioration du rendement moyen à l’once » et soient à l’origine d’une « régression sensible de la sériciculture ».
Pour la plupart des économistes qui se penchent sur ce secteur d’activité la disparition de la sériciculture et de la filature françaises est inéluctable, causes externes et causes internes se conjuguant pour les condamner inexorablement. Les facteurs extérieurs et notamment l’internationalisation des échanges ne peuvent en effet suffire à expliquer ce déclin ; il est la conséquence prévisible d’une évolution générale de l’agriculture, de l’étiolement des économies relativement fermées de type semi-autarcique et fondées sur une complémentarité entre agriculture vivrière et agro-industrie et enfin de la dépopulation qui en découle. Cette analyse n’est pas nouvelle : en 1946 déjà, M.-A. Carron affirmait que la production de la soie était désormais « un chapitre de l’histoire économique plus que de géographie vivante ».
La diminution du nombre des sériciculteurs pendant la première moitié de ce siècle tend à confirmer cette analyse pessimiste. Elle découle notamment du vieillissement démographique de la population sous les effets conjugués de l’émigration et d’un comportement malthusien. Les chiffres sont en effet sans appel : de 1913 à 1939 le nombre de sériciculteurs a diminué de 86,58 %, la quantité d’onces mises à incuber de 89,90 % et la production de cocons de 86,50 %. Il faut toutefois nuancer l’impression d’un véritable effondrement en signalant que toutes les zones de production ne sont pas logées à la même enseigne. En effet les Cévennes assuraient 52,29 % seulement de la production nationale en 1892 contre 86 % en 1938. Le Gard, département montagneux n’offrant guère d’alternative agricole à ses paysans, a été relativement moins touché que les autres départements séricicoles qui ont eu la possibilité de s’orienter vers des cultures industrielles de substitution : « les bas prix ont pu augmenter la misère paysanne, diminuer la quantité de graines mises en incubation, mais ils n’ont pas tué la sériciculture comme on aurait pu normalement s’y attendre » constate M.-A. Carron. Pour elle, aucune culture spéculative, comme par exemple celle de la lavande en Provence, n’aurait été capable de résister à une crise des prix comparable à celle qu’a connu le marché des cocons en 1935.
[…]Une page qui se tourne
La sériciculture disparaît officiellement de l’éventail des activités agricoles répertoriées en 1968. L’État, en cessant d’apporter un soutien financier à la sériciculture sous forme de primes à la production, a signé son arrêt de mort.
Une note datée du mois de juin 1968 dresse le bilan de cette production. Le nombre des sériciculteurs n’a cessé de décroître d’année en année : de 204 en 1965, il passe à 155 en 1966, puis à 133 en 1967. Quant à la production, elle diminue au même rythme : 28700 kg en 1965, 10225 kg en 1967 et seulement 5442 l’année suivante. La sériciculture n’est plus pratiquée que par des familles d’agriculteurs âgés, disposant d’un revenu agricole faible et d’une main d’œuvre sans occupation régulière. Seules les aides du Fonds d’orientation et de réorganisation des marchés agricoles (FORMA) ont jusque là permis d’harmoniser le prix de vente des cocons et celui payé aux sériciculteurs. En effet, en 1967, autrement dit à la veille de la suppression des aides publiques, le prix du kilo de cocons, de l’ordre de 11,20 F, était exorbitant comparé au prix international alors qu’il se situait pourtant très en deçà du prix réel de revient et ne parvenait même pas à compenser les frais de main d’œuvre qui à eux seuls s’élevaient à 15,75 F. Force était donc de reconnaître que la soie française était dans l’incapacité de soutenir la concurrence internationale et plus particulièrement asiatique. En se basant sur une rémunération correcte de la main d’œuvre et en ajoutant le coût de la transformation (filature industrielle), le prix du kilo de soie grège atteignait 350 F, soit plus de deux fois et demi le tarif pratiqué par le concurrent chinois.
La conclusion du dossier est sans appel : « un renouveau de l’élevage séricicole ne peut donc être conçu que si les agriculteurs peuvent avoir la garantie d’un prix de vente supérieur au prix de revient, ce qui paraît douteux dans les conditions actuelles ».
Au fond, la suppression des aides ne fait qu’entériner un processus entamé depuis longtemps et qu’aucune des mesures prises antérieurement pour soutenir ce secteur d’activité n’était parvenu à enrayer. Suite à la cessation d’activité de Maison Rouge, l’exportation des cocons français vers des établissements italiens a anéanti l’ultime espoir de voir la sériciculture française se redresser. Son maintien sous perfusion au cours des trois années qui ont suivi n’a eu d’autre fin que de permettre au groupe clairsemé des sériciculteurs d’opérer, pour les plus jeunes d’entre eux, une reconversion en douceur ou bien, pour les plus âgés, de patienter jusqu’au moment où ils auront la possibilité de faire valoir leurs droits à la retraite. Les actifs agricoles se sont alors tournés vers les activités alternatives qui s’offraient à eux, principalement l’élevage caprin et/ou l’apiculture. »
Cet ouvrage peut être consulté directement en ligne sur Open Edition.
En complément, nous ajoutons des informations trouvées sur le site du Musée de la soie de Saint Hippolyte du Fort :
« En 1977, une relance de la sériciculture cévenole est tentée avec la création de l’A.D.S. Cévennes (Association pour le Développement de la Sériciculture en Cévennes). En 1978, l’A.D.S. Cévennes lance sa première campagne séricicole pour la production de cocons, à un niveau interdépartemental. Trente-six éducateurs de l’Hérault, du Gard, de la Lozère, de la Drôme et de l’Ardèche produisent cette année-là une tonne et demie de cocons. Puisque la soie grège produite en Cévennes est trop chère face aux soies importées de Chine, elle va créer en 1980 sa propre structure de consommation (la S.I.C.A. ou Société d’Intérêt Collectif Agricole Soie-Cévennes): elle transformera et commercialisera la production locale, maîtrisant ainsi la totalité de la chaîne soie, du mûrier au tissu. Cependant son activité restera faible face aux mastodontes asiatiques. »
Pour finir, mentionnons la start up Sericyne, lancée en 2015 et qui propose un mode de production original de la soie. Elle travaille avec des producteurs cévenols :
« Créée en 2015, la start-up est née du rapprochement des deux jeunes femmes aux compétences complémentaires: Clara Hardy est designer, diplômée de l'Ecole Boulle et de l'ENS Cachan quand Constance Madaule est ingénieure agronome, issue d'AgroParisTech. De quoi relier deux mondes: celui du luxe et, à l'amont de la chaîne, l'agriculture. Et c'est là l'autre réalisation de Sericyne: contribuer à relancer la sériciculture en France. Les deux fondatrices viennent par exemple d'ouvrir un nouvel atelier dans les Cévennes, renouant ainsi avec l'histoire du territoire fortement liée à l'élevage de vers à soie.
Relance de la sériciculture en France ?
Car cette activité, autrefois très importante en France, et notamment dans les Cévennes grâce à son climat favorable aux mûriers dont les feuilles servent à nourrir les vers à soie, a aujourd'hui pratiquement disparu. La quasi totalité de la soie telle que nous l'a connaissons provient de Chine, à l'issue d'une longue filière de production avec un lourd impact environnemental, explique Sericyne.
Avec son procédé, la start-up se veut respectueuse de l'environnement. La matière non tissée conserve les deux composants naturels: la fibroïne (fil de soie) mais aussi la séricine (sorte d'adhésif). Sericyne achète aussi directement aux éleveurs les vers à soie après leur "éducation" selon le terme employé, c'est-à-dire une fois qu'ils ont été nourris aux feuilles de mûriers et ont multiplié leur poids par 10.000. "Aujourd'hui, on reçoit environ 1.000 vers à soie par jour dans notre atelier", précise Constance Madaule. »
Source : challenges.fr
« Traditionnellement, les fabricants de soie récupèrent les cocons produits naturellement par les bombyx du mûrier. Ensuite, il faut ébouillanter le cocon (en tuant le ver au passage), puis le dévider, tisser les fils entre eux pour les rendre plus solides, etc. En tout, sept étapes de confection extrêmement chronophages, coûteuses, qui nécessitent beaucoup de main d’œuvre, de ressources et de transport.
Trois étapes de fabrication au lieu de sept
Le procédé mis au point par Clara Hardy, la présidente de Sericyne, est révolutionnaire. Il ne compte que trois étapes de fabrication. Sans rentrer dans les détails, secret industriel oblige, elle explique que c’est le ver, placé directement sur un moule en 3D, qui tisse lui-même la forme à la taille et aux reliefs souhaités par le designer.
Comment lui est venue l’idée de transformer les bombyx en petits ouvriers d’atelier ? Clara Hardy a commencé à étudier le comportement des vers à soie dans le cadre de son projet de fin d’étude pour l’Ecole Boulle. Elle conservait notamment une cinquantaine de spécimens dans sa chambre de colloc étudiante pour les observer.
En parallèle à la même époque, elle travaille avec un expert de la soie qui connaît sur le bout des doigts tout le cycle de la production.
"Au départ, je cherchais à créer de la matière avec le cocon. Puis je me suis dit qu’il fallait aller plus loin, et chercher à faire faire au ver autre chose qu’un cocon. Quand j’ai soumis l’idée à cet expert, moi qui n’avais jamais vu un bombyx de ma vie avant d’entamer ce projet, il a trouvé l’idée loufoque. Et puis finalement, il a commencé à y croire et à se prêter au jeu", raconte Clara Hardy.
A l’arrivée, et de surcroît sans tuer le ver, elle obtient une soie en trois dimensions, rendu solide par une substance collante que déverse le ver sur la soie, et qui permet normalement de rendre le cocon résistant. Cette "colle naturelle", qui est retirée de la soie textile traditionnelle au cours de la fabrication, s’appelle… la séricine.
La soie Sericyne n’a donc pas les mêmes débouchés que la soie traditionnelle. Elle peut agrémenter des vêtements, mais elle sert surtout à confectionner des éléments de décoration, comme des paravents et des voilages, ou du packaging de luxe, de la haute horlogerie et de la haute joaillerie. "Elle ouvre la soie à des secteurs dans lesquels elle n’était pas historiquement", se félicite Clara Hardy.
Et les clients se bousculent au portillon "curieux et séduits par le côté onirique de travailler avec des vers à soie", souligne-t-elle. Des grands et petits noms du luxe dont la créatrice tait le nom comme il est d’usage dans ce secteur. Ces marques de grande renommée s’occupent de la commercialisation et permettent à Clara Hardy de se concentrer sur la renaissance d’une filière soie française totalement moribonde.
"En France, le savoir-faire s’était complètement perdu. Nous avons retrouvé des gens qui l’avaient mais ne l’utilisaient plus, en enquêtant auprès des musées des Cévennes, du Lyonnais ou de Touraine, des régions où l’industrie de la soie était importante à l’époque d’Henri IV. Ils s’y sont remis pour nous, en complément de leur activité principale, souvent l’apiculture ou la viticulture", raconte la fondatrice de Sericyne.
Lorsqu’elle a créé sa start-up en 2015, elle travaillait avec trois éleveurs. Aujourd’hui, ils sont presque dix, et envoient à son atelier situé dans les Cévennes, où travaillent 8 salariés, quelques 2000 vers à soie par jour. »
Source : bfmtv.com
Bonne journée.
Si nous comprenons bien votre question, celle-ci porte sur la production de soie (cocons) en France, c’est-à-dire sur la sériciculture, et non sur la production de produits finis en soie.
Or cette activité a quasiment disparu en France et en Europe. Aujourd’hui, la Chine est de loin le plus gros producteur de soie, suivie de l’Inde, l’Ouzbékistan, le Brésil, le Japon, la Corée du sud, la Thaïlande, le Vietnam, la Corée du nord, l’Iran, etc.
(Ces informations fournies par la Commission séricicole internationales sont reprises, en français, sur planetoscope.com)
Voici les informations que nous trouvons pour la production française de l’année 2012 sur le site de la Commission séricicole internationale :
« Production française de cocons
Il s’agit pour l’essentiel d’élevages de démonstration (visites touristiques ou pédagogiques) et de musées de la soie. »
Vous y trouverez aussi des données sur les exportations françaises de tissus et de vêtements de soie pour les années 2011 / 2012.
« Aujourd'hui, la spécificité française, mais surtout lyonnaise, réside dans le maintien d'une filière complète, avec une chaine de valeur maîtrisée jusqu'au produit fini, même si
Autre élément important qui tire le secteur : l'industrie de la filière soie est soutenue par de très grandes marques de maisons de soyeux, comme Tassinari & Chatel ou encore Brochier Soieries, et par la haute-couture.
Il n'y a pas de filière en France en dehors d'Auvergne-Rhône-Alpes. Une quarantaine d'entreprises employant près de 1 500 salariés la constituent. Ce sont des mouliniers, un savoir-faire unique en Europe, qui transforment en fils la
Source : le-tout-lyon.fr
Pour comprendre les raisons du déclin de cette activité depuis le XIXe siècle, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Françoise Clavairolle : Chronique d'une relance annoncée : le renouveau de la production de la soie en Cévennes, 1972-1998. En voici un extrait :
Dans les années 1860, l’effondrement de la production consécutif à la propagation de la pébrine est un thème récurrent de la riche littérature séricicole, chaque auteur émettant des suggestions pour la combattre. Bien que l’inquiétude ne cesse de croître au fur et à mesure que la production diminue, on ne parle toutefois pas encore de déclin : dans l’esprit des observateurs de l’époque, il ne fait aucun doute que tout rentrera dans l’ordre lorsque l’épizootie sera enrayée. En 1865, le ministre de l’agriculture dépêche en Cévennes le grand biologiste Louis Pasteur. Il identifie les corpuscules qui sont les agents de l’infection et met au point un nouveau procédé de grainage. Louis Pasteur préconise de conserver les papillonnes pondeuses et leur ponte jusqu’à la saison suivante, de broyer et examiner au microscope le cadavre de chaque pondeuse avant de faire éclore la « graine » et de ne mettre en incubation que les œufs provenant des papillonnes saines. En dépit de la remarquable efficacité du procédé, l’espoir de voir la sériciculture retrouver son ancienne prospérité est néanmoins déçu ; en effet, alors que grâce à l’application de la méthode pastorienne les rendements sont en constante progression, la production ne parvient pas à retrouver son niveau antérieur.
L’ensemble de la profession commence donc à s’interroger sur cette crise qui pourrait finalement s’avérer plus structurelle que conjoncturelle. Les 26 millions de kilos de cocons récoltés en 1853, juste avant que l’épizootie de pébrine ne gagne toutes les éducations, sont un record qui ne sera jamais plus atteint. Le fait que la sériciculture et la filature aient continué pendant près d’un siècle à jouer un rôle de tout premier plan dans l’économie régionale ne doit pas masquer la modestie d’un redressement sans commune mesure avec la situation antérieure.
Prenant du recul par rapport à l’évolution de cette production, les observateurs ont identifié les causes du déclin, à la fois internes, liées aux conditions nationales de production, et externes, c’est-à-dire fondées sur l’internationalisation des échanges et l’évolution du marché occidental.
Les économistes retiennent comme principaux facteurs explicatifs externes d’une part l’importation d’abord de cocons étrangers puis de soie grège extrême-orientale à des prix défiant toute concurrence et d’autre part la popularité croissante des fibres synthétiques, longtemps appelées « soie artificielle » en raison de leur ressemblance avec la soie naturelle.
L’importation de cocons et de soie grège en provenance de pays où la main d’œuvre est à la fois abondante et bon marché a en effet été facilitée depuis la fin du XIXe siècle par l’ouverture du Canal de Suez, les progrès de la navigation à vapeur, l’amélioration des systèmes de communication (relations par câble) permettant de traiter rapidement avec les exportateurs japonais ou chinois ainsi que par l’ouverture des ports asiatiques au commerce européen. Un jeu de change favorable pour les différents partenaires économiques aurait en outre favorisé ces importations. L’essor du marché des textiles synthétiques découverts à la fin du XIXe siècle et qui ont correspondu dans l’imaginaire social de l’Occident à une forme de « démocratisation du luxe a également joué un rôle prépondérant dans le dépérissement de la production. Ils sont en effet bien meilleur marché tout en imitant la soie par leur apparence et leur texture. Alors que la production mondiale de fil de cellulose ne représentait que 600 t en 1896, elle s’élevait en 1937 à 815 495 t. Les soyeux qui avaient bâti la réputation internationale de la fabrique lyonnaise sur le tissage de la soie naturelle ont donc progressivement abandonné cette fibre pour se tourner vers les fibres artificielles. Dans les années 1970, ils ne consommaient plus que 542 t de soie grège et ouvrée contre 33 254t de fils synthétiques.
Des facteurs internes, structuraux, ont également été retenus pour expliquer ce déclin. Ils sont multiples : la rareté et la cherté de la main d’œuvre séricicole et industrielle française qui auraient considérablement grevé les coûts de production, le dépérissement des mûriers, l’« archaïsme » des méthodes d’élevage, le manque de motivation des agriculteurs, le perfectionnement insuffisant de l’outil industriel, les investissements capitalistiques dans d’autres secteurs d’activité et notamment dans la viticulture, la politique économique appliquée à cette filière de production, etc.
Sur la part prise par chacun d’entre eux, les avis divergent considérablement. Alors qu’il règne un large consensus sur l’identification des causes externes, les causes internes opposent en effet les acteurs de la filière les uns aux autres : les sériciculteurs, les filateurs, les soyeux lyonnais, les représentants de l’État ont chacun leur idée sur la question et aucun n’accorde le même poids aux faits et aux circonstances. Pour les premiers, la pénurie de bras dans la sériciculture est un effet et non une cause de son déclin : c’est la crise séricicole qui est à l’origine de l’exode rural et non l’inverse. Les principaux responsables de cette situation, estiment-ils, sont d’une part les soyeux qui ont incité les pouvoirs publics à adopter le système des primes parce qu’il ne pénalisait pas leurs achats de soie grège en Extrême-Orient plutôt qu’à prendre des mesures protectionnistes, d’autre part les filateurs qui ont longtemps été de mèche afin de contraindre les sériciculteurs à céder leur récolte à un prix imposé et qui les payaient avec environ six mois de retard. De leur côté les filateurs accusent à la fois les soyeux de les « étrangler » en les obligeant à aligner leur prix de vente de grège sur celui pratiqué en Extrême-Orient et les ouvrières de réclamer des salaires trop élevés qui en alourdissant les coûts de production leur interdisent d’être compétitifs. En écho, les sériciculteurs reprochent aux filateurs de ne pas soutenir la production séricicole et de préférer désengager leurs capitaux d’une activité sur laquelle ils ont cependant bâti leur fortune. Quant aux techniciens, ils mettent en cause la « routine » des sériciculteurs, selon eux pleinement responsable de la stagnation de la production. Ainsi l’inspecteur régional de la sériciculture du Sud-Est déplore-t-il que « l’exiguïté des locaux, leurs mauvaises conditions hygiéniques, leur aération, leur chauffage défectueux, leur désinfection difficile, l’alimentation et la manipulation mauvaises des chenilles, bien souvent s’opposent à l’amélioration du rendement moyen à l’once » et soient à l’origine d’une « régression sensible de la sériciculture ».
Pour la plupart des économistes qui se penchent sur ce secteur d’activité la disparition de la sériciculture et de la filature françaises est inéluctable, causes externes et causes internes se conjuguant pour les condamner inexorablement. Les facteurs extérieurs et notamment l’internationalisation des échanges ne peuvent en effet suffire à expliquer ce déclin ; il est la conséquence prévisible d’une évolution générale de l’agriculture, de l’étiolement des économies relativement fermées de type semi-autarcique et fondées sur une complémentarité entre agriculture vivrière et agro-industrie et enfin de la dépopulation qui en découle. Cette analyse n’est pas nouvelle : en 1946 déjà, M.-A. Carron affirmait que la production de la soie était désormais « un chapitre de l’histoire économique plus que de géographie vivante ».
La diminution du nombre des sériciculteurs pendant la première moitié de ce siècle tend à confirmer cette analyse pessimiste. Elle découle notamment du vieillissement démographique de la population sous les effets conjugués de l’émigration et d’un comportement malthusien. Les chiffres sont en effet sans appel : de 1913 à 1939 le nombre de sériciculteurs a diminué de 86,58 %, la quantité d’onces mises à incuber de 89,90 % et la production de cocons de 86,50 %. Il faut toutefois nuancer l’impression d’un véritable effondrement en signalant que toutes les zones de production ne sont pas logées à la même enseigne. En effet les Cévennes assuraient 52,29 % seulement de la production nationale en 1892 contre 86 % en 1938. Le Gard, département montagneux n’offrant guère d’alternative agricole à ses paysans, a été relativement moins touché que les autres départements séricicoles qui ont eu la possibilité de s’orienter vers des cultures industrielles de substitution : « les bas prix ont pu augmenter la misère paysanne, diminuer la quantité de graines mises en incubation, mais ils n’ont pas tué la sériciculture comme on aurait pu normalement s’y attendre » constate M.-A. Carron. Pour elle, aucune culture spéculative, comme par exemple celle de la lavande en Provence, n’aurait été capable de résister à une crise des prix comparable à celle qu’a connu le marché des cocons en 1935.
[…]
La sériciculture disparaît officiellement de l’éventail des activités agricoles répertoriées en 1968. L’État, en cessant d’apporter un soutien financier à la sériciculture sous forme de primes à la production, a signé son arrêt de mort.
Une note datée du mois de juin 1968 dresse le bilan de cette production. Le nombre des sériciculteurs n’a cessé de décroître d’année en année : de 204 en 1965, il passe à 155 en 1966, puis à 133 en 1967. Quant à la production, elle diminue au même rythme : 28700 kg en 1965, 10225 kg en 1967 et seulement 5442 l’année suivante. La sériciculture n’est plus pratiquée que par des familles d’agriculteurs âgés, disposant d’un revenu agricole faible et d’une main d’œuvre sans occupation régulière. Seules les aides du Fonds d’orientation et de réorganisation des marchés agricoles (FORMA) ont jusque là permis d’harmoniser le prix de vente des cocons et celui payé aux sériciculteurs. En effet, en 1967, autrement dit à la veille de la suppression des aides publiques, le prix du kilo de cocons, de l’ordre de 11,20 F, était exorbitant comparé au prix international alors qu’il se situait pourtant très en deçà du prix réel de revient et ne parvenait même pas à compenser les frais de main d’œuvre qui à eux seuls s’élevaient à 15,75 F. Force était donc de reconnaître que la soie française était dans l’incapacité de soutenir la concurrence internationale et plus particulièrement asiatique. En se basant sur une rémunération correcte de la main d’œuvre et en ajoutant le coût de la transformation (filature industrielle), le prix du kilo de soie grège atteignait 350 F, soit plus de deux fois et demi le tarif pratiqué par le concurrent chinois.
La conclusion du dossier est sans appel : « un renouveau de l’élevage séricicole ne peut donc être conçu que si les agriculteurs peuvent avoir la garantie d’un prix de vente supérieur au prix de revient, ce qui paraît douteux dans les conditions actuelles ».
Au fond, la suppression des aides ne fait qu’entériner un processus entamé depuis longtemps et qu’aucune des mesures prises antérieurement pour soutenir ce secteur d’activité n’était parvenu à enrayer. Suite à la cessation d’activité de Maison Rouge, l’exportation des cocons français vers des établissements italiens a anéanti l’ultime espoir de voir la sériciculture française se redresser. Son maintien sous perfusion au cours des trois années qui ont suivi n’a eu d’autre fin que de permettre au groupe clairsemé des sériciculteurs d’opérer, pour les plus jeunes d’entre eux, une reconversion en douceur ou bien, pour les plus âgés, de patienter jusqu’au moment où ils auront la possibilité de faire valoir leurs droits à la retraite. Les actifs agricoles se sont alors tournés vers les activités alternatives qui s’offraient à eux, principalement l’élevage caprin et/ou l’apiculture. »
Cet ouvrage peut être consulté directement en ligne sur Open Edition.
En complément, nous ajoutons des informations trouvées sur le site du Musée de la soie de Saint Hippolyte du Fort :
« En 1977, une relance de la sériciculture cévenole est tentée avec la création de l’A.D.S. Cévennes (Association pour le Développement de la Sériciculture en Cévennes). En 1978, l’A.D.S. Cévennes lance sa première campagne séricicole pour la production de cocons, à un niveau interdépartemental. Trente-six éducateurs de l’Hérault, du Gard, de la Lozère, de la Drôme et de l’Ardèche produisent cette année-là une tonne et demie de cocons. Puisque la soie grège produite en Cévennes est trop chère face aux soies importées de Chine, elle va créer en 1980 sa propre structure de consommation (la S.I.C.A. ou Société d’Intérêt Collectif Agricole Soie-Cévennes): elle transformera et commercialisera la production locale, maîtrisant ainsi la totalité de la chaîne soie, du mûrier au tissu. Cependant son activité restera faible face aux mastodontes asiatiques. »
Pour finir, mentionnons la start up Sericyne, lancée en 2015 et qui propose un mode de production original de la soie. Elle travaille avec des producteurs cévenols :
« Créée en 2015, la start-up est née du rapprochement des deux jeunes femmes aux compétences complémentaires: Clara Hardy est designer, diplômée de l'Ecole Boulle et de l'ENS Cachan quand Constance Madaule est ingénieure agronome, issue d'AgroParisTech. De quoi relier deux mondes: celui du luxe et, à l'amont de la chaîne, l'agriculture. Et c'est là l'autre réalisation de Sericyne: contribuer à relancer la sériciculture en France. Les deux fondatrices viennent par exemple d'ouvrir un nouvel atelier dans les Cévennes, renouant ainsi avec l'histoire du territoire fortement liée à l'élevage de vers à soie.
Car cette activité, autrefois très importante en France, et notamment dans les Cévennes grâce à son climat favorable aux mûriers dont les feuilles servent à nourrir les vers à soie, a aujourd'hui pratiquement disparu. La quasi totalité de la soie telle que nous l'a connaissons provient de Chine, à l'issue d'une longue filière de production avec un lourd impact environnemental, explique Sericyne.
Avec son procédé, la start-up se veut respectueuse de l'environnement. La matière non tissée conserve les deux composants naturels: la fibroïne (fil de soie) mais aussi la séricine (sorte d'adhésif). Sericyne achète aussi directement aux éleveurs les vers à soie après leur "éducation" selon le terme employé, c'est-à-dire une fois qu'ils ont été nourris aux feuilles de mûriers et ont multiplié leur poids par 10.000. "Aujourd'hui, on reçoit environ 1.000 vers à soie par jour dans notre atelier", précise Constance Madaule. »
Source : challenges.fr
« Traditionnellement, les fabricants de soie récupèrent les cocons produits naturellement par les bombyx du mûrier. Ensuite, il faut ébouillanter le cocon (en tuant le ver au passage), puis le dévider, tisser les fils entre eux pour les rendre plus solides, etc. En tout, sept étapes de confection extrêmement chronophages, coûteuses, qui nécessitent beaucoup de main d’œuvre, de ressources et de transport.
Le procédé mis au point par Clara Hardy, la présidente de Sericyne, est révolutionnaire. Il ne compte que trois étapes de fabrication. Sans rentrer dans les détails, secret industriel oblige, elle explique que c’est le ver, placé directement sur un moule en 3D, qui tisse lui-même la forme à la taille et aux reliefs souhaités par le designer.
Comment lui est venue l’idée de transformer les bombyx en petits ouvriers d’atelier ? Clara Hardy a commencé à étudier le comportement des vers à soie dans le cadre de son projet de fin d’étude pour l’Ecole Boulle. Elle conservait notamment une cinquantaine de spécimens dans sa chambre de colloc étudiante pour les observer.
En parallèle à la même époque, elle travaille avec un expert de la soie qui connaît sur le bout des doigts tout le cycle de la production.
"Au départ, je cherchais à créer de la matière avec le cocon. Puis je me suis dit qu’il fallait aller plus loin, et chercher à faire faire au ver autre chose qu’un cocon. Quand j’ai soumis l’idée à cet expert, moi qui n’avais jamais vu un bombyx de ma vie avant d’entamer ce projet, il a trouvé l’idée loufoque. Et puis finalement, il a commencé à y croire et à se prêter au jeu", raconte Clara Hardy.
A l’arrivée, et de surcroît sans tuer le ver, elle obtient une soie en trois dimensions, rendu solide par une substance collante que déverse le ver sur la soie, et qui permet normalement de rendre le cocon résistant. Cette "colle naturelle", qui est retirée de la soie textile traditionnelle au cours de la fabrication, s’appelle… la séricine.
La soie Sericyne n’a donc pas les mêmes débouchés que la soie traditionnelle. Elle peut agrémenter des vêtements, mais elle sert surtout à confectionner des éléments de décoration, comme des paravents et des voilages, ou du packaging de luxe, de la haute horlogerie et de la haute joaillerie. "Elle ouvre la soie à des secteurs dans lesquels elle n’était pas historiquement", se félicite Clara Hardy.
Et les clients se bousculent au portillon "curieux et séduits par le côté onirique de travailler avec des vers à soie", souligne-t-elle. Des grands et petits noms du luxe dont la créatrice tait le nom comme il est d’usage dans ce secteur. Ces marques de grande renommée s’occupent de la commercialisation et permettent à Clara Hardy de se concentrer sur la renaissance d’une filière soie française totalement moribonde.
"En France, le savoir-faire s’était complètement perdu. Nous avons retrouvé des gens qui l’avaient mais ne l’utilisaient plus, en enquêtant auprès des musées des Cévennes, du Lyonnais ou de Touraine, des régions où l’industrie de la soie était importante à l’époque d’Henri IV. Ils s’y sont remis pour nous, en complément de leur activité principale, souvent l’apiculture ou la viticulture", raconte la fondatrice de Sericyne.
Lorsqu’elle a créé sa start-up en 2015, elle travaillait avec trois éleveurs. Aujourd’hui, ils sont presque dix, et envoient à son atelier situé dans les Cévennes, où travaillent 8 salariés, quelques 2000 vers à soie par jour. »
Source : bfmtv.com
Bonne journée.
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