Question d'origine :
Quelle est la marque de la première montre qu'acheta Napoléon ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 18/06/2019 à 12h47
Bonjour,
Napoléon fut client de plusieurs horlogers comme Jean-Antoine Lépine (1720-1814), Ferdinand Berthoud (1727-1807), Étienne Nitot (1750-1809), Abraham-Louis Bréguet (1747-1823), mais nous n'avons pas trouvé quelle fut la marque de sa première montre. Cette information ne semble pas être reprise par les historiens.
En 1798, Napoléon Bonaparte achète trois montres Breguet avant son départ pour l'Egypte. S'agit-il des premières montres qu'il s'offre ?
Un article nous en apprend un peu plus sur les relations entre les membres de la famille Bonaparte et la marque de montres Breguet :
" Le premier membre de la famille à posséder une montre Breguet est le général Charles-Victor-Emmanuel Leclerc. Promu général de brigade le 6 mai 1797, il acquiert une montre à répétition quelques jours plus tard, avant d’épouser Pauline Bonaparte le 14 juin. Sans doute est-ce par lui que le général Bonaparte, commandant en chef de l’armée d’Italie, entend parler de l’établissement du quai de l’Horloge, à moins que ce ne soit par ses compagnons d’armes Louis-Alexandre Berthier et Jean-Joseph Dessolle, eux aussi clients de Breguet en 1797.
L’année suivante, en tout cas, en avril 1798, un mois avant de s’embarquer pour la campagne d’Égypte, le général Bonaparte achète au maître trois pièces particulièrement représentatives de sa production : une montre à répétition « garde-temps à échappement isolé » no 38, une pendule portative à almanach et répétition no 178, la première du genre, et une montre perpétuelle à répétition no 216 . Cet achat, d’une valeur totale d’environ 7 000 francs, répond à un double objectif : tout d’abord, en pleine ascension sociale et politique, Bonaparte cherche à posséder des objets raffinés, symboles de pouvoir et de position sociale ; ensuite, pour des raisons pratiques, il a besoin d’emporter en expédition des pièces d’horlogerie solides et fiables. Avec Breguet, il pense avoir fait le bon choix. Sera-t-il vraiment satisfait ? Il est difficile de l’affirmer quand on sait que ces trois achats de 1798 ne seront jamais suivis d’autres. Pire, la Perpétuelle sera rendue en juin 1801. Selon une tradition orale, elle avait très mal supporté les sables de l’Égypte et Bonaparte en était passablement irrité. Quant à la montre à répétition et à la pendulette, ont-elles fonctionné parfaitement ? Si oui, comment expliquer que, pendant dix-huit ans, leur propriétaire n’éprouve pas le besoin de se manifester ni par de nouveaux achats ni par des preuves de reconnaissance ?
Le fait est que le Premier Consul – plus tard empereur – traite avec une singulière indifférence l’horloger le plus célèbre d’Europe, installé pourtant à Paris dans l’île de la Cité, à quelques centaines de mètres du Louvre. À l’évidence, Napoléon a des griefs contre Breguet. Il ne fait rien pour faciliter son élection à l’Académie des sciences, alors qu’une simple parole suffirait ; il ne lui fait pas attribuer pas la Légion d’honneur, en dépit des succès que Breguet a obtenus aux expositions, alors que de nombreux industriels sont décorés, voire anoblis ; il ne lui décerne pas le brevet de fournisseur officiel de la cour impériale, préférant le donner à ugnier, horloger qui s’est installé à son compte après avoir été formé quai de l’Horloge ; il refuse à Breguet le titre d’horloger de la Marine en 1802, lui préférant Louis Berthoud.
[...]
Dès l’année suivante, en effet, la grande famille Bonaparte réapparaît dans les registres de la maison. Deux de ses membres achètent leur première Breguet. Il s’agit de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie en 1807, qui acquiert douze pièces entre 1805 et 1809, et de sa sœur Caroline Murat, reine de Naples en 1808, qui achète au maître trente-quatre pièces jusqu’en 1814, et lui fait réaliser, entre autres, la fameuse première montre-bracelet. Avec ses trente-quatre montres et pendules, la reine de Naples se classe première au palmarès général des meilleurs clients de la maison. "
[…]
source : Emmanuel Breguet, historien, spécialiste de l’œuvre de Breguet chez Montres Breguet S.A.
Quelques extraits d'articles en complément :
" Pour Napoléon Bonaparte, mener les campagnes sans les montres sonnantes (à répétition) du même Breguet était impensable. Cette complication était très utile car elle permettait de connaître l'heure en faisant sonner sa montre à la demande, dans la nuit ou la pénombre. Le futur empereur voyait en ses garde-temps un symbole d'ascension sociale et politique, indissociable du pouvoir qu'il convoitait. Sa soeur, Caroline Murat, faisait également partie des plus fidèles clients de l'horloger. Reine de Naples en 1808, elle lui commanda plus de 30 modèles, dont la première montre-bracelet de l'histoire (1810) : une pièce à répétition, de forme oblongue, dotée d'un thermomètre et montée sur un bracelet tressé de fils d'or. Aujourd'hui, le modèle Reine de Naples, fidèle à la forme d'origine, reste l'une des icônes féminines de la manufacture."
source : Montres : à l'heure du pouvoir / FRANK DECLERCK - Les Echos Week-End, no. 73 - STYLE, vendredi 21 avril 2017 1232 mots, p. 49
" L'histoire Chaumet appartient à l'histoire de France. Elle a deux siècles derrière elle. Baignée de rivières de diamants, couronnée de tiares, rythmée par l'heure éblouissante de ses montres bijoux, prise dans le tourbillon des bagues et des bracelets, elle commence comme une légende avec Napoléon, dans l'histoire rocambolesque d'un cheval fou. Elle se poursuit, de l'Empire à la IVe République, comme un reportage dans Point de vue, le magazine des têtes couronnées.
Bonaparte n'était alors que premier consul quand, rue Saint-Honoré, sa monture s'emballe. Maîtrisant l'animal, un jeune joaillier, Marie-Etienne Nitot, établi là, lui sauve la vie. Napoléon n'oubliera pas. En 1802, il lui commandera son épée consulaire qu'il fit sertir du plus beau diamant de la couronne de France, le fameux Régent. En 1804, les joyaux du sacre. De 1810 à 1812, le glaive impérial et les parures de l'impératrice Marie-Louise offertes à l'occasion de son mariage et de la naissance du roi de Rome. Fabuleuses commandes !"
source : Deux siècles de carats / Janie SAMET - Le Figaro, no. 17772 - samedi 29 septembre 2001 1443 mots, p. 17
Voici quelques ouvrages que nous vous invitons à consulter pour poursuivre vos recherches :
- Quelques biographies sur Napoléon Ier
- Histoire des sciences sous Napoléon Bonaparte / Georges Barral, Ligaran
- Le règne du temps: Des cadrans solaires aux horloges atomiques / Emile Biémont
- Les Ouvriers du temps : la pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon 1er = Ornemental clocks and clockmakers in eighteenth century Paris / Jean-Dominique Augarde
- Abraham-Louis Bréguet : une grande marque d'horlogerie française sous Napoléon / Paul Marmottan
Bonne journée.
Napoléon fut client de plusieurs horlogers comme Jean-Antoine Lépine (1720-1814), Ferdinand Berthoud (1727-1807), Étienne Nitot (1750-1809), Abraham-Louis Bréguet (1747-1823), mais nous n'avons pas trouvé quelle fut la marque de sa première montre. Cette information ne semble pas être reprise par les historiens.
En 1798, Napoléon Bonaparte achète trois montres Breguet avant son départ pour l'Egypte. S'agit-il des premières montres qu'il s'offre ?
Un article nous en apprend un peu plus sur les relations entre les membres de la famille Bonaparte et la marque de montres Breguet :
" Le premier membre de la famille à posséder une montre Breguet est le général Charles-Victor-Emmanuel Leclerc. Promu général de brigade le 6 mai 1797, il acquiert une montre à répétition quelques jours plus tard, avant d’épouser Pauline Bonaparte le 14 juin. Sans doute est-ce par lui que le général Bonaparte, commandant en chef de l’armée d’Italie, entend parler de l’établissement du quai de l’Horloge, à moins que ce ne soit par ses compagnons d’armes Louis-Alexandre Berthier et Jean-Joseph Dessolle, eux aussi clients de Breguet en 1797.
Le fait est que le Premier Consul – plus tard empereur – traite avec une singulière indifférence l’horloger le plus célèbre d’Europe, installé pourtant à Paris dans l’île de la Cité, à quelques centaines de mètres du Louvre. À l’évidence, Napoléon a des griefs contre Breguet. Il ne fait rien pour faciliter son élection à l’Académie des sciences, alors qu’une simple parole suffirait ; il ne lui fait pas attribuer pas la Légion d’honneur, en dépit des succès que Breguet a obtenus aux expositions, alors que de nombreux industriels sont décorés, voire anoblis ; il ne lui décerne pas le brevet de fournisseur officiel de la cour impériale, préférant le donner à ugnier, horloger qui s’est installé à son compte après avoir été formé quai de l’Horloge ; il refuse à Breguet le titre d’horloger de la Marine en 1802, lui préférant Louis Berthoud.
[...]
Dès l’année suivante, en effet, la grande famille Bonaparte réapparaît dans les registres de la maison. Deux de ses membres achètent leur première Breguet. Il s’agit de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie en 1807, qui acquiert douze pièces entre 1805 et 1809, et de sa sœur Caroline Murat, reine de Naples en 1808, qui achète au maître trente-quatre pièces jusqu’en 1814, et lui fait réaliser, entre autres, la fameuse première montre-bracelet. Avec ses trente-quatre montres et pendules, la reine de Naples se classe première au palmarès général des meilleurs clients de la maison. "
[…]
source : Emmanuel Breguet, historien, spécialiste de l’œuvre de Breguet chez Montres Breguet S.A.
Quelques extraits d'articles en complément :
" Pour Napoléon Bonaparte, mener les campagnes sans les montres sonnantes (à répétition) du même Breguet était impensable. Cette complication était très utile car elle permettait de connaître l'heure en faisant sonner sa montre à la demande, dans la nuit ou la pénombre. Le futur empereur voyait en ses garde-temps un symbole d'ascension sociale et politique, indissociable du pouvoir qu'il convoitait. Sa soeur, Caroline Murat, faisait également partie des plus fidèles clients de l'horloger. Reine de Naples en 1808, elle lui commanda plus de 30 modèles, dont la première montre-bracelet de l'histoire (1810) : une pièce à répétition, de forme oblongue, dotée d'un thermomètre et montée sur un bracelet tressé de fils d'or. Aujourd'hui, le modèle Reine de Naples, fidèle à la forme d'origine, reste l'une des icônes féminines de la manufacture."
source : Montres : à l'heure du pouvoir / FRANK DECLERCK - Les Echos Week-End, no. 73 - STYLE, vendredi 21 avril 2017 1232 mots, p. 49
" L'histoire Chaumet appartient à l'histoire de France. Elle a deux siècles derrière elle. Baignée de rivières de diamants, couronnée de tiares, rythmée par l'heure éblouissante de ses montres bijoux, prise dans le tourbillon des bagues et des bracelets, elle commence comme une légende avec Napoléon, dans l'histoire rocambolesque d'un cheval fou. Elle se poursuit, de l'Empire à la IVe République, comme un reportage dans Point de vue, le magazine des têtes couronnées.
Bonaparte n'était alors que premier consul quand, rue Saint-Honoré, sa monture s'emballe. Maîtrisant l'animal, un jeune joaillier, Marie-Etienne Nitot, établi là, lui sauve la vie. Napoléon n'oubliera pas. En 1802, il lui commandera son épée consulaire qu'il fit sertir du plus beau diamant de la couronne de France, le fameux Régent. En 1804, les joyaux du sacre. De 1810 à 1812, le glaive impérial et les parures de l'impératrice Marie-Louise offertes à l'occasion de son mariage et de la naissance du roi de Rome. Fabuleuses commandes !"
source : Deux siècles de carats / Janie SAMET - Le Figaro, no. 17772 - samedi 29 septembre 2001 1443 mots, p. 17
Voici quelques ouvrages que nous vous invitons à consulter pour poursuivre vos recherches :
- Quelques biographies sur Napoléon Ier
- Histoire des sciences sous Napoléon Bonaparte / Georges Barral, Ligaran
- Le règne du temps: Des cadrans solaires aux horloges atomiques / Emile Biémont
- Les Ouvriers du temps : la pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon 1er = Ornemental clocks and clockmakers in eighteenth century Paris / Jean-Dominique Augarde
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Bonne journée.
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